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Liturgie - Page 406

  • 3e dimanche après Pâques

    « Un peu »… Le mot se trouve sept fois en quatre versets. Dans un balancement : un peu, encore un peu. « Un peu et vous ne me voyez plus, encore un peu vous me verrez », dit Jésus. Les disciples se répètent la phrase entre eux. Et ils insistent : que veut-il dire par « un peu » ? Et Jésus répète la phrase, sans l’expliquer. Mais en ajoutant qu’ils pleureront et que le monde se réjouira. Ils éprouveront de la douleur comme une femme qui enfante. Et ils se réjouiront comme la femme qui vient d’enfanter.

    Jésus renvoie implicitement aux prophètes. Isaïe, dans son chapitre 26 qui chante l’attente amoureuse, la langueur de l’attente de la manifestation de Dieu, dit en son verset 17 : « Comme une femme sur le point d’accoucher se tord et crie de douleur, ainsi sommes-nous pour ton bien aimé par ta crainte » (selon la Septante qui est toujours en filigrane des évangiles).

    Et Michée, 4, 10 : « Souffre et prends courage, et approche, Sion, ma fille ; souffre comme une femme qui enfante ; car maintenant tu sortiras de tes murs, tu dresseras tes tentes dans la plaine, et tu iras jusqu'à Babylone ; puis le Seigneur ton Dieu t'en délivrera, et Il te tirera des mains de tes ennemis. »

    Encore un peu. Le grec dit « mikron », le latin « modicum ». Il ne faut pas traduire « un peu de temps ». Le mot « temps » ne se trouve pas dans le texte. Il faut garder l’ambiguïté. Car il ne s’agit pas seulement du temps. Il s’agit de l’espace, il s’agit de toute la création qui gémit des douleurs de l’enfantement, comme dit saint Paul reprenant les prophètes. Encore un peu. Une petite quantité. Avant de jouir de la qualité sans limite.

    Encore un peu. Parce que c’est le moment de l’accouchement. Mais c’est déjà « maintenant », dit Michée tant dans la Vulgate que dans la Septante que dans le texte massorétique. Maintenant.

    C’est pourquoi, dans le texte grec, le premier verbe est déjà au présent : « Un peu, et vous ne me voyez plus. » Le texte latin a le futur, et il ajoute ensuite « car je vais au Père », qui ne se trouve que dans de rares manuscrits grecs. Cette addition a pour but de préciser que Jésus a aussi dit cela, que les apôtres répètent sans comprendre. Mais il convient de garder les formules les plus elliptiques, les plus… prophétiques.

    N.B. – Ce dimanche est le jour de la « fête nationale de Jeanne d’Arc, fête du patriotisme », instituée en 1920. Par indult de Benoît XV, on peut célébrer ce jour la solennité de la fête liturgique de sainte Jeanne d’Arc, qui est le 30 mai.

  • Saint Antonin

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    Les fleurs des vies des saints en abrégé, par le R.P. Amable Bonnefons, de la Compagnie de Jésus, 1721. (Cf. Aussi mon propre "abrégé" de l'an dernier.)

  • Saint Grégoire de Nazianze

    L’Ancien Testament a clairement manifesté le Père, obscurément le Fils. Le Nouveau a révélé le Fils et fait entendre la divinité de l’Esprit. Aujourd’hui, l’Esprit vit parmi nous et se fait plus clairement connaître. Il eût été périlleux, en effet, alors que la divinité du Père n’était point reconnue, de prêcher ouvertement le Fils ; et tant que la divinité du Fils n’était point admise, d’imposer, si j’ose dire, en surcharge, le Saint-Esprit, On eût pu craindre que, comme des gens chargés de trop d’aliments ou comme ceux qui fixent sur le soleil des yeux encore débiles, les fidèles ne perdissent cela même qu’ils avaient déjà acquis. Il fallait, au contraire, par des additions partielles et, comme dit David, par des ascensions de gloire en gloire, que la splendeur de la Trinité rayonnât progressivement. (…)

    C’est pour cette raison que l’Esprit se communique progressivement aux Apôtres selon leurs forces. Suivant qu’on est aux premiers temps de l’Évangile, après la Passion ou après l’Ascension, il perfectionne leurs aptitudes, il leur est insufflé, il leur apparaît enfin sous forme de langues de feu. D’ailleurs Jésus ne révèle l’Esprit que peu à peu : il dit d’abord : " Je prierai le Père et il vous enverra un autre Paraclet, l’Esprit de Vérité. " Il s’exprime de la sorte pour que les Apôtres ne le croient pas en désaccord avec Dieu le Père ou sous l’influence d’une puissance étrangère. Il dit ensuite : " Le Père l’enverra, mais en mon nom. " Il laisse ainsi de côté la demande pour retenir seulement que le Père enverra l’Esprit. Puis : " je l’enverrai ", montrant ainsi sa propre autorité. Et "il viendra ", montrant ainsi la puissance de l’Esprit. (…)

    Regarde : le Christ naît, l’Esprit le précède. Il est baptisé, l’Esprit rend témoignage. Il est tenté, l’Esprit le fait revenir en Galilée. Il accomplit des miracles, l’Esprit l’accompagne. Il est élevé au ciel, l’Esprit lui succède.

    Il est l’Esprit qui crée, recrée par le baptême et la résurrection, il est l’Esprit qui connaît toutes choses, qui enseigne, qui souffle où il veut et comme il veut, qui conduit, qui parle, qui envoie, qui met à part certains Apôtres, qui s’irrite, qui est tenté, qui révèle, qui illumine, qui donne la vie ou plutôt qui est lui-même lumière et vie. Il fait de nous ses temples, il nous divinise, il est notre perfection, si bien qu’il précède le baptême et qu’on a besoin de lui aussi après le baptême. Il fait tout ce que fait Dieu, il est manifesté sous forme de langues de feu, il distribue ses dons, il fait les Apôtres, les Prophètes et les Évangélistes, il est intelligent, multiple, clair, pénétrant et pur, il ne connaît pas d’obstacle, il est la Sagesse Très Haute, il manifeste son action sous mille formes, il explique tout, il révèle tout... Je ne puis me contenter des comparaisons et des images d’un aussi grand mystère ; je ne trouve aucune image qui me satisfasse pleinement... Il faudrait avoir la sagesse de n’emprunter à ces images que certains traits en rejetant le reste. Aussi, ai-je fini par me dire qu’il valait mieux abandonner mes images et les ombres qui sont trompeuses et demeurent trop loin de la vérité. Je préfère m’attacher aux pensées plus conformes à la foi, me contenter de peu de mots et prendre pour guide l’Esprit, pour garder jusqu’à la fin la lumière que j’ai reçue de lui. Il est mon ami, mon intime et je passe dans la vie présente en invitant les autres, autant que je le puis, à adorer le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

    5e Lettre théologique

  • Rhode Island : une première messe pontificale extraordinaire

    Dimanche dernier, pour la première fois, a été célébrée une messe pontificale selon la forme extraordinaire en la cathédrale Saints Pierre et Paul de Providence (Rhode Island), aux Etats-Unis. A la demande de l’évêque, Mgr Thomas Tobin, pour célébrer le 125e anniversaire de la cathédrale. La messe a été célébrée par Mgr Salvatore Matano, évêque de Rochester (New York). En présence notamment des deux évêques émérites du diocèse.

  • Aurora lucis rutilat

    Aurora lucis rutilat,
    caelum laudibus intonat,
    mundus exultans jubilat,
    gemens infernus ululat,

    Cum Rex ille fortissimus,
    mortis confractis viribus,
    pede conculcans tartara
    solvit a pœna miseros ! 

    Ille, qui clausus lapide
    custoditur sub milite,
    triumphans pompa nobili
    victor surgit de funere.

    Solutis jam gemitibus
    et inferni doloribus,
    "Quia surrexit Dominus!"
    resplendens clamat angelus.

    Quæsumus, Auctor omnium,
    in hoc Paschali gaudio,
    ab omni mortis impetu
    tuum defende populum.

    Gloria tibi, Domine,
    qui surrexisti a mortuis,
    cum Patre et Sancto Spiritu,
    in sempiterna sæcula. Amen.

    L'aurore avec le jour montre son beau visage,
    Le ciel du Rédempteur chante les saints combats,
    La terre est dans la joie, et l'enfer dans la rage,
    Voyant son trône à bas.

    Ce grand roi dompte enfin par sa croix si puissante
    Ce tyran dont l'audace insultait à sa mort,
    Et, délivrant les siens après leur longue absence,
    L'enchaîne dans son fort.

    Lorsqu'on garde son corps, et qu'une vaste pierre
    Semble un rempart qu'un mort ne renversera pas
    Il sort de son sépulcre, il fait trembler la terre
    Et brave le trépas.

    Il revient des enfers, plein de pompe et de gloire,
    Tirant ses chers élus des ennuis qu'ils souffraient,
    Et l'ange sur sa tombe annonce sa victoire
    Aux saints qui le cherchaient.

    En ce bienheureux temps d'une céleste joie,
    Seigneur, soutiens ton peuple à ta grâce soumis,
    Et n'abandonne pas tes fidèles en proie
    À leurs fiers ennemis.

    Qu'on t'aime en t'adorant, ô Trinité suprême,
    Et toi, Jésus vainqueur, qui, libre entre les morts,
    As rappelé ta vie, et rejoint par toi-même
    Ton âme avec ton corps.

    Hymne des laudes du temps pascal, “traduction” d’Isaac Lemaistre de Sacy.

  • Saint Stanislas

    Le souvenir du ministère de saint Stanislas sur le siège de Cracovie, qui dura à peine sept ans, et en particulier le souvenir de sa mort, accompagna sans cesse, au cours des siècles, l'histoire de la nation et de l'Eglise qui est en Pologne. Et dans cette mémoire collective, le saint Evêque de Cracovie resta présent comme le Patron de l'Ordre moral et de l'ordre social dans notre patrie.

    En tant qu'évêque et pasteur, il annonça à nos ancêtres la foi en Dieu, il greffa en eux, à travers le saint Baptême, la Confirmation, la Pénitence et l'Eucharistie, la puissance salvifique de la Passion et de la Résurrection de Jésus Christ. Il enseigna l'ordre moral dans la famille fondée sur le mariage sacramentel. Il enseigna l'ordre moral au sein de l'Etat, rappelant même au roi que dans son action, il devait garder à l'esprit la loi immuable de Dieu. Il défendit la liberté, qui est le droit fondamental de chaque homme et qu'aucun pouvoir, sans violer l'ordre établi par Dieu lui-même, ne peut ôter à personne sans raison. A l'aube de notre histoire, Dieu, Père des peuples et des nations, nous manifesta à travers ce saint Patron que l'ordre moral, le respect de la loi de Dieu et des justes droits de chaque homme, est la condition fondamentale de l'existence et du développement de chaque société.

    L'histoire fit également de Stanislas le Patron de l'unité nationale. Lorsqu'en 1253 arriva pour les Polonais l'heure de la canonisation du premier fils de leur terre, la Pologne vivait l'expérience douloureuse de la division en duchés régionaux. Et ce fut précisément cette canonisation qui éveilla chez les Princes de la dynastie des Piast, qui était au pouvoir, le besoin de se réunir à Cracovie, afin de partager, auprès de la tombe de saint Stanislas et sur le lieu de son martyre, la joie commune pour l'élévation de l'un de leurs compatriotes à la gloire des autels dans l'Eglise universelle. Tous virent en lui leur patron et leur intercesseur auprès de Dieu. Ils lui associèrent les espérances d'un avenir meilleur pour leur patrie. De la pieuse tradition qui rapporte que le corps de Stanislas, assassiné et découpé en morceau, se serait à nouveau recomposé, naissait l'espérance que la Pologne des Piast réussirait à surmonter la division dynastique et serait redevenue un Etat à l'unité durable. Dans la perspective de cette espérance, dès la canonisation, le saint Evêque de Cracovie fut élu comme le Patron principal de la Pologne et le Père de la Patrie.

    Ses reliques, déposées dans la cathédrale de Wawel, étaient l'objet de la vénération religieuse de la part de toute la nation. Cette vénération acquit une nouvelle signification au cours de la période des divisions, lorsque venant de l'autre côté des frontières, en particulier de la Silésie, des Polonais arrivaient ici, désirant venir auprès de ces reliques qui rappelaient le passé chrétien de la Pologne indépendante. Son martyre devint le témoignage de la maturité spirituelle de nos ancêtres et acquit une éloquence particulière dans l'histoire de la nation. Sa figure était le symbole de l'unité qui désormais était édifiée non sur la base du territoire d'un Etat indépendant, mais sur celle des valeurs éternelles et de la tradition spirituelle, qui constituaient le fondement de l'identité nationale.

    Saint Jean-Paul II, Lettre à l’archidiocèse de Cracovie pour le 750e anniversaire de la canonisation de saint Stanislas.

  • Ad cœnam agni providi

    Ad cœnam agni providi
    Et stolis albis candidi
    Post transitum Maris Rubri
    Christo canamus Principi.

    Cujus Corpus sanctissimum
    In ara Crucis torridum
    Cruore ejus roseo
    Gustando vivimus Deo.

    Protecti paschæ vespere
    A devastante angelo,
    Erepti de durissimo
    Pharaonis imperio.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolatus Agnus est,
    Sinceritatis azyma
    Caro ejus oblata est.

    O vere digna hostia,
    Per quam fracta sunt tartara,
    Redempta plebs captivata,
    Reddita vitæ praemia.

    Consurgit Christus tumulo,
    Victor redit de barathro,
    Tyrannum trudens vinculo
    Et reserans paradisum.

    Quæsumus, Auctor omnium,
    In hoc paschali gaudio:
    Ab omni mortis impetu
    Tuum defende populum.

    Gloria tibi Domine,
    Qui surrexisti a mortuis,
    Cum Patre et Santo Spiritu,
    In sempiterna gloria. Amen.

    Après avoir passé la mer Rouge, allons, revêtus d'habits blancs, au festin de l'Agneau, et chantons les louanges de Jésus-Christ notre Roi.

    Son saint corps a été dans les souffrances; comme dans un feu, sur l'autel de la croix : en goûtant le sang qui en est sorti, nous vivons pour Dieu.

    Par ce sang nous avons été délivrés de l'ange exterminateur au soir de la Pâque, et nous avons été affranchis de la rigoureuse tyrannie de Pharaon.

    Ainsi Jésus-Christ est notre Pâque, c'est l'Agneau qui a été immolé pour notre salut; sa chair offerte pour nous est le vrai pain sans levain, et l'azyme de sincérité dont nous devons nous nourrir.

    O victime d'un prix infini, par vous les portes de l'enfer ont été brisées, les captifs ont été rachetés, et la vie a été rendue aux morts.

    Jésus-Christ ressuscite du tombeau, il revient victorieux de l'enfer : il a enchaîné le tyran, et il a ouvert le paradis.

    O Dieu Créateur de toutes choses, nous vous prions, dans cette joie sainte que nous donne la solennité de Pâques, de défendre votre peuple contre toutes les attaques de la mort.

    Gloire vous soit rendue, ô Seigneur, qui êtes ressuscité d'entre les morts : et soyez honoré avec le Père et le Saint-Esprit dans toute l'éternité. Ainsi soit-il.

    Hymne des vêpres au temps pascal. Traduction de Bossuet.

     

  • La persécution des Franciscains de l’Immaculée, suite

    Selon ANSA, la principale agence de presse italienne, citant l’avocat Bruno Lucianelli, le commissaire Volpi a interdit au fondateur des Franciscains de l’Immaculée, le P. Stefano Maria Manelli, de se rendre sur la tombe de ses parents, le 1er mai, à Frigento, et d’y célébrer une messe.

    L’agence rappelle que les parents du P. Minelli sont reconnus comme « serviteurs de Dieu » (depuis l'ouverture de leur procès en béatification).

  • Saint Pie V

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    Belli tumultus ingruit,
    Cultus Dei contemnitur;
    Ultrixque culpam persequens
    Jam pœna terris imminet.

    Quem nos in hoc discrimine
    Cœlestium de sedibus
    Præsentiorem vindicem,
    Quam te, Pie, invocabimus ?

    Nemo, beate Pontifex,
    Intensiore robore
    Quam tu, superni numinis
    Promovit in terris decus.

    Quem nos...

    Ausisve fortioribus
    Avertit a cervicibus,
    Quod Christianis gentibus
    Jugum parabant barbari.

    Quem nos...

    Tu comparatis classibus,
    Votis magis sed fervidis
    Ad insulas Echinadas
    Fundis tyrannum Thraciae.

    Quem nos...

    Absensque eodem tempore,
    Hostis fuit quo perditus,
    Vides, et adstantes doces
    Pugnæ secundos exitus.

    Quem nos...

    Majora qui cœlo potes,
    Tu supplices nunc adspice,
    Tu civium discordias
    Compesce, et iras hostium.

    Quem nos...

    Precante te, pax aurea
    Terris revisat, ut Deo
    Tuti queamus reddere
    Mox lætiora cantica.

    Quem nos...

    Tibi, Beata Trinitas
    Uni Deo sit gloria,
    Laus, et potestas omnia
    Per sæculorum sæcula. Amen.

    V. Ora pro nobis, Beate Pie.
    R. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

    Oremus.
    Deus, qui ad conterendos Ecclesiæ tuæ hostes, et ad divinum cultum reparandum beatum Pium pontificem maximum eligere dignatus es: fac nos ipsius defendi præsidiis, et ita tuis inhærere obsequiis, ut omnium hostium superatis insidiis perpetua pace lætemur. Per Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum... Amen.

    Le mépris des hommes pour  le culte de Dieu a déchaîné le fléau de !a guerre; la vengeance a suivi le crime,  et le châtiment s'apprête à  fondre sur la terre.

    Dans le péril où nous sommes, quel autre habitant des cieux pourrions-nous invoquer, ô Pie, qui soit pour nous d'un secours plus efficace ?

    Nul homme, ô bienheureux  Pontife, ne s'est dévoué avec plus d'ardeur que toi à procurer sur la terre la gloire du grand Dieu ;

    Nul défenseur n'a plus vaillamment détourné le joug auquel les barbares allaient asservir les nations chrétiennes.

    [Par des flottes assemblées, mais plus encore par des prières ferventes, aux îles Echinadas, tu renverses le tyran de Thrace.]

    [Dans le même temps, alors que tu es loin de là, tu vois comment l’ennemi est perdu, et tu apprends à ceux qui sont avec toi l’issue favorable du combat.]

    Plus puissant encore au ciel, jette un regard sur ceux qui t'implorent ; apaise les discordes entre les citoyens ; repousse les fureurs de l'ennemi.

    Obtiens que la terre recouvre les douceurs de la  paix ; rendus à la sécurité, nous chanterons d'un cœur plus joyeux nos cantiques à  la louange de Dieu.

    A vous la gloire, heureuse  Trinité, Dieu unique ! à vous  honneur et puissance dans les  siècles des siècles ! Amen.

    (La traduction de l’hymne est de Dom Guéranger, sauf pour les deux strophes dont la traduction est entre crochets, qui ne figurent pas dans L’Année liturgique. Les îles Echinadas, c’est Lépante. Il est très curieux que le sultan ottoman soit appelé le tyran de Thrace… L’oraison qui suit est la collecte de la messe. L'introduction est prise d'un "Recueil de prières et d'œuvres pies auxquelles ont été attachées des indulgences par les souverains pontifes, traduit de l'italien par M. l'Abbé ***, vicaire général, Besançon, 1834.)

  • 2e dimanche après Pâques

    C’est le dimanche « du bon Pasteur », qui est évoqué à la messe dans l’épître, l’alléluia, l’évangile et la communion, et dans l’office aux deux Magnificat et au Benedictus, et aux matines par le sermon de saint Grégoire qui commente l’évangile, avec son répons : « Le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qui a daigné mourir pour son troupeau, est ressuscité : Alléluia, alléluia, alléluia. »

    L’évangile ne reprend que six versets de la parabole rapportée par saint Jean, qui en comporte dix-huit, et qui est en fait incluse dans l’épisode de l’aveugle né. Car il faut ici avoir des yeux pour voir.

    Jésus affirme deux fois : « Je suis le bon Pasteur ». Cet ἐγώ εἰμι, ego sum, ainsi proféré et répété, fait référence à d’autres ego sum (je suis le pain vivant, la vigne, la voie, la vérité et la vie, la résurrection et la vie, la lumière du monde, et, juste avant, et deux fois également, la porte des brebis) et à la même expression employée absolument, soit en des moments où elle peut simplement vouloir dire « C’est moi », soit en des moments où elle renvoie forcément au « Je Suis » de la Genèse. Et en définitive, chaque fois qu’on lit ἐγώ εἰμι dans saint Jean, il y a en filigrane ce Je Suis de la Révélation à Moïse.

    Ceci est à rapprocher d’un autre mot de ce passage et qu’on retrouve aussi à d’autres endroits du même évangile, avec la même profondeur de signification (notamment dans le discours après la Cène) : καθώς, sicut, comme.

    « Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. »

    Le verbe connaître est à prendre en son sens biblique, certes sans son aspect sexuel, mais avec toute sa charge d’amour : connaître et aimer sont interchangeables. Kathos, sicut, établit ici une relation de similitude entre deux relations : l’amour réciproque entre le Christ et ses fidèles, l’amour réciproque entre le Père et le Fils. Dans les deux relations il y a une même personne : le Fils de Dieu qui aime les hommes qui l’aiment, le Fils qui aime son Père qui l’aime. En bref, si le bon berger donne sa vie pour ses brebis, c’est pour les introduire dans le mouvement d’amour trinitaire, au sein même de la Trinité.