Antiphonaire autour de 1300 (Wrocław).
℟. Dixérunt ímpii apud se, non recte cogitántes : Circumveniámus justum, quóniam contrarius est opéribus nostris : promittit se sciéntiam Dei habere, Fílium Dei se nóminat, et gloriátur patrem se habére Deum : * Videámus si sermónes illíus veri sunt : et si est vere Fílius Dei, líberet eum de mánibus nostris : morte turpíssima condemnémus eum.
℣. Tamquam nugaces æstimáti sumus ab illo, et ábstinet se a viis nostris tamquam ab immunditiis : et præfert novíssima iustórum.
℟. Videámus si sermónes illíus veri sunt : et si est vere Fílius Dei, líberet eum de mánibus nostris : morte turpíssima condemnémus eum.
Les impies ont dit, pensant faussement en eux-mêmes : Circonvenons le juste, parce qu’il est contraire à nos œuvres : il se vante d’avoir la science de Dieu, il se nomme le Fils de Dieu, et il se glorifie d’avoir pour père, Dieu : Voyons si ses paroles sont véritables : et s’il est le vrai Fils de Dieu, il le délivrera de nos mains : condamnons-le à la mort la plus honteuse.
Nous sommes estimés par lui frivoles, il s’abstient de nos voies comme de souillures : il préfère les derniers moments des justes.
Voyons si ses paroles sont véritables : et s’il est le vrai Fils de Dieu, il le délivrera de nos mains : condamnons-le à la mort la plus honteuse.
Ce répons des matines utilise les versets 12 à 21 du chapitre 2 du livre de la Sagesse. C’est un texte auquel on ne pense pas forcément quand on évoque les prophéties christiques de l’Ancien Testament, et pourtant il est saisissant, tant dans son ensemble que par les expressions que l’on trouve aussi chez saint Matthieu et saint Jean. Pourquoi le cite-t-on si peu ? Parce que le livre de la Sagesse a été écrit en grec, et que ni les juifs ni les protestants ne le reconnaissent ? Mais en tout état de cause il a été écrit avant le Christ…
Voici la traduction de ces versets dans la Bible de Sacy :
Faisons tomber le juste dans nos pièges, parce qu’il nous est incommode, qu’il est contraire à notre manière de vie, qu’il nous reproche les violements de la loi, et qu’il nous déshonore en décriant les fautes de notre conduite. Il assure qu’il a la science de Dieu, et il s’appelle le Fils de Dieu. Il est devenu le censeur de nos pensées mêmes. Sa seule vue nous est insupportable, parce que sa vie n’est point semblable à celle des autres, et qu’il suit une conduite toute différente. Il nous considère comme des gens qui ne s’occupent qu’à des niaiseries ; il s’abstient de notre manière de vie comme d’une chose impure ; il préfère ce que les justes attendent à la mort, et il se glorifie d’avoir Dieu pour père. Voyons donc si ses paroles sont véritables, éprouvons ce qui lui arrivera, et nous verrons quelle sera sa fin. Car s’il est véritablement Fils de Dieu, Dieu prendra sa défense, et il le délivrera des mains de ses ennemis. Interrogeons-le par les outrages et par les tourments, afin que nous reconnaissions quelle est sa douceur, et que nous fassions l’épreuve de sa patience. Condamnons-le à la mort la plus infâme ; car si ses paroles sont véritables, Dieu prendra soin de lui.
Commentaires
Merci monsieur Daoudal
Pourriez vous nous faire un jour une fiche d'évaluation des traductions de la Bible que vous recommandez ?
Que penser reellement et sans parti pris de la valeur de la version Sacy (outre la saveur de la langue classique )?