Samedi de la première semaine de l'Avent.
L’hymne des laudes au temps de l’Avent, traduction Pierre Corneille, par les moines du Barroux.
Vox clara ecce íntonat,
obscúra quæque íncrepat:
pellántur éminus sómnia;
ab æthre Christus prómicat.
Un saint éclat de voix à nos oreilles tonne,
Il dissipe la nuit qui nous couvrait les yeux,
Va, sommeil, et nous abandonne,
Jésus prêt à partir brille du haut des cieux.
Mens jam resúrgat tórpida
quæ sorde exstat sáucia;
sidus refúlget jam novum,
ut tollat omne nóxium.
Apprends, âme endormie, apprends à te soustraire
Aux fantômes impurs dont tu te sens blesser :
Le nouvel astre qui t'éclaire
Ne lance aucun rayon que pour les terrasser.
E sursum Agnus míttitur
laxáre gratis débitum;
omnes pro indulgéntia
vocem demus cum lácrimis.
L'incomparable agneau que du ciel on envoie
Vient payer de son sang ce que chacun lui doit :
Que les pleurs et les cris de joie
S'efforcent de répondre aux biens qu'on en reçoit,
Secúndo ut cum fúlserit
mundúmque horror cínxerit,
non pro reátu púniat,
sed nos pius tunc prótegat.
Afin que, quand son bras choisira ses victimes,
Qu'on verra l'univers environné d'horreur,
Loin de nous punir de nos crimes,
Ce même bras nous cache à sa juste fureur.
Summo Parénti glória
Natóque sit victória,
et Flámini laus débita
per sæculórum sæcula. Amen.
Gloire soit à jamais au Père inconcevable !
Gloire au Verbe incarné ! gloire à l'Esprit divin !
Gloire à leur essence ineffable,
Qui règne dans les cieux et sans borne et sans fin !
Commentaires
Corneille en prend beaucoup à son aise... Il gomme tout à fait l'intervention en deux temps de Jésus Agneau. 1) Il est le Verbe incarné venu nous sauver (strophes 1 et 2) ; 2) "quand il brillera une seconde fois et que l'horreur encerclera le monde (c'est-à-dire au Jugement dernier), puisse-t-il ne pas nous punir en proportion de nos fautes, mais nous protéger !
Il n'y a ni bras ni sacrificateur ni victime dans le texte de l'hymne. C'est seulement Corneille qui fait des cauchemars ou cherche des rimes !