Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé dans un discours au Parlement que le candidat de son parti l’AKP à la présidentielle sera son ami Abdullah Gül, co-fondateur du parti « islamiste modéré », actuellement vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
L’AKP étant ultra-majoritaire au Parlement, Abdullah Gül est assuré d’être élu Président lors du scrutin qui aura lieu vendredi.
Les tenants de la Turquie « laïque » avaient fait pression pour que Erdogan ne soit pas candidat. Il met donc à sa place son alter ego...
Abdullah Gül est bien connu pour sa pugnacité dans les négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, et comme pointilleux censeur de ces chiens de chrétiens européens. Ses deux plus récentes interventions sont ses protestations indignées de ne pas avoir été invité aux célébrations du cinquantenaire des traités de Rome, et ses vives protestations contre le cadeau offert lors de ces célébrations par Angela Merkel à Jacques Chirac : une chope de bière ancienne, au motif que cette chope serait décorée d’une scène de la défaite en Egypte de l’armée ottomane face aux troupes de Napoléon...
Commentaires
Vous n'évoquez pas la VRAIE question, la question cruciale :
la femme d'Abdullah Gül est-elle voilée ?
Je suppose que non, sinon le remplacement de candidat n'aurait aucun sens.
Je l'avais dit...
Vu via Bafweb ici : http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=340303
La Turquie est de nouveau profondément divisée sur le délicat sujet du foulard islamique dans la perspective du port par la prochaine Première dame du pays de ce symbole de l’islam politique pour lequel elle a milité aux côtés de son époux. Hayrünisa Gül, 42 ans, mariée depuis 27 ans à Abdullah Gül, très certainement le futur chef de l’État turc, porte depuis son jeune âge le voile qu’elle n’a jamais enlevé en public. Et au-delà, elle a été la première femme voilée du pays à saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), alors que son mari était ministre des Affaires étrangères, parce qu’elle s’est vu interdire l’accès à l’université en raison de son foulard. La procédure qui a provoqué une controverse dans le pays a finalement été abandonnée en 2004 après que la cour de Strasbourg eut débouté une jeune Turque voilée qui contestait l’interdiction strictement appliquée en Turquie du port du foulard dans la fonction publique et dans l’enseignement supérieur.
Le couple Gül a une fille, Kübra, âgée de 21 ans, qui est également voilée et porte une perruque à l’université pour contourner cette interdiction que l’AKP n’a pas réussi à assouplir depuis son arrivée au pouvoir en 2002 en raison de la vive opposition de la hiérarchie favorable à la laïcité.
Irritation des laïcs
Le voile, une caractéristique identitaire forte chez les électeurs de base du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), irrite les laïcs et cristallise beaucoup de passions et de polémiques. Le débat est de longue date engagé sur la question : est-ce qu’un homme dont l’épouse porte le voile islamique peut prétendre au plus haut poste administratif d’un État laïque ?
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont l’épouse, Emine, est également voilée, a renoncé à se présenter à l’élection présidentielle, mais son choix, qui s’est porté sur son bras droit, n’a pas réduit l’intensité de la polémique. Interrogé par les journalistes après sa nomination, M. Gül a demandé que l’on respecte « un choix personnel » de sa femme, mais la presse laïque n’est pas du tout du même avis. « On s’attend à ce que l’on accepte une femme qui emmène son militantisme islamiste à la tête de l’État. Pas question », a déclaré Tuncay Özkan sur la chaîne de télévision privée kémaliste, Kanaltürk. Pour l’éditorialiste du journal à gros tirage Hürriyet, le foulard au palais présidentiel représentera un « retour en arrière » par rapport aux réformes vestimentaires mises en œuvre dans les années 1920 par le père fondateur de la Turquie, Mustafa Kemal Atatürk, qui décourageaient les femmes de porter le voile, et interdisaient aux hommes le port du fez et du turban. Le chef de l’État étant également le commandant en chef des forces armées turques, il est en outre difficile de concevoir un commandant suprême dont la femme est voilée alors que le foulard est interdit aux épouses des officiers de l’armée, qui se considère comme la gardienne des principes séculiers