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Lundi de la troisième semaine de carême

« Ipse autem transiens per medium illorum, ibat. »
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait.

Cette phrase est la dernière de l’évangile d’aujourd’hui. Les gens de Nazareth, excédés par ce que leur dit Jésus, veulent le tuer. Ils l’emmènent sur un escarpement pour le mettre à mort, mais lui, passant au milieu d’eux, allait. Comme si les furieux étaient tout à coup paralysés, ou comme s’il était devenu invisible. Avec cet étonnant imparfait qui souligne l’insolite, et la majesté de celui qui passe.

Au moyen âge, cette phrase devint un talisman. On la gravait sur des anneaux, sur des médailles, que l’on prenait sur soi lorsqu’on entreprenait un voyage, afin de ne pas tomber aux mains des brigands. Le roi d’Angleterre Edouard III la fit graver au verso du « noble », sa monnaie d’or, pour être revenu à bon port après sa victoire sur la flotte française à Sluis (bataille de L’Ecluse), en 1340 ; cette monnaie fut frappée pendant plus d’un siècle.

Pourtant, si l’on regarde attentivement l’évangile de saint Luc, on constate que le sens du verbe n’est pas celui que le talisman lui a donné. Le verbe grec, πορεύω, va être employé par saint Luc, à partir du chapitre 9, pour parler de Jésus allant… à la mort. Et c’est ici le premier emploi du verbe en ce sens. Et c’est le sens de l’imparfait. Il échappait aux habitants de Nazareth parce qu’il allait à Jérusalem, il fallait qu’il aille à Jérusalem pour y être crucifié, en dehors de la ville, comme à Nazareth on voulait le tuer hors de la ville.

Il n’est pas inopportun de le remarquer en cette troisième semaine de carême.

On peut constater aussi la correspondance entre la finale du récit du passage de Jésus à Nazareth et la finale du psaume 140 : « Que les pécheurs tombent dans leurs propres pièges, quant à moi je suis seul jusqu’à ce que passe ». Ce qui est une annonce de la crucifixion et de la résurrection, source des sacrements qui multiplieront les fils de Dieu par participation à la vie divine du Seul Fils.

Commentaires

  • Très belle analyse.

  • Même Majesté divine dans ce témoignage de témoin oculaire :

    " Quem quaeritis ? ". Responderunt ei : " Iesum Nazarenum ". Dicit eis : " Ego sum. " Stabat autem et Iudas, qui tradebat eum, cum ipsis. Ut ergo dixit eis : " Ego sum ", abierunt retrorsum et ceciderunt in terram. Iterum ergo eos interrogavit : " Quem quaeritis ? ". Illi autem dixerunt : " Iesum Nazarenum ". Respondit Iesus : " Dixi vobis : Ego sum. "

    "Qui cherchez-vous ?" Ils lui répondirent : "Jésus de Nazareth." Il leur dit : "Jésus de Nazareth, c'est moi." Or, Judas, qui le trahissait, était là avec eux. Lors donc que Jésus leur eut dit : "C'est moi," ils reculèrent et tombèrent par terre. Il leur demanda encore une fois : "Qui cherchez-vous ?" Et ils dirent : "Jésus de Nazareth." Jésus répondit : "Je vous l'ai dit, c'est moi."
    (Jn 18, 4-8)


    Ils veulent le lapider, il passe entre eux et ils ne peuvent porter la main sur Lui.
    Ils viennent l'arrêter, une force les culbute à terre devant Lui. Et, comme des bêtes, ils ne semblent pas avoir pris conscience de leur chute collective au sol, Judas compris.

  • J'ai voulu faire le précédent commentaire pour souligner __ outre l'interprétation spiritualiste que vous donnez, certes légitime __ que ce passage « Ipse autem transiens per medium illorum, ibat» a eu aussi, sur le moment, une réalité événementielle et factuelle absolue.

    Voulant mettre la main sur Lui pour le mener vers un escarpement et l'en précipiter, et une autre fois pour le lapider, Il passa littéralement entre eux et ils ne purent porter, physiquement parlant, la main sur Lui. Son Heure n'était pas venue.

    C'est ce que l'Evangéliste a voulu, d'abord et avant tout, attester : un fait matériel et physique dont la cause est surnaturelle.


    C'est cela qui est premier. L'interprétation spiritualiste, si riche, féconde et légitime qu'elle puisse être, demeure seconde.

    Le Verbe de Dieu a pris CHAIR.

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