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Liturgie - Page 29

  • Deuxième dimanche après l'Epiphanie

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    Duccio, 1311.

    Le troisième Mystère de l’Épiphanie nous montre la consommation des plans de la divine miséricorde sur le monde, en même temps qu’il nous manifeste une troisième fois la gloire de l’Emmanuel. L’Etoile a conduit l’âme à la foi, l’Eau sanctifiée du Jourdain lui a conféré la pureté, le Festin Nuptial l’unit à son Dieu. Nous avons chanté l’Époux sortant radieux au-devant de l’Épouse ; nous l’avons entendu l’appeler des sommets du Liban ; maintenant qu’il l’a éclairée et purifiée, il veut l’enivrer du vin de son amour.

    Un festin est préparé, un festin nuptial ; la Mère de Jésus y assiste ; car, après avoir coopéré au mystère de l’Incarnation du Verbe, il convient qu’elle soit associée à toutes les œuvres de son Fils, à toutes les faveurs qu’il prodigue à ses élus. Mais, au milieu de ce festin, le vin vient à manquer. Jusqu’alors la Gentilité n’avait point connu le doux vin de la Charité ; la Synagogue n’avait produit que des raisins sauvages. Le Christ est la vraie Vigne, comme il le dit lui-même. Lui seul pouvait donner ce vin qui réjouit le cœur de l’homme, et nous présenter à boire de ce calice enivrant qu’avait chanté David.

    Marie dit au Sauveur : « Ils n’ont point de vin. » C’est à la Mère de Dieu de lui représenter les besoins des hommes, dont elle est aussi la mère. Cependant, Jésus lui répond avec une apparente sécheresse : « Femme, qu’importe à moi et à vous ? Mon heure n’est pas encore venue. » C’est que, dans ce grand Mystère, il allait agir, non plus comme Fils de Marie, mais comme Fils de Dieu. Plus tard, à une heure qui doit venir, il apparaîtra aux yeux de cette même Mère, expirant sur la croix, selon cette humanité qu’il avait reçue d’elle. Marie a compris tout d’abord l’intention divine de son Fils, et elle profère ces paroles qu’elle répète sans cesse à tous ses enfants : Faites ce qu’il vous dira.

    Or, il y avait là six grands vases de pierre, et ils étaient vides. Le monde, en effet, était parvenu à son sixième âge, comme l’enseignent saint Augustin et les autres docteurs après lui. Durant ces six âges, la terre attendait son Sauveur, qui devait l’instruire et la sauver. Jésus commande de remplir d’eau ces vases ; mais l’eau ne convient pas pour le festin de l’Epoux. Les figures, les prophéties de l’ancien monde étaient cette eau ; et nul homme, jusqu’à l’ouverture du septième âge, où le Christ, qui est la Vigne, devait se communiquer, n’avait contracté l’alliance avec le Verbe divin.

    Mais lorsque l’Emmanuel est venu, il n’a qu’une parole à dire : « Puisez maintenant. » Le vin de la nouvelle Alliance, ce vin qui avait été réservé pour la fin, remplit seul maintenant les vases. En prenant notre nature humaine, nature faible comme l’eau, il en a ménagé la transformation ; il l’a élevée jusqu’à lui, nous rendant participants de la nature divine ; il nous a rendus capables de contracter l’union avec lui, de former ce seul corps dont il est le Chef, cette Église dont il est l’Époux, et qu’il aimait de toute éternité d’un si ardent amour, qu’il est descendu du ciel pour célébrer ces noces avec elle.

    O sort admirable que le nôtre ! Dieu a daigné, comme dit l’Apôtre, montrer les richesses de sa gloire sur des vases de miséricorde ». Les urnes de Cana, figures de nos âmes, étaient insensibles, et nullement destinées à tant d’honneur. Jésus ordonne à ses ministres d’y verser l’eau ; et déjà, par cette eau, il les purifie ; mais il pense n’avoir rien fait encore tant qu’il ne les a pas remplies jusqu’au haut de ce vin céleste et nouveau, qui ne devait se boire qu’au royaume de son Père. Ainsi la divine charité, qui réside dans le Sacrement d’amour, nous est-elle communiquée ; et pour ne pas déroger à sa gloire, l’Emmanuel, qui veut épouser nos âmes, les élève jusqu’à lui. Préparons-les donc pour cette union ; et, selon le conseil de l’Apôtre, rendons-les semblables à cette Vierge pure qui est destinée à un Époux sans tache.

    Saint Matthieu, Évangéliste de l’humanité du Sauveur, a reçu de l’Esprit-Saint la charge de nous annoncer le mystère de la foi par l’Etoile ; saint Luc, Évangéliste du Sacerdoce, a été choisi pour nous instruire du mystère delà Purification par les Eaux ; il appartenait au Disciple bien-aimé de nous révéler le mystère des Noces divines. C’est pourquoi, suggérant à la sainte Église l’intention de ce troisième mystère, il se sert de cette expression : Ce fut le premier des miracles de Jésus, et il y MANIFESTA sa gloire. A Bethléem, l’Or et l’Encens des Mages prophétisèrent la divinité et la royauté cachées de l’Enfant ; sur le Jourdain, la descente de l’Esprit-Saint, la voix du Père, proclamèrent Fils de Dieu l’artisan de Nazareth ; à Cana, Jésus agit lui-même et il agit en Dieu : « car, dit saint Augustin, Celui qui transforma l’eau en vin dans les vases ne pouvait être que Celui-là même qui, chaque année, opère un prodige semblable dans la vigne. » Aussi, de ce moment, comme le remarque saint Jean, « ses Disciples crurent en lui », et le collège apostolique commença à se former.

    Dom Guéranger

  • Commémoraison du Baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ

    Ἐν Ἰορδάνῃ βαπτιζομένου σου Κύριε, ἡ τῆς Τριάδος ἐφανερώθη προσκύνησις· τοῦ γὰρ Γεννήτορος ἡ φωνὴ προσεμαρτύρει σοι, ἀγαπητόν σε Υἱὸν ὀνομάζουσα· καὶ τὸ Πνεῦμα ἐν εἴδει περιστερᾶς, ἐβεβαίου τοῦ λόγου τὸ ἀσφαλές. Ὁ ἐπιφανεὶς Χριστὲ ὁ Θεός, καὶ τὸν κόσμον φωτίσας δόξα σοι.

    Dans le Jourdain lorsque, Seigneur, tu fus baptisé, à l'univers fut révélée la sainte Trinité ; en ta faveur se fit entendre la voix du Père te désignant comme son Fils bien-aimé ; et l'Esprit sous forme de colombe confirma la vérité du témoignage. Christ notre Dieu qui t'es manifesté, illuminateur du monde, gloire à toi.

    L’apolytikion de la fête, dans la version de Matthieu de Vatopedi (1774-1849), par le chœur des moines de Vatopedi (numéro 2 dans la hiérarchie de l’Athos). C’est aussi le tropaire que le prêtre chante trois fois quand il bénit l’eau en y trempant trois fois la corix.

  • De la férie

    Les répons des matines de ce jour sont les deux premiers répons des matines de l’Epiphanie, ceux qui évoquent ce qui est pour les orientaux le seul mystère de la Théophanie : le baptême du Christ, qui sera spécialement commémoré demain à l’occasion de ce qui était avant 1955 l’octave de la fête.

    ℟. Hódie in Jordáne baptizáto Dómino apérti sunt cæli, et sicut colúmba super eum Spíritus mansit, et vox Patris intónuit: * Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.
    ℣. Descéndit Spíritus Sanctus corporáli spécie sicut colúmba in ipsum, et vox de cælo facta est.
    ℟. Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.

    Aujourd’hui, le Seigneur ayant été baptisé dans le Jourdain, les cieux se sont ouverts et, sous la forme d’une colombe, l’Esprit s’est reposé sur lui, et la voix du Père a retenti : Voici mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances.
    L’Esprit-Saint est descendu sous la forme corporelle d’une colombe et une voix du ciel s’est fait entendre.
    Voici mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances.

    ℟. In colúmbæ spécie Spíritus Sanctus visus est, Patérna vox audíta est: * Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.
    ℣. Cæli apérti sunt super eum, et vox Patris intónuit.
    ℟. Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.

    Sous l’apparence d’une colombe, l’Esprit-Saint est apparu, et la voix du Père a été entendue : Voici mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances.
    Les cieux se sont ouverts au-dessus de lui, et la voix du Père a retenti.
    Voici mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances.

  • De la férie

    Jusqu’à samedi les hymnes sont toujours celles de l’Epiphanie. Dont celle des vêpres et des matines :

    Hostis Heródes ímpie,
    Christum veníre quid times ?
    Non éripit mortália,
    Qui regna dat cæléstia.

    Hérode, roi cruel, pourquoi crains-tu
    L'arrivée d'un Dieu qui vient régner ?
    Il ne ravit pas les sceptres mortels,
    Lui qui donne les royaumes célestes.

    Ibant magi, quam víderant,
    Stellam sequéntes prǽviam:
    Lumen requírunt lúmine:
    Deum faténtur múnere.

    Les Mages s'avançaient, suivant l'étoile
    Qu'ils avaient vue et qui marchait, devant eux :
    La lumière les conduit à la Lumière ;
    Leurs présents proclament un Dieu.

    Lavácra puri gúrgitis
    Cæléstis Agnus áttigit:
    Peccáta, quæ non détulit,
    Nos abluéndo sústulit.

    Le céleste Agneau a touché l'onde
    Du lavoir de pureté ;
    Dans un bain mystique, il lave en nous
    Des péchés qu'il n'a point commis.

    Novum genus poténtiæ:
    Aquæ rubéscunt hýdriæ,
    Vinúmque jussa fúndere,
    Mutávit unda oríginem.

    Nouveau prodige de puissance !
    L'eau rougit dans les urnes de pierre.
    Jésus ordonne de verser ;
    L'eau coule et c'est du vin.

    Jesu, tibi sit gloria,
    qui te revelas gentibus,

    Cum Patre, et Sancto Spíritu,
    In sempitérna sǽcula. Amen.

    Jésus, à toi soit la gloire,
    Qui te révèles aux païens,
    Avec le Père et le Saint-Esprit,
    Dans les siècles éternels. Amen.

  • Il nous a visités

    Un exapostilaire de Noël, en grec puis en slavon, par le chœur Axion Estin du monastère de Nikolo-Malitsa (région de Tver), mis en ligne lundi.

    Ἐπεσκέψατο ἡμᾶς, ἐξ ὕψους ὁ Σωτὴρ ἡμῶν, ἀνατολὴ ἀνατολῶν, καὶ οἱ ἐν σκότει καὶ σκιᾷ, εὕρομεν τὴν ἀλήθειαν· καὶ γὰρ ἐκ τῆς Παρθένου ἐτέχθη ὁ Κύριος.

    Посетил ны есть свыше Спас наш, Восток востоков, и сущии во тьме и сени обретохом истину, ибо от Девы родися Господь.

    Il nous a visités du haut des cieux, notre Sauveur, l’Orient des orients, et, nous qui étions dans les ténèbres et dans l’ombre, nous avons trouvé la vérité : c’est que le Seigneur est né de la Vierge.

  • De la férie

    Le martyrologe de ce jour évoque un saint original :

    Au monastère de Cuxa, en France, l'anniversaire de saint Pierre Urséol, confesseur : d'abord doge de Venise, ensuite moine de l'Ordre de saint Benoît, il fut célèbre par sa piété et ses vertus.

    En 976, il y eut à Venise une insurrection populaire contre le doge Pierre IV Candiano. Plusieurs quartiers furent incendiés, ainsi que le palais des doges et la basilique Saint-Marc, où s’était réfugié le doge qui y fut assassiné. Selon saint Pierre Damien Pierre Urséol (Pietro Orseolo) était l’instigateur de l’assassinat du doge soutenu par les Francs et l’empire germanique. Pierre Urséol se fit doge avec l’appui des Byzantins. Il restaura la basilique et commanda la célèbre « pala d’oro » (le retable d’or), pacifia la République, fit construire deux hôpitaux, et tout-à-coup, le 1er septembre 978, il disparut. Il se rendit à l’abbaye de Cuxa, dans les Pyrénées, sous un faux nom (il avait rencontré à Venise le père abbé de Cuxa venu vénérer les reliques de saint Marc). Devenu célèbre pour sa piété, il termina sa vie dans un ermitage près du monastère.

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  • De la férie

    Le martyrologe de ce jour commence par une longue et émouvante notice :

    A Antioche, sous Dioclétien et Maximien, l'anniversaire de saint Julien martyr, et de la vierge Basilisse, son épouse. Celle-ci, après avoir gardé la virginité avec son mari, termina paisiblement sa vie. Quant à Julien, après avoir vu se réfugier près de lui une multitude de prêtres et de ministres de l'église du Christ pour échapper à la cruauté de la persécution, après les avoir vus livrés aux flammes, il fut, par ordre du préfet Marcien, soumis à de nombreux tourments et condamné à la peine capitale. Avec lui souffrirent également un prêtre nommé Antoine, Anastase que Julien avait ressuscité pour lui communiquer la grâce du Christ, un enfant nommé Celse, Marcionille mère de cet enfant, sept frères et un grand nombre d'autres.

    Et puis il y a l’un des membres de cette célèbre famille de Cappadoce qu’on retrouve tout au long de l’année liturgique :

    A Sébaste, en Arménie, saint Pierre évêque, fils des saints Basile et Emmélie, frère des saints Basile le Grand et Grégoire de Nysse, et de la vierge sainte Macrine.

    Il manque la mention de sainte Macrine l’Ancienne, la grand-mère… Et parmi les frères et sœurs il y eut encore le très peu connu saint Naucrace, qui fut ermite et mourut jeune dans un accident de chasse.

  • De la férie

    Avant 1955 il y avait une octave de l’Epiphanie. C’est pourquoi on avait évité de célébrer des fêtes de saints pendant cette semaine. Depuis 1955 ces jours sont donc devenu de simples féries. Enfin, pas tout à fait. Pour que ce soit plus compliqué, on a inventé un « temps de l’Epiphanie », entre le 6 et le 13 janvier. Mais après le premier dimanche après l’Epiphanie, donc dès ce lundi, la messe est celle du premier dimanche après l’Epiphanie, qu’on ne peut jamais célébrer le premier dimanche après l’Epiphanie à cause de la "Sainte Famille de Jésus Marie Joseph".

    L’office de la férie garde nombre de traits de l’ancien office de l’octave… Ainsi aux matines de ce jour il y a de nouveau le répons Tria sunt munera.

    ℟. Tria sunt múnera pretiósa, quæ obtulérunt Magi Dómino in die ista, et habent in se divína mystéria: * In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.
    . Salútis nostræ auctórem Magi veneráti sunt in cunábulis, et de thesáuris suis mýsticas ei múnerum spécies obtulérunt.
    ℟. In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.

    Au nombre de trois sont les dons précieux que les Mages ont offerts au Seigneur en ce jour, et en chacun se trouve un divin symbolisme : l’or doit manifester la puissance du Roi, l’encens fait considérer le Grand-Prêtre, et la myrrhe la sépulture du Seigneur.
    Les Mages ont adoré l’Auteur de notre salut dans son berceau et lui ont offert les mystiques symboles de leurs présents.
    L’or doit manifester la puissance du Roi, l’encens fait considérer le Grand-Prêtre, et la myrrhe la sépulture du Seigneur.

    Par la Schola Cantorum Coloniensis :

  • Noël à Moscou

    La nuit dernière à la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou.

    31’ : proclamation évangélique de la Nativité par le patriarche.

    35’ (puis 37’) : la véritable icône de la Trinité d’Andrei Roublev exposée pour l’occasion.

    45’49 : un beau trisagion.

    1h05 : bénédiction solennelle du patriarche.

    1h29 : hymne des chérubins.

    1h34’41" à 1h36’30, puis 1h 53’40", puis 2h18' : Vladimir Poutine.

    2h00'54" : Notre Père.

    2h20' : le chant de communion (Recevez le corps du Christ, goûtez à la source immortelle).

  • La Sainte Famille de Jésus Marie Joseph

    Sacra jam splendent decoráta lychnis
    Templa, jam sertis redimítur ara,
    Et pio fumant redoléntque acérræ
    Thuris honóre.

    Les temples sacrés déjà resplendissent décorés de lampes,
    Et des guirlandes entourent
    Les autels qu’enfument et embaument les encensoirs,
    Du pieux hommage de leur encens.

    Num juvet Summo Géniti Parénte
    Régios ortus celebráre cantu ?
    Num domus David, décora et vetústæ
    Nómina gentis ?

    Ne nous plairait-il pas de célébrer par nos chants,
    La royale naissance du Fils du Père Suprême,
    Ainsi que les beaux noms de la Maison de David
    Et d’une race antique ?

    Grátius nobis memoráre parvum
    Názaræ tectum, tenuémque cultum;
    Grátius Jesu tácitam reférre
    Cármine vitam.

    Mais il nous est plus doux de nous remémorer
    L’humble maison de Nazareth et sa modeste vie,
    Plus doux de chanter
    La vie silencieuse de Jésus.

    Nili ab extrémis peregrínus oris,
    Angeli ductu, própere remígrat
    Multa perpéssus Puer, et patérno
    Límine sospes,

    De son exil aux bords lointains du Nil,
    Sous la conduite d’un Ange,
    L’Enfant revient en hâte, ayant beaucoup souffert,
    Mais gardé sain et sauf, au seuil paternel.

    Arte, qua Joseph, húmili excoléndus
    Abdito Jesus juvenéscit ævo,
    Seque fabrílis sócium labóris
    Adicit ultro.

    Dans l’apprentissage de l’humble métier de Joseph,
    Jésus grandit durant d’obscures années,
    Et s’associe de bon cœur
    Au travail de l’artisan.

    Irriget sudor mea membra, dixit,
    Antequam sparso mádeant cruóre:
    Hæc quoque humáno géneri expiándo
    Pœna luátur.

    Que ma sueur arrose mes membres, a-t-il dit,
    Avant qu’ils soient trempés de mon sang répandu ;
    Et que cette peine aussi
    Serve d’expiation pour tout le genre humain.

    Assidet Nato pia Mater almo,
    Assidet Sponso bona nupta, felix
    Si potest curas releváre fessis
    Múnere amíco.

    Elle se tient près de son saint Enfant,
    La tendre Mère ; elle se tient près de son Époux,
    La bonne épouse, heureuse quand elle peut,
    Par un service affectueux, alléger leur fatigue.

    O neque expértes óperæ et labóris,
    Nec mali ignári, míseros juváte,
    Quos reluctántes per acúta rerum
    Urget egéstas.

    O vous qui ne fûtes exempts ni de travail ni de peine,
    Ni ignorants du malheur, aidez les malheureux,
    Qui, luttant contre les difficultés de la vie,
    Sont étreints par l’indigence.

    Démite his fastus, quibus ampla splendet
    Fáustitas, méntem date rebus æquam:
    Quotquot implórant cólumen, benígno
    Cérnite vultu.

    Enlevez l’amour du faste à ceux qu’une ample prospérité entoure de splendeurs,
    Et donnez-leur une âme digne de leur situation.
    Sur tous ceux qui implorent votre secours,
    Daignez incliner un regard bienveillant.

    Sit tibi, Jesu, decus atque virtus,
    Sancta qui vitæ documénta præbes,
    Quique cum summo Genitóre et almo
    Flámine regnas. Amen.

    A vous soient, ô Jésus, honneur et puissance,
    A vous qui nous offrez de saints exemples de vie,
    Et qui régnez avec le Père suprême
    Et le Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

    Ceci est l’hymne des matines de la fête de la « Sainte Famille de Jésus Marie Joseph ». Ecrite par Léon XIII en personne, elle symbolise bien la dégringolade de l’Eglise latine, en passant d’une évocation de liturgie triomphante, fastes romains genre Urbain VIII, au recroquevillement à la limite de la profanation sur les vertus domestiques et la Mère de Dieu qui n’est plus qu’une « bonne épouse » qui est « heureuse quand elle peut, par un service affectueux, alléger la fatigue » de son homme et de son petit…

    Léon XIII dit ici explicitement qu’il préfère l’humble vie du foyer chrétien aux splendeurs liturgiques, comme si l’on pouvait comparer l’un et l’autre… Mais la hiérarchie est néanmoins clairement exposée.

    On remarque aussi que le pape n’a pas craint d’infliger une hymne en dix strophes à ceux qui disent ou chantent l’office de nuit. Heureusement cela n’a jamais concerné les moines et moniales, dont la Sainte Famille s’appelle le Père, le Fils et le Saint-Esprit.