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Liturgie - Page 424

  • Sainte Cécile

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    Sainte Cécile est l’une des vierges martyres les plus honorées par la primitive Église Romaine (son nom figure au canon de la messe). Dès le IVe siècle, Rome possédait l’église Sainte Cécile au Transtevere, où reposent aujourd’hui ses restes. Elle fut martyrisée au temps de l’empereur Alexandre Sévère, en 230 environ. En 1599, on ouvrit son tombeau et l’on trouva le corps de la sainte dans un cercueil de cyprès. Le corps y était couché intact, comme si l’âme s’en était envolée à l’instant. Étienne Maderna, qui le vit plus d’une fois, en a sculpté une statue d’après nature [photo]. — Sainte Cécile est honorée depuis le Moyen Age comme patronne de la musique religieuse, ce qui provient d’une fausse interprétation d’un passage de son office (cantantibus organis). L’office très poétique du bréviaire comporte des antiennes et répons historiques dont le texte est emprunté au récit du martyre de la sainte.

    Dom Pius Parsch

    ℟. Cantantibus organis Caecilia virgo in corde suo soli Domino decantabat, dicens: * Fiat, Domine, cor meum et corpus meum immaculatum, ut non confundar.
    ℣. Biduanis et triduanis ieiuniis orans, commendabat Domino quod timebat.
    ℟.  Fiat, Domine, cor meum et corpus meum immaculatum, ut non confundar.

    Au son des instruments de musique, la vierge Cécile adressait en son cœur un chant au seul Seigneur, disant : Que mon cœur et mon corps soient purs, Seigneur, pour que je ne sois pas confondue. Elle recommandait au Seigneur, par des prières et des jeûnes se prolongeant deux et trois jours, le trésor qu’elle craignait de perdre.

    (Premier répons des matines - La première phrase, sous une forme abrégée, est aussi la première antienne des laudes et des vêpres.)

  • Présentation de la bienheureuse Vierge Marie

    Anne conçut et le neuvième mois elle enfanta et elle dit à la sage-femme : « Qu'ai-je enfanté? » et l'autre répondit : « Une fille. » Et Anne dit : « Mon âme s'est réjouie à cette heure. » Et Anne allaita son enfant et lui donna le nom de Marie.

    L'enfant se fortifia de jour en jour. Lorsqu'elle eut six mois, sa mère la posa à terre pour voir si elle se tiendrait debout Et elle fit sept pas en marchant et elle vint se jeter dans les bras de sa mère. Et Anne dit : « Vive le Seigneur mon Dieu; tu ne marcheras pas sur la terre jusqu'à ce que je t'ai offerte dans le temple du Seigneur. » Et elle fit la sanctification dans son lit, et tout ce qui était souillé 9 elle l'éloignait de sa personne, à cause d'elle. Et elle appela des filles juives sans tache et elles soignaient l'enfant. Et quand elle eut accompli sa première année, Joachim donna un grand festin et il convia les princes des prêtres et les scribes et tout le sénat et tout le peuple d'Israël. Et il offrit des présents aux princes des prêtres et ils le bénirent, disant : « Dieu de nos pères, bénis cette enfant et donne-lui un nom qui soit célébré dans toutes les générations. » Et tout le peuple dit : « Amen, ainsi soit-il » Et les parents de Marie la présentèrent aux prêtres et ils la bénirent, disant : « Dieu de gloire, jette tes regards sur cette enfant et accorde-lui une bénédiction qui ne connaisse aucune interruption. » Et sa mère la prit et lui donna le sein et elle entonna un cantique, disant : « Je chanterai les louanges du Seigneur mon Dieu, car il m'a visitée et il m'a délivrée des outrages de mes ennemis. Et le Seigneur Dieu m'a donné un fruit de justice multiplié en sa présence. Qui annoncera aux enfants de Ruben qu’Anne a un nourrisson? Écoutez, vous les douze tribus d'Israël, apprenez qu’Anne nourrit. » Et elle déposa l'enfant dans le lieu de sa sanctification et elle sortit et elle servit les convives. Quand le festin fut terminé, ils se retirèrent pleins de joie et ils lui donnèrent le nom de Marie, en glorifiant le Dieu d'Israël.

    Quand Marie eut deux ans, Joachim dit à Anne, son épouse : « Conduisons la au temple de Dieu, afin d'accomplir le vœu que nous avons formé et de crainte que Dieu ne se courrouce contre nous et qu'il ne nous ôte cette enfant » Et Anne dit: « Attendons la troisième année, de crainte qu'elle ne redemande son père et sa mère» » Et Joachim dit : « Attendons. » El l'enfant atteignit l'âge de trois ans et Joachim dit : « Appelez les vierges sans tache des Hébreux et qu'elles prennent des lampes et qu'elles les allument» et que l'enfant ne se retourne pas en arrière et que son esprit ne s'éloigne pas de la maison de Dieu. » Et les vierges agirent ainsi et elles entrèrent dans le temple. Et le prince des prêtres reçut l'enfant et il l'embrassa et il dit : « Marie, le Seigneur a donné de la grandeur à ton nom dans toutes les générations, et, à la fin des jours, le Seigneur manifestera en toi le prix de la rédemption des fils d'Israël. » Et il la plaça sur le troisième degré de l'autel, et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle et elle tressaillit de joie en dansant avec ses pieds et toute la maison d'Israël la chérit.

    Et ses parents descendirent, admirant et louant Dieu de ce que l'enfant ne s'était pas retournée vers eux. Marie était élevée comme une colombe dans Ie temple du Seigneur et elle recevait de la nourriture de la main des anges.

    Protévangile de Jacques

  • Saint Félix de Valois

    « Longtemps vénéré comme saint par l'Église catholique, il est aujourd'hui considéré comme fictif par la plupart des historiens », affirme Wikipedia. Et Paul VI n’avait pas attendu Wikipedia pour débarrasser le calendrier liturgique de ce faux saint, sur la foi de ses experts qui prime toute piété.

    Mais saint Félix de Valois ne veut pas disparaître. Il s’incruste. C’en est même étonnant.

    Félix de Valois et Jean de Matha avaient créé l’ordre de la Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs (qui libéra des millions de chrétiens captifs des musulmans) à la toute fin du XIIe siècle. Félix était ermite à Cerfroid, qui était alors semble-t-il dans le diocèse de Meaux et qui est aujourd’hui dans le diocèse de Soisson. Puis il avait créé à Cerfroid un couvent de trinitaires. Lequel couvent (et l’ordre lui-même, en France) fut supprimé à la Révolution.

    En 1944, des religieuses trinitaires viennent s’installer à Cerfroid.

    En 1973, trois ans après la suppression de Félix de Valois par le pape, des trinitaires canadiens viennent fonder une nouvelle maison de l’ordre à Paris. En 1986, des religieux trinitaires s’installent à Cerfroid. Sur leur site, ils expliquent : « L'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs fut créé en 1198 par Jean de MATHA et Félix de VALOIS afin de racheter les chrétiens qui y étaient maintenus en esclavage en Pays musulmans. »

    Plus étonnant encore, en 1997 a été fondée une paroisse Saint Félix de Valois ! Une paroisse qui englobe 28 villages, dont Brumetz où se trouve Cerfroid.

    Parce que, figurez-vous, saint Félix de Valois n’a jamais existé, mais il y a peut-être eu à Cerfroid un ermite qui s’appelait Félix et qui était de Valois et qui aurait fondé avec Jean de Matha l’ordre trinitaire. (C’est comme les pièces de Shakespeare qui n’ont pas été écrites par Shakespeare mais par un autre écrivain qui peut-être s’appelait Shakespeare. Quand on n’a rien à faire il faut bien s’occuper…)

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  • Sainte Elisabeth de Hongrie

    La relique du cœur de sainte Elisabeth, par Suzanne de La Messelière

    Le but de ma thèse de théologie fut de retrouver l'authenticité de la spiritualité de sainte Elisabeth de Hongrie et de la restituer dans toute sa pureté. J’ai tenté de la dégager des surcharges de la légende et des influences diverses qu'elle avait subies au cours du temps. J’avais renoncé à toute élaboration romanesque de sa vie, mon unique souci ayant été de rassembler et de traduire, si nécessaire, les documents historiques. Je n’avais retenu comme crédibles que les sources les plus anciennes, émanant de personnes ayant connu Elisabeth, et dont la fiabilité du témoignage ne peut être mise en doute. Afin de cerner au plus près la vérité historique, j’avais voulu me rendre personnellement dans les pays où vécut sainte Elisabeth et d'emboîter son pas. Ces voyages m’ont  permis de visualiser les lieux précis où elle vécut, d'exploiter la riche mine des traditions de la piété populaire et ainsi de constater l'exceptionnelle actualité de son culte toujours vivant et l'ampleur de la dévotion des fidèles qui défie le temps. J’avais entendu dire qu’un manuscrit ancien (ms 809) se trouvait à la cathédrale de Cambrai.

    Je téléphonais, la réponse fut courtoise, je pouvais venir le consulter. A ma grande surprise, mon interlocutrice me demanda ensuite si j’envisageais également d’aller voir le cœur de sainte Elisabeth conservé à la cathédrale de Cambrai. Je restais stupéfaite, jamais je n’avais entendu parler de cette relique, il n’y avait aucune trace d’elle dans aucune bibliographie ni dans aucune biographie ancienne ou récente. Quelle découverte !

    Je décidais d’aller immédiatement dans cette ville, accompagnée de ma famille et d’un ami photographe. Le Père Denis Lecompte, Archiprêtre de la cathédrale de Cambrai, nous reçut avec une grande gentillesse. Je lui expliquais alors que j’avais entendu dire que le cœur de sainte Elisabeth se trouvait dans la cathédrale. Etait-il au courant ? Il me sourit et me répondit que le cœur se trouvait sur son bureau. Quelques instants plus tard il revint avec la relique qu’il déposa dans ma main. Etait-ce l’émotion ? J’avais l’impression que le cœur d’Elisabeth, cette sainte que je vénérais tant, battait dans le creux de ma main ! Le Père Denis Lecompte m’expliqua alors qu’à l’époque où vivait sainte Elisabeth, Cambrai était une ville libre d’Empire comme l’étaient les principautés d’Allemagne et les contacts étaient fréquents. Déjà impressionnée par la dévotion mariale qu’elle partageait et qui se vivait à Cambrai, Elisabeth avait procédé à de grandes largesses tant pour les travaux d’achèvement de la Cathédrale Notre-Dame de Cambrai, qu’en faveur des plus nécessiteux et défavorisés de la ville. Selon les archives, l’évêque de Cambrai se trouvait à Marbourg au moment de la mort d’Elisabeth.

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  • Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul

    L’Église interrompt la lecture de l’Écriture occurrente [au premier nocturne des matines] et nous présente une peinture apocalyptique de la Jérusalem céleste. Cette lecture se rattache aux pensées du temps actuel de l’année ecclésiastique. Remarquons le dessein de l’Église : les deux fêtes de la Dédicace en novembre ont des leçons dont les textes se suivent (9 nov. : XXI, 9-18 ; 18 nov. : XXI, 18-27. La lecture du 3e nocturne est empruntée à l’octave de la Dédicace, de sorte que ces deux fêtes sont en étroite liaison). Les leçons nous montrent la Jérusalem céleste dans son achèvement : « La muraille de la ville était construite en jaspe, et la ville elle-même était d’un or pur, semblable à un pur cristal. Les pierres fondamentales du mur de la Ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses... Les douze portes étaient douze perles ; chaque porte était d’une seule perle Les rues de la ville étaient d’un or pur... On n’y voyait pas de temple, car Dieu, le Seigneur, le Tout-Puissant, est son temple ainsi que l’Agneau. La ville n’avait besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illuminait et l’Agneau était son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière et les rois de la terre y apporteront leur magnificence et leurs trésors. Ses portes ne sont point fermées chaque jour et il n’y a pas de nuit. On y apportera ce que les nations ont de plus magnifique et de plus précieux Il n’y entrera rien de souillé, aucun artisan d’abomination et de mensonge, mais ceux-là seulement qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau. » De ce passage il résulte que ces deux fêtes de Dédicace célébrées à la fin de l’année appartiennent au symbolisme de l’automne ecclésiastique ; elles représentent pour nous la Jérusalem céleste.

    Dom Pius Parsch

  • 26e dimanche après la Pentecôte

    Lectures et oraisons du 6e dimanche après l’Epiphanie, chants du 23e dimanche après la Pentecôte.

    En cet avant-dernier dimanche de l’année liturgique, nous lisons paradoxalement dans l’épître les toutes premières lignes écrites par saint Paul : le début de la première épître aux Thessaloniciens, qui est selon tous les spécialistes sa première lettre, datant de l’année 50. Or ces premières lignes paraissent pourtant célébrer un aboutissement, et d’une certaine façon c’en est un : depuis la visite de Paul et la conversion des premiers habitants de Thessalonique, les chrétiens y sont rapidement devenus très nombreux, et sont en outre devenus de véritables modèles « pour tous les croyants de la Macédoine et de l’Achaïe ».

    Ce phénomène est un aspect de ce qui est enseigné dans l’évangile, avec les deux paraboles du grain de sénevé et du levain. La petite graine devient très rapidement une plante aussi grande qu’un arbre, où viennent nicher les oiseaux du ciel. Le levain fait bientôt fermenter plus de 7 kg de farine*, ce qui donnera un énorme pain pour nourrir la grande maisonnée…

    C’est le temps de la croissance de l’Eglise, qui est bref en regard de l’éternité. Et qui arrivera à son terme. Et l’épître du jour se termine par une annonce de la parousie : « pour attendre des cieux son Fils, qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous sauve de la colère à venir ». Quant à l’évangile, il se termine par l’annonce de l’accomplissement d’une prophétie : « Je révélerai des choses cachées depuis la création du monde », ce qui est également une annonce du grand dévoilement final, qui aura lieu liturgiquement dimanche prochain.

  • Sainte Gertrude

    Sa biographe indique deux directions de ce que nous pourrions définir sa «conversion» particulière: dans les études, avec le passage radical des études humanistes profanes à celles théologiques, et dans l’observance monastique, avec le passage de la vie qu’elle qualifie de négligente à la vie de prière intense, mystique, avec une exceptionnelle ardeur missionnaire. Le Seigneur, qui l’avait choisie dans le sein maternel et qui l’avait fait participer, dès son enfance, au banquet de la vie monastique, la ramène par sa grâce «des choses extérieures à la contemplation intérieure, des occupations terrestres au soin des choses célestes». Gertrude comprend alors qu'elle était restée loin de Lui dans une région de dissemblance, comme elle dit avec saint Augustin; de s’être consacrée avec trop d’ardeur aux études libérales, à la sagesse humaine, en négligeant la science spirituelle, se privant du goût de la véritable sagesse; elle est conduite à présent à la montagne de la contemplation, où elle se dépouille du vieil homme pour se revêtir de l’homme nouveau. «C'est ainsi que de grammairienne elle devint théologienne, relisant sans cesse les pages divines qu’elle pouvait se procurer, et remplissant son cœur des plus utiles et des plus douces sentences de la Sainte Ecriture. Aussi avait-elle toujours à sa disposition la Parole de Dieu afin de satisfaire ceux qui venaient la consulter et de réfuter toute idée fausse par des témoignages de la Sainte Ecriture employés si à propos, qu'on n'y trouvait rien à objecter.»

    (…)

    «J'ai dû combattre mon goût personnel — affirme-t-elle —, et considérer qu'ayant si peu profité de vos grâces, elles ne pouvaient m'avoir été accordées pour moi seule, puisque votre sagesse éternelle ne se trompe en rien. O Dispensateur de tous les biens, qui m'avez comblée gratuitement de tant de grâces, faites au moins qu'en lisant cet écrit, le cœur d'un de vos amis soit ému par votre condescendance, et vous remercie de ce que, pour l'amour des âmes, vous avez conservé si longtemps au milieu des souillures de mon cœur une pierre précieuse d'un tel prix.»

    En particulier, deux faveurs lui sont plus chères que toutes les autres, comme Gertrude l’écrit elle-même: «La première est l'empreinte que vous avez formée sur mon cœur, par les splendides joyaux de vos plaies sacrées. La seconde est cette blessure d'amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits. Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude. Pour ajouter à ces faveurs, vous m'avez encore admise à l'incomparable familiarité de votre tendresse, en m'offrant l'arche très noble de votre divinité, c'est-à-dire votre Cœur sacré, pour que j'y trouve mes délices [...]. Enfin vous m'avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu'en mettrait un époux à confier à sa propre mère l'épouse qu'il s'est choisie.»

    Tendue vers la communion sans fin, elle conclut sa vie terrestre le 17 novembre 1301 ou 1302 à l’âge d’environ 46 ans. Dans le septième Exercice, celui de la préparation à la mort, sainte Gertrude écrit: «O Jésus, toi qui m’es immensément cher, sois toujours avec moi, pour que mon cœur demeure avec toi et que ton amour persévère avec moi sans possibilité de division et que mon trépas soit béni par toi, afin que mon esprit, libéré des liens de la chair, puisse immédiatement trouver le repos en toi. Amen.»

    Il me semble évident que ces choses ne sont pas seulement des choses du passé, historiques, mais l'existence de sainte Gertrude reste une école de vie chrétienne, de voie droite, et nous montre que le cœur d'une vie heureuse, d'une vie véritable, est l'amitié avec Jésus, le Seigneur. Et cette amitié s'apprend dans l'amour pour Les Ecritures Saintes, dans l'amour pour la liturgie, dans la foi profonde, dans l'amour pour Marie, de manière à connaître toujours plus réellement Dieu lui-même et le bonheur véritable, but de notre vie.

    Benoît XVI

  • Saint Albert le Grand

    L'Eglise le proposa au culte des fidèles avec sa béatification, en 1622, et avec sa canonisation, en 1931, lorsque le pape Pie XI le proclama Docteur de l'Eglise. Il s'agissait d'une reconnaissance sans aucun doute appropriée, pour ce grand homme de Dieu et éminent savant non seulement dans le domaine des vérités de la foi, mais dans de très nombreux autres domaines du savoir. En effet, en regardant le titre de ses très nombreuses œuvres, on se rend compte que sa culture a quelque chose de prodigieux, et que ses intérêts encyclopédiques le conduisirent à s'occuper non seulement de philosophie et de théologie, comme d'autres contemporains, mais également de toute autre discipline alors connue, de la physique à la chimie, de l'astronomie à la minéralogie, de la botanique à la zoologie. C'est pour cette raison que le pape Pie XII le nomma patron de ceux qui aiment les sciences naturelles et qu'il est également appelé « Doctor universalis », précisément en raison de l'ampleur de ses intérêts et de son savoir.

    Les méthodes scientifiques utilisées par saint Albert le Grand ne sont assurément pas celles qui devaient s'affirmer au cours des siècles suivants. Sa méthode consistait simplement dans l'observation, dans la description et dans la classification des phénomènes étudiés.

    Il a encore beaucoup à nous enseigner. Saint Albert montre surtout qu'entre la foi et la science il n'y a pas d'opposition, malgré certains épisodes d'incompréhension que l'on a enregistrés au cours de l'histoire. Un homme de foi et de prière comme saint Albert le Grand, peut cultiver sereinement l'étude des sciences naturelles et progresser dans la connaissance du micro et du macrocosme, découvrant les lois propres de la matière, car tout cela concourt à nourrir sa soif et son amour de Dieu. La Bible nous parle de la création comme du premier langage à travers lequel Dieu - qui est intelligence suprême, qui est Logos - nous révèle quelque chose de lui. Le Livre de la Sagesse, par exemple, affirme que les phénomènes de la nature, dotés de grandeur et de beauté, sont comme les œuvres d'un artiste, à travers lesquelles, par analogie, nous pouvons connaître l'Auteur de la création (cf. Sg 13, 5). Avec une comparaison classique au Moyen-âge et à la Renaissance, on peut comparer le monde naturel à un livre écrit par Dieu, que nous lisons selon les diverses approches de la science. En effet, combien de scientifiques, dans le sillage de saint Albert le Grand, ont mené leurs recherches inspirés par l'émerveillement et la gratitude face au monde qui, à leurs yeux de chercheurs et de croyants, apparaissait et apparaît comme l'œuvre bonne d'un Créateur sage et aimant ! L'étude scientifique se transforme alors en un hymne de louange. C'est ce qu'avait bien compris un grand astrophysicien de notre époque, Enrico Medi, dont la cause de béatification a été introduite, et qui écrivait : « Oh, vous mystérieuses galaxies..., je vous vois, je vous calcule, je vous entends, je vous étudie, je vous découvre, je vous pénètre et je vous recueille. De vous, je prends la lumière et j'en fais de la science, je prends le mouvement et j'en fais de la sagesse, je prends le miroitement des couleurs et j'en fais de la poésie ; je vous prends vous, étoiles, entre mes mains, et tremblant dans l'unité de mon être, je vous élève au-dessus de vous-mêmes, et en prière je vous présente au Créateur, que seulement à travers moi, vous étoiles, vous pouvez adorer » (Le opere. Inno alla creazione).

    Saint Albert le Grand nous rappelle qu'entre science et foi une amitié existe et que les hommes de science peuvent parcourir à travers leur vocation à l'étude de la nature, un authentique et fascinant parcours de sainteté.

    Benoît XVI

  • Saint Josaphat

    Saint Josaphat est, me semble-t-il, le seul saint byzantin (et même d’une quelconque Eglise orientale) du second millénaire qui soit fêté dans le calendrier romain.

    Il est sans doute aussi le seul à avoir ses reliques à Saint-Pierre de Rome, à l’issue de tribulations qui symbolisent les tribulations des grecs-catholiques d’Europe centrale…

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    Saint Josaphat fut martyr de l’unité catholique le 12 novembre 1623, à Vitebsk (alors en Lituanie, aujourd’hui en Biélorussie). Cinq ans plus tard, le pape Urbain VIII ouvrait une enquête. On ouvrit sa tombe, et l’on découvrit son corps intact. En 1643, Urbain VIII le béatifiait. Le prince Sapieha, chancelier du grand-duché de Lituanie, fit mettre les reliques dans un cercueil d’argent. En 1706, elles étaient transférées au château du prince Radziwill, à Biala Podlaska (à l’est de la Pologne), puis installées dans l’église basilienne de la ville. En 1873, alors que la région était sous domination russe et que les grecs-catholiques étaient persécutés (et même interdits), les reliques furent retirées du maître autel et cachées dans un mur de la crypte. En 1916, Biala Podlaska fut prise par l’armée allemande. Un prêtre de l’ordre basilien, le P. Pavlo Demchuk, fut envoyé par le supérieur général des basiliens pour tenter de retrouver les reliques, dont on ne savait pas où elles étaient. Un homme se présenta qui, enfant, avait vu où les prêtres avaient caché les reliques du saint. On les transféra alors à Vienne, dans l’église ukrainienne Sainte Barbe. En 1945, alors que les troupes soviétiques allaient entrer dans Vienne, les reliques furent discrètement transférées une fois de plus. A Rome, au monastère basilien de l’Aventin. Et la rue qui y mène fut rebaptisée « Via San Giosafat ». Mais Paul VI décréta que ce « champion exceptionnel de la communion catholique ne devait pas être séparé du bienheureux Pierre, au Siège duquel il était resté indéfectiblement fidèle, ni de son père, législateur et maître de la vie monastique d’Orient » (saint Basile). Les reliques furent donc installées à l’autel de saint Basile dans la basilique Saint-Pierre.

    En 1982, la châsse fut ouverte, son visage et ses mains furent recouverts de masques de bronze donnés par les basiliens du Canada, son corps reçu des vêtements liturgiques fournis par les Sœurs servantes de Marie Immaculée, Mgr Marusyn, secrétaire de la congrégation pour les Eglises orientales, donna une mitre. On constata alors que le corps était encore partiellement intact et que les membres étaient souples.

    Chaque année, le jour de sa fête, qui est le 12 novembre dans le nouveau calendrier, est célébrée à cet autel la divine liturgie byzantine en l’honneur de saint Josaphat.

    (La photo a été prise en 1982 lors de l’ouverture de la châsse. En 2008 j’avais reproduit un extrait de l’encyclique de Pie XI écrite pour le troisième centenaire du martyre.)

    Source : New Liturgical Movement.

  • Saint Diego

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    Murillo (Bartholomé), ou plutôt Esteban Murillo, né à Séville en 1618, mort en 1682 ; élève de Juan del Castillo. (Ecole espagnole.)

    Saint Diégo

    Saint Didace, appelé Diégo par le vulgaire d'Espagne dans la Castille, et Jaime, dans l'Aragon, n'est autre que Jacques, qui naquit vers la fin du quatorzième siècle dans le bourg de Saint-Nicolas, au diocèse de Séville en Andalousie. Son goût pour les choses spirituelles, son abstinence et la pureté de ses mœurs lui firent embrasser la vie monastique; il se présenta, à cet effet, au couvent d'Aressafa, dans le territoire de Corfou, où il fut reçu à sa première sollicitation ; il observa, avec la plus grande sévérité, la règle de son institut jusqu'au 12 novembre 1463, terme de son existence.

    Saint Diégo est ici représenté au moment où, après avoir cueilli quelques racines qu'il a déposées à terre, ainsi que l'outil aratoire dont il s'est servi pour les arracher, s'arrête devant le signe de la Rédemption pour prier Jésus-Christ, qu'il considérait toujours dans sa passion et dans l'eucharistie.

    Le général de l'ordre de Saint-François, auquel appartient saint Diégo, entretient un cardinal des vertus austères, de l'humilité profonde et de la piété toute évangélique de saint Diégo.

    Ce tableau a été envoyé au Musée, en 1846, par le gouvernement.

    *

    Ce que l’on vient de lire vient de la « Notice des tableaux exposés dans le musée de Toulouse, rédigée par P.-T. Suau, peintre d’histoire, inspecteur de l’Ecole des Beaux-Arts et des Sciences industrielles, membre du Bureau d’administration des Sciences et des Arts de la ville de Toulouse », 1850.

    Il est amusant de voir que Diégo est le nom donné « par le vulgaire d’Espagne » à saint Didace. C’est plus proche de la réalité que ce que l’on peut lire sur des sites qui se veulent très sérieux et qui affirment que Diego vient de Didace qui vient du latin Didacus qui vient peut-être du grec didaskein, enseigner. Une étymologie qui assurément aurait fait rire notre saint franciscain, qui était quasiment analphabète. P.-T. Suau avait raison de dire que Diego « n’est autre que Jacques ». C’est en effet une déformation de Santiago (vu comme san Tiago et non comme sant Iago). L’ironie de l’histoire est qu’un clerc qui se croyait très savant, sans doute au moment de la canonisation (en 1588), ait trouvé intelligent d’inventer un Didacus dont serait dérivé Diego.

    En revanche P.-T. Suau, ou le typographe, a fait une erreur en parlant de Corfou. Il s’agit de Cordoue. D’autre part il aurait pu quand même signaler que Diego fut envoyé aux Canaries, où simple frère lai il dirigea le couvent, puis à Rome où il devint célèbre par les nombreuses guérisons miraculeuses qu’il accomplit, avant de revenir mourir en Espagne. Et d’accomplir post mortem quelques miracles spectaculaires.