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Hommage à un résistant

1155219200067.jpgOn apprend la mort de Domenico Bartolucci, « directeur perpétuel » du Chœur de la Chapelle Sixtine, et pourtant viré par le clan Marini (Piero) en 1997. En 2006, Benoît XVI lui demandait de diriger un concert à la Chapelle Sixtine. Au cours de ce concert fut créé un motet de Bartolucci lui-même : Oremus pro Pontifice nostro Benedicto. A l’issue du concert, Benoît XVI fit l’éloge du grand interprète et compositeur de musique sacrée (photo). En 2010 il le créait cardinal. L’année suivante le cardinal Bartolucci révélait qu’il avait toujours célébré la messe de saint Pie V. Au Vatican…

Voici l’article que j’avais publié dans Daoudal Hebdo.

Mgr Domenico Bartolucci a été le maître de chapelle de la Chapelle Sixtine de 1956 à 1997. Cette année-là, il a été viré par le clan moderniste du maître des célébrations liturgiques du Saint-Père, Mgr Piero Marini. Certes, il avait 80 ans, mais à la Sixtine on est « directeur perpétuel ». Son prédécesseur, Mgr Lorenzo Perosi (qui avait été une figure importante de la musique italienne autour de… 1900), avait été en poste de 1898 jusqu’à sa mort en 1956… Le cardinal Ratzinger n’avait pas apprécié la mise à la retraite de Mgr Bartolucci, et en 2006 Benoît XVI l’a en quelque sorte « réhabilité » en faisant son éloge à l’issue d’un concert où Mgr Bartolucci avait dirigé diverses œuvres chorales, dont une pièce qu’il avait composée en l’honneur du pape. Et en 2007 Benoît XVI a viré Mgr Piero Marini pour le remplacer par Mgr Guido Marini qui a, lui, le sens du sacré.

Mgr Bartolucci a donné une interview à un blog italien, Disputationes theologicae, qui a fait grand bruit dans le monde catholique, et au-delà.

C’est que ce solide Toscan de 92 ans n’a pas sa langue dans sa poche, et que, dégagé de tout « devoir de réserve », il dit tout le mal qu’il pense de la liturgie issue du concile Vatican II.

Et d’abord, Disputationes theologicae lui demande s’il a profité du motu proprio Summorum Pontificum pour célébrer l’ancienne messe. La réponse est stupéfiante, quand on pense qu’il s’agit du maître de chapelle de Paul VI :

« A vrai dire, j’ai toujours célébré cette messe, de façon ininterrompue depuis mon ordination… En fait j’aurais même des difficultés à célébrer la messe du rite moderne, puisque je ne l’ai jamais dite… »

Ensuite, sur l’absence de « participation » des fidèles :

« Allez, il ne faut pas dire de bêtises ! Moi j’ai connu la participation des fidèles autrefois, aussi bien à Rome, dans les basiliques (que) dans cette belle campagne autrefois peuplée de gens pleins de foi et de piété. Le dimanche à vêpres, le prêtre aurait pu se contenter d’entonner le “Deus in adjutorium meum intende”, et puis se mettre à dormir sur la banquette jusqu’au capitule : les fidèles auraient continué tout seuls et les pères de famille auraient entonné, un par un, les antiennes ! »

La réforme liturgique, dit-il, a été faite par des « hommes arides, arides, je vous le répète, je les ai bien connus… ».

Et encore :

« Ça a été une mode, tout le monde parlait, tout le monde “rénovait”, tout le monde pontifiait, sur la base d’un sentimentalisme qui prétendait tout réformer, et on faisait taire habilement les voix qui s’élevaient en défense de la tradition bimillénaire de l’Eglise. »

Sur la « réforme de la réforme » :

« La question est assez complexe… Que le nouveau rite ait des déficiences est désormais une évidence pour tout le monde, et le Pape a dit et il a écrit plusieurs fois que celui-ci devrait “regarder vers l’ancien”. Mais que Dieu nous garde de la tentation des pastiches hybrides. La Liturgie avec un L majuscule est celle qui nous vient des siècles passés : c’est elle qui est la référence. Qu’on ne l’abâtardisse pas avec des compromis “déplaisant à Dieu et à ses ennemis”… »

A propos de la réforme de la Semaine Sainte, il raconte :

« Cette réforme avait été entreprise avec une certaine hâte, sous un Pie XII déjà affaibli et fatigué. Si bien que quelques années plus tard, sous le pontificat de Jean XXIII – car quoi qu’on en dise, en matière de liturgie il était d’un traditionalisme convaincu et émouvant – m’arrive un coup de fil de Mgr. Dante, le cérémoniaire du Pape, qui me demande de préparer le Vexilla Regis pour l’imminente célébration du Vendredi Saint. Interloqué, je lui réponds : “Mais vous l’avez aboli !”. Alors il m’a dit : “Le Pape le veut” ; et en quelques heures j’ai organisé les répétitions de chant, et nous avons chanté à nouveau, avec une grande joie, ce que l’Eglise chantait ce jour-là depuis des siècles. Tout cela pour dire que lorsqu’on a fait des déchirures dans le tissu de la liturgie, ces trous restent difficiles à recoudre, et ils se voient. Face à notre liturgie multiséculaire, nous devons contempler avec vénération, et nous souvenir qu’avec cette manie de toujours vouloir “améliorer”, nous risquons de ne faire que des dégâts. »

 

Commentaires

  • Merci pour ce beau témoignage, à diffuser partout.
    Demandons-lui d'intercéder pour la conversion des saccageurs, saboteurs, "réformateurs"...
    Il y a de l'espoir, Mgr Guido Marini n'a pas encore été viré. Et il y a quantité de messes basses célébrées chaque jour à 7h du matin à St Pierre dans le rite traditionnel.

  • Avec tout le respect que je vous dois, et malgré mon amour de la tradition et de la messe selon le rite de S. Pie V, nous ne devrions pas, pour autant, faire une "fixette" là-dessus.

    Après tout, pendant un millénaire et demi, l'Eglise catholique n'a pas connu le rite selon S. Pie V. S. Léon Ier le Grand, ce Pape si apostolique, S. Grégoire le Grand, ne connaissaient pas le rite de S. Pie V. S. Pierre Apôtre __ et Souverain Pontife __ célébrait l'Eucharistie sans connaître le rite de S. Pie V... C'est une boutade pour dire que le rite et la liturgie ne sont pas immuables. Le rite n'est pas le dogme. Il ne fait pas partie du Dépôt de la foi. Il n'est pas sous la législation immuable, définie par saint Paul et donnée à Timothée : "Garde le Dépôt."

    Dans l'Eglise latine, le rite est tout sauf immuable : il se renouvelle chaque 4 ou 5 siècles selon le changement des signes des temps, que l'Eglise détecte avec l'assistance de l'Esprit Saint. Il y a un Canon de la messe qui est immuable : liturgie de la Parole, enseignement du peuple, consécration eucharistique, communion eucharistique, renvoi du peuple dans la paix du Christ. Le même, depuis les Douze et jusqu'à la fin des temps. Mais les formes liturgiques qu'il revêt dans le temps, à large échelle, sont muables.

    Le Serpent mue, quitte une peau jadis très adéquate, et la renouvelle quand vient le changement de saison. Mais quelles que soient les saisons diverses, il est toujours lui-même, toujours unique et toujours vivant.

  • Je dis "messe de saint Pie V" pour être immédiatement compris. Mais il s'agit de la messe codifiée par saint Pie V, telle qu'elle existait pour l'essentiel depuis saint Grégoire le Grand (j'ai connu un moine qui appelait cette messe "la messe de saint Grégoire"). On trouve déjà l'ordo édité par saint Pie V dans un missel qui datait de cent ans avant. Saint Pie V a en fait élagué tout ce qui était venu se greffer un peu partout sur la messe "de saint Grégoire" (qui existait avant lui) au cours du bas moyen âge, tout en gardant certaines prières pour l'offertoire, et surtout en produisant un missel unique pour tous ceux qui ne pouvaient se prévaloir d'une tradition de plus de 200 ans. Il s'agit de la messe latine telle qu'elle s'est constituée dans les premiers siècles et a existé jusqu'en 1969 sans rupture. C'est la MESSE TRADITIONNELLE de l'Eglise latine. Et non une fixette.

  • La "messe de saint Pie V" est un rituel édité par le Pape. Le premier rituel romain et universel "par défaut". Avant cette édition, il n'y avait pas de missel universel par défaut (à ma connaissance). L'édition des missels était laissée aux évêques, aux diocèses.

    Mais cette édition papale ne s'est pas faite arbitrairement et en plus en violation de la liberté religieuse (droit naturel conféré directement par Dieu à tout homme) et du droit à la culture (droit naturel également). Elle s'est inspirée des traditions immémoriales de l'Église. Le Pape y a engagé son infaillibilité, l'utilisation de ce missel ne peut donc pas être interdite sauf à violer le droit naturel des fidèles et des prêtres.

    Paul VI dans son discours de 1974 fut volontairement ambigu. Car il devait savoir qu'il n'avait pas de titre à interdire l'usage du missel de son prédécesseur. Il a donc usé de formule à double sens du genre "Mais bien sûr que mon missel est édité pour remplacer celui de mon prédécesseur". Ce qui était matériellement vrai et sans faute, mais en réalité particulièrement fourbe et a trompé beaucoup de monde. Les fidèles lisaient "le Pape ordonne l'abandon du missel de saint Pie V", alors qu'il n'avait pas dit cela il avait dit qu'il voulait que le nouveau missel soit adopté... et qu'il remplace l'ancien, ce qui était vrai, mais ne voulait pas dire qu'il l'ordonnait et que ceux qui voulaient continuer à utiliser l'ancien missel étaient en faute.

    Ce missel de saint Pie V est bien plus officiel et bien plus sûr que les missels diocésains édités en langues vulgaires. D'ailleurs comme le faisait observer je ne sais plus qui le missel de Paul VI n'est en pratique (presque) pas respecté du tout, en tous cas, beaucoup moins que le missel de saint Pie V.

    Chaque célébrant en fait à sa tête, ajoute, retranche selon sa fantaisie... Il n'y a que les prêtres qui utilisent le missel de saint Pie V qui soient véritablement respectueux des lois liturgiques. C'est un signe.

  • "Mais bien sûr que mon missel est édité pour remplacer celui de mon prédécesseur"

    La citation n'est pas authentique, elle est faite de mémoire et n'engage que moi.

  • "Les fidèles lisaient "le Pape ordonne l'abandon du missel de saint Pie V", alors qu'il n'avait pas dit cela il avait dit qu'il voulait que le nouveau missel soit adopté... et qu'il remplace l'ancien, ce qui était vrai, mais ne voulait pas dire qu'il l'ordonnait et que ceux qui voulaient continuer à utiliser l'ancien missel étaient en faute."

    Cette faute de Paul VI est la cause du schisme lefebvriste et de beaucoup d'apostasies et sans doute de damnations. Terrible époque, que cette époque de Paul VI ! C'était horrible.

  • Je ne peux pas vous laisser dire qu'il y a un schisme lefebvriste,c'est faux et vous le savez bien;la Fraternité n'a jamais rompu avec Rome et chaque jour des prières sont dites à l'intention du pape François.Denis Merlin,heureusement qu'il y a eu Monseigneur Marcel Lefebvre qui a bien défini la position de la Tradition et l'attitude de certains traditionalistes et leurs prises de position sélectives depuis Vatican II au contraire est à blâmer.
    Désolé,Denis Merlin,je vous lis avec plaisir et j'admire vos connaissances et votre érudition mais là vous allez trop loin.

  • Que Paul VI soit béni pour Humanae Vitae

  • Cher Amédée, merci de vos appréciations élogieuses. Elles sont tout à fait exagérées.

  • Un article en anglais de Rorate Caeli (avec deux liens) :
    http://rorate-caeli.blogspot.com/2013/11/cardinal-bartolucci.html

    Disputationes... cet article-là ?
    http://disputationes.over-blog.com/article-35046658.html

  • L'Eglise est riche de dizaines de rites très différents les uns des autres et certains très anciens (chaldéen, wisigothique appelé improprement mozarabe, ambrosien, dominicain, cartusien, gallican, lyonnais, copte, maronite, grec-catholique, arménien catholique, éthiopien, syro-malabar, syro-malankar, etc, etc) et jouissant d'une tradition propre remontant aux apôtres et ayant une légitimité incontestable. La messe dite de St Pie V (Y Daoudal explique bien qu'elle est antérieure de plusieurs siècles à St Pie V) pouvait parfaitement être améliorée dans le profond respect de l'esprit de la liturgie. Au contraire le brigandage de Paul VI l'a été dans le rejet, le mépris, la haine de la liturgie antérieure. Cette volonté d'interdiction de fait contre le droit est la marque de Satan. La messe de Paul VI a emprunté aux hérétiques des notions exogènes. Jamais une réforme de rite ne s'appuie sur des symboles païens ou hérétiques. C'est cette volonté d'exclusion de la messe antérieure qui prouve que ce n'était pas une réforme liturgique dans la continuité.
    Vous seriez bien dépaysés sur la forme en assistant à une messe greco-catholique à Ste Marie Majeure, mais elle est catholique et fait partie des trésors de l'Eglise et on peut y communier (même si c'est sous les 2 espèces à la petite cuiller), ou alors à une messe copte-catholique.
    Donc nous ne faisons pas de "fixette" et nous ne nous congélons pas sur place. Nous voulons une messe catholique avec notion de sacrifice et de Présence Réelle et pas un vague repas en "communion " avec l'assemblée.
    C'est curieux de voir que seule le messe de St Pie V a été attaquée, le rite romain uniquement. Les autres rites, surtout les orientaux, n'ont pas été affectés.

  • c'est faux : le rite lyonnais a purement et simplement disparu, et les prêtres traditionnalistes célèbrent maintenant la messe dite de saint Pie V dans les diocèses de Lyon et de Saint-Etienne, ce qui est une innovation, et non le maintien de la tradition
    le rite lyonnais, qui fut celui dans lequel célébrait saint Jean-Marie Vianney, avait déjà été chassé des pays entre la Saône et l'Ain lors de la création du nouvel évêché de Belley

  • « Jamais une réforme de rite ne s'appuie sur des symboles païens ou hérétiques. »

    Il est parfaitement licite de prendre des rites licites où l'on veut. On ne peut critiquer le rite de Paul VI (pour l'accuser d'hérésie) pour la même raison que l'on ne peut interdire le rite de saint Pie V.

    Dans la mesure où il est véritablement édité par un Pape, il ne peut être dangereux pour la foi et encore moins hérétique.

  • Relire: Bref examen critique des cardinaux Ottaviani et Bacci.
    La notion de sacrifice non sanglant était absente de la forme promulguée par Paul VI, vaguement corrigé les années postérieures.

  • On ne peut pas dire que "la notion de sacrifice non sanglant était absente de la forme promulguée par Paul VI, vaguement corrigé les années postérieures".

    Vous mélangez la forme, donc l'ordo, si je comprends bien, et la présentation: l'institutio generalis.

    On peut considérer que le nouvel ordo affaiblit la notion de sacrifice (sans du tout la supprimer). Cela n'a pas changé, car l'ordo n'a pas changé.

    Il est vrai que dans sa première mouture, l'Institutio generalis avait un article qui laissait penser que la messe n'était que la "synaxe du peuple de Dieu" où l'on faisait "mémoire". Mais la notion de sacrifice était bien présente dans plusieurs autres articles, et l'article litigieux fut supprimé dans les éditions suivantes.

  • De Dauphin :
    "L'Eglise est riche de dizaines de rites très différents les uns des autres et certains très anciens (chaldéen, wisigothique appelé improprement mozarabe, ambrosien, dominicain, cartusien, gallican, lyonnais, copte, maronite, grec-catholique, arménien catholique, éthiopien, syro-malabar, syro-malankar, etc, etc)
    (...)
    "C'est curieux de voir que seule le messe de St Pie V a été attaquée, le rite romain uniquement. Les autres rites, surtout les orientaux, n'ont pas été affectés."

    ____________________________________


    Attention, vous faites là plusieurs confusions, Dauphin.

    Que l'on soit bien clairs :
    Le rite latin (S. Pie V / Paul VI), les rites mozarabe, cartusien, ambrosien, dominicain ou gallican, tout cela c'est interne à l'Eglise LATINE, grande branche de l'Eglise catholique, mais néanmoins rien qu'une branche. Le Pape de Rome n'est pas que le Pape de cette branche-là : il supervise encore bien d'autres branches qui, étant catholiques, sont sous sa houlette. Je précise cela pour que cesse un peu la "fixette" négative (pardonnez le terme) focaisée sur la personne de Paul VI __ qui est, ne l'oublions pas, Vénérable Serviteur de Dieu.

    A ce sujet, permettez-moi une digression, avant de reprendre mon propos principal, et qui n'est pas sans rapport avec lui
    Voyez-vous, dans ce haut domaine, pour ainsi dire de "haute épure", il n'y a pas de moyen terme, il n'y a pas de mitigation ; de deux choses l'une : ou bien on est Serviteur de Dieu, ou bien on est serviteur de l'Ennemi de Dieu. Or Rome, par un acte magistériel extraodinaire et infaillible, a déclaré Paul VI Serviteur de Dieu.
    Partant, aucune âme catholique ne peut, à son propre péril spirituel, après cette décision infaillible, mettre en cause ou mitiger, de quelque manière que ce soit, le service que Paul VI a rendu à l'Eglise de Dieu par son pontificat. Si tel n'était pas le cas, Rome ne l'aurait pas proclamé Serviteur de Dieu.

    Je reviens à mon propos principal :
    Donc ne pas confondre dans une même énumération les divers rites latins avec les rites catholiques chaldéen, maronite, copte, melkite, malabare ou malenkare, qui n'ont rien de commun avec les premiers et qui relèvent d'une tout AUTRE discipline canonique et liturgique. C'est en fait pour cette raison-là, qu'ils ces rites orientaux "n'ont pas été attaqués", comme vous dites,bien que ce mot d'"attaque" soit impropre et même étranger à la vie interne des Eglises. La réalité est que la "querelle" latine (S. Pie V / Paul VI) ne les concerne d'aucune façon : leurs liturgies ne dépendent pas directement du Pape, mais de leurs patriarches respectifs, tout comme d'ailleurs leurs Codes de droit canonique qui de même sont totalement indépendants de notre Droit Canon à nous, et que nous appelons "catholique" par abus de langage. Car en fait il n'est que celui de l'Eglise latine et ne s'applique pas en dehors de sa sphère.

    Ne mélangeons donc pas des catégories totalement différentes les unes des autres.
    Certes, le Pape __ puisqu'il est Pierre __ peut "in fine" décider d'autorité dans la liturgie interne d'une Eglise orientale, et ce malgré son patriarche, quand la liturgie risque d'impacter le dogme (par exemple, le Pape Pie VII, cassant l'épiclèse melkite-catholique comme non efficace pour la validité de la Consécration eucharistique, par le Bref "Adorablile Eucharistiae" du 8 mai 1822), mais en règle générale, sauf exceptions rarissimes, le Pape n'y intervient pas car les patriarches sont Chefs d'Eglise.

    Par contre, il intervient souverainement et de manière ordinaire ("ordinaire = "épiscopale") dans la sphère latine de l'Eglise, c'est-à-dire occidentale, car elle constitue historiquement son territoire de juridiction par excellence. Cela signifie que lorsque le Pape décide liturgiquement (rite S. Pie V / Paul VI) ou disciplinairement dans notre Eglise latine, il n'agit pas au suprême degré de la puissance apostolique (comme Souverain Pontife) mais seulement comme "patriarche" latin, "patriarche" de cette Eglise occidentale qui a exclusivement Rome pour mère. Je mets des guillemets car Benoît XVI a renoncé au titre explicite de "Patriarche de l'Occident" (à la grande surprise déçue des Orthodoxes schismatiques, qui avaient pour habitude de toujours monter en épingle ce titre pour prétendre confiner le Pape à la seule sphère latine __ mais c'est une autre affaire).

    En ces questions de rite latin, le Pape agit donc, dans les faits, à titre "patriarcal", dans la "maison" liturgique qui est la sienne propre, strictement occidentale, et qui ne se confond surtout pas avec ce que l'on appelle "l'Eglise Catholique". Et cette Eglise latine, avec ces problèmatiques internes propres, est totalement indépendante des différentes liturgies catholiques orientales.

    Ne vous étonnez donc pas que ces rites orientaux ne soient d'aucune manière concernés par nos questions liturgiques latines. Ils n'ont rien à y voir. Notre problématique "S. Pie V / Paul VI" n'est pas celle de l'Eglise catholique. C'est seulement une affaire locale, propre à la seule Eglise latine.

  • Les rites orientaux catholiques auraient pu être concernés si la fièvre d'aggiornamento avait pris des fidèles, des prêtres et des patriarche de ces églises, au même moment. Pensez-donc, le sacrifice se passe derrière l'iconostase ou un grand rideau et les fidèles ne voient rien! Horreur!
    Mais voilà, ces églises sont plutôt persécutées, et ne sont pas formées de petit-bourgeois de gauche ou de curés marxisants qui veulent se rendre intéressants en cassant tout ce qui leur vient de leurs ancêtres. C'est ce qui s'est passé après Vatican II, la révolution dans l'Eglise, sans aucune réaction de Paul VI, le Vénérable, qui avait pourtant mission du Christ de paître ses brebis.

  • La prose de Dranem illustre l'habituel terrorisme par la foi. Vous n'avez aucun titre monsieur Dranem à condamner quiconque au nom de la foi.

  • Je ne "terrorise" personne, Denis Merlin. Je suis d'une stricte logique avec ce qui découle, rationnellement, du fait que l'Eglise de Rome proclame Paul VI "Vénérable Serviteur de Dieu". Cette proclamation, comme pour l'acte de béatification et de canonisation, est un acte du Magistère extraordinaire et infaillible.

    Déjà le Magistère dit ordinaire est infaillible. Que serait-ce de sa forme extraordinaire "ex cathedra".

  • Non. On appelle quelqu'un serviteur de Dieu quand on ouvre un procès diocésain en béatification. Il est bien évident que ce n'est en rien un acte du magistère extraordinaire et infaillible. Ce n'est même pas du tout un acte de magistère. C'est simplement un acte juridique diocésain.

    Quoi qu'il en soit, même si Paul VI était canonisé on aurait le droit de critiquer sa réforme liturgique. De même qu'on peut critiquer la fort critiquable réforme du bréviaire faite par saint Pie X.

    En ce qui concerne le bref Adorabile Eucharistiae, il ne cassait pas l'épiclèse grecque catholique qui est l'épiclèse byzantine, il condamnait l'idée selon laquelle la consécration n'est complète qu'avec l'épiclèse, et Pie VII faisait une erreur grossière en affirmant qu'il s'agissait d'une idée nouvelle alors que c'est la théologie byzantine traditionnelle. Ce bref n'est rien d'autre qu'une des multiples tentatives romaines de latiniser les rites orientaux. Lui non plus n'est ni "extraordinaire" ni "infaillible".

  • Merci M Daoudal pour cette mise au point. Vatican I a pris la peine de définir les conditions très précises de l'infaillibilité. Dans les plans de la contre-Eglise il y avait ceci, condensé de plusieurs sources, cité de mémoire:
    " Pour détruire de l'intérieur l'Eglise de Rome, nous l'infiltrerons de nos agents qui sous des dehors pieux et orthodoxes distilleront les idées novatrices dans les séminaires, les diocèses, jusqu'à Rome. Par la force des choses nos agents atteindront les postes les plus élevés (note: par exemple Rampolla, secrétaire d'Etat, candidat malheureux contre St Pie X, par le veto de l'empereur d'Autriche). Il nous faudra faire élire un Pape partageant nos idées. Nous nous sommes opposés par le passé au dogme de l'infaillibilité qui contrecarrait nos plans. Mais arrivera un jour où nous ferons croire aux fidèles que tout ce que dit le Pape est infaillible. Ainsi, insensiblement nous changerons la religion et nous aboutirons à la victoire attendue depuis tant de siècles."

    Personne n'est obligé de croire les avertissements, prophéties, documents de l'ennemi interceptés, apparitions reconnues...
    L'ivraie restera au milieu du blé jusqu'à la fin des temps, mais gardons nous de dire que l'ivraie c'est du blé.

  • Un grand MAITRE vient de disparaitre!
    Paix à son âme.

  • A l'attention de Théofrède
    Le rite lyonnais (grosso modo, le rite romain du IXe Siècle, donc postérieur de 2 siècles au rite tridentin de Grégoire le Grand), n'a périclité qu'après la réforme de Paul VI. D'ailleurs certains auraient bien voulu que le rite tridentin disparaisse aussi. Et les prêtres "Ecclesia Dei" non incardinés dans un diocèse n'ont pas à prendre le rite du diocèse. D'ailleurs, aujourd'hui , à St Georges et quelques fois à St Jean (Lyon), des prêtres incardinés dans le diocèse disent la messe en rite lyonnais à certaines occasions. Donc, il n'a pas disparu.
    Si Paul VI (vénérable) avait voulu faire une réforme organiquement continue, il aurait laissé tranquilles ceux qui restaient attachés aux formes antérieures qui se seraient maintenues ou non. Au contraire, ce fut la chasse aux sorcières, méticuleuse, hargneuse,scandaleuse. St Pie V ne toucha pas aux rites ayant 200 ans d'ancienneté, ce qui prouve qu'il cherchait à remédier à une certaine pagaille liturgique qui était de plus en plus incontrôlable et non à déraciner les gens.

  • Dauphin voit clair.

  • Yves écrit :

    "Non. On appelle quelqu'un serviteur de Dieu quand on ouvre un procès diocésain en béatification. Il est bien évident que ce n'est en rien un acte du magistère extraordinaire et infaillible. Ce n'est même pas du tout un acte de magistère. C'est simplement un acte juridique diocésain.

    Quoi qu'il en soit, même si Paul VI était canonisé on aurait le droit de critiquer sa réforme liturgique. De même qu'on peut critiquer la fort critiquable réforme du bréviaire faite par saint Pie X.

    En ce qui concerne le bref Admirabile Eucharisitiae, il ne cassait pas l'épiclèse grecque catholique qui est l'épiclèse byzantine, il condamnait l'idée selon laquelle la consécration n'est complète qu'avec l'épiclèse, et Pie VII faisait une erreur grossière en affirmant qu'il s'agissait d'une idée nouvelle alors que c'est la théologie byzantine traditionnelle. Ce bref n'est rien d'autre qu'une des multiples tentatives romaines de latiniser les rites orientaux. Lui non plus n'est ni "extraordinaire" ni "infaillible"."

    ___________________________________


    Yves, vous faites erreur, pardonnez-moi de vous le dire : et sur la qualité de "Vénérable Serviteur de Dieu", et sur l'affaire de l'épiclèse melkite (sanctionnée par Pie VII non en tant que "patriarche latin", à l'époque, mais en tant que Souverain Pontife de l'Eglise universelle).
    Je répondrais d'abord sur ce dernier point.

    1 ) L'ÉPICLÈSE MELKITE.

    Ce n'était pas une question de "byzantinité" ou de non-byzantinité. Mais c'était une question de catholicité ou de non-catholicité. Une question doctrinale dépassant la question de l'épiclèse en soi.
    Vous savez qu'il y a une grande entente entre l'Eglise catholique et les Eglises dites "orthodoxes" (schismatiques depuis 1054) au sujet des dogmes du Credo. Mais sur quelques points, également importants, il y a des divergences notables, telles que celle de la doctrine sur le Purgatoire, et la modalité de la Transsubstantiation, donc de la Présence Réelle, par les Paroles consécratoires seules (c'est la foi catholique), ou par les paroles de l'épiclèse et les gestes sacerdotaux qui les accompagnent en plus des Paroles consécratoires (position des orthodoxes). Ce n'est donc pas du tout une question de rite (byzantin ou pas), mais une question de doctrine et de foi.

    L'Eglise melkite-catholique (ou grecque-catholique), rétablissant en 1724 son antique communion avec Rome, avait un passé doctrinal orthodoxe (avant cette date). L'Eglise catholique ne pouvait pas admettre, et n'admet toujours pas, que sur un point doctrinal aussi important, une partie de ses fidèles, en son sein, continue d'adhérer à une doctrine non catholique.
    L'Eglise melkite, après 1724, avait, peu ou prou, gardé de son passé "orthodoxe" cette doctrine de l'efficience de l'épiclèse, jointe aux Paroles consécratoires, pour que s'accomplisse la Transsubstantiation. Pour l'Eglise catholique, seules les Paroles consécratoires font la Transsubstantation et la Présence Réelle.

    Ce n'est donc pas une question de liturgie byzantine (liturgie que Rome, par ailleurs, préserve à tout prix), mais une question de doctrine et de foi. Après maintes atermoiements durant le XVIIIe siècle, le Pape Pie VII, comme garant de l'unité de foi dans l'Eglise universelle, y a mis définitivement un terme en 1822, par le Bref apostolique "Adorabile Eucharistiae". Il ne changea strictement rien dans la liturgie melkite et ne "latinisa" en rien celle-ci, qui est toujours la même. Mais il changea définitivement quelque chose dans l'esprit des officiants melkites. Depuis le Bref, obéissant évangéliquement à la voix de Pierre, ils croient __ de foi __ que seules les paroles de la Consécration opèrent la Transsubstantiation, et qu'à cet égard l'épiclèse n'a pas d'efficience. Allez aujourd'hui auprès de n'importe quel prêtre grec-catholique, et interrogez-le : il vous dira sa parfaite adhésion à la doctrine catholique sur ce point comme sur tous les autres. Ainsi, depuis le Bref de 1822, l'Eglise melkite-catholique s'est définitivement purifiée d'une "scorie" doctrinale, qu'elle avait héritée de son lointain passé comme "Eglise orthodoxe", séparée de Rome. C'était une question de doctrine et de foi, ce n'était pas une question de liturgie et de byzantinité.


    2 ) LE TITRE DE VÉNÉRABLE SERVITEUR DE DIEU.

    Vous me dites : "On appelle quelqu'un serviteur de Dieu quand on ouvre un procès diocésain en béatification. Il est bien évident que ce n'est en rien un acte du magistère extraordinaire et infaillible. Ce n'est même pas du tout un acte de magistère. C'est simplement un acte juridique diocésain."


    Ce que vous dites là c'est le sens ancien de "serviteur de Dieu", un sens non technique. Aujourd'hui, il a un caractère canonique précis, et n'est donné qu'à la clôture d'une première étape du procès en canonisation. Cette première étape se conclut par la reconnaissance solennelle et officielle de l'HÉROÏCITÉ DES VERTUS. Elle fait l'objet d'un décret (caractère contraignant et juridique) par lequel est alors donné le titre de "Vénérable (avec V majuscule) Serviteur de Dieu".

    Vous avez raison de dire que l'ouverture d'un procès, à un tout premier stade, n'a rien de magistériel. Mais le décret par lequel Rome reconnaît par la suite l'héroïcité des vertus et donne alors le titre de "Vénérable", est magistériel. Concernant Paul VI, il n'est pas seulement "serviteur de Dieu", mais il est proclamé Vénérable depuis 2012.
    Voici à ce sujet une brève citation de Wikipedia :

    "Son procès en béatification a été ouvert en 1993, et 1994 par l'Église catholique l'a reconnu officiellement « Serviteur de Dieu ». Le pape Benoît XVI proclame l'héroïcité de ses vertus le 20 décembre 2012 : Paul VI est donc le Vénérable Paul VI."

    Le décret de proclamation de l'héroïcité des vertus par Benoît XVI, signé le 20 décembre 2012, est un acte magistériel infaillible et irréversible. Le Pape ne peut errer sur ce point-là.

  • Je ne sais pas quels prêtres melkites vous connaissez, mais ceux que je connais n'accepteraient pas qu'on dise que leur Eglise fût "orthodoxe" avant 1724. Bien au contraire, les livres melkites insistent sur le fait que leur Eglise a toujours été catholique, même si les vicissitudes de l'histoire empêchaient une communication entre Rome et Antioche. Le patriarche Gregorios III est le successeur de saint Pierre selon une lignée ininterrompue.

  • "Le décret de proclamation de l'héroïcité des vertus par Benoît XVI, signé le 20 décembre 2012, est un acte magistériel infaillible et irréversible. Le Pape ne peut errer sur ce point-là."

    Doctor dixit !

  • Déjà tous les théologiens ne sont pas d'accord pour accorder l'infaillibilité aux canonisations. Alors, l'héroïcité des vertus...

  • D'Yves :
    "prêtres melkites vous connaissez, mais ceux que je connais n'accepteraient pas qu'on dise que leur Eglise fût "orthodoxe" avant 1724."

    ______________________________________

    Le terme "orthodoxe", comme vous le savez certainement, est un terme convenu pour désigner les Eglises d'Orient (en particulier celle de Constantinople) qui se sont séparées de Rome en 1054. D'ailleurs elles se sont elles-mêmes auto-désignées ainsi, "officiellement. En 1724, une partie des melkites ont réintégré la communion romaine, et forment depuis l'Eglise grecque (melkite)-catholique.

    Donc oui : n'en déplaise aux melkites que vous connaissez, l'Eglise melkite-catholique, avant 1724, faisait partie de ce que l'on appelle communément l'"Orthodoxie" (orthodoxe comme l'Eglise de Russie, comme l'Eglise de Grèce, etc.).
    Car au sens littéral du terme ( = "doctrine droite" et "doctrine juste"), qui est plus parfaitement orthodoxe, plus rigoureusement orthodoxe que l'Eglise catholique ?

  • Pour mémoire.

    1- Le "bref" de Pie VII n'a pas de valeur dogmatique, et d'autant moins qu'il est grevé de l'erreur manifeste que j'ai dite.

    2- Texte de l'épiclèse dans la liturgie de saint Jean Chrysostome (est-ce que les mots ont un sens ou n'en ont pas ?):

    "Fais de ce pain le précieux corps de ton Fils (..) Et de ce qui est dans ce calice le précieux sang de ton Fils (...) en les changeant par ton Saint-Esprit."

    (Dans le Liturgicon grec melkite catholique, imprimatur de Maximos IV, ces paroles sont en lettres capitales comme les "Paroles de l'institution".)

  • Yves,

    Je connais bien le Liturgicon (édition de feu Mgr Edelby), mais maheursuement je l'ai à la campagne, pas ici. Sans vérifier, je ne doute pas que l'épiclèse y soit en majuscules, comme vous l'attestez.


    Cependant, il semble vous échapper encore que cette question n'est en rien liturgique mais THÉOLOGIQUE. Il s'agit du sens et de la portée de l'épiclèse, tels qu'ils étaient enseignés dans les séminaires melkites-catholiques aux séminaristes. Est-ce difficile à comprendre ?

    L'épiclèse en tant que telle n'est nullement en cause. La question est d'avoir, concernant sa portée THÉOLOGIQUE, la même foi que l'ensemble des prêtres de l'Eglise catholique.

    L'épiclèse est OBLIGATOIRE. Tant dans le rite byzantin (où elle suit la Consécration) que dans le rite latin (où elle précède). Mais là n'est pas la question. La question est que jusqu'en 1822, date du Bref apostolique "Adorabile Eucharistiae", les prêtres de l'Eglise melkite-catholique professaient, peu ou prou (comme les Eglises orthodoxes schismatiques le professent), que la Présence Réelle s'opère non seulement par la Consécration mais aussi par l'épiclèse (invocation de l'Esprit sur les espèces).

    Ceci n'est pas la foi apostolique de l'Eglise catholique.
    La foi de l'Eglise catholique est que seule la Consécration, et exclusivement la Consécration, opère la Présence Réelle. C'est clair, net et précis.

    De toute manière, toute Opération divine est toujours trinitaire : là où le Père agit, le Fils et l'Esprit agissent ; là où le Fils agit, le Père et l'Esprit agissent ; là où l'Esprit agit, le Père et le Fils agissent. L'invocation à l'Esprit est obligatoire (épiclèse) ; mais dite après la Consécration (liturgie byzantine), la Transsubstantiation est déjà opérée, ou dite avant la Consécration (liturgie latine) la Transsubstantiation n'est pas opérée.

    L'épiclèse ne fait pas la Transsubstantiation (demandez cela à n'importe quel prêtre catholique, latin, melkite, maronite, etc.). Mais parce qu'elle est précède ou suit la Consécration, elle peut figurer en lettres capitales, à cause de cette étroite proximité.

    Le bref apostolique de Pie VII ne touchait pas à la Liturgie. Il touchait à l'enseignement qui était donné dans les séminaires melkites sur la compréhension théologique de l'épiclèse.
    Que l'on soit melkite-catholique, maronite, copte-catholique ou latin, on doit croire __ de foi __ que l'épiclèse, obligatoire, n'opère pas la Transsubstantiation, mais la Consécration seules. Sinon on est dans la théologie des Eglises orthodoxes séparées.


    1) LE PAPE PIE VII :
    Pie VII est très clair dans le bref apostolique "Adorabile Eucharistiae" du 8 mai 1822, adressé au patriarche Ignace V Qattan et aux évêques melkites-catholiques :

    "Ce n'est pas sans douleur que Nous constatons que certaines positions sont répandues par des schismatiques qui affirment que la forme de ce sacrement vivifiant (l'Eucharistie) ne consiste pas dans les seules Paroles du Christ __ que les ministres latins, autant que les ministres grecs utilisent pour la consécration __ mais que cette consécration suppose la prière (l'épiclèse) qui, chez nous, précède, et chez eux suit les paroles invoquées plus ci-dessus. (...)"
    "Au nom de la sainte obéissance, Nous ordonnons que ceux-ci n'osent plus jamais soutenir cette opinion." (Pie VII, bref "Adorabile Eucharistiae").


    2 ) LE PAPE SAINT PIE X :

    Saint Pie X, dans la Lettre apostolique "Ex Quo Non" du 26 décembre 1910, condamne l'opinion de ceux qui font du recours à l'épiclèse une condition sine qua non de la Consécration eucharistique. Le Pape condamne "la conception des Grecs (schismatiques), selon laquelle les Paroles consécratoires n'ont pas d'effet à moins que soit prononcée la prière de l'épiclèse".
    Le degré de censure portée sur cette opinion par le Pape est : "Rejetée comme GRAVE ERREUR." (cf. Denzinger 3556).


    Enfin, contre cette doctrine se sont également élevés :

    - Le Pape Benoît XII, Lettre apostolique "Cum Dudum" (Denz. 1017)
    - Le Pape Clément VI, Lettre apostolique "Super Quibusdam", du 25 septembre 1351. Cf. Denzinger p. 761.
    - Le Pape Benoît XIV, Bref apostolique "Singularis Romanorum", du 1er septembre 1741. Cf. Denzinger p. 761.


    Quoi qu'il en soit, je verrai bientôt le jeune curé de Saint-Julien-le-Pauvre. Je lui poserai la question et vous en ferai part de tout coeur.

  • Vous avez, comme les papes que vous citez, une approche très occidentale, juridique, littéraliste (je ne sais pas comment la qualifier exactement) de la question, et de la théologie en général.

    Ce qui se passe au cours de la liturgie est un mystère. Et c'est dans ce mystère que le pain devient le corps du Christ. Il ne s'agit pas seulement des paroles de la consécration. Car un prêtre qui dit "Ceci est mon corps" dans une boulangerie ne fait pas des baguettes le corps du Christ. Le prêtre doit consacrer à l'intérieur d'une forme liturgique et avoir l'intention de faire ce que fait l'Eglise. Il le fait en respectant les formes instituées par l'Eglise. il se trouve que la forme n'est pas la même selon les rites. Dans chaque rite, le prêtre doit respecter la forme. Dans la liturgie de saint Jean Chrysostome, respecter la forme, c'est croire ce que l'on dit quand on demande au Père : "Fais de ce pain le précieux corps de ton Fils (..) Et de ce qui est dans ce calice le précieux sang de ton Fils (...) en les changeant par ton Saint-Esprit."

    L'erreur de certains orthodoxes est de penser que la messe latine n'est pas valide parce qu'elle n'a pas cette épiclèse. Mais chaque rite a ses particularités, et chaque rite doit respecter l'autre. Ce que l'Eglise latine n'a pas fait pendant de trop nombreux siècles.

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