La messe (de ce jour) a des rapports voulus avec les textes de la liturgie grecque. C’est ainsi que l’Introït est emprunté à celle-ci et que les deux lectures sont également utilisées à la messe de rite grec d’un martyr pontife. La messe débute avec solennité : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur en ce jour de fête que nous célébrons en l’honneur de saint Josaphat, martyr… » Le leitmotiv de la messe est celui-ci : « Je suis le Bon Pasteur ; je connais les miens... » Nous l’entendons répéter trois fois : à l’Oraison, à l’Évangile et à la Communion. La parabole du Bon Pasteur se réalise doublement à la messe : dans le Christ et en saint Josaphat. Le Christ manifeste dans chaque messe son dévouement de pasteur pour ses brebis ; saint Josaphat est une reproduction et un membre du Christ qui continue sa Passion dans ses martyrs ; la messe célèbre le sacrifice de sa mort. Nous, qui sommes au Saint-Sacrifice mystiquement unis au Christ et aussi à saint Josaphat, nous voulons avoir part à l’amour, à la fidélité et au dévouement des deux Pasteurs. La belle Épître, tout à fait liturgique, tirée de la lettre aux Hébreux produit le plus grand effet. Là le souverain sacerdoce du Christ s’exprime clairement : le Christ, le Grand Prêtre éternel offre son sacrifice sanglant ; ce sacrifice trouve sa continuation à la messe, offerte par le sacerdoce des ministres consacrés de l’Église et par le sacerdoce commun du peuple.
Le blog d'Yves Daoudal - Page 1318
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Saint Josaphat
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A propos de Jésus, sa femme Madeleine et leurs deux fils
Merci à F. Trouillet qui me met en lien deux textes (Jimmy Akin et surtout Robert Cargill, tous deux en anglais) indiquant de quoi il retourne, à propos du livre The lost Gospel, l’évangile perdu, « révélant » que Jésus était marié à Marie-Madeleine et qu’ils avaient eu deux enfants.
Il s’agit en fait d’un texte apocryphe bien connu des spécialistes, sur l’histoire de Joseph (le patriarche, fils de Jacob) et sa femme Aséneth (ou Asénath). Ce texte, sans doute juif et à l’origine en grec, vise à résoudre une difficulté : pourquoi Dieu interdit-il aux Hébreux de se marier avec des étrangères, alors que Joseph s’était marié avec la fille d’un prêtre païen d’Egypte ? Le texte, qui est un roman plein de merveilleux et de rebondissements abracadabrantesques, raconte que Aséneth s’est convertie au Dieu de Joseph, parce que celui-ci refusait de se marier avec une païenne.
Le texte soi-disant disparu sur lequel se fondent Simcha Jacobocivi et Barrie Wilson est tout simplement l’unique manuscrit syriaque de cette histoire, qui est le plus ancien que l’on ait actuellement (VIe siècle), et qui se trouve au British Museum. Il est bien connu des spécialistes, comme le sont les autres versions de cette histoire (slave, latines, arméniennes…) et bien entendu les 16 manuscrits grecs…
Certes, dans cette histoire, Joseph et Aseneth eurent deux enfants, Ephraïm et Manassé, ce qui est tout simplement conforme à la Bible, ces deux fils étant à l’origine des deux tribus du même nom.
Après avoir inventé un mystère qui n’existe pas sur un manuscrit qui est tout sauf inconnu, Simcha Jacobocivi et Barrie Wilson prétendent que c’est un roman à clefs, et qu’en fait Joseph est le Christ. On sait évidemment que le Joseph biblique est une figure du Christ, mais pas dans son mariage qui, justement, est à peine évoqué dans la Genèse. Et selon les spécialistes, il n’y a absolument rien dans le roman qui puisse accréditer une quelconque correspondance entre Aséneth et Marie-Madeleine (sinon qu'elles étaient très belles toutes les deux...).
Enfin, selon la plupart des spécialistes ce texte, qui correspond à une préoccupation spécifiquement juive, est un texte juif, et non chrétien, ce qui rend radicalement impossibles les élucubrations sur Jésus et Marie-Madeleine.
On peut lire en ligne une traduction anglaise. Mais pas de traduction française. La Bibliothèque nationale indique deux traductions françaises, l’une publiée chez Berg en 1989, l’autre dans une thèse publiée en 1968, et dont on peut lire l’introduction qui fait le point sur les versions existantes et les premières éditions.
Il y a aussi cet article de Bible Service, et un article de Wikipedia en anglais.
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Des musulmans interdisent la messe à Cinunuk (Indonésie)
Plusieurs dizaines de militants du Front des défenseurs de l’islam et du Forum de la communauté islamique indonésienne ont encerclé le complexe Saint Charles Borromée de la paroisse Sainte-Odile de Cinunuk (Java ouest), dimanche 9 novembre, criant les slogans insultants et empêchant la célébration de la messe. Ils ont assuré qu’ils incendieraient les locaux si des prêtres osaient célébrer la messe en ce lieu. Le P. Saptono, après avoir fiat enlever les objets sacrés, a dû se résoudre à promettre qu’il n’y aurait plus de messe, alors que la communauté catholique se réunissait là depuis 16 ans.
Dans les semaines précédentes, quatre églises protestantes ont également été fermées de la même façon dans cette province.
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Les « amis du pape François » à la manœuvre
Un « cénacle » « post-synodal » s’est réuni à Rome le 11 novembre, avec le cardinal Kasper et le cardinal Coccopalmerio. Pour ce dernier, on peut espérer un large consensus au prochain synode parce que « l’Esprit Saint rendra notre cœur plus tendre » envers ceux qui ne respectent pas la morale catholique et entendent être justifiés par l’Eglise. Au synode, a-t-il dit, on a placé « beaucoup d'attention » sur les éléments positifs qui existent aussi dans les couples « non réguliers ». Peut-être aurait-on pu en inviter quelques-uns déjà en octobre, mais on pourra se « rattraper » la prochaine fois.
C’est un article du blog Rossa Porpora, à lire en français chez Benoît et moi.
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Dans le délire ambiant…
Le Prix « Shahbaz Bhatti Freedom » 2014 a été décerné au pape François par l'Alliance évangélique mondiale, jeudi 6 novembre, au Vatican, pour son engagement en faveur de la paix dans le monde.
Bien que cette phrase soit un tissu d’absurdités, ce n’est apparemment pas une blague.
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Saint Didace (Diego)
Sa charité le portait à corriger avec grand zèle ceux qu’il voyait offenser Dieu ; si quelqu’un mourait sans se confesser il s’en affligeait, et faisait de très ferventes prières pour tâcher de détourner ce malheur des autres ; il faisait plusieurs pénitences pour les péchés d’autrui, afin d’apaiser le courroux du Ciel qu’ils irritaient. Il donnait l’aumône avec tant de largesse que les supérieurs étaient obligés de la blâmer de profusion, mais il leur répondait avec confiance, que cette charité, au lieu de leur ôter ce qui leur était nécessaire, l’augmentait ; il n’était pas trompé dans son espérance, car Dieu lui faisait porter des vivres si abondamment que chacun admirait d’où il pouvait tirer de quoi satisfaire aux nécessités des religieux, et à celles de tant de pauvres qu’il assistait ; si quelquefois il se trouvait dépourvu de ce qu’il aurait eu besoin pour les contenter, il leur en témoignait son déplaisir par ses larmes, et tâchait de les consoler par la douceur de ses paroles. Son esprit était toujours attentif à la prière ou vocale ou mentale ; un crucifix était l’objet ordinaire de sa vue, et un chapelet le gage des mains ; aussi son oraison devint-elle si efficace qu’il obtint la guérison de plusieurs malades, et le soulagement de plusieurs malheureux.
Sa patience était si grande, que dans les plus fâcheuses maladies, et même à son agonie, il ne fit jamais paraître aucun signe qu’il souffrît quelque douleur. La foi qu’il avait pour tous les saints mystères de notre religion lui faisait concevoir une si ferme confiance en la miséricorde de Dieu qu’il croyait avec certitude qu’on en pouvait obtenir tout ce qu’on lui demanderait, et les merveilles qui lui sont arrivées sont une preuve fort évidente de son sentiment. Revenant de Cerrage à Saint-Lucar de Baramède, qui en est éloigné de neuf lieues, avec Frère Etienne, ils passèrent par le bourg des Palais pour demander l’aumône, mais Dieu permit qu’ils n’y trouvèrent rien pour se rafraîchir ; ils poursuivirent leur chemin à jeun, et son compagnon se trouva las et si faible qu’il fut obligé de lui demander s’il ne pensait pas à manger ; jetez votre pensée en Dieu, lui répondit le saint, il a nourri cinq mille hommes dans le désert, il ne nous délaissera pas sans secours ; sa confiance ne fut pas vaine, car comme ils eurent passé plus avant par une plaine vaste et déserte, ils trouvèrent du pain, du vin, du poisson et des oranges sur une nappe blanche ; ils regardèrent de tous côtés pour voir s’il y avait quelqu’un pour qui ce régal eût été préparé, et comme personne ne parut dans tout le voisinage qui était fort découvert, ils connurent que c’était un présent de la providence de Dieu, et s’en servirent avec mille actions de grâces à leur Bienfaiteur.
Un garçon du bourg de Cerrage, qui est à quatre lieues de Séville, alla se cacher dans un four pour éviter la colère de sa mère qui le voulait battre, et s’y endormit ; cette femme qui ne le savait pas là mit du bois dedans, et l’alluma ; l’enfant s’éveilla sentant l’ardeur de la flamme qui le brûlait, et la mère voyant ce malheur criait au secours tout éplorée ; Frère Didace arriva sur ce désastre, et dit à cette femme qu’elle courût à l’église pour implorer l’aide de la Sainte Vierge ; elle le crut, cependant il se mit en prière devant la bouche du four, et l’enfant en sortit sans aucun dommage : ce miracle étonna tous les voisins, ils conduisirent le garçon à l’église pour rendre grâces à sa Libératrice, et les chanoines l’habillèrent d’une robe blanche pour marquer la joie de sa délivrance. Ce prodige qui rendit célèbre cette chapelle de la Mère de Dieu fit aussi éclater le mérite du saint, de sorte que sa réputation s’étendit partout et Dieu l’augmenta depuis par plusieurs autres merveilles.
Annales des Frères mineurs, composées en latin par le très-révérend père Luc Wadinghes, hibernien, professeur en théologie du même ordre, censeur de la souveraine Inquisition de Rome, et gardien du collège de saint Isidore dans la même Ville, abrégées et traduites en français par le R.P. Silvestre Castet, récollet. (De Jésus-Christ l’an 1441, X-XII.)
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L’Eglise orthodoxe russe, l’indépendance économique et le système bancaire éthique
Le chef du département synodal de l’Eglise orthodoxe russe pour les relations entre l’Eglise et la société, l’archiprêtre Vsevolod Chaplin, a proposé la création d’un système bancaire orthodoxe fondé sur l’éthique et au service d’une économie russe indépendante, dans une allocution au Club des entrepreneurs russes, à l’occasion du Conseil mondial du peuple russe qui s’est ouvert hier.
S’exprimant au sujet des effets des sanctions internationales sur l’économie russe, et de la chute du rouble, il a déclaré : « On dit que cette crise notoire, avec la chute du rouble face au dollar, indique la situation de notre économie. Mais qui dit cela ? Ce que nous voyons, c’est que l’économie russe n’a pas reculé du quart de la chute du rouble. Cela signifie que quelqu’un cherche à nous évaluer, non selon l’état réel de notre économie, mais selon les règles de la bulle médiatique, qui enfle d’abord, puis explose. » Ces évaluations sont faites sous la direction de centres étrangers qui les financent et ne prennent pas en compte la réalité. « Donc la question est : ne pouvons-nous pas déterminer nos propres critères d’évaluation de notre économie et de son avenir ? » Il faut examiner comment la Russie peut prendre son indépendance face aux décisions et évaluations de gestion « qui n’ont pas été inventées par nous, et contre nos règles », et mettre en œuvre un système bancaire indépendant, non seulement indépendant des centres étrangers comme New York ou Hong Kong, « mais un système basé sur des principes éthiques », en s’inspirant du système islamique pour établir « un système bancaire orthodoxe, sans intérêts, avec une relation directe avec la Chine, le monde musulman, et les autres centres d’influence qui grandissent dans le monde ». Car nous devons renoncer à des devises et des instruments économiques « liés à des réalités qui sont hostiles à la Russie ».
Si l’Eglise catholique avait maintenu sa doctrine sur cette question, qui était la doctrine de la loi de Moïse, et qui fut clairement réaffirmée pour la dernière fois par Benoît XIV en 1745, puis discrètement abandonnée (même si en 1836 Grégoire XVI souligne que l'encyclique Vix pervenit de Benoît XIV, adressée aux Italiens, est valable pour toute l'Eglise), il n’y aurait pas de « finance islamique », et l’archiprêtre Chaplin ne chercherait pas l’inspiration dans la finance islamique, mais il y aurait une « finance catholique » pleinement éthique, dont s’inspireraient tous ceux qui souhaitent respecter les règles de la morale. Hélas, en se rendant aux arguments du monde au lieu d’inventer des instruments modernes conformes à la morale qui selon le simple droit naturel interdit le prêt à intérêt, l’Eglise catholique a terriblement raté le coche…
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Les dédommagements pour naissance
Le ministère britannique de la santé, qui n’est pas du tout choqué par l’industrie de l’avortement dans le pays, trouve cependant « choquante » la pratique qui consiste à dédommager financièrement des parents parce qu’ils ont eu un enfant handicapé ou non désiré. Depuis 2003 quelque 164 plaintes ont été prises en compte, 83 rejetées.
Sur les 104 procès terminés, 45 concernaient des enfants nés en bonne santé. Un pour « conseil en fertilité inapproprié », un pour « erreur de diagnostic de grossesse », deux pour « naissance non désirée », six pour « échec de l’IVG » (en anglais on dit « termination »…), huit pour « échec de la contraception », 24 pour « échec de la stérilisation »…
En tout, ces procès ont donné lieu à 95 millions de livres (120 millions d’euros) de dédommagements.
Et cela pose des questions éthiques, dit-on au ministère… Mais, même si c’est choquant, cela continuera, car les cas sont rares… Sic. Nul doute qu’ils vont se multiplier…
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Référendum slovaque sur la famille
La Cour constitutionnelle slovaque a avalisé le 30 octobre la demande de référendum sur le mariage émise par 400.000 citoyens. Normalement le gouvernement doit organiser un référendum s’il est demandé par 350.000 citoyens, mais le président de la République Andrej Kiska avait déféré le dossier à la Cour constitutionnelle, car il ne peut pas y avoir de référendum sur les droits fondamentaux, et il avait un doute…
De fait, la Cour constitutionnelle a retiré l’une des quatre questions qui doivent être posées aux citoyens :
« Etes-vous d’accord qu’aucune autre cohabitation de personnes que le mariage doit bénéficier d’une protection particulière, des droits et des devoirs que les normes législatives du 1er mars 2014 accordent seulement au mariage et aux époux ? »
Bref, la Cour constitutionnelle refuse que les citoyens se prononcent sur un éventuel Pacs.
Elle a avalisé les trois autres questions :
« Etes-vous d’accord qu’aucune autre cohabitation entre personnes que le lien entre un homme et une femme ne peut être appelé mariage ? »
« Etes-vous d’accord que les couples ou groupes (sic) de même sexe ne doivent pas être autorisés à adopter et élever des enfants ? »
« Etes-vous d’accord que les écoles ne peuvent pas exiger que les enfants participent à une éducation relative au comportement sexuel ou à l’euthanasie si les parents ou les enfants eux-mêmes ne sont pas d’accord avec le contenu de cet enseignement ? »
L’alliance d’associations qui a lancé le référendum dénonce la suppression de la quatrième question (sur la possibilité d'un pacs à la slovaque). Les lobbies LGBT dénoncent quant à eux un « répugnant référendum anti-gay »… et déplorent qu’aucun parti politique ne les soutienne…
Le président Kiska a déclaré quant à lui qu’il voterait oui aux deux premières questions, mais que l’éducation sexuelle était « nécessaire » à l’école.
Pour que le référendum ait force de loi, il faut qu'il y ait non seulement une majorité de oui, mais qu'il y ait 50% de participation, ce qui n'est pas gagné dans ce pays où l'abstention bat généralement des records.
La question de la définition du mariage en tant que tel est en fait déjà réglée, depuis l’amendement constitutionnel voté début juin par 102 députés contre 18.
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Une petite bonne nouvelle du Pakistan
L’Archidiocèse de Lahore a obtenu la restitution du collège Saint-François.
En 2004, le gouvernement avait décidé de restituer aux Eglises les biens (écoles, universités et hôpitaux) qui avaient été nationalisés en 1972. L’archidiocèse de Lahore avait alors récupéré 16 écoles, mais pas l’école Saint-François, dont le terrain était disputé entre spéculateurs et hommes politiques.
En mai 2013, la justice avait ordonné la restitution, mais rien ne s’était passé. Le nouvel archevêque de Lahore, Mgr Sebastian Shaw, avait organisé des manifestations, dénonçant ouvertement (au Pakistan, il faut oser…) la mafia des propriétaires terriens et des politiciens corrompus.
En juin dernier, il obtenait la promesse du Premier ministre Nawaz Sharif, qui venait de revenir au pouvoir, d’une solution positive. Laquelle est enfin venue…