Christum Regem pro nobis in Cruce exaltatum, Venite adoremus.
Le Christ Roi élevé pour nous sur la Croix, venez, adorons-le.
Cet « invitatoire », l’antienne qui rythme le psaume 94, le psaume solennel d’ouverture des matines, fait référence à l’évangile, lorsque Jésus dit : « Et ego si exaltatum fuero a terra, omnia traham ad meipsum » : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi », et que l’évangéliste commente : « Il disait cela pour marquer de quelle mort il devait mourir. »
Le mot latin, pour « élevé », est « exaltatum ». A priori, le verbe latin veut seulement dire « élever ». Mais l’élévation du Fils de l’homme est une exaltation (qui sera explicitée par l’Ascension), à laquelle participeront tous les sauvés. Et comme la Croix est l’instrument du salut, elle est elle-même « exaltée » dans la liturgie, d’où la fête de l’exaltation de la Sainte Croix.
La lecture du troisième nocturne des matines est un passage d’un sermon de saint Léon le Grand expliquant la phrase de Jésus. Et ce passage commence opportunément par le mot du jour :
« Exaltato, dilectissimi, per Crucem Christo… » : le Christ étant élevé par la Croix, mes très chers…
Et le dernier répons des matines souligne ce qui sera la fin de l’évangile :
Sicut Moyses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet Filium hominis, ut omnis qui credit in ipsum, non pereat, sed habeat vitam aeternam.
De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle (Jean 3, 14-15).
Le Christ est élevé sur la Croix comme le serpent qui avait été cloué sur le bois guérissait ceux qui regardaient vers lui, il est exalté dans le triomphe de la Résurrection par la Croix qui est l’instrument de ce triomphe, la croix d’infamie devenue la croix glorieuse.
Commentaires
Bonjour et bonne fête de la Sainte Croix !
Votre note préalable sur la préséance du dimanche après la Pentecôte sur l'Exaltation de la sainte Croix est erronée : j'ai en ma possession deux Ordos liturgiques de Strasbourg de 1947 et 1952 et c'est bien la fête que l'on a célébrée le dimanche 14 septembre et non le dimanche après la Pentecôte. (Ce diocèse avait même un Indult pour célébrer ce jour-là la Nativité de Notre-Dame...)
Une chose a toutefois bien changé en 1960 : les vêpres du 14 septembre furent dorénavant celles de la Sainte Croix et non plus les premières vêpres de N.-D. des Septe Douleurs.
Bien à vous.
Une fête double majeure ne peut pas avoir la préséance sur un dimanche mineur. C'est ce qui est sur mon bréviaire, et je viens de vérifier qu'il en est de même sur le bréviaire romain.
Peut-être avez-vous un ordo d'une paroisse de la Sainte Croix, ou bien la fête de la Sainte Croix était-elle double de deuxième classe en Alsace ?
Dans le Breviarium Monasticum de 1953, partie d'hiver (format de poche), on lit, au milieu de la page lii :
7. Festo Domini duodecim Lectionum concurrente cum Dominica minore, vel Dominica minore concurrente cum Festo Domini duodecim Lectionem, omnia de Festo cum Commemoratione Dominicae.
Oui, et même je l'avais lu, il y a très longtemps, et j'avais oublié...
Et depuis j'avais vu la même chose avec les neuf leçons romaines, sans y prêter l'attention nécessaire, et j'avais oublié aussi...
Merci encore.
En outre c'était une double majeure "secondaire".
L'Exaltation de la Sainte Croix est une fête du Seigneur de neuf leçons.
La réforme de 1960 (et peut-être même déjà celle de 1955, je n'ai pas vérifié), a restreint cette préséance sur les dimanches 'verts' à toutes les fêtes de Ie classe et aux fêtes de IIe classe du Seigneur (Chandeleur, Transfiguration, Sainte Croix, Dédicace du Latran).
Additions et modifications apportées aux rubriques du Bréviaire, suivant les prescriptions de la bulle 'Divino afflatu'
(1913)
Titre IV. De l'occurrence accidentelle des Fêtes et de leur translation
2. Des Dimanches mineurs ou "de l'Année", on doit toujours faire l'office, à moins qu'il ne se rencontre quelque double de Ire ou IIe classe, ou quelque Fête à neuf leçons du Seigneur, et non point seulement leur jour octave ; et, dans ce cas, en l'Office de la Fête, on fait mémoire du Dimanche aux deux Vêpres et à Laudes, lisant aussi sa IXe leçon à Matines.
Le Bréviaire Romain, traduction annotée, Apostolat liturgique, Bruges, 1924, t. I, p. ci
Ah les infinies subtilités des rubriques... et les neuf leçons qui haussent la double majeure au-dessus de son rang... Et la manie de tout changer tout le temps qui a donc bel et bien commencé en 1911... puisque dès 1924 on trouvait déjà le moyen de modifier ce qu'on avait édicté, peut-être bien en voyant cette anomalie de la Sainte Croix supplantée par le dimanche...
Merci pour cette précision. Je supprime ma note préalable.