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Turquie - Page 13

  • Les Turcs veulent aller plus vite...

    Alors que trois nouveaux chapitres des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (politique économique et monétaire, statistiques, et contrôle financier) doivent s’ouvrir le 26 juin (avec l’aval de Nicolas Sarkozy), Ankara demande l’ouverture « dans les plus brefs délais » du chapitre relatif à l’énergie. Et une ouverture « directe, sans préalables », car la Turquie « est prête ». « Il n’y a pas de temps à perdre », insiste le négociateur en chef Ali Babacan, soulignant le rôle crucial de la Turquie , « située dans une zone géographique où se trouvent 70% des réserves mondiales connues de pétrole et de gaz ».

    Cette zone, précisément, n’est pas en Europe.

  • Turquie : l’AKP insiste

    Le Parlement turc a adopté de nouveau, hier, la réforme de la Constitution prévoyant notamment l’élection du président de la République au suffrage universel. Le texte a été voté par 370 députés, soit un peu plus que les deux tiers requis (367).

    Le texte avait déjà été adopté le 10 mai, mais le président Sezer l’avait rejeté. Désormais il doit le promulguer, ou convoquer un référendum. Selon les observateurs, c’est la deuxième solution qu’il pourrait choisir. Mais dans un cas comme dans l’autre il a perdu : un référendum donnera une large majorité en faveur du projet.

    Les adversaires du parti au pouvoir spéculent néanmoins sur une possible annulation par la Cour constitutionnelle : ils font valoir que l’amendement sur l’élection du Président n’a été adopté que par 366 députés...

  • Encore Bertone...

    «  La Turquie est un pays définitivement laïque », elle « respecte les règles fondamentales de la vie en commun », et avec des gouvernements qui respectent ces règles « on peut dialoguer et construire ensemble le bien commun dans la sphère européenne », « y compris jusqu’à une entrée dans l’Europe ».

    Déclaration du cardinal Tacisio Bertone, secrétaire d’Etat du Vatican, dans une interview à La Stampa.

    Les rares chrétiens qui restent en Turquie, qui n’ont aucun droit et surtout pas celui de construire une église, vont être contents...

    Et le parti islamiste au pouvoir doit bien rigoler...

    (Sur de précédentes déclarations du même cardinal, voir ici.)

     

    Addendum

    Suite au commentaire de beatriceweb (voir commentaires). L'AFP et l'ATS (dans leurs premières dépêches) ont commis une belle erreur de traduction. Le cardinal a dit que la Turquie est définie comme laïque, et non qu'elle est définitivement laïque. Dont acte

    Il n'en reste pas moins qu'il est hallucinant, pour un dignitaire de l'Eglise, de prétendre que le gouvernement turc "respecte les règles de la vie en commun". Même la Commission européenne, qui veut pourtant à toute force que la Turquie intègre l'UE, critique les discriminations religieuses dans ce pays. Combien plus un cardinal devrait-il déplorer les persécutions dont les chrétiens sont victimes. A commencer par l'inscription automatique du nouveau-né chrétien comme "musulman"... Et c'est aussi "respecter les règles de la vie en commun" d'interdire obstinément au patriarche oecuménique de rouvrir un séminaire?  Et c'est aussi "respecter les règles de la vie en commun" que de refuser de reconnaître les génocides arménien et assyro-chaldéen ? Et dans un autre domaine, c'est aussi "respecter les règles de la vie en commun" de vouloir intégrer l'UE en refusant de reconnaître l'un des pays membres ? De quelque côté qu'on envisage la question, une telle affirmation est irrecevable.

    Addendum 2 - Je veux bien admettre l’interprétation selon laquelle le cardinal Bertone porterait un jugement hypothétique ou optatif. J’observe toutefois qu’il parle à l’indicatif présent, ce qui n’est pas la façon la plus claire de parler au conditionnel... Mais, même s’il en est ainsi, il reste qu’il se montre favorable à l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne. Il avait déjà tenu des propos similaires en décembre dernier : « Aujourd'hui, la Turquie connaît un système de laïcité particulier et un régime qui tend vers plus de démocratie. Il est de l'intérêt de l'Europe de l'aider à être une véritable démocratie pour consolider toujours plus un système de valeurs… Laisser la Turquie hors de l'Europe risque en outre de favoriser le fondamentalisme islamiste à l'intérieur du pays. »

    Je me permets de rappeler à ceux qui se refusent à toute critique que si le pape n’est pas infaillible en matière politique, a fortiori le secrétaire d’Etat ne l’est pas. Il est donc parfaitement licite de critiquer le cardinal Bertone, et de dire que la Turquie ne doit pas intégrer l’Union européenne, tout simplement parce qu’elle n’est européenne en aucune manière.

  • Crise turque : ça continue

    Le Président turc Ahmet Necdet Sezer rejette la loi constitutionnelle votée par le Parlement à l’instigation de l’AKP, comportant notamment l’élection du président de la République au suffrage universel. Le Président estime que les modifications ont été adoptées sans aucun débat, et que « le changement de régime visé n’a pas de justification ni de raison acceptable ». Il renvoie donc le texte devant le Parlement. Si celui-ci adopte de nouveau le texte sans modification, le Président ne pourra s’y opposer une deuxième fois. Il peut cependant convoquer un référendum (qui se retournerait sans doute contre lui). Mais l’AKP risque d’avoir du mal à faire voter de nouveau sa réforme constitutionnelle alors que se profilent les élections législatives anticipées...

    La « justification » du « changement de régime » est bien entendu de permettre l’élection à la présidence de la République d’Abdullah Gül, le bras droit d’Erdogan, chef de l’AKP, que nos farceurs de commentateurs qualifient d’« islamiste modéré ». Ce à quoi l’armée gardienne du laïcisme officiel est déterminée à s’opposer, par la force s’il le faut.

  • Les Turcs croient ce que dit Sarkozy…

    Mardi, c’était le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui prévenait Nicolas Sarkozy que son hostilité à l'égard de l'entrée de la Turquie dans l’Union européenne allait alimenter un sentiment anti-européen chez les Turcs et endommager les liens bilatéraux.

    Aujourd’hui, c’est le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, sans doute bientôt président de la République, qui enjoint Nicolas Sarkozy de ne pas remettre en cause les engagements pris par l'Union européenne en vue de l'adhésion de son pays : « La Turquie est un pays qui a commencé ses négociations avec l'UE. Les négociations ont commencé sur la base d'une décision (de l'UE) qui a été prise à l'unanimité, la France incluse. Mettre des obstacles à la progression du processus de négociation reviendrait à violer les signatures et les promesses faites dans le passé. »

    Les Turcs réagissent aux propos de Nicolas Sarkozy. Qu’ils attendent donc les actes avant de s’énerver. Demain, on aura Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères.

    Kouchner, qui symbolise à peu près tout ce que Sarkozy a fustigé au cours de sa campagne, est l’un des hommes politiques français les plus favorables à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne…

  • La crise en Turquie

    A la suite de l’annulation du premier tour de la présidentielle turque par la Cour constitutionnelle, le Premier ministre Erdogan a aussitôt réuni la direction de son parti AKP et a déclaré qu’il allait demander au Parlement « d'aller vers des élections générales ». Il a également annoncé une réforme, avant la dissolution de l'actuel Parlement, pour faire élire le président de la République au suffrage universel pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, contre un septennat unique à l'heure actuelle.

    Ce matin, l’AKP a donc déposé une proposition de loi demandant que la date des élections législatives soit avancée du 4 novembre au 24 juin.

    En attendant, l’AKP veut refaire le premier tour de la présidentielle, qui pourrait avoir lieu le 6 mai, afin de montrer que le processus démocratique se poursuit et qu’il rejette les pressions de l’armée.

    L'AKP devrait également déposer au Parlement une proposition de réforme constitutionnelle prévoyant l'élection du Président au suffrage universel.

    Adendum. Dans la soirée, la commission consitutionnelle du Parlement a décidé que les législatives anticipées se dérouleraient le 22 juillet.

  • Turquie : la crise s’installe

    La Cour constitutionnelle turque a annulé le premier tour de l’élection présidentielle. Elle a donné raison à l’opposition : il fallait qu’il y ait au moins 367 députés en séance, or il n’y en avait que 361. C’est une situation inédite dans l’histoire de la Turquie. C ’est désormais au gouvernement de décider de la suite des événements. Ou à l’armée...

  • La Turquie entre islamisme et putsch militaire

    A la suite du premier tour de la présidentielle au Parlement turc, l’état-major de l’armée a lancé un sévère avertissement au gouvernement : « Le problème qui a récemment surgi dans l'élection présidentielle se concentre sur la question de la remise en cause de la laïcité », dit l’état major, qui énumère une série d'activités religieuses organisées récemment, en particulier pour des enfants et dans des écoles, qu'il désigne comme autant de tentatives d'éroder le système laïque. « Le problème est d'autant plus grave qu'une part importante de ces activités se sont tenues avec l'approbation et au su des autorités administratives qui sont censées les prévenir. Cet état d'esprit réactionnaire a pris courage avec certains développements et paroles survenus ces derniers jours et a étendu le champ de ses activités », qui « violent clairement le principe d'attachement (du futur président) au régime républicain non seulement en parole mais aussi dans la pratique. » « Les forces armées turques afficheront ouvertement leur position et leurs attitudes lorsque cela deviendra nécessaire. Personne ne doit avoir de doute à ce sujet », ont menacé les militaires, rappelant que les forces armées étaient « des protectrices déterminées de la laïcité ».

    Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a réagi aujourd’hui en affirmant que le peuple turc s'opposerait à toute tentative de déstabilisation du pays. Dans un discours devant le Croissant rouge turc, louant les efforts de cette organisation à combattre les désastres naturels, Erdogan a déclaré que « l'unité politique et la structure sociale (pouvaient aussi) parfois être victimes de désastres. « Cette nation a payé un prix élevé, douloureux quand les fondements de la stabilité et de la confiance ont été perdus. Mais elle n'autorise plus, et n'autorisera plus, les opportunistes qui attendent et ouvrent la voie au désastre », a-t-il ajouté.

    Outre les récriminations contenues dans le communiqué, il est manifeste que l’armée n’accepte pas laperspective de voir Mme Gül devenir la première dame du pays. On sait qu’elle milite activement pour le droit au port du voile dans les locaux publics. En 1998, elle avait mené une très médiatique opération à l'Université d'Ankara : suivie par une horde de caméras et arborant son voile, elle avait tenté de s'inscrire comme étudiante, se faisant refouler pour cause de foulard. Et elle avait porté plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme. En 2004 elle a renoncé à sa plainte, officiellement pour ne pas porter préjudice à la carrière politique de son mari. Selon certains, c’est parce qu’elle était sûre de perdre. Un an plus tard, la Cour européenne des droits de l'homme, dans une affaire similaire, donnait en effet raison à l’Etat turc, estimant que l'interdiction du foulard islamique à l'Université n'était pas une violation du droit à la liberté de conscience, de pensée et de religion. Comme toute bonne fille d’islamistes turcs, la fille du couple Gül met une perruque sur son voile pour aller à l’université.

    Mme Gül serait la première femme d’un président turc à porter le voile. C’est à cela aussi que réagit l’armée, dont on note qu’elle n’a même pas attendu le résultat de la demande d’annulation du premier tour, déposée auprès de la Cour constitutionnelle par le principal parti d’opposition.

    L'armée turque ne menace pas en l’air. Elle a accompli trois coups d'Etat, en 1960, 1971 et 1980, et a contraint à la démission, en 1997, le premier chef de gouvernement islamiste de Turquie, Necmettin Erbakan, le mentor politique d’Erdogan et de Gül.

    L’affaire est donc assez sérieuse pour inquièter l’Union européenne, qui veut tant intégrer la Turquie. Le commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn a appelé l'armée turque à rester en dehors du processus électoral : « Il est important que l'armée laisse les prérogatives de la démocratie au gouvernement élu, et cela représente un test pour voir si les forces armées turques respectent la laïcité démocratique et l'organisation démocratique des relations entre civils et militaires. »

    Où l’on voit que les braves défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie sont bien coincés. D’un côté, la Cour européenne des droits de l’homme donne raison au laïcisme turc, dont, en définitive, à l’armée. De l’autre, la Commission veut le respect de la démocratie, qui implique l’acceptation de l’islamisme au pouvoir…

    Quand la laïcité c’est le coup d’Etat militaire, et quand la démocratie, c’est l’islamisme, qu’est-ce qu’on fait ? Ce serait amusant de poser la question aux prétendants à l’Elysée.

  • Turquie : ça coince pour Gül

    Contrairement à ce qu’on croyait, l’élection d’Abdullah Gül à la présidence turque n’était pas une simple formalité. Si l’AKP dispose d’une large majorité de 352 sièges au Parlement, il lui fallait 369 voix pour être élu au premier tour, or il n’y a eu que 361 votants (sur 550 députés) et il n’a eu que 357 voix. Il lui faudra attendre le troisième tour, le 9 mai, quand la majorité simple suffira. A condition que l’opposition échoue dans sa tentative d’invalidation du premier tour. Car l’opposition laïque a déposé une plainte auprès de la Cour constitutionnelle, affirmant qu’il fallait au moins 367 députés pour ouvrir le vote. Or les juges de la Cour constitutionnelle sont des gardiens du laïcisme kemaliste, donc opposés à l’islamisme de l’AKP... Si l’élection était invalidée, cela conduirait à des législatives anticipées... qui enverraient à coup sûr une plus grande majorité islamiste au Parlement...

  • Une autre présidentielle

    Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dans un discours au Parlement que le candidat de son parti l’AKP à la présidentielle sera son ami Abdullah Gül, co-fondateur du parti « islamiste modéré », actuellement vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.

    L’AKP étant ultra-majoritaire au Parlement, Abdullah Gül est assuré d’être élu Président lors du scrutin qui aura lieu vendredi.

    Les tenants de la Turquie « laïque » avaient fait pression pour que Erdogan ne soit pas candidat. Il met donc à sa place son alter ego...

    Abdullah Gül est bien connu pour sa pugnacité dans les négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, et comme pointilleux censeur de ces chiens de chrétiens européens. Ses deux plus récentes interventions sont ses protestations indignées de ne pas avoir été invité aux célébrations du cinquantenaire des traités de Rome, et ses vives protestations contre le cadeau offert lors de ces célébrations par Angela Merkel à Jacques Chirac : une chope de bière ancienne, au motif que cette chope serait décorée d’une scène de la défaite en Egypte de l’armée ottomane face aux troupes de Napoléon...