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20e dimanche après la Pentecôte

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(Solesmes 1952)

La procession de l‘Offertoire est aujourd’hui le cheminement de la vie terrestre à travers le lieu d’exil et nous chantons le cantique saisissant de la nostalgie ; le verset caractérise toute la messe. (...)

Il y a peu de psaumes dans tout le psautier qui puissent faire, à la première lecture, une impression aussi profonde que celui-ci. Ce psaume est une élégie saisissante :

Sur les bords des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, tandis que nous évoquions ton souvenir, Sion.

Là, nous avions suspendu aux saules nos harpes.

Là, nos geôliers nous demandaient de chanter de joyeux cantiques ;

Nos oppresseurs nous harcelaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ! »

« Comment chanterions-nous un cantique de Dieu sur une terre étrangère ? »

Si je viens à t’oublier jamais, Jérusalem, que ma droite se dessèche ;

Que ma langue s’attache à mon palais, si je cesse de penser à toi, Si Jérusalem n’est plus au premier rang de mes joies.

N’oublie pas, Seigneur, les cris qu’ont poussés les enfants d’Édom au jour du malheur de Jérusalem :

« Détruis-la, détruis-la jusque dans ses fondements ! »

Et toi, fille de Babylone, vouée au malheur, heureux qui te rendra ce que tu nous as fait ;

Bénis celui qui saisira tes petits enfants, et le brisera contre les rochers.

Nous nous rendons en esprit à Babylone ; nous voyons, sur les bords de l’Euphrate une foule de Juifs qui se rassemblent pour prier. Nous voyons aussi les chantres qui exécutaient jadis leurs chants au Temple de Jérusalem pendant la célébration du service divin ; ils sont assis, tout tristes, au bord du fleuve (c’est là que les Juifs faisaient leurs ablutions avant la prière et, à l’étranger, ils priaient volontiers auprès d’un fleuve). Ils sont là pour commencer le service divin par un chant, un cantique de Sion, comme ils disent volontiers. Pourtant non, ils n’y parviennent pas. Muets de tristesse, les joues baignées de larmes, ils portent leur souvenir vers le Temple, vers la montagne de Sion à Jérusalem, et ils suspendent leurs harpes aux saules.

Les cantiques des Juifs étaient connus et célèbres au loin ; c’est pourquoi les habitants de Babylone harcèlent les captifs : « Chantez-nous donc un de vos beaux cantiques de Sion ! » Mais non, aucun Juif ne pouvait s’y résigner : « Comment pourrions-nous chanter un cantique de Dieu sur la terre étrangère, sur la terre d’exil ? » Puis l’un d’entre eux lève la main en signe de serment et s’écrie bien haut : « Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma main se dessèche ; que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas toujours de toi, si Jérusalem n’est pas au premier rang de mes joies. » Et maintenant nous le voyons tendre le poing aux complices de ses ennemis, les Édomites, ses compatriotes qui ont excité les Babyloniens : « Détruisez donc Jérusalem de fond en comble ! ».

Puis le Juif tend les deux poings à Babylone et vocifère une terrible malédiction : « Béni celui qui saisira tes petits enfants et leur brisera la tête contre les rochers. » Tel est le contenu du psaume 136 que l’Église nous fait chanter aujourd’hui à la messe. Comment utiliser ce psaume pour notre prière ? Notre vie ressemble aussi à un exil. Le ciel est notre patrie, la terre est un lieu d’exil. Et en ce moment, pendant l’automne liturgique, l’Église nous invite justement à diriger tous nos désirs vers le ciel. Notre Jérusalem est la céleste Sion où nous serons unis pour toujours au Christ et à tous les saints. Alors nous devons avoir au cœur la même nostalgie que celle qu’ont exprimée dans leur psaume les Juifs exilés. Le psaume est donc le chant de notre nostalgie pour la céleste patrie.

Dom Pius Parsch

• Sur l'évangile de ce jour, voir ma note de l'an dernier.

Commentaires

  • La base de la chanson de Boney M "By the rivers of Babylon".

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