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Liturgie - Page 340

  • Quinquagésime

    C’est avec raison que cet aveugle nous est représenté à la fois assis au bord du chemin et en train de mendier, car la Vérité en personne a dit : «Je suis le Chemin.» (Jn 14, 6). Celui qui ne connaît pas la clarté de la lumière éternelle est donc un aveugle. Si toutefois il a commencé à croire au Rédempteur, il est assis au bord du chemin. Cependant, s’il néglige de prier et s’abstient de supplier Dieu pour recouvrer la lumière éternelle, l’aveugle est bien assis au bord du chemin, mais il ne mendie pas. En revanche, si en même temps qu’il croit, il reconnaît que son cœur est aveugle et demande à recouvrer la lumière de vérité, alors l’aveugle est assis au bord du chemin et il mendie. Celui donc qui reconnaît les ténèbres de son aveuglement et qui comprend que lui manque la lumière de l’éternité, qu’il crie du fond du cœur, qu’il crie de toute son âme et dise : «Jésus, fils de David, aie pitié de moi!»

    Mais écoutons ce qui advint tandis que l’aveugle criait : «Ceux qui marchaient devant le réprimandaient pour le faire taire.»

    Que représentent ceux qui précèdent l’arrivée de Jésus, sinon la foule des désirs de la chair et la tempête des vices, qui, avant la venue de Jésus en notre cœur, dissipent nos pensées par leurs assauts et gênent les appels de notre cœur dans la prière? Souvent, en effet, lorsque nous voulons revenir vers le Seigneur après avoir péché, et que nous nous efforçons de vaincre par la prière les vices dont nous avons été coupables, les images de nos fautes passées se pressent en notre cœur; elles émoussent la pointe de notre esprit, troublent notre âme et étouffent la voix de notre prière. Oui, «ceux qui marchaient devant le réprimandaient pour le faire taire», puisqu’avant la venue de Jésus en notre cœur, nos fautes passées, dont le souvenir vient heurter notre pensée, nous jettent dans le trouble au beau milieu de notre prière.

    Ecoutons ce que fit alors cet aveugle, avant de retrouver la lumière. Le texte poursuit : «Mais lui criait de plus belle : ‹Fils de David, aie pitié de moi!›» Voyez : celui que la foule réprimande pour le faire taire crie de plus belle; c’est ainsi que plus l’orage des pensées charnelles3 nous tourmente, plus nous devons intensifier notre effort de prière. La foule veut nous empêcher de crier, puisque nous subissons souvent jusque dans la prière le harcèlement des images de nos péchés. Mais il faut que la voix de notre cœur persiste avec d’autant plus de force que la résistance qu’elle rencontre est plus dure, afin de maîtriser l’orage de nos pensées coupables, et de toucher, par l’excès même de son importunité, les oreilles miséricordieuses du Seigneur. Chacun, je le suppose, a expérimenté en lui-même ce que je vais vous dire : lorsque nous détournons notre esprit de ce monde pour le tourner vers Dieu, et que nous nous appliquons à la prière, voilà que nous devons supporter dans notre prière, comme une chose importune et pénible, cela même que nous avions accompli avec délice. C’est à peine si la main d’un saint désir peut en chasser le souvenir des yeux de notre cœur, à peine si les gémissements de la pénitence peuvent triompher des images qui en résultent.

    Mais si nous persévérons avec insistance dans notre prière, nous arrêtons en notre âme Jésus qui passe. Aussi est-il ajouté : «Jésus, s’arrêtant, demanda qu’on le lui amène.» Voici qu’il s’arrête, lui qui passait : en effet, tant que les foules des images nous oppressent dans la prière, nous avons comme l’impression que Jésus passe; mais quand nous persévérons avec insistance dans notre prière, Jésus s’arrête pour nous rendre la lumière, puisque Dieu se fixe en notre cœur, et que la lumière perdue nous est rendue.

    Cependant, le Seigneur veut encore nous faire comprendre par là quelque chose d’utile au sujet de son humanité et de sa divinité. C’est lorsqu’il passait que Jésus entendit l’aveugle qui criait, mais c’est une fois arrêté qu’il accomplit le miracle de lui rendre la lumière. Car passer est le fait de la nature humaine, et se tenir arrêté, celui de la nature divine. C’est par son humanité que Jésus est né et a grandi, qu’il est mort et ressuscité, qu’il est allé d’un lieu à un autre. En effet, si la nature divine n’admet aucun changement, et si le fait de changer équivaut à passer, il est évident que le passage du Seigneur ressortit à la chair, non à la divinité. En vertu de sa divinité, il demeure toujours comme arrêté, parce qu’étant partout présent, il n’a besoin ni de venir, ni de repartir par un déplacement. C’est donc bien en passant que le Seigneur entend l’aveugle qui crie, et une fois arrêté qu’il lui rend la lumière, puisque c’est en son humanité qu’il s’apitoie avec compassion sur nos cris d’aveugles, mais par la puissance de sa divinité qu’il nous remplit de la lumière de sa grâce.

    Saint Grégoire le Grand, homélie 2 sur les évangiles.

    Sur la quinquagésime, voir mes notes de l’an dernier (les trois axes de la liturgie de ce jour) et de 2014 (la progression de la septuagésime à la quinquagésime comme préparation au carême).

  • Saint Tite

    Dans sa deuxième épître aux Corinthiens, saint Paul dit qu’il était allé à Troas pour y prêcher l’Evangile, mais que, malgré des conditions favorables, il n’avait pas l’esprit en repos parce qu’il n’y avait pas trouvé « Tite, mon frère ».

    Sans doute était-il très inquiet de ce qui se passait à Corinthe, où il avait envoyé Tite pour rétablir les relations entre lui-même et cette communauté avec laquelle il était en froid.

    Paul quitte donc Troas pour aller en Macédoine, sans trouver l’apaisement :

    En effet, à notre arrivée en Macédoine, notre chair n'au eu aucun repos, mais nous avons souffert toute sorte de tribulations: au dehors des combats, au dedans des craintes. Mais Celui qui console les humbles, Dieu nous a consolé par l'arrivée de Tite ; et non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation qu'il a reçue de vous ; car il m'a raconté votre désir, vos pleurs, votre zèle pour moi, de sorte que ma joie a été plus grande. (…) C'est pourquoi nous avons été consolés. Mais, dans notre consolation, nous avons été encore plus réjouis par la joie de Tite, parce que son esprit a été soulagé par vous tous.

    Bref, Tite, « mon compagnon et mon coopérateur », a réussi dans sa mission, et même au-delà des espérances.

    Dans la deuxième épître à Timothée, saint Paul, prisonnier à Rome, dit que Tite est parti pour la Dalmatie. Il était donc près de Paul depuis un certain temps.

    Saint Paul avait déjà fait Tite évêque de Crète. La dédicace de l’épître qu’il lui avait envoyée en Crète est une autre expression émouvante des liens très étroits entre les deux hommes. Il est dommage que la Vulgate ait traduit de façon banale : « A Tite, (mon) fils bien aimé selon (notre) foi commune ».

    Le mot grec traduit en latin par « dilecto », quand il qualifie un enfant, veut dire : « légitime ». Il en est de même s’il qualifie une femme. C’est aussi le mot qu’on emploie pour parler d’un « vrai Grec », de « véritables vertus », d’une « huile pure ». Tite est son fils « légitime », plus véritablement fils que le serait un fils selon la chair.

    Selon une tradition, Tite serait allé prêcher jusqu’en Espagne (une tradition dit cela aussi de Paul), puis il serait retourné en Crète où il serait mort à l’âge de 94 ans.

  • Sainte Agathe

    C’est pour la messe de sainte Agathe que fut composé l’introït Gaudeamus omnes, qu’on a ensuite adapté à diverses fêtes, notamment la Toussaint, et des fêtes de la Sainte Vierge.

    Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre beátæ Agathæ, de cuius solemnitáte gaudent Angeli et colláudant Fílium Dei.

    Eructávit cor meum verbum bonum ; dico ego opéra mea Regi. Gloria Patri...

    Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de la bienheureuse Agathe. Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu.

    De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi. Gloire...

    Le voici dans une étonnante version, par un Japonais en solo – c’est le Gaudeamus de l’Assomption (avec le même psaume que pour sainte Agathe). Dommage qu’il oublie la doxologie (mais j'ai l'impression qu'on fait comme ça dans la néo-liturgie).

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     Il y a aussi une Coréenne (c'est le Gaudeamus de la Toussaint):

  • Saint André Corsini

    André Corsini était né en 1302 dans l’une des grandes familles de Florence. Il se fit carme, alla étudier à Paris, puis à Avignon chez son oncle cardinal, puis il devint prieur de son couvent de Florence et, en 1348, provincial de Toscane. Dès l’année suivante il était nommé évêque de Fiesole, à 10 km du centre de Florence.

    Cela faisait un siècle, dit-on, que l’évêque de Fiesole n’avait pas résidé dans cette banlieue, trop loin des fastes florentins. Il restaura le palais épiscopal qui tombait en ruine et y vécut pauvrement, gardant l’habit carme et l’austérité de sa vie de religieux. Il visita son diocèse de façon assidue, s’occupant de l’instruction et des mœurs des prêtres, et donnant le bon exemple. Et il était selon ses propres termes « père et administrateur des pauvres ». En bref, il fut un évêque selon les demandes du concile de Trente, avec deux siècles d’avance.

    Il était célèbre par sa faculté de résoudre les conflits, soit entre les particuliers, soit entre les cités : notamment entre Bologne et Milan, à la demande du pape.

    On lui voua ensuite un culte à Florence parce qu’on lui imputait la victoire des armées de la ville sur celles de Milan, le 29 juin 1440. C’est lui qui de son tombeau aurait fixé la date de la fête des apôtres pour combattre les Milanais, et il serait ensuite apparu au-dessus de la mêlée pour conduire les Florentins à la victoire. Du coup on fit une grande fête en son honneur, et le pape Eugène IV accepta qu’elle devînt annuelle. Alors qu’André Corsini ne devait être canonisé que bien plus tard, à force de réclamations de Florence : en 1629.

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    Saint André Corsini guidant les Florentins à la bataille d’Anghiari, dans la chapelle Corsini du couvent des carmes de Florence.

  • Saint Blaise

    Synaxaire byzantin (je ne sais pas qui en a fait des quatrains...):

    Le 11 février, mémoire du saint hiéromartyr Blaise, archevêque de Sébaste.

    Le martyr égorgé par le glaive, saint Blaise,
    visitant les malades, guérit ceux que lèse,
    en leur dolente gorge, le mal des humeurs.
    Le fer tranchant ton col, Blaise, l'onze tu meurs.

    Ce même jour, deux saints enfants et sept femmes, compagnons de martyre de saint Blaise, périssent par le glaive.

    Quel courage au combat montrent ces deux enfants;
    ils se hâtent, pour voir qui le premier arrive!
    Sept femmes croient en Christ: glaive, tu les pourfends,
    mais de virilité leur sexe ne les prive.

    Par leurs saintes prières, ô notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous. Amen.

    *

    Saint Blaise, ayant poussé
    dans la pratique des vertus divines, tu fleuris,
    selon l'expression de David,
    comme un palmier dans les parvis du Seigneur
    et, par tes justes actions,
    comme un cèdre tu as grandi;
    tel une vigne florissante dans la maison de Dieu,
    taillé au moment du martyre dans les tourments,
    du fruit de tes combats tu fis couler pour nous
    ce vin mystique dont nous souhaitons boire pour combler
    nos cœurs d'allégresse divine;
    et tous ensemble d'une même voix nous t'acclamons,
    te disant bienheureux en l'auguste mémoire de ta fin
    et demandant de recevoir,
    par ton intermédiaire, la paix et la grâce du salut.

    *

    Sur saint Blaise, voir ma note de l'an dernier.

  • La Purification de la Sainte Vierge Marie

    La Vulgate, et avant elle les anciennes versions latines, ont modifié le texte grec de saint Luc, pour gommer une apparente incongruité. Le texte grec dit en effet : « Et quand furent accomplis les jours de leur purification, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. »

    Saint Jérôme, lorsqu’il écrit son livre contre Helvidius sur la virginité de Marie, retraduisant pour l’occasion le texte original sans s’occuper des textes latins existants, écrit donc aussi : « les jours de leur purification » (cum expleti essent dies purgationis eorum), mais il ne commente pas cette anomalie, car c’est un passage où il évoque uniquement la question du « premier-né ».

    Or ce n’est pas la seule anomalie. Saint Luc les multiplie. A dessein. Dans la phrase citée il y en a une autre : « pour le présenter au Seigneur », selon la loi de Moïse. Or la Loi (à laquelle saint Luc renvoie pas moins de quatre fois dans ce bref passage), qui prévoit la purification de la mère seule et non de la famille, ne prévoit pas cette présentation au temple de Jérusalem. Elle prévoit une consécration du premier-né, qui n’a a pas à être solennisée au Temple. En revanche la loi exige le rachat du premier-né, dont saint Luc ne dit pas un mot…

    Alors que le texte paraît insister sur la purification de Marie (avec le sacrifice des deux pigeons ou tourterelles), Luc veut montrer que ce qui est important est la « présentation ». A savoir, en fait, la « consécration » à Dieu du premier-né. Qui a lieu exceptionnellement au Temple. Mais il ne veut pas utiliser le mot « consécration ». Parce qu’il sait que Jésus est saint, consacré, depuis sa conception. Et Marie et Joseph le savaient avant lui et l’ont transmis. Jean Daniélou : « La présentation de l’enfant au Temple est la reconnaissance par eux de cette consécration. Il n’a pas à être consacré. Il l’est en lui-même. Il appartient au même ordre que le Temple, puisque l’ombre, qui témoignait de la présence de Dieu dans le Temple, l’a couvert dès sa conception. »

    Le propos de saint Luc, montre le cardinal Daniélou, est de souligner le caractère sacerdotal de Jésus. (Le personnage qui importe d’abord est cet enfant, c’est pourquoi saint Luc a fait un raccourci est disant « leur purification » en parlant de Marie mais en pensant aussi à Jésus - du reste ni l’un ni l’autre n’avait à être purifié).

    Saint Luc, montre Daniélou, a choisi le mot « présenter » (paristhénai) parce que c’est celui qui est utilisé dans la Loi à propos des prêtres et des lévites qui se tiennent dans le sanctuaire. « La présentation a donc une signification proprement sacerdotale. Elle tend à montrer déjà en Jésus-enfant le grand prêtre de la Nouvelle Alliance. C’est le thème qui sera développé dans l’Epître aux Hébreux (9, 11-14). Par ailleurs, toujours dans le même contexte cultuel, le mot paristhénai désigne la présentation d’une offrande. Il prend alors un sens sacrificiel. Ainsi dans Rom. 12,1 : “Présentez vos corps à Dieu comme une hostie vivante.” Jésus est ainsi présenté à la fois comme le prêtre qui offre et comme le sacrifice qui est offert. » (Les évangiles de l’enfance, pp. 108-111.)

  • Saint Ignace

    Ne vous laissez pas séduire par les doctrines étrangères ni par ces vieilles fables qui sont sans utilité. Car si maintenant encore nous vivons selon la loi, nous avouons que nous n'avons pas reçu la grâce. Car les très divins prophètes ont vécu selon Jésus-Christ ; c'est pourquoi ils ont été persécutés. Ils étaient inspirés par sa grâce, pour que les incrédules fussent pleinement convaincus qu'il n'y a qu'un seul Dieu, manifesté par Jésus-Christ son Fils qui est son Verbe sorti du silence, qui en toutes choses s'est rendu agréable à celui qui l'avait envoyé.

    Si donc ceux qui vivaient dans l'ancien ordre de choses sont venus à la nouvelle espérance, n'observant plus le sabbat, mais le jour du Seigneur, jour où notre vie s'est levée par lui et par sa mort, -quelques-uns le nient; mais c'est par ce mystère que nous avons reçu la foi, et c'est pour cela que nous tenons ferme, afin d'être trouvés de véritables disciples de Jésus-Christ, notre seul maître - comment pourrions-nous vivre sans lui, puisque les prophètes aussi, étant ses disciples par l'esprit, l'attendaient comme leur maître ? et c'est pourquoi celui qu'ils attendaient justement les a, par sa présence, ressuscités des morts.

    Ne soyons donc pas insensibles à sa bonté. Car s'il nous imite selon ce que nous faisons, nous n'existons plus. C'est pourquoi faisons-nous ses disciples et apprenons à vivre selon le christianisme. Car celui qui s'appelle d'un autre nom en dehors de celui-ci, n'est pas à Dieu. Rejetez donc le mauvais levain, vieilli et aigri, et transformez-vous en un levain nouveau, qui est Jésus-Christ. Qu'il soit le sel de votre vie, pour que personne parmi vous ne se corrompe, car c’est à l'odeur que vous serez jugés. Il est absurde de parler de Jésus-Christ et de judaïser. Car ce n'est pas le christianisme qui a cru au judaïsme, mais le judaïsme au christianisme, en qui s'est réunie toute langue qui croit en Dieu.

    Tout ceci, mes bien-aimés, ce n'est pas que j'aie appris que quelques-uns parmi vous soient mal disposés ; mais, bien qu'étant plus petit que vous, je veux que vous soyez en garde pour ne pas vous laisser prendre aux hameçons de la vanité. Au contraire, soyez pleinement convaincus de la naissance, et de la passion, et de la résurrection arrivée sous le gouvernement de Ponce Pilate. Toutes ces choses ont été véritablement et certainement accomplies par Jésus-Christ notre espérance ; puisse aucun de vous ne jamais se détourner d'elles.

    Puissé-je jouir de vous en toutes choses, si j'en suis digne. Car, bien qu'étant enchaîné, je ne suis comparable à aucun de vous qui êtes libres. Je sais que vous ne vous gonflez pas d'orgueil ; car vous avez Jésus-Christ en vous. Et davantage, quand je vous loue, je sais que vous en êtes confus, comme il est écrit.

    Ayez donc soin de vous affermir dans les enseignements du Seigneur et des Apôtres, afin qu'en tout ce que vous ferez vous réussissiez, de chair et d'esprit, dans la foi et la charité, dans le Fils et le Père et l'Esprit, dans le principe et dans la fin, avec votre si digne évêque, et la précieuse couronne spirituelle de votre presbytérium, et avec vos saints diacres. Soyez soumis à l'évêque et les uns aux autres, comme le Christ selon la chair fut soumis au Père, et les Apôtres au Christ et au Père et à l'Esprit, afin que l'union soit à la fois charnelle et spirituelle.

    Sachant que vous êtes pleins de Dieu, je vous ai exhortés brièvement. Souvenez-vous de moi dans vos prières afin que je trouve Dieu, et aussi de l'Église de Syrie - je ne suis pas digne d'en être appelé un membre, car j'ai besoin de votre prière et de votre charité tout unies en Dieu - pour que Dieu daigne, par votre Église, faire tomber sa rosée sur l'Église de Syrie.

    De Smyrne d'où je vous écris, les Éphésiens vous saluent. Ils y sont venus pour la gloire de Dieu ; comme vous, ils m'ont réconforté en toutes choses avec Polycarpe, l'évêque de Smyrne. Et les autres Églises vous saluent aussi en l'honneur de Jésus-Christ. Portez-vous bien dans la concorde de Dieu, possédant cet esprit inséparable qu'est Jésus-Christ.

    Fin de la lettre de saint Ignace évêque d’Antioche « dit aussi Théophore » aux Magnésiens

  • Sexagésime

    Dans l’office, la grande figure de ce jour et de toute la semaine est celle de Noé, qui va sauver l’humanité en faisant passer toutes les semences du vivant par le baptême du Déluge.

    La messe quant à elle, qui parle aussi de semence, est dominée par la figure de saint Paul. La station romaine est à la basilique Saint-Paul, parce que celle de dimanche prochain sera à Saint-Pierre, et celle du premier dimanche de carême à la basilique du Saint-Sauveur (saint Jean de Latran, la cathédrale du pape). Peut-être aussi, dit le cardinal Schuster, voit-on en ce dimanche l’écho d’une énigmatique « Translation de saint Paul » signalée dans le martyrologe hiéronymien au 25 janvier. Toujours est-il que la collecte, de façon insolite pour un dimanche, invoque l’apôtre des nations. La longueur de l’épître insiste sur la présence de saint Paul en ce jour. Non seulement sa longueur, mais son importance, puisqu’elle « supplée en partie aux lacunes des Actes et nous décrit au vif les peines incroyables soutenues par Paul dans son apostolat parmi les gentils » (card. Schuster) comme l’avait dit Jésus à Ananie : « Je lui montrerai combien il devra souffrir pour mon nom. » C’est aussi le passage où saint Paul fait des confidences sur ses révélations célestes.

    On peut également voir dans l’évangile du semeur une allusion à saint Paul, semeur de la Parole dans toutes les contrées du nord de la Méditerranée sur toutes sortes de chemins.

    La station étant à la basilique Saint-Paul, on ne s’étonne pas d’avoir un sermon de saint Grégoire le Grand prononcé en cette basilique un dimanche de la Sexagésime. Car il y avait au VIe siècle un dimanche de la Sexagésime et l’on y invoquait saint Paul et l’évangile était celui du Semeur qui sortit pour semer sa semence.

    Aux matines l’Eglise nous fait lire le début de ce sermon. En voici la fin, qui commente les derniers mots de la parabole, sur ceux qui « portent du fruit dans la patience ».

    Sous le portique qui mène à l’église du bienheureux Clément, se tenait un certain Servulus — que beaucoup d’entre vous ont connu comme moi — pauvre en biens, riche en mérites, et exténué par une longue maladie. Depuis son plus jeune âge jusqu’à la fin de sa vie, il resta couché, paralysé. Ce n’est rien de dire qu’il ne pouvait se tenir debout, puisqu’il était même incapable de se redresser sur son lit, ne fût-ce que pour s’asseoir. Jamais il ne put porter la main à sa bouche, jamais non plus se retourner sur l’autre côté. Il avait sa mère et son frère pour le servir, et par leurs mains, il distribuait aux pauvres tout ce qu’il pouvait recevoir comme aumônes. Il ne savait pas l’alphabet, mais il s’était acheté des manuscrits de l’Ecriture Sainte, et il se la faisait lire sans cesse par tous les gens pieux qu’il recevait chez lui. C’est ainsi qu’il apprit à connaître l’Ecriture Sainte aussi à fond qu’il le pouvait, alors que, comme je l’ai dit, il ignorait complètement l’alphabet. Dans ses souffrances, il s’efforçait de toujours rendre grâces et de vaquer nuit et jour aux hymnes et aux louanges de Dieu.

    Quand le temps fut venu où une si grande patience devait être récompensée, les souffrances des membres remontèrent aux organes vitaux. Se sentant sur le point de mourir, Servulus demanda aux étrangers à qui il donnait l’hospitalité de se lever et de chanter des psaumes avec lui dans l’attente de son départ. Comme le moribond lui-même psalmodiait avec eux, il fit soudain cesser la psalmodie par un grand cri de stupeur : «Silence! N’entendez-vous donc pas les louanges dont le Ciel retentit?» Et pendant qu’il tendait l’oreille de son cœur à ces louanges qu’il entendait au-dedans de lui, sa sainte âme se sépara de son corps. Mais à son départ, un parfum si exquis se répandit que toute l’assistance fut remplie d’une douceur inexprimable; et tous en conclurent sans hésitation possible que par ces louanges, c’est le Ciel qui venait d’accueillir cette âme. Il se trouvait là un de nos moines, qui est encore en vie. Il a coutume d’attester, en pleurant beaucoup, que jusqu’à la mise au tombeau, on ne cessa de sentir l’odeur du parfum. Voilà comment quitta cette vie celui qui, en cette vie, avait supporté les tourments avec sérénité. Ainsi, selon la parole du Seigneur, la bonne terre a rendu son fruit par la patience, et labourée par le soc de l’effort, elle est parvenue à la moisson de la récompense.

  • Sainte Martine

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    A la sainte vierge et martyre Martine, Urbain VIII souverain pontife.

    Lu sur Artetrome :

    Comme presque toutes les églises du centre historique de Rome, l’église de saint Luc et Martine a été édifiée sur les ruines de structures antiques, en effet l’église a été bâtie sur le Secretarium Senatus, un édifice destiné aux réunions secrètes du Sénat romain. C’est au XVIe siècle que l’église prend le nom de saint Luc et Martine, quand le pape Sixte V la cède à la fameuse Académie de saint Luc (l’académie de peinture fondée à la fin du XVIe siècle et dont saint Luc est le saint patron) car le siège se trouvait dans une rue avoisinante. L’Académie de saint Luc décide de bâtir une nouvelle  église car la précédente avait un aspect vétuste. Après quelques péripéties, on confie les travaux au peintre et architecte Pierre de Cortone, « prince de l’Académie de saint Luc », et c’est alors que l’on découvre dans l’église souterraine le corps de sainte Martine et d’autres martyrs chrétiens… La façade de l’église de saint Luc et Martine, avec sa forme légèrement convexe, est un des chefs d’œuvre les mieux réussis de l’architecte et peintre Pierre de Cortone. Par l’escalier à gauche du maître autel on descend au niveau de l’église souterraine, elle est richement décorée, et outre le tombeau de la sainte on y trouve aussi le tombeau de Pierre de Cortone.

    Lequel Pierre de Cortone voyait ainsi sainte Martine. O tempora, o mores...

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  • Une messe de BD

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    Ce stand à l’allure quelque peu bricolée, au Festival de la Bande dessinée d’Angoulême, montre qu’on peut se moquer de l’Eglise catholique sans pour autant sombrer dans le blasphème.

    Addendum

    On me dit que c’est un vrai évêque et des vrais prêtres. Et une vraie messe.

    Zut alors. Pour le coup on n’est pas loin du blasphème…