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Liturgie - Page 314

  • Saint Edouard le Confesseur

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    Ci-dessus, le roi Edouard, premier tableau de la Tapisserie de Bayeux. Ci-dessous, un texte trouvé sur le site Normandie Héritage.

    A la mort du roi Edouard le Confesseur, le 6 janvier 1066, se pose une douloureuse question. Qui de Guillaume de Normandie, son cousin, et Harold Godwin, son beau-frère lui succédera sur le trône d’Angleterre ? Cette question trouvera réponse quelques mois plus tard, le 14 octobre 1066, au soir de la bataille de Hastings.

    Fils de Ethelred II dit "le mal avisé", roi d’Angleterre, et de Emma de Normandie, fille de Richard Ier duc de Normandie, Edouard le Confesseur est né à Islip, en Angleterre, vers l’an 1005. Imprégné de culture normande, profondément religieux, il séjourne à deux reprises en Normandie. La première fois de 1013 à 1014, quand il suit ses parents dans l’exil , suite au massacre de la Saint Brice et pour échapper à une Angleterre en proie aux ambitions danoises ; la seconde pendant le règne de Cnut le Grand.

    A la mort de son père, en 1016, Emma s’étant remariée avec Cnut le Grand, roi d’Angleterre et de Norvège , Edouard quitte l’Angleterre. En 1035, à la mort de Cnut, Edouard voit la Couronne d’Angleterre lui échapper au profit de son demi-frère Harthacnut, fils de Cnut et de Emma, qui lui demande de rentrer en Angleterre en 1041 tout en lui promettant de l’accueillir parmi ses conseillers. Edouard répondant à cette invitation emmène avec lui un certain nombre de fidèles et de conseillers qu’il avait connu lors de son long exil normand. Un an plus tard, le 8 juin 1042, Harthacnut meurt de manière soudaine abandonnant le trône d’Angleterre à Edouard dont le couronnement est célébré le 3 avril 1043 dans la cathédrale de Winchester.

    A peine arrivé au pouvoir, Edouard vit sous l’emprise de Godwin, comte de Wessex, un des plus puissants personnages du royaume. Au fil des ans le pouvoir de Godwin ne cesse de croître. Edouard, conscient d’avoir contribué à l’ascension de Godwin et se sentant menacé, la rupture entre le roi et le comte de Wessex devient dès lors inévitable.

    En 1051, la politique pro-normande d’Edouard ravive les tensions. Godwin s’étant rebellé contre le pouvoir royal, ce dernier est condamné, ainsi que ses proches, à prendre la route de l’exil ; exil de courte durée puisqu’il revient en Angleterre en juin 1052 contraignant le Confesseur à écarter du pouvoir bon nombre de Normands nommés par ses soins à des postes clés. Le triomphe de Godwin est de courte durée puisqu’il décède subitement au cours du mois d’avril 1053. C’est probablement à cette période que Edouard reçoit son cousin Guillaume de Normandie à la cour d’Angleterre et qu’il fait de lui son successeur légitime ; promesse réitérée, semble t-il, au printemps 1064, lors de la venue de Harold en Normandie. En effet, Edouard ayant fait voeu de chasteté, son mariage avec Edith, fille de Godwin, est un échec et laisse planer le doute quant à sa succession.

    Pieux, exempt d’ambitions, bien plus préoccupé du bien-être d’autrui et de son salut devant l’éternel que de son royaume, le règne d’Edouard le Confesseur n’en sera pas moins marqué par la prospérité et une paix quasi ininterrompue à l’exception d’une incursion au Pays de Galles pour prêter main forte au roi Malcolm III d’Ecosse. Après plus de 23 ans de règne, le vieux roi décède le 6 janvier 1066, après avoir, semble-t’il, offert sur son lit de mort la couronne d’Angleterre à son beau-frère Harold, fils de Godwin.

    Edouard le Confesseur, canonisé en 1161 par le pape Alexandre III, est enterré à l’Abbaye de Westminster qu’il avait lui-même fait édifier, selon le modèle normand, et qui avait été consacrée, quelques jours auparavant, le jour de Noël 1065.

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  • Refulsit sol

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    (Antiphonaire de Poissy, 1335-1345)

    ℟. Refulsit sol in clypeos aureos, et resplenduerunt montes ab eis: * Et fortitudo Gentium dissipata est.
    ℣. Erat enim exercitus magnus valde et fortis et appropiavit Judas, et exercitus ejus in prælio.
    ℟. Et fortitudo Gentium dissipata est.

    Le soleil envoya son éclat sur les boucliers d’or et les montagnes en resplendirent, et la force des païens fut anéantie. Car c’était une armée très grande et puissante et Judas s’approcha, avec son armée, dans la bataille. Et la force des païens fut anéantie.

    Répons des matines, tiré du premier livre des Machabées. Ceux qui peuvent lire la musique ou connaissent la mélodie peuvent constater comme les récitatifs sur une note prennent une allure de marche militaire. Le Judas dont il s’agit est le premier des frères Machabées à se lever pour remplacer leur père à la tête du combat pour libérer Israël de l’emprise hellénistique. En fait, dans le livre, il s’agit d’une défaite de Judas face aux troupes d’Antiochus V, avec le geste héroïque et fou, et vain, d’un soldat juif qui se jette sous un éléphant pour tenter de tuer le roi.

    Et le roi se leva avant le jour, et lança impétueusement ses troupes sur le chemin de Bethzachara; les armées se préparèrent au combat et sonnèrent des trompettes. Ils montrèrent aux éléphants du jus de raisin et des mûres, afin de les animer au combat; ils partagèrent les bêtes par légions, et mille hommes, munis de cottes de mailles et de casques d'airain, accompagnèrent chaque éléphant, et cinq cents chevaux d'élite furent répartis auprès de chaque bête. Ceux-ci précédaient la bête partout où elle était; ils allaient partout où elle allait, et ils ne s'éloignaient pas d'elle. Il y avait aussi sur chaque bête de fortes tours de bois protectrices, et sur celles-ci étaient des machines, et sur chacune trente-deux hommes vaillants, qui combattaient d'en haut, et un Indien qui conduisait la bête. Il rangea le reste de la cavalerie de çà et de là, en deux divisions, pour exciter l'armée par le son des trompettes, et pour animer son infanterie serrée en bataillons.

    Lorsque le soleil brilla sur les boucliers d'or et d'airain, les montagnes en resplendirent, et elles resplendirent comme des lampes ardentes. Une partie de l'armée du roi s'avança sur les hautes montagnes, et l'autre dans la plaine; et ils marchaient avec précaution et avec ordre. Et tous les habitants du pays étaient épouvantés par les cris de cette multitude, et par la marche de la foule, et par le fracas des armes; car l'armée était très grande et très forte.

    Et Judas s'approcha avec son armée pour le combat, et six cents hommes de l'armée du roi tombèrent.

    Alors Eléazar, fils de Saura, vit une des bêtes cuirassée d'une armure royale; elle était plus grande que les autres bêtes, et il lui sembla que le roi était dessus; et il se sacrifia pour délivrer son peuple et pour s'acquérir un nom immortel. Il courut hardiment à elle au milieu de la légion, tuant à droite et à gauche, et de tous côtés ils tombaient devant lui. Et il alla sous les pieds de l'éléphant, se mit sous lui, et le tua; l'éléphant tomba par terre sur lui, et Eléazar mourut là.

    Mais les Juifs, voyant la force du roi et l'impétuosité de son armée, se retirèrent.

    (Traduction Fillion)

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  • Maternité divine de la Sainte Vierge

    Nous ne disons pas en effet que la nature du Verbe par suite d'une transformation est devenue chair, ni non plus qu'elle a été changée en un homme complet, composé d'une âme et d'un corps, mais plutôt ceci : le Verbe, s'étant uni selon l'hypostase une chair animée d'une âme raisonnable, est devenu homme d'une manière indicible et incompréhensible et a reçu le titre de Fils d'homme, non par simple vouloir ou bon plaisir, ni non plus parce qu'il en aurait pris seulement le personnage ; et nous disons que différentes sont les natures rassemblées en une véritable unité, et que des deux il est résulté un seul Christ et un seul Fils, non que la différence des natures ait été supprimée par l'union, mais plutôt parce que la divinité et l'humanité ont formé pour nous l'unique Seigneur Christ et Fils par leur ineffable et indicible concours dans l'unité.

    Ainsi, bien qu'il subsiste avant les siècles et qu'il ait été engendré par le Père, il est dit aussi avoir été engendré selon la chair par une femme, non point que sa nature divine ait commencé à être en la sainte Vierge, ni qu'elle ait eu nécessairement besoin d'une seconde naissance par elle après celle qu'il avait reçue du Père, car c'est légèreté et ignorance de dire que celui qui existe avant les siècles et est coéternel au Père a besoin d'une seconde génération pour exister, mais puisque c'est pour nous et pour notre salut qu'il s'est uni selon l'hypostase l'humanité, et qu'il est né de la femme, on dit qu'il a été engendré d'elle selon la chair.

    Car ce n'est pas un homme ordinaire qui a d'abord été engendré de la sainte Vierge et sur lequel ensuite le Verbe serait descendu, mais c'est pour avoir été uni à son humanité dès le sein même qu'il est dit avoir subi la génération charnelle, en tant qu'il s'est approprié la génération de sa propre chair. C'est ainsi que nous disons qu'il a souffert et qu'il est ressuscité, non pas que le Dieu Verbe ait souffert en sa propre nature les coups, les trous des clous et les autres blessures (car la divinité est impassible, puisqu'elle est incorporelle); mais puisque le corps qui est devenu le sien propre, a souffert tout cela, on dit encore une fois que c'est lui (le Verbe) qui a souffert pour nous : l'Impassible était dans le corps qui souffrait Et c'est de la même façon que nous pensons au sujet de sa mort. Car le Verbe de Dieu est par nature immortel, incorruptible, vie et vivifiant. Mais encore une fois puisque son propre corps a, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour tout homme, comme dit Paul, on dit qu'il a souffert la mort pour nous : non qu'il ait fait l'expérience de la mort en ce qui regarde sa propre nature (ce serait folie de dire cela ou de le penser), mais parce que, comme je l'ai dit à l'instant, sa chair a goûté la mort. Ainsi, sa chair étant ressuscitée, on parle de la résurrection du Verbe, non point que le Verbe soit tombé dans la corruption, non certes, mais encore une fois parce que son corps est ressuscité. ...

    C'est ainsi qu'ils (les saints pères) se sont enhardis à nommer la sainte Vierge Mère de Dieu, non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré selon la chair.

    Saint Cyrille d’Alexandrie, 2e lettre à Nestorius, approuvée par le concile d’Ephèse (et donc document dogmatique du concile sur l'unité des deux natures, divine et humaine, en la personne du Fils de Dieu, et la légitimité de l'attribution à la Vierge du titre de Theotokos, Mère de Dieu)

  • Saint François de Borgia

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    Si l’on en croit la légende de cette estampe du XVIIIe siècle, c’est le portrait authentique de saint François de Borgia, troisième général de la Société de Jésus, gravé selon un tableau peint « ad vivum ».

    Vera effigies s. Francisci Borgiæ
    Tertii Generalis Societatis Jesu, expressa ex tabella ad vivum
    obiit Romæ 1572 ætatis suæ anno 72.

    Gravé par E. Desrochers Paris rue du Foin près la rue St Jacques

    Réprimant les désirs d’un cœur ambitieux
    Borgia foule aux pieds les grandeurs de la terre
    Pour jouir de la paix se déclarant la guerre
    Il embrassa l’état religieux
    Général de son ordre à son siècle il retrace
    Le zèle ardent, l’esprit, la conduite d’Ignace.

    En tout cas tous les portraits de saint François de Borgia (après qu'il fut devenu maigre, lui qui, grand d'Espagne, était obèse) ressemblent à celui-là.

    Alonso Cano, 1624 :

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    Juan Martínez Montañés, 1624 :

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    Et le fameux tableau de Goya représentant le miracle du crucifix saignant sur le « moribond impénitent » pour le sauver des griffes des démons :

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  • 21e dimanche après la Pentecôte

    In voluntáte tua, Dómine, univérsa sunt pósita, et non est, qui possit resístere voluntáti tuæ : tu enim fecísti ómnia, cælum et terram et univérsa, quæ cæli ámbitu continéntur : Dominus universórum tu es.

    Tout est soumis à votre volonté, Seigneur, et nul ne peut lui résister, car vous avez tout créé, le ciel et la terre et toutes les choses qui sont comprises dans le cours des cieux ; vous êtes le Seigneur de l’univers.


    podcast

    (Par les moines de Kergonan)

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    Cette antienne d'introït est extraite de la prière de Mardochée, qui ne figure que dans le texte grec du livre d’Esther. C’est, dans cet Esther grec, le point central du livre, avec la prière d’Esther qui suit, car c’est l’annonce que la situation va se renverser, grâce à la prière que Dieu va exaucer (toutes choses étrangement absentes du texte hébreu).

    Le texte de l’introït est une adaptation du début de la prière de Mardochée. Les premiers mots ont été retirés, ainsi que la proposition « si tu as décidé de sauver ton peuple Israël ». Il s’arrête à la fin de la première partie de la prière, qui est typique de la prière type d’intercession dans la Bible, avec la mention de la grandeur de Dieu et de sa toute-puissance, le rappel de ce qu’il a fait pour son peuple par le passé (ici ce n’est que par allusion), et une deuxième partie qui commence par « et maintenant », « maintenant aussi », en grec kai nyn. Une structure qu’on retrouvera dans la première prière chrétienne communautaire connue, celle des premiers disciples de Jérusalem, au chapitre 4 des Actes des apôtres, quand Pierre et Jean viennent d’être libérés bien qu’ils refusent de promettre de ne plus prêcher « en ce nom ». La prière commence de même par « Seigneur, tu es celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve ». Et après la citation d’un psaume et un bref rappel que ce psaume s’applique à Jésus, il y a le « kai nyn » : « Et maintenant, Seigneur, vois leurs menaces, et donne à tes serviteurs de dire ta parole en toute confiance »…

    Voici la prière de Mardochée, dans la traduction de Fillion.

    Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à Votre pouvoir, et nul ne peut résister à Votre volonté, si Vous avez résolu de sauver Israël.

    Vous avez fait le ciel et la terre, et tout ce qui est contenu dans l'enceinte du ciel.

    Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et nul ne peut résister à Votre majesté.

    Vous connaissez tout, et Vous savez que si je n'ai point adoré le superbe Aman, ce n'a été ni par orgueil, ni par mépris, ni par quelque désir de gloire;

    car volontiers, pour le salut d'Israël, j'aurais été disposé à baiser les traces mêmes de ses pieds.

    Mais j'ai craint de transférer à un homme l'honneur de mon Dieu, et d'adorer quelqu'un en dehors de mon Dieu.

    Maintenant donc, Seigneur roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié de Votre peuple, parce que nos ennemis veulent nous perdre et détruire Votre héritage.

    Ne méprisez pas ce peuple qui est Votre partage, que Vous avez racheté de l'Egypte pour Vous.

    Exaucez ma prière, et soyez propice à une nation qui est Votre part et Votre héritage, et changez, Seigneur, notre deuil en joie, afin que pendant notre vie nous glorifiions Votre nom, et ne fermez pas la bouche de ceux qui Vous louent.

  • Sainte Brigitte de Suède

    Je suis votre Dieu, qui, crucifié sur la croix, vrai Dieu et vrai homme en une personne, suis tous les jours dans les mains des prêtres. Quand vous me faites quelque prière, finissez-la toujours ainsi : Que votre volonté soit faite, et non la mienne. Car quand vous me priez pour les damnés, je ne vous exauce pas. Quelquefois aussi vous désirez ce qui est contre votre salut, partant, il est nécessaire que vous soumettiez votre volonté à la mienne, car je sais tout et je pourvois à tout ce qui vous est utile. Certes, plusieurs me prient, mais non avec une droite intention, et partant, ils ne méritent pas d'être exaucés.

    Vraiment, il y a trois sortes de gens qui me servent en ce monde : les premiers sont ceux qui me croient Dieu, auteur de tout bien et puissant sur toutes choses. Ceux-là me servent avec l'intention d'obtenir les honneurs et les choses temporelles, mais les choses célestes leur sont comme rien ; ils les abandonnent avec joie, afin d'obtenir les choses présentes ; à ceux-là la prospérité du siècle leur sourit en tout selon leurs désirs. Et puisqu'ils ont ainsi omis les biens éternels, je récompense tout le bien qu'ils ont fait pour moi, jusqu'à la dernière maille et au dernier point, d'une récompense mondaine et temporelle.

    Les deuxièmes sont ceux qui me croient tout-puissant et juge sévère. Ceux-ci me servent par crainte du châtiment, non par amour de la gloire céleste, car s'ils ne craignaient pas, ils ne me serviraient pas.

    Les troisièmes sont ceux qui me croient créateur de toutes choses, vrai Dieu, miséricordieux et juste. Ceux-ci me servent, non par la crainte de quelque châtiment, mais par dilection, par amour. Ils aimeraient mieux souffrir toutes les peines, s'ils pouvaient, que de provoquer une seule fois ma colère.

    Les prières de ceux-ci méritent d'être exaucées, car leur volonté est selon ma volonté. Les premiers ne sortiront jamais du supplice et ne verront jamais ma face ; les seconds n'auront pas de si grands supplices, mais ne verront jamais ma face, à moins que la pénitence les corrige de cette crainte trop servile.

    Révélations, I, 14 (traduction Jacques Febraige, 1850)

  • Silence et liturgie

    Le chant grégorien n’est pas contraire au silence. Il en est issu et il y conduit. Je dirais même qu’il est comme tissé de silence.

    Le silence est l’étoffe dans laquelle devraient être taillées toutes nos liturgies. Rien dans ces dernières ne devrait rompre l’atmosphère silencieuse qui est son climat naturel.

    Ces propos sont du cardinal Robert Sarah, dans son livre qui vient de paraître. On ne peut qu’être surpris, après les avoir lus (et ce ne sont que deux petits extraits de pages superbes) de le voir redire ce qu’il a déjà dit dans plusieurs interviews, à savoir que dans la messe de Paul VI il faut savoir aménager des temps de silence, qui sont d’ailleurs prescrits dans le Missel. Or ces temps de silence sont le contraire de ce qu’il vient d’expliquer. Il s’agit d’un silence a-liturgique, anti-liturgique. Un silence qui renvoie le fidèle à son être psychologique alors qu’il doit être sans cesse orienté vers Dieu. (Tel est aussi le problème de l’orientation du célébrant.)

    Comme il le dit si bien, la liturgie est tissée de silence, du silence divin. Ce silence s’exprime par des rites, des paroles rituelles et des gestes rituels. Si on brise le flux liturgique par un « silence » impromptu, c’est précisément le silence divin que l’on brise. Si l'on doit introduire des moments de silence dans la liturgie, c'est qu'elle n'exprime plus le silence divin.

    Le cardinal Sarah sait bien, et il le dit, que dans la liturgie byzantine (comme d’ailleurs toutes les liturgies orientales), il n’y a pas le moindre moment de silence. La divine liturgie est un chant continu, du début à la fin, qui ne doit pas s’interrompre. Parce qu’elle est l’image de la liturgie céleste et que celle-ci est par définition un chant permanent. C’est au point que, quelle que soit la longueur du temps de la communion, la chorale doit toujours chanter, autant de fois qu’il le faut, l’antienne « Tou dipnou sou tou mysticou… » Lorsque j’allais à Saint-Julien le Pauvre, le chantre, le P. Fahmé, devait parfois officier comme célébrant, et donc distribuer la communion. Et je revois toujours son regard noir vers la chorale quand celle-ci pensait avoir rempli son contrat en ayant chanté trois fois l’antienne (deux fois en polyphonie grecque encadrant la monodie en arabe), regard accompagné d’un geste sans équivoque : il fallait immédiatement reprendre le chant.

    Le chant liturgique exprime le chant céleste. Celui-ci est silence. Le chant liturgique, rituel, est le chant qui exprime ce silence. Il ne doit pas s’interrompre, parce que ce serait interrompre le silence divin. Le silence psychique de l’homme, qui est du vide, ne doit pas interrompre le silence divin, qui est plénitude.

    En fait il n’y a pas non plus de silence dans la liturgie latine traditionnelle, bien que le silence en enveloppe la partie essentielle. Les rares moments où le prêtre ne dit pas quelque chose, il fait quelque chose. Il n’y a jamais de moment « libre » de paroles (rituelles) ou de gestes (rituels).

    Parce que de tels moments ne sont pas, ne peuvent pas être liturgiques, même s’ils sont prescrits par un missel (déviant). On ne va pas à la messe pour réfléchir sur le sermon ou méditer sur une antienne, mais pour rendre un culte à Dieu. C’est pourquoi il n’y a jamais eu, dans aucune liturgie authentique, avant 1970, de « moments de silence » où le célébrant et l’assemblée sont assis face à face sans rien dire et sans rien faire en attendant que ça se passe. Le cardinal Sarah a beau faire de gros efforts, son discours est manifestement bancal. Il n’y a pas de lien possible entres ses si profondes considérations sur le silence pendant les 200 pages précédentes et les pages sur la liturgie, et tout à coup le recours à des « moments de silence » qui ne doivent pas être des « pauses »… mais qui le sont fatalement.

    La contradiction explose dans le paragraphe dont j’ai cité une phrase en commençant, si on le lit intégralement :

    Le silence est une attitude de l’âme. Il ne se décrète pas, sous peine d’apparaître surfait, vide et artificiel. Dans les liturgies de l’Eglise, le silence ne peut pas être une pause entre deux rites ; il est lui-même pleinement un rite, il enveloppe tout. Le silence est l’étoffe dans laquelle devraient être taillées toutes nos liturgies. Rien dans ces dernières ne devrait rompre l’atmosphère silencieuse qui est son climat naturel.

    Difficile de dire plus clairement que les pauses silencieuses inventées dans la néo-liturgie sont antiliturgiques.

    C’est là une partie du problème de la « réforme de la réforme ». Comme on constate que la néo-liturgie est un bavardage, on veut lui imposer des moments de « silence » qui ne sont pas du silence liturgique. Comme le sens de l’offertoire a disparu, on pourrait reprendre les anciennes prières de l’offertoire. Et peut-être aussi les prières au bas de l’autel… Et il faut retrouver le sens de l’orientation… et le latin, et le grégorien… et le silence du canon… Finalement on pourrait… inventer la messe de saint Pie V… (On se souvient de cette interview de Mgr Athanasius Schneider où sur « l’enrichissement réciproque des deux formes du rite romain », il répondait en 50 lignes sur l’enrichissement de la nouvelle forme par l’ancienne, et en 7 lignes sur l’enrichissement de l’ancienne par la nouvelle…)

    Le cardinal Sarah dit que « la réforme de la réforme se fera », « malgré les grincements de dents », « car il en va de l’avenir de l’Eglise ». Mais il formule cela comme une « espérance », « si Dieu le veut, quand Il voudra et comme Il le voudra », sans même citer la congrégation dont il est le préfet, et comme si cela dépendait du Saint-Père (ce qui est donc exclu avec celui-ci, qui montre assez son mépris pour la liturgie en général, et la liturgie traditionnelle en particulier). Et l’on a vu que le théoricien même de la réforme de la réforme, devenu pape, n’a pas esquissé le moindre geste en ce sens…

    Je ne crois pas qu’il y aura de réforme de la réforme, parce qu’il n’y a pas de « clients ». Et l’affaire des « silences » à introduire artificiellement dans la liturgie mais qui ne doivent pas apparaître comme tels montre que c’est sans doute une impasse. Il y a une liturgie traditionnelle, et un ersatz qui disparaîtra à (très long) terme.

  • Notre Dame du Rosaire

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    Les hymnes du bréviaire traduites par le P. Louis Gladu, OMI, Québec 1913.

  • Saint Bruno

    Maître Bruno, de nationalité allemande, naquit de parents nobles, dans l'illustre ville de Cologne. Très érudit dans les lettres aussi bien séculières que divines, il fut chanoine de l'Église de Reims dont l'importance ne le cède à nulle autre parmi les églises de Gaule ; puis il y fut maître de l'enseignement. Ayant quitté le monde, il fonda l'ermitage de Chartreuse et le gouverna pendant six ans. Sur l'ordre du pape Urbain II, dont il avait été jadis le précepteur, il se rendit à la curie romaine, pour aider le Pontife de son soutien et de ses conseils dans les affaires ecclésiastiques. Mais il ne pouvait supporter les tumultes et le genre de vie de la curie ; brûlant de l'amour de la solitude naguère abandonnée et du repos contemplatif, il quitta la curie, après avoir même refusé l'archevêché de l'Église de Reggio auquel il avait été élu par la volonté du pape. Il se retira dans un désert de Calabre dont le nom est La Tour. Puis là, après avoir réuni de nombreux laïcs et clercs, il s'appliqua tant qu'il vécut à la vocation de la vie solitaire. Il y mourut et y fut enseveli, onze années environ après son départ de Chartreuse.

    Chronique Magister (notices sur les cinq premiers prieurs de Chartreuse, début du XIIe siècle)

    *

    À la louange de la gloire de Dieu, le Christ, Verbe du Père, depuis toujours a choisi par l'Esprit Saint des hommes pour les mener en solitude et se les unir dans un amour intime. Répondant à cet appel, maître Bruno, l'an du Seigneur 1084, entra avec six compagnons au désert de Chartreuse et s'y établit. Là, ces hommes et leurs successeurs, demeurant à l'école du Saint Esprit, et se laissant former par l'expérience, élaborèrent un style propre de vie érémitique, transmis aux générations suivantes, non par l'écrit, mais par l'exemple.

    D'autres ermitages se fondèrent à l'imitation de celui de Chartreuse, et sur leurs instances répétées, Guigues, cinquième prieur de Chartreuse, rédigea une description de ce mode de vie ; tous l'accueillirent et décidèrent de s'y conformer, pour qu'elle fût la loi de leur observance et le lien de charité de leur famille naissante. Longtemps, les prieurs d'observance cartusienne insistèrent auprès du prieur et des frères de Chartreuse pour qu'on leur permît de tenir dans cette maison un commun Chapitre ; enfin, sous le priorat d'Anthelme, se réunit le premier Chapitre Général, à qui toutes les maisons, y compris celle de Chartreuse, remirent pour toujours leurs destinées. Vers la même époque, les moniales de Prébayon en Provence décidèrent d'embrasser la règle de vie des chartreux. Telle fut l'origine de notre Ordre.

    Statuts de l’ordre des Chartreux, Prologue, 1.

  • Saint Maurice de Langonnet

    Dans le diocèse de Vannes c’est saint Maurice de Langonnet, dans le diocèse de Quimper c’est saint Maurice de Carnoët, parce qu’il fut abbé des deux monastères… qui étaient alors tous deux dans le diocèse de Quimper (à savoir en Cornouaille).

    Maurice Duault est né à Croixanvec en 1113-1115. Il étudia à Pontivy puis à Paris mais à 23 ans il décida de devenir moine. Il frappa à la porte de l’abbaye cistercienne de Langonnet, qui venait d’être construite par le duc Conan III, admirateur de saint Bernard comme sa mère, la bienheureuse Ermengarde d’Anjou.

    A la mort du premier abbé, il est élu abbé, deux ans seulement après sa profession. En 1146 il obtient du duc un lieu pour fonder un nouveau monastère, près de la forêt de Carnoët, dans un endroit superbe. Il y vécut jusqu’à sa mort en 1185, et il se fit tant de miracles sur sa tombe que moins de trente ans après on l’appelait déjà « abbaye de saint Maurice ». Lequel ne fut jamais canonisé mais sa fête est le 5 octobre…

    On peut remarquer que pour aller de l’abbaye de Langonnet à Saint-Maurice de Carnoët il suffit de descendre l’Ellé (en passant par Quimperlé : confluent de l’Ellé).

    Il est curieux de constater d’autre part que le seul bâtiment ancien qui reste de l’une et l’autre abbaye est la salle capitulaire. Elles datent toutes deux du XIIIe siècle et se ressemblent beaucoup. C’est le seul vestige de l’abbaye de Carnoët (en dehors de la modeste façade de l’abbatiale du XVIIe siècle).

    Salle capitulaire de Langonnet (il faut deviner les fenêtres derrière le cloître du XVIIIe) :

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    Salle capitulaire de Saint-Maurice :

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