« Malgré le jeûne solennel des Quatre-Temps d’été, la messe stationnale de ce jour a un caractère nettement festif, et évoque les temps qui suivirent le pontificat de saint Léon le Grand alors qu’une octave solennelle, semblable à celle de Pâques, ayant été attribuée à la Pentecôte, le jeûne fut retardé de quelques semaines. Pendant plusieurs siècles, les deux traditions romaines se disputèrent la victoire ; mais finalement, au XIe siècle, Grégoire VII, tout en conservant à l’office de cette semaine son caractère festif, rétablit les Quatre-Temps d’été à leur ancienne place, c’est-à-dire après le mardi de Pentecôte. »
Telle est l’explication que donne le bienheureux cardinal Schuster à ce qui paraît en effet comme une anomalie liturgique : nous avons des quatre temps au milieu de la deuxième semaine la plus festive de l’année, et la liturgie de ce jour, en rouge, qui a le Gloria, qui vibre de tous ses alléluias et se déroule tout entière sous le signe de la Pentecôte, ne fait pas la moindre allusion aux thèmes spécifiques des quatre temps, en cette saison l’offrande des prémices, et à la pénitence du jeûne. A peine le fait qu’il y ait deux lectures avant l’Evangile indique-t-il que ce n’est pas tout à fait une messe « normale » de l’octave.
Mais c’est une belle pédagogie que ce jeûne en pleine fête. Voilà que nous avons chanté l’alléluia de la Résurrection pendant 40 jours, et pendant 10 jours de plus après l’Ascension, et qu’on nous donne encore une octave supplémentaire, mais attention, c’est fini, vous n’êtes pas encore au paradis, vous êtes toujours sur terre, sur cette terre où l’on mange son pain à la sueur de son front et où l’on doit se reconnaître profondément pécheur. Alors, avant même que se terminent les derniers échos de l’Alléluia pascal, il faut retrouver le chemin de la pénitence. Jeûner et chanter alléluia, finalement, c’est bien notre lot. Le bon chemin du ciel sur cette terre.