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Liturgie - Page 315

  • Saint François

    Salve, sancte Pater, patriae lux, forma Minorum, virtutis spéculum, recti via, régula morum : carnis ab exilio duc nos ad regna polorum.

    ℣. Franciscus, pauper et humilis cælum dives ingreditur.

    ℟. Hymnis cælestibus honoratur.

    Oremus. Deus, qui hodierna die animæ beati Patris nostri Francisci æternæ beatitudinis præmia contulisti ; concede propitius, ut qui ejus migrationis memoriam piis affectibus celebramus, ad ejusdem beatitudinis præmia feliciter pervenire mereamur. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

    Salut, bienheureux Père, lumière de la patrie, modèle des Mineurs, miroir de vertu, voie de droiture, règle des mœurs ; de cet exil de la chair conduisez-nous au royaume des cieux.

    ℣. Le pauvre et humble François entre riche dans le ciel.

    ℟. On chante des hymnes célestes en son honneur.

    Dieu, qui en ce jour avez donné à l'âme de notre bienheureux Père François la récompense de la béatitude éternelle, accordez à nos prières qu'en célébrant par nos pieux sentiments la mémoire de son trépas, nous méritions d'arriver heureusement aussi aux récompenses de la même béatitude. Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

     

  • Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

    Peut-être la plus sublime lettre de sainte Thérèse (à Céline, le 6 juillet 1893).

    Le mérite ne consiste pas à faire ni à donner beaucoup, mais plutôt à recevoir, à aimer beaucoup... Il est dit que c'est bien plus doux de donner que de recevoir, et c'est vrai, mais alors, quand Jésus veut prendre pour Lui la douceur de donner, ce ne serait pas gracieux de refuser. Laissons-Le prendre et donner tout ce qu'Il voudra, la perfection consiste à faire sa volonté, et l'âme qui se livre entièrement à Lui est appelée par Jésus Lui-même « Sa Mère, Sa Sœur » et toute sa famille. Et ailleurs : « Si quelqu'un m'aime, Il gardera ma parole (c'est-à-dire il fera ma volonté) et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure. » Oh Céline ! comme c'est facile de plaire à Jésus, de ravir son cœur, il n'y a qu'à l'aimer sans se regarder soi-même, sans trop examiner ses défauts... Ta Thérèse ne se trouve pas dans les hauteurs en ce moment mais Jésus lui apprend « A tirer profit de tout, du bien et du mal qu'elle trouve en soi ». Il lui apprend à jouer à la banque de l'amour ou plutôt, non Il joue pour elle sans lui dire comment Il s'y prend car cela est son affaire et non pas celle de Thérèse, ce qui la regarde c'est de s'abandonner, de se livrer sans rien réserver, pas même la jouissance de savoir combien la banque lui rapporte. Mais après tout elle n'est pas l'enfant prodigue, ce n'est donc pas la peine que Jésus lui fasse un festin « puisqu'elle est toujours avec Lui ». Notre Seigneur veut laisser les brebis fidèles dans le désert. Comme cela m'en dit long !... Il est sûr d'elles ; elles ne sauraient plus s'égarer car elles sont captives de l'amour, aussi Jésus leur dérobe sa présence sensible pour donner ses consolations aux pécheurs, ou bien s'Il les conduit sur le Thabor c'est pour peu d'instants, la vallée est le plus souvent le lieu de son repos. « C'est là qu'Il prend son repos à midi. » - Le matin de notre vie est passé, nous avons joui des brises embaumées de l'aurore, alors tout nous souriait, Jésus nous faisait sentir sa douce présence, mais quand le Soleil a pris de la force le bien Aimé « nous a conduites dans son jardin, Il nous a fait recueillir la myrrhe » de l'épreuve en nous séparant de tout et de Lui-même, la colline de la myrrhe nous a fortifiées par ses parfums amers, aussi Jésus nous en a-t-Il fait redescendre et maintenant nous sommes dans la vallée, Il nous conduit doucement le long des eaux... Céline chérie, je ne sais pas trop ce que je te dis, mais il me semble que tu vas comprendre, deviner ce que je voudrais dire. Ah ! soyons toujours la goutte de rosée de Jésus, là est le bonheur, la perfection... Heureusement que c'est à toi que je parle car d'autres personnes ne sauraient comprendre mon langage et j'avoue qu'il n'est vrai que pour bien peu d'âmes, en effet les directeurs font avancer dans la perfection en faisant faire un grand nombre d'actes de vertu et ils ont raison, mais mon directeur qui est Jésus ne m'apprend pas à compter mes actes ; Il m'enseigne à faire tout par amour, à ne Lui rien refuser, à être contente quand Il me donne une occasion de Lui prouver que je l'aime, mais cela se fait dans la paix, dans l'abandon, c'est Jésus qui fait tout et moi je ne fais rien.

    Je me sens bien unie à ma Céline, je crois que le bon Dieu n'a pas fait souvent deux âmes qui se comprennent aussi bien, jamais une note discordante. La main de Jésus qui touche une des lyres fait en même temps vibrer l'autre... Oh ! demeurons cachées dans notre divine fleur des champs jusqu'à ce que les ombres déclinent, laissons les gouttes de liqueur être appréciées des créatures puisque nous plaisons à notre Lys, restons avec bonheur sa goutte, son unique goutte de rosée !... Et pour cette goutte qui l'aura consolé pendant l'exil, que ne nous donnera-t-Il pas dans la patrie ?... Il nous le dit Lui-même : « Que celui qui a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive », ainsi Jésus est et sera notre océan... Comme le cerf altéré nous soupirons après cette eau qui nous est promise mais notre consolation est grande d'être nous aussi l'océan de Jésus, l'océan du Lys des vallées !

  • 20e dimanche après la Pentecôte

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    (Solesmes 1952)

    La procession de l‘Offertoire est aujourd’hui le cheminement de la vie terrestre à travers le lieu d’exil et nous chantons le cantique saisissant de la nostalgie ; le verset caractérise toute la messe. (...)

    Il y a peu de psaumes dans tout le psautier qui puissent faire, à la première lecture, une impression aussi profonde que celui-ci. Ce psaume est une élégie saisissante :

    Sur les bords des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, tandis que nous évoquions ton souvenir, Sion.

    Là, nous avions suspendu aux saules nos harpes.

    Là, nos geôliers nous demandaient de chanter de joyeux cantiques ;

    Nos oppresseurs nous harcelaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ! »

    « Comment chanterions-nous un cantique de Dieu sur une terre étrangère ? »

    Si je viens à t’oublier jamais, Jérusalem, que ma droite se dessèche ;

    Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de penser à toi, Si Jérusalem n’est plus au premier rang de mes joies.

    N’oublie pas, Seigneur, les cris qu’ont poussés les enfants d’Édom au jour du malheur de Jérusalem :

    « Détruis-la, détruis-la jusque dans ses fondements ! »

    Et toi, fille de Babylone, vouée au malheur, heureux qui te rendra ce que tu nous as fait ;

    Bénis celui qui saisira tes petits enfants, et le brisera contre les rochers.

    Nous nous rendons en esprit à Babylone ; nous voyons, sur les bords de l’Euphrate une foule de Juifs qui se rassemblent pour prier. Nous voyons aussi les chantres qui exécutaient jadis leurs chants au Temple de Jérusalem pendant la célébration du service divin ; ils sont assis, tout tristes, au bord du fleuve (c’est là que les Juifs faisaient leurs ablutions avant la prière et, à l’étranger, ils priaient volontiers auprès d’un fleuve). Ils sont là pour commencer le service divin par un chant, un cantique de Sion, comme ils disent volontiers. Pourtant non, ils n’y parviennent pas. Muets de tristesse, les joues baignées de larmes, ils portent leur souvenir vers le Temple, vers la montagne de Sion à Jérusalem, et ils suspendent leurs harpes aux saules.

    Les cantiques des Juifs étaient connus et célèbres au loin ; c’est pourquoi les habitants de Babylone harcèlent les captifs : « Chantez-nous donc un de vos beaux cantiques de Sion ! » Mais non, aucun Juif ne pouvait s’y résigner : « Comment pourrions-nous chanter un cantique de Dieu sur la terre étrangère, sur la terre d’exil ? » Puis l’un d’entre eux lève la main en signe de serment et s’écrie bien haut : « Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma main se dessèche ; que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas toujours de toi, si Jérusalem n’est pas au premier rang de mes joies. » Et maintenant nous le voyons tendre le poing aux complices de ses ennemis, les Édomites, ses compatriotes qui ont excité les Babyloniens : « Détruisez donc Jérusalem de fond en comble ! ».

    Puis le Juif tend les deux poings à Babylone et vocifère une terrible malédiction : « Béni celui qui saisira tes petits enfants et leur brisera la tête contre les rochers. » Tel est le contenu du psaume 136 que l’Église nous fait chanter aujourd’hui à la messe. Comment utiliser ce psaume pour notre prière ? Notre vie ressemble aussi à un exil. Le ciel est notre patrie, la terre est un lieu d’exil. Et en ce moment, pendant l’automne liturgique, l’Église nous invite justement à diriger tous nos désirs vers le ciel. Notre Jérusalem est la céleste Sion où nous serons unis pour toujours au Christ et à tous les saints. Alors nous devons avoir au cœur la même nostalgie que celle qu’ont exprimée dans leur psaume les Juifs exilés. Le psaume est donc le chant de notre nostalgie pour la céleste patrie.

    Dom Pius Parsch

    • Sur l'évangile de ce jour, voir ma note de l'an dernier.

  • Saint Remi

    La postcommunion, dans la messe du propre de France, dit ceci :

    Pópulum tuum, Dómine, quem tibi beátus Póntifex Remígius subjécit, contra spirituália nequítiæ, ejus précibus perpétuo defénde ; et redde, percépti virtúte sacraménti, in data tibi fide stábilem. Per Dóminum.

    Traduction du missel du Barroux :

    Votre peuple, Seigneur, que le bienheureux évêque Remi a prosterné à vos pieds, défendez-le perpétuellement contre les esprits du mal par les prières de celui-ci ; et par la puissance du sacrement qu’il a reçu, rendez-le ferme dans la foi qu’il vous a donnée.

    On trouve dans certains livres, notamment le missel d’Amiens de 1826 ou les Heures de Noyon, approuvées par les évêques de Soissons et Beauvais en 1844, une formule plus courte. Après subjecit, il y a seulement :

    percepta sacramenta tueantur, et in data fide stabilem efficiant.

    que les sacrements qu’ils ont reçus le protègent, et le rendent ferme (solide) dans la foi donnée.

    Il y a une ambiguïté dans cette « foi donnée » : qui a été donnée au peuple, ou que le peuple donne à Dieu ? La version retenue par le propre de France appuie la seconde solution. Mais l’on trouve dans d’autres missels (Paris 1760 et 1841, Beauvais 1756, Toulouse 1774, « missel romano-monastique à l’usage de la congrégation des saints Viton et Hydulphe », 1781…), une formule qui après defende donne les deux interprétations en parallèle, dans un beau balancement :

    et quos in tradita sibi fide servasti constantes, redde percepti virtute sacramenti in data tibi fide veraces.

    et ceux que tu as conservés constants dans la foi qui leur a été transmise, rends-les, par la puissance du sacrement qu’ils ont reçu, véridiques (sincères) dans la foi qu’ils t’ont donnée.

  • Saint Jérôme

    Tel un autre Jean-Baptiste, Jérôme, couvert d’un cilice et nourri de jeûne, ressemble à l’une de ces plantes tropicales qui se dressent au milieu du désert. Son rugissement est entendu jusqu’aux extrêmes confins de la terre, car, tandis que chaque jour des caravanes d’évêques et de fidèles affluaient à Bethléem pour voir Jérôme et conférer avec lui, là où n’atteignait pas sa voix arrivaient ses écrits, dans lesquels ou il expliquait les saintes Écritures, ou il discutait avec les hérétiques. Un témoin oculaire, Sulpice Sévère, écrit à son sujet : « II est continuellement plongé dans les études et sur les livres ; il ne se donne de repos ni jour ni nuit, il est sans cesse occupé ou à lire, ou à écrire. » Saint Jérôme mourut, presque nonagénaire, le 30 septembre 420, et fut enseveli à Bethléem, près de la Crèche du Seigneur.

    Rome, qui le vit une première fois dans ses murs jeune étudiant, puis, aux côtés du pape Damase, tout appliqué à aider le Pontife dans l’expédition des affaires ecclésiastiques du monde entier, doit à saint Jérôme — un jour même candidat à la chaire de saint Pierre — sa version des Livres saints, l’introduction du chant alléluiatique à la messe dominicale, la diffusion de la vie monastique au sein du patriciat, et, enfin, la célébration quotidienne de l’office divin.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Michel

    Antienne d’offertoire (Apocalypse 8,3-4)

    Stetit Angelus iuxta aram templi, habens thuríbulum áureum in manu sua, et data sunt ei incénsa multa : et ascéndit fumus aromátum in conspéctu Dei, allelúia.

    L’Ange se plaça devant l’autel du temple, ayant un encensoir d’or dans sa main ; et il lui fut donné beaucoup de parfums : et la fumée des parfums monta devant Dieu, alléluia.

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    Par les moniales d’Argentan
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  • Saint Venceslas

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    Saint Venceslas est le souverain éternel des Tchèques. C’est pourquoi le jour de sa fête (qui est fête nationale) et en quelques autres occasions exceptionnelles on porte en procession sa véritable tête couronnée.

    Dans le Trésor de la cathédrale Saint-Guy, au cœur du Château de Prague, dans une pièce munie de sept verrous dont ont la clef chacun des sept personnages principaux de l’Etat et de l’Eglise, il y a les joyaux de la Couronne de Bohême, dont la couronne dite de saint Wenceslas, ornée de 96 pierres précieuses (dont le plus gros rubis serti connu), qui est en fait celle du couronnement de Charles IV en 1346, et dont une copie trône dans la salle Vladislav du Château.

    Le roi de Bohême ne portait cette couronne que le jour de son couronnement, car le véritable roi de Bohême est toujours saint Venceslas. Il est assez remarquable que les joyaux de la couronne ne sont sortis de leur salle quasi-secrète qu’en de très rares occasions, dont... l’entrée en fonction du nouveau président de la République.

    Le plus célèbre des chants tchèques est naturellement une prière à saint Wenceslas. C’est peut-être aussi le plus ancien chant européen non liturgique qui ait été chanté sans discontinuer depuis le XIIe siècle.

    Svatý Václave,
    vévodo české země,
    kníže náš,
    pros za ny Boha,
    svatého Ducha!
    Kryrieleison.

    Saint Venceslas,
    Duc de Bohême,
    notre prince,
    prie pour nous Dieu
    le Saint-Esprit
    Kyrie eleison!

    Nebeské toť dvorstvo krásné
    blaze tomu ktož tam pojde
    život věčny
    oheň jasný
    svatého Ducha
    Kyrieleison.

    La cour céleste est merveilleuse,
    bienheureux qui y va
    vie éternelle,
    feu clair
    du Saint-Esprit
    Kyrieleison!

    Pomoci tvé žádámy,
    smiluj se nad námi,
    utěš smutné,
    odžeň vše zlé,
    svatý Václave!
    Kyrieleison.

    Nous demandons ton aide,
    aie pitié de nous
    réconforte ceux qui sont tristes,
    chasse tout mal,
    saint Venceslas!
    Kyrieleison!

  • Saints Côme et Damien

    Voici cinq peintures représentant le miracle de saint Côme et saint Damien réalisant la première greffe d’un membre. La première est de Fra Angelico, la deuxième est anonyme et date de 1495, la troisième date également de 1495 et est attribuée au maître de Los Balbases, la quatrième est de Fernando del Rincon (vers 1510-1520 - et ici on a carrément apporté le cadavre entier du "maure-Ethiopien", qui se retrouve avec une jambe blanche), la cinquième est anonyme (vers 1600).

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    Voici un texte tiré d’un site de « travaux personnels encadrés » sur les greffes d’organe, qui décrit ces tableaux.

    L’idée de substituer un élément du corps défaillant  par un élément sain provenant d’une autre personne, date du IIIe siècle. En effet, c’est à cette époque que les frères jumeaux, Côme et Damien, d’origine arabe, exerçaient gratuitement la médecine dans une ville de Cilicie, une région de l’actuelle Syrie : ils étaient alors surnommés  anargyroi , c'est-à-dire sans argent. Ils attirèrent alors un grand nombre de gens à la foi chrétienne.

    Cependant, les deux frères sont surtout connus pour avoir réussi miraculeusement la première greffe d’un membre : alors que la jambe du Diacre Giustiniano était atteinte d'un cancer, Côme et Damien amputèrent le membre malade et le remplacèrent par celui d’un éthiopien récemment décédé. Les auteurs de cet exploit devinrent les saints patrons des médecins et des chirurgiens.

    Malgré le fait que la date ainsi que l'identité de leur auteur demeurent souvent inconnues, nombreuses sont les toiles et fresques représentant l'évènement: les trois suivantes en sont des exemples.

    En comparant ces tableaux de manière attentive, de nombreux points communs peuvent être relevés. Ainsi, une construction commune de ces tableaux peut être établie:

    Au premier plan, le membre défaillant qui a été coupé est exposé  de manière inévitable, aux yeux de tous. Déposé au pied du lit, il est d’une blancheur exagérée et se vide parfois même de son sang. Le membre s’oppose en tout point avec celui qui est en train d’être greffé, noir et sain.

    Au second plan, le lit du Diacre ainsi que ce dernier occupent une grande partie de la largeur des tableaux. C’est donc au centre que les  principaux éléments se trouvent : Le greffé, allongé ou presque, est toujours dans des draps blancs, partiellement recouvert d’une couverture. Cette couleur, symbole de la pureté, attire le regard et s’oppose au sombre fond des tableaux. Souvent, il porte un bonnet et ses mains sont posées sur son abdomen : cela traduit sont état valétudinaire.

    Au troisième plan, Côme et Damien sont représentés avec des vêtements liturgiques. Ils sont aussi dotés d’une auréole, signe de leur sainteté. Leurs mains sont toujours en contact avec le membre à greffer et ils sont les seuls à participer à l’intervention, même si dans certaine représentation, des anges les assistent. De plus, les regards des deux frères sont automatiquement tournés vers le membre greffé : les axes qu’ils forment se croisent sur le cœur du tableau, là où il faut que nous regardions.

    Au quatrième plan, le sombre fond du tableau représente les lieux de l’événement  avec des architectures spécifiques à l’église et à d’autres monuments religieux.

    On peut aussi ajouter que les auréoles, la  lumière blanche et les anges sont des éléments qui témoignent de la présence de Dieu.

    Selon la tradition, c’est dans un songe que Côme et Damien vinrent substituer la jambe, même si les effets furent bien réels. D’autre part ils sont en costumes de chirurgiens, et non en habits liturgiques (malgré ce que paraît montrer le maître de Balbases).

    Voici le texte de la Légende dorée.

    Le pape Félix, aïeul de saint Grégoire, fit construire à Rome une magnifique église en l’honneur des saints Côme et Damien. En cette église se trouvait un serviteur des saints martyrs auquel un chancre avait dévoré toute une jambe. Or, voilà que, pendant son sommeil, lui apparurent les saints Côme et Damien qui portaient avec eux des onguents et des instruments. L'un dit à l’autre : « Où aurons-nous de quoi remplir la place où nous couperons la chair gâtée ? » Alors l’autre répondit : « Dans le cimetière de saint Pierre-aux-Liens, se trouve un Ethiopien nouvellement enseveli; apporte de sa chair pour remplacer celle-ci. » Il s'en alla donc en toute hâte au cimetière et apporta la jambe du maure. Ils coupèrent ensuite celle du malade, lui mirent à la place la jambe du maure, oignirent la plaie avec soin; après quoi ils portèrent la jambe du malade au corps du maure. Comme cet homme en s'éveillant ne ressentait plus de douleur, il porta la main à sa jambe, et n'y trouva rien d'endommagé. Il prit donc une chandelle, et ne voyant aucune plaie sur la jambe, il pensait que ce n'était plus lui, mais que c'était un autre qui était à sa place. Enfin revenu à soi, il sauta tout joyeux hors du lit, et raconta à tout le monde ce qu'il avait vu en dormant et comment il avait été guéri. On envoya de suite au cimetière, et on trouva la jambe du maure coupée et celle de l’autre mise dans le tombeau.

  • Adonai Domine

    ℟. Adonai, Domine, Deus magne et mirabilis, qui dedisti salutem in manu feminae. * Exaudi preces servorum tuorum.
    ℣. Benedictus es, Domine, qui non derelinquis praesumentes de te, et de sua virtute gloriantes humilias.
    ℟. Exaudi preces servorum tuorum.

    Adonaï, Seigneur Dieu, grand et merveilleux, qui a apporté le salut par la main d’une femme, exauce les prières de tes serviteurs. Tu es béni, Seigneur, toi qui n’abandonnes pas ceux qui présument de toi, et qui humilie ceux qui se glorifient de leur puissance ; exauce les prières de tes serviteurs.

    Ce répons des matines célèbre Judith, qui en tuant Holopherne a sauvé le peuple d’Israël. C’est une création liturgique qui utilise deux expressions du cantique de Judith : 16,16 : Adonai, Domine, magnus es tu, et 16,7 : et tradidit eum in manus feminæ, et un verset de la prière du peuple en Judith 6,15 : non derelinquis præsumentes de te : et præsumentes de se, et de sua virtute gloriantes, humilias. On y ajoute la formule « Exaudi preces servorum tuorum » qui ne se trouve pas dans le livre, mais qui ressemble beaucoup à une formule de litanies. Or, selon une spécialiste de la question, ce répons pourrait provenir d’une antienne des Rogations dans l’antique liturgie gallicane.

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    Fribourg, antiphonaire des cordeliers, autour de 1300. On voit au-dessus du répons (avec sa belle lettrine) l’antienne de Magnificat de samedi dernier, constituée de la même phrase. On constate aussi (inscription en rouge*) qu’il s’agit, dans cet antiphonaire, de la lecture biblique et de la liturgie de la 3e semaine de septembre, et non de la 4e comme dans les livres tridentins.

    * Le mot correct est "rubrique", ce qui veut dire précisément "en rouge".

  • 19e dimanche après la Pentecôte

    Salus pópuli ego sum, dicit Dóminus : de quacúmque tribulatióne clamáverint ad me, exáudiam eos : et ero illórum Dóminus in perpétuum.

    Je suis le salut du peuple, dit le Seigneur, dans toutes leurs tribulations, s’ils m’invoquent, je les exaucerai et je serai leur Seigneur à jamais.

    L’introït de ce dimanche est le seul de tout le temporal à ne pas être pris d’un psaume, ou d’un autre texte de l’Ecriture. Par son premier mot « salus » il évoque les saints Côme et Damien, les saints médecins anargyres et martyrs, car cette messe était dans l’antiquité la messe du dimanche avant la fête des saints Côme et Damien, le 27 septembre, comme c'est le cas cette année, et la station romaine était dans leur église. Les deux médecins soignaient aussi efficacement que gratuitement : ils étaient le salut du peuple, en rendant la santé, le même mot évoquant à la fois le retour à la santé et le salut éternel, comme on le voit souvent dans l’Evangile quand Jésus dit au malade qu’il a guéri : « Ta foi t’a sauvé. » Or bien sûr le véritable salut du peuple, le salut éternel, c’est le Christ, auquel renvoient nos deux médecins.

    Au VIIIe siècle, Grégoire II fit de cet introït celui du jeudi de la mi-carême, qui célèbre précisément les saints Côme et Damien (sanctórum tuórum Cosmæ et Damiáni beáta sollémnitas, dit la collecte). Cette messe de la mi-carême est vraiment centrée sur l’activité des guérisseurs comme symbole du salut éternel. Celle de ce dimanche l’est moins, mais la collecte demande bien que nous soyons « dispos de corps et d’esprit », et la prière après la communion est très… médicale, insistant sur le remède divin qu’on vient de prendre :

    Tua nos, Dómine, medicinális operátio, et a nostris perversitátibus cleménter expédiat, et tuis semper fáciat inhærére mandátis. Per Dóminum.

    Que ton opération médicinale, Seigneur, nous débarrasse de nos perversités et nous rende toujours attachés à tes commandements.

    Sur l’évangile de ce dimanche, voir ici et .