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Liturgie - Page 337

  • Vendredi de la troisième semaine de carême

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    Commentaire de dom Guéranger sur la première lecture : Moïse frappe le rocher pour donner à boire aux Hébreux :

    C’est ici l’un des plus augustes symboles de l’Ancien Testament, et la figure du Baptême auquel aspirent nos Catéchumènes. L’eau y paraît comme l’objet des désirs de tout un peuple, qui sans cette eau allait périr. Saint Paul, qui nous dévoile les mystères de l’ancienne Alliance, nous apprend que le rocher, la pierre, signifiait Jésus-Christ, dont est sortie la fontaine d’eau vive qui désaltère et purifie les âmes. Les saints Pères sont venus ensuite, qui nous font remarquer que la pierre n’a rendu l’eau vivifiante qu’elle contenait qu’après avoir été frappée par la verge, dont les coups donnés sur le rocher signifient la Passion du Rédempteur. Le bois de cette verge, nous disent aussi les anciens interprètes, est le symbole de la Croix, et le double coup représente le double bois dont elle est formée. Les peintures que l’Église primitive a laissées dans les Catacombes de Rome, nous offrent sans cesse cette image de Moïse frappant le rocher d’où s’écoulent les eaux ; et un verre peint trouvé dans ces souterrains, berceau de notre foi, nous apprend, par l’inscription qu’on y lit encore, que les premiers chrétiens considéraient sous les traits de Moïse, qui n’a agi qu’en figure, saint Pierre lui-même, qui, dans la nouvelle Alliance, a ouvert au vrai peuple de Dieu la source de toute grâce dans sa prédication au jour de la Pentecôte, et plus tard dans celle qu’il fit entendre aux Gentils en la personne du centurion Corneille. Ce symbole de Moïse frappant le rocher, et la plupart de ceux que nous avons reconnus, et que nous reconnaîtrons encore dans les lectures que l’Église destinait à l’instruction des Catéchumènes, non seulement ont été exprimés, aux premiers siècles, sur les fresques des catacombes romaines ; mais de nombreux monuments nous apprennent qu’on les représentait aussi dans toutes les églises de l’Orient et de l’Occident. Plusieurs de ces symboles sont arrivés jusqu’au XIIIe siècle et au delà, sur les verrières de nos cathédrales, conservant encore la forme hiératique qu’ils avaient reçue au commencement. Il est triste de voir que des sujets qui excitaient un si vif enthousiasme chez nos pères les martyrs, sont aujourd’hui si peu familiers à leurs derniers neveux. Sortons de cette indifférence qui n’est pas chrétienne, et revenons, par la méditation de la sainte Liturgie, à ces traditions auxquelles nos aïeux empruntèrent leur foi énergique et leur sublime dévouement à Dieu et à leur postérité.

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  • Jeudi de la troisième semaine de carême

    Aujourd’hui il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne est que nous avons passé la moitié du carême. La mauvaise… est qu’il reste la moitié à faire… Je ne parle ici que de la pénitence, du jeûne et des privations, bien sûr, puisque sur le plan liturgique, au contraire, nous avons une profusion de trésors à consommer sans modération. Dont la messe d’aujourd’hui, qui exceptionnellement n’est pas une messe de pénitence, mais une messe festive, qui célèbre les saints Côme et Damien. Les saints médecins anargyres, que nous allons consulter (gratuitement : anargyre : sans argent) à leur tombeau en leur église de Rome (qui fut le temple de Romulus) pour qu’ils aident à notre guérison pendant ce carême. L’introït est le même que celui du 19e dimanche après la Pentecôte, c’est-à-dire originellement du dimanche le plus proche de la fête des saints Côme et Damien, le 27 septembre. Cet introït, qui commence par « salus » : le salut, la santé (les deux significations étant toujours imbriquées dans l’Evangile) a pour particularité de ne pas être un verset de psaume, ni même d’un autre livre de la Bible. Salus populi ego sum, dicit Dominus… Moi, je suis le salut du peuple, dit le Seigneur. Saint Bernard cite plusieurs fois ces mots comme s’ils étaient une citation de l’Ecriture, et dans les anciennes éditions de ses œuvres on indiquait en référence le psaume 34. Mais le psaume 34 ne dit pas cela, pas davantage que le chapitre 51 d’Isaïe auquel renvoie Innocent III (ou son éditeur) dans son commentaire de la messe. C’est une phrase liturgique qui a ainsi acquis un statut d’Ecriture Sainte, à juste titre puisque son sens se trouve évidemment dans l’Ecriture.

    Salus pópuli ego sum, dicit Dóminus : de quacúmque tribulatióne clamáverint ad me, exáudiam eos : et ero illórum Dóminus in perpétuum.

    Atténdite, pópule meus, legem meam : inclináte aurem vestram in verba oris mei. (Psaume 77,1)

    Je suis le salut du peuple, dit le Seigneur, dans toutes leurs tribulations, s’ils m’invoquent, je les exaucerai et je serai leur Seigneur à jamais.

    Mon peuple, écoutez ma loi ; prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche.

    Voici ce très bel introït par les moines de Triors. On remarquera (à la troisième ligne) le chant identique sur « ad me » et « eos » : Dieu répond avec la même formule mélodique que l’appel, pour bien montrer que le fidèle qui criait sa souffrance est exaucé.

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  • Mercredi de la troisième semaine de carême

    Dom Pius Parsch :

    La leçon [la première lecture de la messe : les dix commandements donnés à Moïse] nous enseigne le grand respect que nous devons avoir pour les commandements de Dieu ; ils sont, en effet, la volonté expressément déclarée de la divine majesté. Le respect est le pivot du monde, dit Shakespeare ; le respect de Dieu est la base de toute morale. C’est la grande faiblesse de notre temps de ne plus avoir ce profond respect de la majesté divine et, par suite, de ne plus prendre les commandements autant au sérieux. L’histoire du salut nous montre pourtant quelle importance Dieu attribue à l’observation des commandements. Nous le voyons au paradis terrestre, après la transgression du premier commandement ; la malédiction de l’humanité, l’océan de misères qui découla du péché originel nous l’attestent ; ce qui nous le montre encore plus, c’est la mort du Christ sur la Croix, car cette mort est, en somme, le jugement et le châtiment du péché. L’Évangile nous fait entrer dans un autre ordre de pensées : nous chrétiens, nous devons accomplir les commandements en esprit et de tout cœur. Pour nous, ce ne sont pas, à proprement parler, des commandements ; pour nous, la volonté de Dieu est une joie : nous sommes comme de bons enfants qui accomplissent avec joie la volonté de leurs parents et qui, au lieu d’y voir un joug pénible, font, de leur obéissance, une preuve et une expression de leur amour. C’est pourquoi nous ne devons pas seulement accomplir la lettre de la loi, mais encore en comprendre et en observer l’esprit. L’esprit de la loi est l’amour, l’amour de Dieu et du prochain.

  • Mgr Schneider

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    Très belles photos de Mgr Athanasius Schneider à Warrington, Angleterre (entre Manchester et Liverpool), dans la belle église (du moins à l’intérieur) de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, dimanche dernier. Dommage qu’il n’y ait pas davantage de monde…

  • Mardi de la troisième semaine de carême

    Bienheureux cardinal Schuster :

    L’église du rendez-vous doit son origine aux Byzantins, qui élevèrent à Rome au moins cinq temples en l’honneur des martyrs Serge et Bacchus. L’un d’eux se trouvait dans la région des Monti, le Canelicum, ayant auprès un monastère, où, précisément aujourd’hui, se rassemblait le peuple romain pour la procession stationnale à la basilique de Pudens. La domus Pudentiana ou le titulus sancti Pudentis fut l’un des plus anciens titres urbains, et rien jusqu’à présent ne dément l’antique tradition ecclésiastique qui veut qu’elle ait été sanctifiée par le séjour de Pierre dans la maison du sénateur Pudens. Les souvenirs du pape saint Pie Ier, de son frère Hermas l’auteur apocalyptique du Pastor, de Priscille, de Pudentienne, de Praxède, de Justin le Philosophe, d’Hippolyte le Docteur, se groupent tous sur le Viminal, et se rattachent à l’histoire de la maison de Pudens, en sorte qu’il semble qu’elle ait vraiment été au IIe siècle la résidence pontificale.

    La sainte liturgie s’est fait l’écho de cette tradition locale, et la lecture évangélique de ce jour, avec l’histoire de Pierre interrogeant le Seigneur relativement à l’usage du pouvoir des clefs, a été précisément choisie pour évoquer le souvenir de l’Apôtre qui fut l’hôte de Pudens en cette maison.

    Ego clamávi, quóniam exaudísti me, Deus : inclína aurem tuam, et exáudi verba mea : custódi me, Dómine, ut pupíllam óculi : sub umbra alárum tuárum prótege me.

    J’ai crié, mon Dieu, parce que vous m’avez exaucé ; inclinez vers moi votre oreille et exaucez mes paroles. Gardez-moi, Seigneur, comme la prunelle de l’œil, protégez-moi à l’ombre de vos ailes.

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    L’introït est tiré du psaume 16, où est exprimée avec tant de beauté l’espérance que le Seigneur gardera sous les ailes de son patronage tous ceux qui mettent leur confiance en lui. Ce verset du psaume est à mettre en regard de la mosaïque absidale de la basilique Pudentienne, où l’on voit le Sauveur étendant la main pour protéger le titre apostolique et l’antique résidence des papes du second siècle. Il tient un volume ouvert sur lequel on lit : Dominus conservator Ecclesiæ Pudentianæ, pour indiquer la protection spéciale réservée à cette basilique, qui, autrefois, était comme l’expression visible et le trophée de l’apostolat et de la primauté romaine de saint Pierre.

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    Sur les 70 fois 7 fois de l'évangile, voir ici.

  • Pitoyable

    Trouvé sur le Forum catholique, cet extrait du livre Cher pape François (où le pape répond à des questions d'enfants) qui sera publié en français demain 1er mars :

    Cher Pape François,
    Etiez-vous près du prêtre lorsque vous étiez enfant de chœur ?
    Salutations d'Alessio
    (Italie, 9 ans)


    Cher Alessio, oui, j'étais enfant de chœur. Et toi ? Quel rôle as-tu parmi les enfants de chœur ? C'est plus facile d'être enfant de choeur maintenant, tu sais. Sache que quand j'étais enfant, la messe était célébrée différemment d'aujourd'hui. À l'époque, le prêtre était face à l'autel, qui était contre le mur, et non pas face au peuple. Puis le livre avec lequel il disait la messe, le missel, était placé sur le côté droit de l'autel. Mais avant la lecture de l'Evangile, il devait toujours être déplacé sur le côté gauche. C'était mon rôle, je devais le transporter de droite à gauche puis de gauche à droite. C'était fatiguant ! Le livre était lourd ! Je le prenais avec toute mon énergie, mais je n'étais pas si fort : une fois, je l'ai pris et je suis tombé, de sorte que le prêtre a dû m'aider. Voilà une tâche que je réalisais ! La messe n'était pas en italien alors. Le prêtre parlait, mais je n'y comprenais rien, de même que mes amis. Alors, pour nous amuser, nous imitions le prêtre en déformant des mots pour créer des énonciations étranges en espagnol. Nous nous amusions, et nous aimions vraiment servir la messe.

    Lire la réponse de « jejomau », ancien enfant de chœur de la messe de Paul VI.

  • Lundi de la troisième semaine de carême

    « Ipse autem transiens per medium illorum, ibat. »
    Mais lui, passant au milieu d’eux, allait.

    Cette phrase est la dernière de l’évangile d’aujourd’hui. Les gens de Nazareth, excédés par ce que leur dit Jésus, veulent le tuer. Ils l’emmènent sur un escarpement pour le mettre à mort, mais lui, passant au milieu d’eux, allait. Comme si les furieux étaient tout à coup paralysés, ou comme s’il était devenu invisible. Avec cet étonnant imparfait qui souligne l’insolite, et la majesté de celui qui passe.

    Au moyen âge, cette phrase devint un talisman. On la gravait sur des anneaux, sur des médailles, que l’on prenait sur soi lorsqu’on entreprenait un voyage, afin de ne pas tomber aux mains des brigands. Le roi d’Angleterre Edouard III la fit graver au verso du « noble », sa monnaie d’or, pour être revenu à bon port après sa victoire sur la flotte française à Sluis (bataille de L’Ecluse), en 1340 ; cette monnaie fut frappée pendant plus d’un siècle.

    Pourtant, si l’on regarde attentivement l’évangile de saint Luc, on constate que le sens du verbe n’est pas celui que le talisman lui a donné. Le verbe grec, πορεύω, va être employé par saint Luc, à partir du chapitre 9, pour parler de Jésus allant… à la mort. Et c’est ici le premier emploi du verbe en ce sens. Et c’est le sens de l’imparfait. Il échappait aux habitants de Nazareth parce qu’il allait à Jérusalem, il fallait qu’il aille à Jérusalem pour y être crucifié, en dehors de la ville, comme à Nazareth on voulait le tuer hors de la ville.

    Il n’est pas inopportun de le remarquer en cette troisième semaine de carême.

    On peut constater aussi la correspondance entre la finale du récit du passage de Jésus à Nazareth et la finale du psaume 140 : « Que les pécheurs tombent dans leurs propres pièges, quant à moi je suis seul jusqu’à ce que passe ». Ce qui est une annonce de la crucifixion et de la résurrection, source des sacrements qui multiplieront les fils de Dieu par participation à la vie divine du Seul Fils.

  • Troisième dimanche de carême

    Quarti nunc et decimi diei de nostrorum dierum decimis curriculo jam peracto, ad te levamus oculos nostros, Domine, qui habitas in cœlis ; impende jam et misericordiam miseris, et medelam porrige vulneratis ; tu nobis adgressum iter placidum effice : tu cor nostrum in mandatorum tuorum semitis dirige : per te lucis inveniamus viam : per te luminosa amoris tui capiamus incendia : tu laboribus requiem, tu laborantibus tribue mansionem ; ut horum dierum observatione tibi placentes, gloriae tuae mereamur esse participes.

    Déjà quatorze jours sur cette carrière qui forme la dîme de l’année, sont écoulés ; nous levons nos yeux vers vous, Seigneur, qui habitez les cieux. Répandez votre miséricorde sur les misérables : appliquez le remède aux blessés ; rendez-nous sereine cette voie où nous sommes entrés ; dirigez notre cœur dans le sentier de vos préceptes. Faites nous trouver le chemin de la lumière. Éclairez-nous et embrasez-nous de votre amour. Donnez le repos après le travail, l’habitation tranquille après les fatigues, afin que, nous étant rendus agréables à vos yeux par l’observance de ces saints jours, nous méritions d’être participants de votre gloire.

    Capitule du bréviaire gothique pour le troisième dimanche de carême, cité et traduit par dom Guéranger. Il s’agit du capitule des premières vêpres. Pour nous, ce sont 16 jours qui se sont écoulés. Cette différence paraît montrer que dans le calendrier mozarabe on ne jeûnait pas le samedi, comme dans le calendrier byzantin (en l’honneur de la Mère de Dieu). La liturgie mozarabe est très différente de la liturgie romaine, et pourtant on constate une étonnante convergence entre le thème de ce capitule et celui de la messe romaine de ce jour : le regard vers Dieu, qu’on trouve dans l’introït et dans le trait, la lumière (épître), l’observation des préceptes (offertoire), le repos (communion)… On note l’expression « per te luminosa amoris tui capiamus incendia ». Littéralement : Que nous recevions par toi les incendies lumineux de ton amour…

    Quant au capitule des laudes, il est tout entier sur le thème de la lumière :

    Clamoris nostri intelligens orationem, clarifica lucis aeternae praesentia mane tibi adstantium vota: dieique perennis ita praecipe in nobis candorem effulgere, ut tetrae noctis crassitudo, et erroris amica caligo aufugiat; Sol quoque verus suo nos radio lustrando custodiat.

    Traduction littérale : « Discernant la prière de notre clameur, illumine, au matin, par la présence de la lumière éternelle, le vœux de ceux qui se tiennent devant toi. Et ordonne que brille en nous l’éclat du jour éternel, afin que s’enfuient l’opacité de l’horrible nuit et les ténèbres amies de l’erreur. Que le Soleil véritable nous garde par son rayon purifiant. »

    (Sur l'évangile de ce dimanche, voir ici, et .)

  • Samedi de la deuxième semaine de carême

    Sacraménti tui, Dómine, divína libátio, penetrália nostri cordis infúndat : et sui nos partícipes poténter effíciat. Per Dóminum…

    Que la divine libation de votre sacrement, Seigneur, arrose les lieux les plus secrets de notre cœur, et qu’elle nous rende puissamment participants d’elle-même.

    Telle est la postcommunion de la messe de ce jour. Elle est particulièrement remarquable par son parfum d’antiquité et son symbolisme.

    Elle parle de libation, et renvoie ainsi à un rite répandu dans toutes les religions anciennes : l’offrande liquide à un dieu, l’huile ou le vin qu’on offre en sacrifice en le versant sur une stèle, sur un poteau, sur une idole, sur l'animal sacrifié. Mais ici la perspective est renversée. C’est Dieu qui verse la libation. Parce qu’il a agréé nos offrandes, le pain et le vin, qu’il les a divinisées en en faisant le corps et le sang de son Fils, et il nous les rend ainsi divinisées pour nous diviniser. C’est donc lui qui nous honore, qui nous sert, qui se ceint pour nous verser la divine libation, la seule efficace après tant de libations humaines qui n’étaient que des signes.

    Et cette libation, il la verse dans notre cœur. De son cœur percé sur la croix, d’où vient la libation d’eau et de sang, pro vobis effundetur, dans notre cœur. Penetralia. Jusqu’au fin fond de notre cœur, les endroits les plus retirés, les plus cachés, les plus secrets. La divine libation, parce qu’elle est liquide, se faufile partout, inonde tout. Il ne reste rien qu’elle n’atteigne pas, elle imprègne tout, elle vivifie tout.

    C’est ce qu’exprime la fin de l’oraison : en imprégnant tout notre cœur, elle nous rend puissamment, de la puissance du Saint-Esprit, participants d’elle-même, à savoir de la libation divine, du sang divin qui coule du cœur de Dieu, participants de la réalité divine du sacrement, participants de la filiation divine.

    (NB. Dans le bouleversement et le saccage du si vénérable sacramentaire grégorien auquel ont osé se livrer les fabricants de la néo-liturgie, cette oraison a été conservée, et même laissée à sa place. Du moins au début. Puis on en a fait l’oratio super populum, ressuscitée en 2002, mais facultative… Et il a fallu la défigurer : on a remplacé libatio par perceptio. Or il suffit de changer ce mot pour en détruire le symbolisme… Et d’abord pour la rendre absurde : on n’a jamais vu une perception arroser quoi que ce soit, se verser ou se répandre sur quoi que ce soit. Il est vrai que ça ne concerne à peu près personne : quand on cherche cette néo-oraison sur Google, on la trouve citée sur 4 sites, dont un qui ne fonctionne pas, et un qui la critique...)

  • Vendredi de la deuxième semaine de carême

    La messe de ce jour est spécifiquement une messe du temps de la Passion, « la seule qui soit nettement une messe de la Passion pendant le Carême », insiste dom Pius Parsch, qui signale que nous sommes à quatre semaines du vendredi saint.

    En effet la première lecture nous montre Joseph que ses frères vont tuer mais qui est finalement jeté dans une citerne. Il sera vendu et d’esclave il deviendra le sauveur du peuple égyptien. Mais le récit se termine avant qu’on le jette dans la citerne, sur l’évocation du meurtre, prophétie de la Passion.

    L’évangile est celui des vignerons qui tuent le fils du père de famille qui a planté la vigne. Prophétie de la Passion, mais aussi des malheurs qui vont ensuite s’abattre sur le peuple juif pendant que la vigne passera aux païens.

    Le graduel et les antiennes d’offertoire et de communion sont typiques de la liturgie de la Passion : des versets de psaumes qui sont des plaintes du Seigneur souffrant et des appels douloureux au Père.

    Il est remarquable que l’antienne d’introït soit au contraire un chant de triomphe, plus exactement de sereine confiance dans la victoire (on peut l’entendre ici). C’est le but du chemin de carême. Or ce verset est de fait le dernier verset du psaume 16, qui peut être vu comme une description de la pénible montée du fidèle vers Pâques, mais surtout… de la Passion : « A l’ombre de tes ailes protège-moi de la face des impies qui m’ont affligé. Mes ennemis ont encerclé mon âme, ils ont fermé leurs entrailles, leur bouche a parlé avec orgueil. (…) Ils m’ont pris comme un lion prêt à saisir sa proie... »