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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1347

  • Il faut que ce soit les musulmans qui leur bottent le cul…

    L’université catholique de Sanata Dharma, à Yogyakarta, Java, Indonésie, avait programmé un « séminaire » sur les « autres » orientations sexuelles, intitulé « LGBTI : Nous sommes différents, nous sommes uniques et nous sommes Un ». L’orientation du « séminaire » était quant à elle manifestement univoque, et à la limite du blasphème. Car « nous sommes un », pour un catholique, renvoie forcément à l’évangile de saint Jean : « Moi et le Père nous sommes un. (…) Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous. »

    Le « Forum de la société islamique » a fait savoir que ses membres s’infiltreraient dans le séminaire pour faire arrêter une discussion qui « déshonorerait l’islam ». Après une réunion avec la police, les organisateurs ont déprogrammé le séminaire.

    Le chef de la branche locale du « Forum de la société islamique » a salué cette annulation. « Les pratiques sexuelles déviantes, a-t-il dit, sont contagieuses, et si nous n’arrêtons pas le virus, il est certain qu’un jour les gays et les lesbiennes réclameront l’égalité des droits et demanderont la reconnaissance du mariage entre personnes du même sexe. »

    Il est ahurissant que des chrétiens, qui sont 3% en Indonésie, provoquent ainsi les musulmans, en programmant un séminaire faisant la promotion de pratiques condamnées par l’Eglise. Dans une université qui se prétend catholique.

    Les seules réactions catholiques dont je dispose dans une langue que je comprenne sont celle du recteur de l’université, Johanes Eka Priyatma, qui avait dit qu’il annulerait le séminaire « s’il est susceptible de blesser les sentiments de certains groupes » (sans imaginer une seconde que cela blesse d’abord la foi catholique), et de l’agence Asianews qui dénonce l’« intolérance » des musulmans…

  • Franciscains de l’Immaculée : la persécution se poursuit

    Le blog Messa in latino publie une lettre l’informant que le commissaire Volpi a décidé de fermer le couvent des Franciscains de l’Immaculée à Bénévent. Ce qui est une très mauvaise nouvelle pour les catholiques attachés à la « forme extraordinaire » puisque depuis le motu proprio les Franciscains célébraient quotidiennement la messe traditionnelle en l’église Saint-Pascal, et que cette messe disparaît de Bénévent, ce qui est évidemment le but de la manœuvre. Mais en outre cela a une valeur symbolique, car c’est à Bénévent que fut érigé, par décision du Saint-Père (saint Jean-Paul II), l’institut des Franciscains de l’Immaculée, en 1990. C’était alors l’aboutissement d’un long chemin et le début d’une impressionnante expansion. Aujourd’hui, on efface de Bénévent la présence des Franciscains de l’Immaculée. Par décision du Saint-Père (François).

  • Le pape en Albanie

    Titre d'une dépêche Reuters :

    Le pape François en Albanie pour promouvoir la tolérance

    Certes c’est la perception de l’agence de presse, et non une citation du service de presse du Vatican. Mais est-elle vraiment erronée ? On verra. En tout cas on voit bien qu’il paraîtrait absurde à l’agence de titrer : « Le pape François en Albanie pour promouvoir le christianisme ».

    Il y a des choses qui ne se font plus.

  • Saint Joseph de Cupertino

    La vie de saint Joseph de Cupertino (1603-1663) est un gag divin, qui ne le fit pas vraiment rire. Tout petit déjà, on l’appelait « bouche-bée », parce que tout lui était l’occasion de tomber en extase. De ce fait il était incapable de faire quoi que ce soit, puisque lorsqu’il tombait en extase tout lui tombait des mains, et en outre il était quasiment analphabète et avait un air parfaitement ahuri.

    Après plusieurs tentatives infructueuses, sa famille réussit à le faire admettre dans un couvent de capucins, comme simple oblat, avec pour tâche de s’occuper de la mule. Mais il voulait devenir frère franciscain, et prêtre. Et il y réussit. Il passa par miracle l’examen du sacerdoce. L’évêque commença par interroger les premiers candidats, qui étaient si forts en théologie qu’il décida d’admettre tout le groupe, dont Joseph. Du coup, saint Joseph de Cupertino est le patron des étudiants qui passent des examens, et il y a même une neuvaine pour cela.

    A partir de ce moment-là, il se mit à léviter, et de façon très impressionnante. Avec décollage vertical et atterrissage, accompagné d’un cri rauque, au pied de l’image ou de la statue qui avait provoqué son extase. Un jour il se prit dans les branches d’un olivier et il fallut une échelle pour le faire redescendre. On voulut le présenter au pape, et il lévita aussitôt, ce qui fit peur au souverain pontife. Ses lévitations finirent par le faire soupçonner de diablerie ou d’imposture par l’Inquisition, qui le convoqua. Dès qu’il entra dans la salle d’audience, il se colla au plafond. On l’envoya vivre en reclus dans un couvent. On le dit saint patron des aviateurs. Je ne sais pas si cela est officiel dans l’Eglise, ou provient seulement de la blague de Blaise Cendrars (dans Le lotissement du ciel).

    Joseph de Cupertino n’est pas saint parce qu’il lévitait mais parce qu’il fut d’une patience et d’une obéissance héroïques, d’une charité sans bornes et d’une piété exceptionnelle. Lors de son procès en béatification, un témoin dira qu’il en avait davantage appris dans ses quelques conversations avec Joseph que dans tous les livres de théologie.

    Néanmoins l’Eglise n’a pas laissé passer l’occasion de se servir de ce don intempestif pour en donner, cum grano salis, la signification spirituelle, dans la collecte de sa messe : « Dieu, qui avez voulu que votre Fils unique, élevé de terre, attirât tout à lui, faites, dans votre bonté, qu’à l’exemple et par les mérites de votre séraphique confesseur Joseph, nous élevant au-dessus de tous les désirs terrestres, nous méritions de parvenir jusqu’à celui qui, étant Dieu, vit et règne dans les siècles des siècles. Amen. »

    *

    Il a donné son nom à une ville de Californie, Cupertino. Et dans le jardin de l’église qui lui est dédiée a été érigée une belle statue à son effigie en 2007 :

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    Il est amusant de savoir qu’il a aussi donné son nom en informatique à l’« effet Cupertino », qui désigne (du moins chez les anglophones) les remplacements de mots absurdes que proposent les correcteurs d’orthographe. Parce que les premiers correcteurs américains remplaçaient systématiquement le mot « cooperation » par « Cupertino » (il fallait écrire « co-operation » pour qu’ils comprennent), ce qui faisait que toutes les organisations de coopération internationale devenaient des organisations de Cupertino…

    Pourquoi “Cupertino” ? Parce que la firme Apple a son siège à Cupertino. Le correcteur d’orthographe était censé, en fait, corriger le nom de la ville quand il était mal orthographié, et Apple y veillait de façon un peu envahissante…

    Le siège d’Apple, et de Hewlet Packard (etc.) est à Cupertino parce que la ville est située dans la Silicon Valley. Et ses écoles sont parmi les plus réputées de Californie et même des Etats-Unis.

    Tel est l’héritage étonnant d’un saint quasiment analphabète…

  • L’islamisme main rouge et l’islam patte blanche

    Communiqué de l’Institut du Pays réel

    Tout le monde, ou presque, condamne, et heureusement, l’abomination de l’État islamique au Levant et les mouvements similaires comme Boko Haram au Nigéria.

    Cela dit, il suffit de regarder les places et les trottoirs dans maints quartiers de nos villes pour vérifier combien le modèle d’apparence islamo-jihadiste, lui-même modélisé sur celui, ô combien violent, du prophète Mahomet tel que décrit dans les hadiths et la Sira (décapitation du millier de juifs de Médine) se répand.

    S’il y a désormais plus d’un millier de jeunes jihadistes en Syrie, chiffre considérable, c’est qu’il y a un vivier de dizaines de milliers d’admirateurs. Quant à beaucoup de ceux qui réprouvent ce jihâd-là, d’abord ils y ont mis beaucoup de temps ! Ensuite, comment ne pas être très circonspect sur leur sincérité quant au droit à la vie des chrétiens alors qu’ils se réfèrent à l’autorité des pays phares de l’islam, et d’abord à l’Arabie saoudite où toute liberté chrétienne est totalement interdite, à celle de tous ces pays où la conversion au Christ d’un musulman vaut la décapitation ou la pendaison, au Soudan comme en Irak et ailleurs.

    Comment ne pas ressentir un malaise devant des indignations que n’accompagne aucun appel à une réforme de l’islam dans les pays islamisés, aucun appel à une véritable liberté religieuse, aucun appel à un véritable respect des droits de citoyens des chrétiens en ces pays égal à celui des musulmans en occident ?

    On aimerait être sûr de ce que la condamnation de l’islamisme « main rouge » ne soit pas la manœuvre implicite d’un islam provisoirement « patte blanche » pour accélérer toujours plus le développement chez nous de ses mosquées et de sa théocratie totalitaire où se développera toujours plus l’islam « main rouge ».

  • « Aleteia » s’écrit n’importe comment et écrit n’importe quoi

    Lorsque le site Aleteia a été lancé, en 2012, le nom m’a fait bondir mais je n’ai rien dit parce que l’entreprise paraissait aller plutôt dans le bon sens.

    Il n’empêche qu’appeler un site « Vérité » en grec, et faire volontairement une faute au milieu du mot est une tache sur l’entreprise elle-même. Vérité, en grec, s’écrit ἀλήθεια, alètheia (et se dit alithia), avec un θ, thêta (comme le th anglais), et non avec un τ (tau). Le pire est que le mot aleteia, avec un tau, existe : ἀλητεία, et qu’il veut dire : vie errante. Bref, ce « réseau catholique mondial de partage et d'échange sur la foi pour ceux qui cherchent la vérité » s’appelle en réalité « Vie errante »…

    Lequel réseau vient de publier la traduction d’un article absurde, sur la soi-disant découverte d’un « document du VIe siècle, écrit en grec, le plus ancien exemple d'utilisation de la liturgie eucharistique comme charme protecteur, et qui constitue un témoignage des pratiques des premiers chrétiens ».

    Il suffit de lire cette phrase pour comprendre que c’est n’importe quoi. Au VIe siècle on ne peut pas parler de « premiers chrétiens ». Rappelons quand même qu’au VIe siècle il y a déjà eu une soixantaine de papes et que le siècle se termine avec le glorieux pontificat de saint Grégoire le Grand, qui n’est pas vraiment un des « premiers chrétiens » puisque son œuvre intègre les acquis des nombreux pères de l’Eglise qui l’ont précédé…

    Pour en rester à l’Egypte, puisqu’il s’agit d’un papyrus, on dira seulement qu’il date de deux siècles après saint Athanase qui était le 20e patriarche d’Alexandrie, et trois siècles après Origène, qui était le directeur du didascalée, l’université catholique d’Alexandrie…

    Bref on n’est pas du tout chez les premiers chrétiens, mais dans la chrétienté égyptienne installée depuis des siècles. Ce qui rend tout simplement grotesque l’idée qu’il puisse s’agit d’un grigri innovateur qui aurait remplacé des formules magiques païennes par des formules chrétiennes, ce qui est pourtant affirmé dans l’article sans la moindre nuance :

    « Cela montre,  affirme l'historienne,  comment les premiers chrétiens adoptèrent la tradition  païenne - d’abord égyptienne puis gréco-romaine ensuite -  de porter des prières aux dieux au sein d'une amulette, celle-ci étant perçue comme une sorte de charme, un objet porte-bonheur protégeant celui qui la porte contre les dangers. »

    Un autre « spécialiste » commente : « Un tel document indique que la connaissance de la Bible a été transmise beaucoup plus par oral à travers des passages choisis, par la liturgie, les prières et amulettes, que par un livre complet. » Il ne se rend même pas compte qu’au VIe siècle il y a partout dans la chrétienté des manuscrits de la Septante, des vieilles versions latines, et de la Vulgate qui a été établie au moins un siècle et demi auparavant (mais oui) par saint Jérôme.

    Au finale de ce festival de bêtises, il reste un texte superbe, manifestement liturgique, conçu comme le sont nombre de répons, c’est-à-dire utilisant divers passages de l’Ecriture plus ou moins modifiés pour créer un nouveau texte (corrigé selon les indications du commentaire ci-dessous) :

    « Craignez vous tous qui régnez sur la terre. Nations et peuples, sachez que le Christ est notre Dieu. Car il parla et ils commencèrent à être, il commanda et ils furent créés ; il mit chaque chose sous nos pieds et nous délivra de la volonté de nos ennemis. Notre Dieu prépara pour le peuple une table sainte dans le désert et donna à manger la manne de la nouvelle alliance : le corps immortel du Seigneur et le sang que le Christ versa pour nous en rémission de nos péchés. »

    On reconnaît notamment l’expression que l’on trouve à la fois dans le psaume 32 et dans le psaume 148 : « il dit et ils devinrent, il commanda et ils furent créés » ; l’expression du psaume 8 disant que Dieu a « tout mis sous ses pieds » (les pieds de l’homme) ; l’expression du psaume 77 sur Dieu qui « prépare une table dans le désert » et donne « la manne à manger » ; une manifeste allusion, dès le début, au psaume 2 (verset 10) ; l’expression de Matthieu 26, 27-28 sur « le sang de la nouvelle alliance qui sera versé pour beaucoup en rémission des péchés ». On remarque aussi que « sachez que le Christ est notre Dieu » est un verset du psaume 99 où le mot Seigneur (en hébreu YHWH) a été remplacé par Christ. Les autres expressions font référence de façon plus générale à divers psaumes, et le tout montre que l’auteur de ce texte avait une connaissance intime du psautier – comme l’avait tout moine de son temps, et qu’il savait y butiner pour concevoir un texte liturgique, ce qui est nettement plus rare… Bref cela ne m’étonnerait pas qu’on découvre qu’il s’agit d’un texte d’un père de l’Eglise, noté sur un bout de papyrus par un fidèle qui l’avait trouvé remarquable.

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  • Au moins six bonnes nouvelles en Irak

    J’avais signalé que les chrétiens d’Alqosh avaient pu rentrer chez eux, leur village ayant été repris par les pechmergas. Le 12 septembre, ils ont pu célébrer la fête de leur saint patron, le martyr Qardakh, tué par les Perses au début du IVe siècle.

    On apprend par Asianews que les pechmerga, aidés par les frappes américaines, viennent de libérer au moins six autres villages chrétiens à l’ouest d’Erbil, et s’avancent donc vers Qaraqosh.

  • L’Eglise a toujours…

    Le cardinal Raymundo Damasceno Assis, archevêque d’Aparecida, actuel président de la conférence des évêques du Brésil, est l’un des trois présidents délégués du synode sur la famille. Il déclare au plus grand quotidien brésilien, Folha de São Paulo, à propos de la légalisation des unions homosexuelles :

    « C’est une décision de la Cour suprême. Bien sûr, pour l’Eglise cela ne peut pas être assimilé au mariage. Mais, en ce qui concerne le respect pour l’union stable entre ces gens-là, il ne fait aucun doute que l’Eglise a toujours essayé de se comporter de cette façon. »

    L’Eglise a toujours essayé de respecter l’union stable entre deux personnes de même sexe… Le cardinal Raymundo Damasceno Assis a donc changé le catéchisme (et censuré la Sainte Ecriture au passage).

  • François se débarrasse pour de bon du cardinal Burke

    « La “révolution” du pape François en ce qui concerne le gouvernement ecclésiastique ne perd pas l’élan qui la fait avancer. Et dès lors, comme cela se produit lors de toute révolution qui se respecte, les têtes d’ecclésiastiques considérés comme méritant métaphoriquement la guillotine continuent à tomber. »

    Ainsi commence un article de Sandro Magister, que je n’avais encore jamais vu aussi violent contre François.

    En cause, le limogeage du cardinal Burke, après quelques autres. Mais la différence est que le cardinal Burke est un personnage de premier plan, emblématiquement ratzingérien, et qu’on ne l’envoie pas dans un diocèse plus ou moins prestigieux, mais qu’on lui donne un simple titre honorifique. C’est du moins ce que croit savoir Sandro Magister. Et il est possible que la goutte d’eau qui ait fait déborder le vase est que le cardinal Burke, en tant que préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, a (logiquement et très légitimement) donné raison à une plainte des Franciscaines de l’Immaculée contre leurs persécuteurs vaticanesques.

    Si effectivement le cardinal Burke, 66 ans, se retrouve avec le simple titre honorifique de cardinal patron de l’Ordre de Malte, cela ne va certes pas passer inaperçu, et sera un signe très fort.

    Cela dit, ce limogeage permettra au cardinal Burke de se consacrer à plein temps à la défense de la doctrine catholique, et à l’accompagnement des communautés Ecclesia Dei…

  • Sainte Hildegarde

    Ce ne fut pas à Adam enfant, mais à Adam homme parfait, qu'une femme parfaite fut donnée ; car, lorsque l'homme ayant atteint l'âge de son complet développement, peut engendrer, il faut l'unir à une femme ; de même, lorsque l'arbre commence à donner des fleurs, il faut le cultiver avec plus de soins. Car Eve fut formée d'une côte d'Adam et de sa chair, vivifiée de son sang ; et c'est pourquoi maintenant, la femme, après avoir reçu la semence provenant de la force et de l'ardeur virile, est destinée à multiplier la race dans le monde (…).

    Mais que la première femme ait été formée de l'homme, cela indique l'union matrimoniale de l'homme avec la femme. Et il faut le comprendre ainsi : cette union ne doit pas être contractée à la légère et dans l'oubli de Dieu, parce que Celui qui forma la femme d'une côte de l'homme, institua cette union pour le bien et pour l'honneur, en formant la chair de la femme de la chair de l'homme. C'est pourquoi, de même qu'Adam et Eve ne firent qu'une seule et même chair, ainsi maintenant l'homme et la femme ne forment qu'une chair, dans l'union de charité, pour multiplier le genre humain.

    Par conséquent, la parfaite charité doit exister dans ces derniers, comme elle exista dans les premiers. Adam, en effet, pouvait incriminer son épouse, de ce que, par son conseil, elle lui avait apporté la mort ; mais il ne la quitta pas, tant qu'elle vécut dans ce siècle, parce qu'il connut qu'elle lui avait été donnée par Dieu. Aussi, en vertu de la charité parfaite, que l'homme n'abandonne pas sa femme (…). Et que nulle division ne s'accomplisse, si ce n'est lorsque les deux conjoints, dans un même esprit, veulent regarder vers mon Fils, et se dire, dans l'ardeur de leur amour pour lui : Nous voulons quitter le monde, et suivre celui qui a souffert pour nous. Que si les deux ne sont pas d'accord, sur le même vœu de quitter le monde, alors qu'ils ne se séparent nullement l'un de l'autre ; parce que, de même que le sang ne peut être séparé de la chair, tant que la vie réside en elle ; ainsi, le mari et l'épouse ne se séparent pas l'un de l'autre, mais ils vont ensemble, n'ayant qu'une même volonté. (…)

    Et ils ne se déchireront pas par des morsures de vipère, mais ils s'aimeront d'une affection pure, parce qu'il ne peut y avoir mari et femme, s'ils ne sont unis par ce lien ; comme mon ami Paul en rend témoignage lorsqu'il dit : Comme la femme est sortie de l'homme, ainsi l'homme (naît) par la femme, mais toutes choses viennent de Dieu. Ce qui veut dire : La femme a été créée pour l'homme, et l'homme a été fait pour la femme ; parce que ce que celle-ci est, touchant le mari, le mari doit l'être, touchant la femme ; de peur que l'un ne se sépare de l'autre, dans l'unité de leur progéniture, car ils accomplissent ensemble la même œuvre, comme l'air et le vent mêlent leurs efforts dans un but commun. Comment ? L'air est agité par le vent, et le vent tourbillonne dans l'air, de telle sorte que dans leur évolution toutes les plantes verdoyantes leur sont soumises. Que signifie cela ? La femme coopère avec le mari à la procréation des enfants, d'où résultent de grands crimes, quand la fornication, aux jours de la procréation des enfants, engendre la division ; parce que l'homme et la femme retranchent leur propre sang du lieu où il a pris sa source, pour le rejeter dans un autre.  Il leur reste les fraudes de Satan et la colère de Dieu, parce qu'ils ont rompu le pacte établi par Dieu. C'est pourquoi, malheur à eux, quand leurs péchés ne leur sont pas remis ! Mais bien que l'homme et la femme coopèrent, comme il a été dit, s'il s'agit de leur progéniture ; cependant toutes choses, l'homme, la femme et les autres créatures dépendent de la disposition et de l'ordre divin ; parce que Dieu les fait selon sa volonté.

    Mais avant l'incarnation de mon Fils, quelques-uns, dans le peuple ancien, avaient, selon sa volonté, plusieurs épouses ; parce qu'ils n'avaient pas encore entendu la prohibition facile à démontrer, que mon Fils venant en ce monde, donna pour la juste réglementation de cette union entre le mari et l'épouse, union qui doit ressembler pendant toute leur vie, à celle d'Adam et d'Eve ; parce que ce lien doit être contracté, non selon la volonté de l'homme, mais selon la crainte de Dieu.

    Scivias, I, vision 2

    (Ce sont des propos qui préfigurent La théologie du corps de saint Jean-Paul II, qui ne cite pourtant pas sainte Hildegarde.)