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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1316

  • Pakistan : des familles chrétiennes chassées de leur village

    Eglises d’Asie :

    Toutes les familles chrétiennes d'un village du district de Sahiwal ont été contraintes à abandonner leurs maisons, sous la menace des musulmans qui reprochait à l’un d’entre eux d’avoir épousé une jeune fille de leur communauté.

    « Ils se sont mariés en octobre dernier, rapporte Abid Masih, un ami du couple, au Press Trust of India du 13 novembre. [Dès qu’ils ont appris la nouvelle], les musulmans du village nous ont ordonné de « rendre la fille » ou de devoir en subir les conséquences. »

    Les nouveaux mariés n’habitent pourtant pas le village d’où la jeune femme, Rukhsana Kausar, âgée d’une vingtaine d’années, est originaire, mais se sont installés dans un autre district, celui de Khanewal où vivait déjà le jeune chrétien Shahab Masih. Les deux futurs époux s’étaient rencontrés et fréquentés dans le village de Sahiwal, où Shahab venait régulièrement voir ses parents.

    Mais à la nouvelle du mariage entre les deux jeunes gens, c’est à la famille de Shahab et aux autres foyers chrétiens du village, que les musulmans de Sahiwal s’en sont pris, exigeant le retour immédiat de la jeune fille, selon la loi islamique qui interdit à une femme musulmane d’épouser un homme d’une autre religion.

    « Nous leur avons dit que Shahab vivait maintenant à Khanewal avec sa femme, et que ce serait mieux d’aller en discuter avec lui sur place, mais en vain », explique encore Abid. Le père de la jeune musulmane, Jamil Hussain, a alors porté plainte pour enlèvement auprès de la police de Shahkot, accusant Shahab et deux autres membres de sa famille, tandis que l’ensemble de la communauté musulmane menaçait de tuer les parents de Shahab et tous les chrétiens du village.

    Craignant pour leur vie, et n’ayant reçu aucune aide de la police qu’elles avaient pourtant sollicitée, les neuf familles chrétiennes résidant à Sahiwal, soit 25 personnes, ont finalement dû fuir, en abandonnant leurs maisons et leurs commerces.

    C'est la troisième fois en quelques semaines que des familles chrétiennes au Pendjab sont contraintes par les musulmans à quitter leur village. Les cas précédents se sont produits dans les districts de Sargodha et de Narowal.

  • Une grande honte française

    Le 26 novembre prochain sera votée une résolution réaffirmant le « droit fondamental » à l’avortement. La proposition, a souligné le Salon Beige, est signée par tous les chefs de groupes de l’Assemblée nationale.

    Gènéthique publie le texte de cette proposition.

    On constate que dans les attendus, les textes de la Convention des Nations Unies de 1979, de la Conférence du Caire de 1994 et de celle de Pékin de 1995 sont interprétés comme étant des justifications d’un droit à l’avortement, ce qui est tout simplement un mensonge. (A la conférence du Caire, l’avortement fut même explicitement exclu.)

    On constate surtout le terrible mensonge du « rappel » que « le droit universel des femmes à disposer librement de leurs corps est une condition indispensable pour la construction de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, et d’une société de progrès ».

    Oui, les femmes ont le droit de disposer, dans certaines limites, comme les hommes, de leurs corps. Mais elles n’ont pas le droit de disposer du corps des autres. Or le fœtus n’est pas leur corps, c’est le corps d’un autre être vivant, d’une autre personne humaine.

    C’est pourquoi l’avortement, qui n’est reconnu par aucun texte international, est et restera un meurtre.

    C’est pourquoi cette résolution sera une honte pour la France, et d’autant plus odieuse qu’elle aura été votée par une immense majorité (l’unanimité ?) de la représentation nationale.

    Eh bien non, ces gens-là ne me représentent pas.

  • Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul

    « Pour célébrer les saints Apôtres, dit malicieusement L’Année liturgique, il nous plaît d’emprunter aux bibliothèques de nos frères séparés d’Angleterre cette Séquence que la vénérable Église d’York chantait encore, il y a quatre siècles, en leur honneur. »

    In sollemni memoria
    Apostolorum principis,
    Piæ laudis harmonia
    Lætis resonet canticis.

    En cette mémoire solennelle du Prince des Apôtres, que l’harmonie de notre louange, inspirée par l’amour, se fasse jour en cantiques joyeux.

    Veneremur simul pari
    Dignum laude venerari
    Apostolum gentium;
    Ut quos amor vita junxit,
    Nec mors ipsa post disjunxit
    Jungat et præconium.

    Avec lui vénérons, digne comme lui de nos chants, l’Apôtre des nations ; ainsi la louange réunira ceux que l’amour unit dans la vie et que la mort elle-même n’a pu séparer.

    Horum laus est quod destructa
    Romanæ potentiæ idolatria,
    Jam fundata et firmata
    Ibidem orbem gubernat Ecclesia.

    Leur louange, c’est que dans Rome, siège de l’empire, ils renversèrent l’idolâtrie ; que dans cette Rome, l’Église fondée et soutenue par eux gouverne l’univers.

    Fide Petri fundamentum
    Pauli tenet firmamentum
    Dogmate Ecclesia;
    Clavis huic potentiæ,
    Illi cessit scientiæ
    Juncta ad officia.

    Le fondement de l’Église, c’est la foi de Pierre, comme la doctrine de Paul en est le soutien ; au premier la clef signifiant la puissance, au second celle qui ouvre les horizons de la science : toutes deux concourent à l’œuvre commune.

    Petro namque sub pastore
    Gratulatur et rectore
    Inter fluctus sæculi;
    Pauli viget ex doctrina,
    Vitæ sumpta medicina
    Grex fidelis populi.

    Car c’est ainsi que le troupeau, que le peuple fidèle se félicite, au milieu des tempêtes de cette vie, d’avoir en Pierre un pasteur et un guide ; tandis que Paul par ses enseignements le fortifie, l’anime et le guérit dans ses maux.

    Iste verbo instruit,
    Ille cœlum aperit
    Verbo vitæ credulis,
    Et quod unus prædicat
    Alter verum comprobat
    Crebris hoc miraculis.

    L’un répand la parole de vie, l’autre aux croyants de cette parole ouvre les cieux ; ce que l’un prêche, l’autre en montre la vérité par des miracles sans nombre.

    Hic Judæos, ille gentes
    Viam vitæ nescientes
    Ad salutem convocat;
    Ambo præsunt convocatis,
    Ambo certant desolatis,
    Hostis ne prevaleat.

    Ils appellent au salut, celui-ci les Juifs, celui-là les nations ignorantes du chemin de la vie ; tous deux dirigent les appelés, tous deux combattent pour eux, repoussant l’assaut de l’ennemi,

    Contra summæ potentiæ
    Consurgunt imperium,
    Unus crucis, alter ensis
    Perpessus supplicium.

    Ne craignant pas de faire face à la force toute-puissante de l’empire, encourant l’un le supplice de la croix, l’autre celui du glaive.

    Sicque una urbe mortem
    Una die passi, sortem
    Ad justorum transmeant;
    Qui malorum nos exsortes
    Sua prece et consortes
    Beatorum faciant. Amen.

    En la même ville, en un même jour, ils souffrent la mort et passent aux cieux où sont récompensés les justes. Puissent-ils, priant pour nous, nous préserver de tout mal, et nous amener à partager leur bienheureux sort. Amen.

  • Le Royaume Uni face à l’eurozone

    Ce que Open Europe a retenu d’un texte de David Cameron publié dans le Guardian :

    « L’eurozone vacille au bord d’une possible troisième récession… En revanche, il y a une croissance de l’économie britannique… (avec) une hausse de l’emploi de 1,75 million sur quatre ans : davantage que dans tout le reste de l’UE. »

  • Chine : l’athéisme vacille et menace

    Il y a eu récemment plusieurs salves de critiques officielles ou officieuses, émanant de cercles du pouvoir chinois, sur les responsables qui ne respectent pas l’athéisme. Il semble que la question inquiète sérieusement le pouvoir depuis l’affaire des enlèvements de croix sur les églises pour raison « d’urbanisme ». Il est en effet apparu que parmi les protestataires il y avait nombre de membres du parti, et qui ne protestaient pas seulement par solidarité avec les chrétiens…

    Le Comité central pour l’inspection disciplinaire du parti a lui-même dénoncé l’appartenance religieuse de nombreux membres du parti, suite à sa seconde tournée d’inspection de cette année, admettant pour la première fois qu’il y avait des chrétiens et des bouddhistes dans le parti.

    Le président de la Commission pour les Affaires religieuses et ethniques de la Conférence politique consultative du peuple chinois (sic), Zhu Weiqun, a publié vendredi dernier un éditorial dans le Global Times (version internationale du Quotidien du peuple) rappelant fermement : « Les membres du parti communiste ne peuvent suivre aucune religion. C’est l’important principe idéologique et organisationnel qui est tenu depuis la fondation du parti. Il n’y a aucun doute à ce sujet. »

    Zhu Weiqun se pique de faire de l’histoire. Il écrit notamment :

    « Si une société était d’autant plus morale que sa religion est plus forte, alors le moyen âge en Europe, sous l’influence du Vatican, aurait été l’âge d’or de la moralité humaine, et il n’y aurait pas eu besoin de la Renaissance. » Sic.

    D’autre part, à propos des universitaires qui demandent la liberté religieuse, il résout ainsi le problème : « Ce sont des gens qui se sont convertis au christianisme depuis longtemps. »

    Le léninisme à la sauce chinoise, c’est quand même curieux.

  • Bangladesh : un prix à un journaliste catholique

    Au Bangladesh, Porimol Palma, journaliste catholique pratiquant, a reçu le prix DRU-Grameenphone du meilleur reportage 2014. DRU, c’est l’union des reporters de Dhaka, et Grameenphone est le principal opérateur de télécommunications du pays.

    Il a reçu le prix pour un article sur la sécurité alimentaire, publié dans le quotidien anglophone populaire Daily Star auquel il collabore depuis avril dernier. Auparavant il travaillait dans la section catholique de Radio Veritas Asia.

    Ancien séminariste, il est né dans la paroisse de Mariabad Borni, dans le diocèse de Rajshani.

    Le Bangladesh est à 90% musulman, et il y a aussi 9% d’hindouistes, et dans le 1% qui reste il y a les bouddhistes…

  • Encore un "blasphème" au Pakistan

    Qaiser Ayub, un chrétien âgé de 40 ans, a été arrêté pour un présumé « blasphème » par la police de Lahore. Ce professeur d’informatique était en fuite depuis trois ans : il avait proféré un « blasphème » (un « outrage contre le Prophète ») sur son blog en 2011.

  • Un blasphème en passant

    Il y a longtemps que je ne lis plus les comptes-rendus des homélies quotidiennes de François, pour ne pas m’énerver inutilement et ne pas donner l’impression que je cherche sans cesse à « dire du mal du pape ».

    Mais voici que je découvre, à la faveur d’un très remarquable article d’Antonio Socci, traduit par Benoît et moi, que le 20 décembre 2013 François a osé « insinuer que la Sainte Vierge, sous la Croix “avait peut-être envie de dire J'ai été trompée” parce que les promesses messianiques lui semblaient des “mensonges” ».

    Soit c’est vrai, soit ce n’est pas vrai. Si c’est vrai, c’est une insulte effroyable envers la Mère de Dieu. C’est évidemment contraire à l’enseignement le plus basique de l’Eglise catholique (et orthodoxe, et même de beaucoup de protestants). Et Socci n’a pas de mal à simplement citer le Catéchisme de l’Eglise catholique, n.149 : « Pendant toute sa vie, et jusqu’à sa dernière épreuve, lorsque Jésus, son fils, mourut sur la croix, sa foi n’a pas vacillé. Marie n’a pas cessé de croire en l’accomplissement de la parole de Dieu. Aussi bien, l’Église vénère-t-elle en Marie la réalisation la plus pure de la foi. »

    Or, si l’on se réfère à ce qui a été publié par l’Osservatore romano et reproduit sur le site du Vatican (sur News.va ou sur le site du pape), il n’y a pas trace de ce que cite Socci. Sans aucun doute parce qu’un théologien de garde a dû se dire que ce n’était vraiment pas possible de laisser cela.

    Mais si l’on va sur Zenit, on trouve en effet ce dont parle Socci. Voici le texte exact :

    « Elle était silencieuse, mais dans son cœur, que de choses elle disait au Seigneur : ‘Toi, ce jour-là tu m’as dit qu’il serait grand, tu m’as dit que tu lui donnerais le trône de David, son père, qu’il régnerait pour toujours, et maintenant, je le vois là’. La Vierge Marie était humaine ! Et elle avait peut-être envie de dire : ‘Mensonge ! J’ai été trompée !’ »

    Le « peut-être » est là pour atténuer l’offense. Mais il n’atténue rien du tout. Car il n’y a pas de « peut-être » qui tienne. Marie conçue sans péché, Marie immaculée conçue dans la pleine lumière divine, Marie Mère de Dieu, Marie mère de l’Eglise, Marie pleine de grâce (kecharitoménè, complètement remplie par la grâce divine), Marie mère de la foi et notre mère dans la foi, n’a pas pu penser une fraction de seconde qu’elle ait pu être trompée. La Femme qui a dit « Fiat » à l’Ange du Seigneur n’a pas pu penser une fraction de seconde qu’elle aurait dit « Fiat » à un « mensonge ».

    Je n’arrive même pas à comprendre comment un pape peut proférer une telle énormité.

  • Saint Grégoire le Thaumaturge

    Une nuit, alors qu’il réfléchissait sur le discours de la foi et qu’il échafaudait des raisonnements de toutes sortes - car il y avait alors des gens qui falsifiaient la pieuse doctrine et, par l’habileté de leurs argumentations, rendaient souvent la vérité incertaine, même pour ceux qui la connaissaient bien -, alors donc qu’il veillait et réfléchissait à cela, lui apparut en vision un personnage âgé ayant l’aspect d’un homme, dont le vêtement manifestait le caractère sacré, qui annonçait une grande vertu par la grâce de son visage et la dignité de son maintien.

    Frappé de stupeur à ce spectacle, il se leva de son lit et lui demanda qui il était et à quelle fin il venait. Celui-ci apaisa le trouble de sa pensée d’une voix douce et lui dit qu’il lui était apparu sur ordre de Dieu en raison des questions controversées autour de lui, pour que lui soit révélée la vérité de la foi pieuse. Lui reprit courage à ces paroles et le regarda avec joie et étonnement. Ensuite celui-ci, ayant tendu la main droite devant lui, comme pour lui montrer avec les doigts tendus ce qui apparaissait sur le côté, lui fit tourner le regard par sa main tendue et voir en face une autre apparition sous l’aspect d’une femme, bien supérieure à une apparition humaine. Lui, à nouveau frappé de stupeur, détourna son visage; il était incapable de voir ce spectacle, car ses yeux ne pouvaient supporter l’apparition. Ce qu’il y avait de tout à fait extraordinaire dans cette vision, c’était, alors que la nuit était profonde, qu’une lumière brillait sur ceux qui lui étaient apparus, comme si une lampe brillante était allumée. Comme ses yeux ne pouvaient supporter l’apparition, il entendit ceux qui lui étaient apparus s’entretenir au cours d’une conversation sur l’objet de sa recherche; grâce à eux, non seulement il fut instruit de la véritable connaissance de la foi, mais il reconnut grâce à leurs noms ceux qui lui étaient apparus, chacun d’entre eux appelant l’autre de son propre nom.

    On dit en effet qu’il entendit celle qui était apparue sous l’aspect d’une femme exhorter l’évangéliste Jean à révéler au jeune homme le mystère de la vérité, et celui-ci lui répondre qu’il était prêt à accorder cela à la mère du Seigneur, puisque ce lui était agréable. Ayant ainsi exposé la question de manière convenable et bien claire, ils disparurent ensuite de sa vue. Et lui aussitôt mit par écrit cette divine mystagogie et c’est d’après elle qu’il annonça ensuite la parole dans l’église ; il laissa à ses successeurs, comme un héritage, cet enseignement donné par Dieu. C’est grâce à lui que, jusqu’à ce jour, le peuple de chez eux, qui est resté exempt de toute hérésie, est initié aux mystères. Les paroles de cette mystagogie sont les suivantes :

    Un seul Dieu,
    père du Verbe vivant (qui est sagesse subsistante, puissance et caractère éternels),
    parfait géniteur du parfait,
    père du Fils monogène.
    Un seul seigneur,
    unique de l’unique,
    Dieu de dieu,
    caractère et image de la divinité,
    verbe agissant,
    sagesse qui embrasse l’ordonnance de l’univers,
    et puissance qui a faite toute la création,
    Fils véritable du Père véritable,
    invisible de l’invisible,
    ineffable de l’ineffable,
    immortel de l’immortel,
    éternel de l’éternel.
    Un seul Esprit saint,
    qui tient son existence de Dieu,
    et est apparu par le Fils (aux hommes),
    image parfaite du Fils parfait,
    vie, cause des vivants,
    sainteté, dispensateur de sanctification,
    dans lequel sont manifestés Dieu le Père,
    celui qui est au-dessus de tout et en tout,
    et Dieu le Fils,
    celui par qui sont toutes choses.
    Trinité parfaite,
    qui n’est divisée ni distinguée ni selon la gloire, ni selon l’éternité, ni selon la royauté.

    (Donc il n’y a rien de créé ni d’esclave dans la Trinité, ni de surajouté comme si cela n’existait pas auparavant, mais avait été introduit par la suite. Donc le Fils n’a jamais fait défaut au Père ni l’Esprit au Fils, mais la même Trinité est toujours immuable et sans changement).

    Saint Grégoire de Nysse, Vie de Grégoire le Thaumaturge, 22-25. (Ce texte vient de paraître dans la collection des Sources chrétiennes, avec la vie de saint Basile par le même saint Grégoire de Nysse.)

  • 23e dimanche après la Pentecôte

    Du point de vue des antiphonaires grégoriens, ce dimanche est le dernier de l’année. Les chants du 23e dimanche sont en effet repris les dimanches suivants s’il reste des dimanches avant l’Avent. La raison en est qu’autrefois c’était effectivement le dernier dimanche de l’année liturgique. Rupert de Deutz, au début du XIIe siècle, expliquait, parmi d’autres, qu’en ce dernier dimanche l’Eglise célébrait l’entrée des juifs dans l’Eglise, qui doit se produire avant la fin du monde. Il le faisait par l’intermédiaire d’une lecture allégorique de l’histoire de Joseph en Egypte.

    Ainsi dès l’introït le Seigneur dit par la bouche de Jérémie qu’il ramènera les hébreux captifs de tous les lieux. Rupert se concentre sur les premiers mots de cet introït :

    « Le Seigneur dit : Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction. Ses pensées sont toutes de paix en effet, puisqu’il promet d’admettre au banquet de sa grâce les Juifs ses frères selon la chair, réalisant ce qui avait été figuré dans l’histoire du patriarche Joseph. Les frères de ce dernier, qui l’avaient vendu, vinrent à lui poussés par la faim, lorsqu’il étendait sa domination sur toute la terre d’Égypte ; ils furent reconnus, reçus par lui, et lui-même fit avec eux un grand festin : ainsi notre Seigneur, régnant sur tout le monde et nourrissant abondamment du pain de vie les Égyptiens, c’est-à-dire les Gentils, verra revenir à lui les restes des fils d’Israël ; reçus en la grâce de celui qu’ils ont renié et mis à mort, il leur donnera place à sa table, et le vrai Joseph s’abreuvera délicieusement avec ses frères. »

    Délivrés de leur captivité spirituelle, les juifs devenus chrétiens chanteront l’action de grâces du graduel : « Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous persécutaient. »

    L’alléluia et l’offertoire sont le début du De Profundis, car c’est la supplication des frères de Joseph, dont les lointains descendants diront au véritable Joseph ce qu’ils disaient alors : « Nous te conjurons d’oublier le crime de tes frères. »

    Et la communion (« En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous le recevrez et cela vous sera donné ») « est la réponse de ce même Joseph disant, comme autrefois le premier : Ne craignez point. Vous aviez formé contre moi un dessein mauvais ; mais Dieu l’a fait tourner au bien, afin de m’élever comme vous voyez maintenant et de sauver beaucoup de peuples. Ne craignez donc point : je vous nourrirai, vous et vos enfants. »

    Rupert expliquait aussi en ce sens l’évangile qui était alors celui de la multiplication des pains. Mais l’évangile actuel du 23e dimanche est beaucoup plus clairement lié à ce thème : Jésus guérit (« sauve ») une païenne sur le chemin alors qu’il va « sauver » - ressusciter - la fille du chef (de la synagogue). Saint Jérôme souligne d’une part que le huitième miracle de l’évangile de saint Matthieu devait être la guérison de la fille du chef, mais que la païenne sur le chemin, volant ce huitième miracle, a repoussé celui de la jeune juive à la neuvième place ; d’autre part que la femme est malade depuis 12 ans et que la jeune fille a 12 ans (selon saint Luc). Le Royaume (nombre 8) était préparé pour les juifs, mais ce sont les païens qui y entrent d’abord, comme par effraction. Les juifs ne pourront y entrer qu’au terme des 12 années de l’histoire du monde, où depuis le début les païens étaient malades.