« Pour célébrer les saints Apôtres, dit malicieusement L’Année liturgique, il nous plaît d’emprunter aux bibliothèques de nos frères séparés d’Angleterre cette Séquence que la vénérable Église d’York chantait encore, il y a quatre siècles, en leur honneur. »
In sollemni memoria
Apostolorum principis,
Piæ laudis harmonia
Lætis resonet canticis.
En cette mémoire solennelle du Prince des Apôtres, que l’harmonie de notre louange, inspirée par l’amour, se fasse jour en cantiques joyeux.
Veneremur simul pari
Dignum laude venerari
Apostolum gentium;
Ut quos amor vita junxit,
Nec mors ipsa post disjunxit
Jungat et præconium.
Avec lui vénérons, digne comme lui de nos chants, l’Apôtre des nations ; ainsi la louange réunira ceux que l’amour unit dans la vie et que la mort elle-même n’a pu séparer.
Horum laus est quod destructa
Romanæ potentiæ idolatria,
Jam fundata et firmata
Ibidem orbem gubernat Ecclesia.
Leur louange, c’est que dans Rome, siège de l’empire, ils renversèrent l’idolâtrie ; que dans cette Rome, l’Église fondée et soutenue par eux gouverne l’univers.
Fide Petri fundamentum
Pauli tenet firmamentum
Dogmate Ecclesia;
Clavis huic potentiæ,
Illi cessit scientiæ
Juncta ad officia.
Le fondement de l’Église, c’est la foi de Pierre, comme la doctrine de Paul en est le soutien ; au premier la clef signifiant la puissance, au second celle qui ouvre les horizons de la science : toutes deux concourent à l’œuvre commune.
Petro namque sub pastore
Gratulatur et rectore
Inter fluctus sæculi;
Pauli viget ex doctrina,
Vitæ sumpta medicina
Grex fidelis populi.
Car c’est ainsi que le troupeau, que le peuple fidèle se félicite, au milieu des tempêtes de cette vie, d’avoir en Pierre un pasteur et un guide ; tandis que Paul par ses enseignements le fortifie, l’anime et le guérit dans ses maux.
Iste verbo instruit,
Ille cœlum aperit
Verbo vitæ credulis,
Et quod unus prædicat
Alter verum comprobat
Crebris hoc miraculis.
L’un répand la parole de vie, l’autre aux croyants de cette parole ouvre les cieux ; ce que l’un prêche, l’autre en montre la vérité par des miracles sans nombre.
Hic Judæos, ille gentes
Viam vitæ nescientes
Ad salutem convocat;
Ambo præsunt convocatis,
Ambo certant desolatis,
Hostis ne prevaleat.
Ils appellent au salut, celui-ci les Juifs, celui-là les nations ignorantes du chemin de la vie ; tous deux dirigent les appelés, tous deux combattent pour eux, repoussant l’assaut de l’ennemi,
Contra summæ potentiæ
Consurgunt imperium,
Unus crucis, alter ensis
Perpessus supplicium.
Ne craignant pas de faire face à la force toute-puissante de l’empire, encourant l’un le supplice de la croix, l’autre celui du glaive.
Sicque una urbe mortem
Una die passi, sortem
Ad justorum transmeant;
Qui malorum nos exsortes
Sua prece et consortes
Beatorum faciant. Amen.
En la même ville, en un même jour, ils souffrent la mort et passent aux cieux où sont récompensés les justes. Puissent-ils, priant pour nous, nous préserver de tout mal, et nous amener à partager leur bienheureux sort. Amen.