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Turquie - Page 12

  • Erdogan à la manœuvre

    L’AKP a choisi une « personnalité modérée » comme candidat au poste de président du Parlement turc. Il s’agit de Koksal Toptan, ancien ministre de l’Education et de la Cuture , et ancien président de la commission de la Justice au Parlement. Certains vont même jusqu’à en faire un « laïque », sous prétexte que sa femme ne porte pas le voile.

    Le parti d’Erdogan étant largement majoritaire, l’élection de Koksal Toptan, ce jeudi semble-t-il, ne fait aucun doute.

    Quant à nous, nous nous souviendrons que Koksal Toptan est l’homme qui, lorsqu’il était président de la commission de la Justice , avait fait mettre à l’ordre du jour du Parlement, en octobre 2006, une proposition de loi visant à punir les négateurs du « génocide » commis par la France en Algérie, en réplique du vote par le Parlement français de la loi reconnaissant le génocide arménien. Il l’avait annoncé urbi et orbi la veille de l’ouverture des débats à l’Assemblée nationale.

    En réalité, il s’agissait d’une gesticulation : le jour même du vote de l’Assemblée nationale, le Parlement turc discuta en effet de la proposition de loi, conjointement avec une autre, visant à punir quiconque reconnaîtrait un génocide arménien. En fait, les deux propositions furent renvoyées en sous-commission où elles furent enterrées (d’autant qu’il n’y a pas besoin d’une nouvelle loi pour poursuivre ceux qui osent évoquer le génocide arménien). Mais on voit là dans quelles dispositions est, vis-à-vis de la France, le nouveau président du Parlement turc, qui bien entendu veut que son pays adhère à l’Union européenne...

    Le choix d’un homme réputé moins islamiste que son prédécesseur Bulent Arinc fait partie du jeu délicat de Erdogan qui, ayant largement gagné les élections, cherche à éviter le bras de fer avec le camp laïque, autrement dit un coup d’Etat militaire.

    Ainsi, selon la presse turque, il aurait demandé à Abdullah Gül, dont il avait fait le candidat de l’AKP à la présidence de la République, d’abandonner ce projet, au profit d’une personnalité là aussi plus « modérée ». L’élection à la présidence de la République (par le Parlement) doit avoir lieu à la fin du mois.

     

    Addendum 15 h 30: Koksal Toptan a été élu dès le premier tour à une très large majorité, bénéficiant non seulement des voix de l'AKP mais de celles d'une bonne partie de l'opposition (450 voix sur 535 présents, sur 550 députés).

  • Victoire islamiste en Turquie

    Communiqué de Bernard Antony, président de Chrétienté-Solidarité

    La victoire électorale écrasante du parti islamiste au pouvoir en Turquie et de ses alliés prouve, s’il en était besoin, combien prennent leur désir pour la réalité ceux qui disent leur confiance en l’affirmation laïque de ce pays au sein de l’Union Européenne.

    Au mépris de son nom (parti de la justice et du développement), au mépris de ce qu’il est, au mépris de ce qu’il fait, nos médias, obéissant probablement à quelque consigne de désinformation, le qualifient tous d’« islamiste modéré » ! Comme si l’islamisme ne pouvait avoir que le visage de Ben Laden !

    Or, le parti de M. Erdogan est tout simplement prudent. Au fil des années, il rogne peu à peu la puissance du laïcisme kemaliste qui est la doctrine officielle de l’armée. Celle-ci, comme celle jadis de l’Iran du Shah, est de plus en plus pénétrée par l’idéologie coranique. Au demeurant, cette armée nationaliste a toujours été fondamentalement anti-chrétienne et la Turquie, laïque ou musulmane, n’a jamais esquissé le moindre début de commencement d’acceptation de reconnaissance du génocide quasi total des arméniens et des autres communautés chrétiennes.

    Le parti islamiste dit modéré, ne tolère en réalité strictement aucune liberté religieuse hormis la tolérance à usage diplomatique d’un infime résidu de chrétiens toujours menacé.

    Il ne tolère lui non plus aucune expression en faveur de quelque repentance du génocide. Ceux qui l’esquissent sont, soit condamnés à de lourdes peines (et l’on sait ce qu’est la prison en Turquie comme dans les pays d’Islam en général), soit assassinés et les assassins rencontrent une grande impunité.

    Enfin, la Turquie ne tolère chez elle aucun autonomisme régional. Elle constituerait donc demain au sein de l’Union Européenne l’ensemble le plus peuplé, le plus militarisé, le plus démographiquement islamiquement expansioniste.

    Si, sur ce point au moins, Nicolas Sarkozy tenait sa promesse de rupture avec la politique chiraquienne et la pression israëlo-américaine pour l’intégration, on ne pourrait que s’en réjouir.

  • Turquie : les élections sans surprise

    Selon les résultats définitifs encore non officiels, le Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a obtenu 46,4% des voix aux législatives anticipées, soit 12 points de plus qu’en 2002.

    L’AKP devrait ainsi obtenir 340 des 550 sièges du Parlement. En 2002, il avait obtenu 351 députés. Le nombre est moins élevé car un troisième parti fait son retour au Parlement, le MHP, parti de l’action nationaliste, vigoureusement anti-européen, qui obtient 14,2% des voix et 71 députés. Des députés "indépendants", en majorité kurdes, sont également élus.
    Quant au parti laïque d’Atatürk, le Parti républicain du peuple (CHP), il ne recueille que 20,8% des suffrages et devrait avoir 112 députés.

    Certains commentateurs s’étonnent de voir que la parti laïque n’a pas réussi à « capitaliser » les gigantesques manifestations laïques d’avril et mai dernier. C’est la preuve que des manifestations, aussi immenses qu’elles soient, ne correspondent pas forcément à l’état réel de l’opinion publique. En l’occurrence, cela apparaissait clairement si l’on regardait objectivement la situation. Erdogan ne prenait aucun risque en annonçant que son parti aurait la majorité absolue.

    La conséquence est que non seulement la « crise » n’est pas dénouée, mais que Erdogan, qui est apparu en compagnie de sa femme voilée pour célébrer sa victoire, est plus fort qu’avant, face à l’armée, qui restera le seul garant de la « laïcité » lorsque Erdogan aura fait élire un nouveau président de la République issu de son parti.

  • Les Turcs ne parlent pas de l’Union européenne

    Des élections législatives anticipées auront lieu en Turquie dimanche prochain. On arrive donc à la fin de la campagne. Les observateurs constatent un grand absent : l’Union européenne. Personne ne parle des négociations d’adhésion, de l’avenir « européen » de la Turquie , etc., et encore moins de ce méchant Sarkozy qui affirmait pendant sa propre campagne qu’il s’opposerait à cette adhésion.

    Ainsi, le Premier ministre Erdogan, chef de l’AKP au pouvoir, qui pourrait se vanter d’avoir été l’homme qui a obtenu l’ouverture des négociations d’adhésion, reste bouche cousue sur le sujet. Il pourrait aussi se vanter d’être à l’origine des « réformes démocratiques » qui allaient de pair. « Ces réformes ont permis une transformation significative en Turquie, mais cela est complètement ignoré » par les candidats, constate un expert turc, qui ajoute : « Le gouvernement n’a rien à gagner à faire du projet européen une question électorale ».

    L’opposition non plus, manifestement, dont la principale formation, le CHP, officiellement pro-européen, est d’une discrétion de violette sur le sujet. Seul le parti de l’action nationaliste (MHP) l’évoque, mais c’est pour réclamer une pause dans le processus, le temps d’une « réflexion stratégique ». Car ce parti est ouvertement hostile à l’Union européenne. Et selon les sondages il devrait recueillir assez de voix pour revenir au Parlement...

    Pourquoi l’Union européenne est-elle si acharnée à poursuivre les négociations alors que les politiciens turcs sont contraints de ne pas se montrer pro-européens s’ils veulent être élus ?

    Pourquoi Sarkozy a-t-il mis sous le boisseau son opposition à l’adhésion de la Turquie , alors que ce serait justement le moment de remettre la question sur le tapis ?

    On a là un exemple clair de la dictature idéologique de Bruxelles. Dont on constate clairement qu’elle est anti-européenne.

  • La Turquie dans l’UE : l’opposition de Sarkozy fait pschitt

    Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, a expliqué à Bruxelles, devant un lobby euromondialiste (European Policy Center), à propos de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, qu’il fallait « avoir pour le moins une réflexion ouverte sur qui sommes nous ? où allons-nous ? ». Et pour y réfléchir, « organisons un groupe de travail, un groupe de sages, qui dirait : Voilà ce que nous pouvons faire, voilà les conditions... » « Mais nous souhaitons discuter d’abord avec nos partenaires et on verra d’ici la fin de l’année si cela est suffisamment mûr pour être mis sur la table. »

    Ainsi on pourrait peut-être constituer en 2008 un comité qui réfléchirait sur la nature de l’Union européenne et sa « vocation à intégrer » de nouveaux pays comme la Turquie.. .

    Sa vocation ? Pendant que les négociations concrètes d’adhésion de la Turquie se poursuivent ?

    On voit que c’en est bien fini des tonitruantes assurances de Sarkozy pendant la campagne qu’il allait tout faire arrêter.

    Mais ce n’est évidemment pas une surprise. Surtout depuis que le Président a fait ministre des Affaires étrangères et secrétaire d’Etat aux Affaires européennes deux personnages de gauche, européistes et partisans de la Turquie dans l’UE...

  • Surprise turque

    Contrairement à ce qu’on attendait, la Cour constitutionnelle turque a rejeté les demandes en annulation de la réforme constitutionnelle déposées par le président de la République et l’opposition. Le Président ne peut plus désormais s’opposer à la réforme, qui prévoit notamment l’élection du président de la République au suffrage universel. Il ne peut plus que la soumettre à référendum.

    L’AKP au pouvoir avait élaboré cette réforme face à l’impossibilité de voir son candidat élu par la majorité requise au Parlement.

    On attend maintenant la réaction des « laïques », armée en tête, à cette « victoire » des islamistes.

  • Turquie : ça continue

    Les ambassadeurs des 27 ont approuvé l’ouverture de deux nouveaux chapitres de négociations avec la Turquie. La présidence allemande de l’Union européenne avait retiré le chapitre concernant la politique économique et monétaire, qui devait également être ouvert. Il se disait ces dernières semaines que la France bloquerait le chapitre économique, et Bernard Kouchner avait laissé entendre qu’il en serait ainsi. Mais le porte-parole du Quai d’Orsay adopte la position officielle de la présidence allemande : « En l’absence d’unanimité, la présidence allemande n’a pas proposé d’approuver la position commune » sur ce chapitre. « Les travaux se poursuivent sur le projet de position commune de négociation sur le chapitre politique économique et monétaire. » Et d’ajouter : « Je n’ai pas d’autre commentaire à faire. »

    Curieux... Quoi qu’il en soit, on voit que Nicolas Sarkozy accepte que se poursuivent les négociations d’adhésion, alors qu’il prétend être contre cette adhésion.

  • Turquie : le président ne baisse pas les bras

    Le président turc Ahmet Sezer avait décidé d’organiser un référendum sur le projet de loi constitutionnelle prévoyant notamment l’élection du président de la République au suffrage universel. Lundi, il a déposé un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle.

    Il avait rejeté une première fois la loi votée par le Parlement. Votée une seconde fois dans les mêmes termes, il avait le choix entre la promulguer et recourir au référendum. Il a choisi le référendum, et maintenant il a recours à la Cour constitutionnelle. Il est curieux de demander l’annulation d’une loi dont on a annoncé qu’on la soumettrait à référendum...

    L’opposition a également déposé un recours en annulation, pour vice de forme dans le deuxième vote.

    Selon la presse turque, le rapporteur aurait émis un avis favorable à l’annulation, ce qui n’est pas étonnant : c’est la Turquie « laïque » qui serre les coudes.

    Mais une annulation ne fera que creuser le fossé entre les islamistes, majoritaires au Parlement et dans la population, et le pouvoir « laïque »...

  • Référendum turc

    Le président turc a décidé de soumettre à référendum la réforme constitutionnelle prévoyant notamment l’élection du président de la République au suffrage universel. Le Parlement avait voté cette réforme une première fois, il avait opposé son veto. Le Parlement l’ayant votée une deuxième fois dans les mêmes termes, il devait la promulguer ou appeler au référendum. Il a choisi la deuxième solution, ce qui n’est pas une surprise. Mais cela ne fait que repousser l’échéance.  Le camp « laïque » a perdu. Le résultat du référendum ne fait pas de doute. Et le résultat de l’élection présidentielle qui suivra non plus. La Turquie aura dans quelques semaines un président islamiste, l’actuel ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül – celui-là même qui négocie l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. (En fait le mandat de l’actuel président a expiré le mois dernier, mais il reste en poste jusqu’à l’élection de son successeur.)

  • Justice à la turque

    Un procureur d’Istanbul a requis de six mois à trois ans de prison à l’encontre d’Arat Dink, coupable de « dénigrement de l’identité nationale turque ».

    Qui est Arat Dink ? C’est le fils de Hrant Dink, assassiné en janvier dernier.

    Qu’a-t-il fait ? Il a reproduit dans l’hebdomadaire Agos, qu’il dirige depuis la mort de son père, une interview de celui-ci, où il affirmait : « Bien sûr que c’est un génocide. Parce que le résultat identifie ce que c’est et lui donne un nom. Vous pouvez voir qu’un peuple qui a vécu sur ces terres pendant 4.000 ans a disparu. »

    Hrant Dink a payé de sa vie ce genre de propos.

    A l’audience, Arat Dink s’est montré le digne fils de son père. Il s’est élevé contre l’attitude des juges, qui ont contribué à désigner son père comme une cible en multipliant les procédures judicaires à son encontre, et il a dit aussi : « J’estime primitif, absurde et dangereux de considérer comme une insulte à l’identité turque la reconnaissance d’un événement historique comme un génocide. »