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Liturgie - Page 319

  • Décollation de saint Jean Baptiste

    Il y a dans l’évangile du martyre de saint Jean Baptiste une phrase à laquelle on ne prête guère attention :

    Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint, et il le gardait, et l’ayant entendu il faisait beaucoup de choses, et il l’écoutait volontiers.

    On ne prête pas attention à cette phrase… parce que toutes les traductions modernes disent autre chose. Y compris dans les missels, sauf celui du Barroux qui est peut-être ou sans doute le seul à traduire le texte latin qui traduit lui-même fidèlement le texte grec.

    Hérode craignait Jean, au sens biblique de la crainte religieuse, la piété, le respect devant le divin, et en l’occurrence devant Jean, parce qu’il était « juste et saint », habité par l’Esprit. Hérode avait donc la plus haute considération pour son prisonnier. « Il le gardait » : en latin comme en grec, le verbe veut dire à la fois qu’il le gardait en prison et qu’il le protégeait. Et il allait jusqu’à prendre conseil auprès de Jean, souvent, et il faisait beaucoup de bonnes choses après avoir écouté Jean et il l’écoutait volontiers.

    « L’ayant entendu il faisait beaucoup de choses » (« Il agissait souvent d’après ses avis », traduit remarquablement le missel du Barroux), c’est ce que disent la plupart des manuscrits, et toutes les versions (latines, syriaques, arméniennes, coptes, etc.). C’est donc ce que toutes les Eglises, quelle que soit leur langue, ont enseigné jusqu’au XXe siècle. Jusqu’à ce que les inévitables « exégètes » occidentaux qui savent tout mieux que toutes les traditions aient décidé que c’était erroné. Ils ont décidé que le Vaticanus et le Sinaiticus, les plus prestigieux des manuscrits, qui disent autre chose, avaient forcément raison.

    Au lieu du verbe ἐποίει (épii: il faisait), ces deux manuscrits, et quelques autres, fort rares, qui les ont suivis (et aucune liturgie avant la messe en français), ont ἠπόρει (ipori), ce qui peut se traduire par « était perplexe ».

    Louis Pirot, dans la Bible qui porte son nom, affirme de façon péremptoire :

    Il faut lire ἠπόρει, attesté par les meilleurs manuscrits, adopté dans leurs éditions ou commentaires par von Soden, Nestle, Vogels, Merk, Joüon, Knabenbauer, Lagrange, Swete, Huby, et négliger ἐποίει du T.R. [textus receptus, le texte officiel des Eglises byzantines], en dépit des attestations nombreuses et du suffrage des versions. Si on lit dans le texte original ἐποίει, la suite « il l’écoutait volontiers » n’a plus de sens ; il en est tout autrement si on lit ἠπόρει.

    Désolé, mais à mon avis c’est exactement le contraire. La version traditionnelle est très claire, et typique du langage biblique qui insiste en rajoutant une proposition commençant par « et ».

    En revanche, la traduction imposée par le consensus exégétique moderne ne tient pas debout. D’abord parce que, pour que le texte ait un sens, elle doit inventer tout simplement un « pourtant » ou un « cependant » qui ne figure pas dans le texte (καί – et – n’a jamais ce sens). Et ensuite parce qu’elle doit inventer aussi que πολλά – beaucoup de choses – aurait un sens adverbial, mais πολλά n’est pas un adverbe, c’est un adjectif pris comme substantif complément d’objet).

    Ce qui semble manifeste est que les prestigieux Vaticanus et Sinaiticus ont corrigé le texte pour qu’il soit moins favorable, dans ce verset, à cet immonde salaud d’Hérode. Ce faisant ils ont affaibli, voire rendu quasi invisible, le contraste spectaculaire voulu par saint Marc entre Hérode qui aimait Jean et suivait ses conseils (sauf pour la femme de son frère...), et la terrible décision qu’il doit prendre parce qu’il a promis. C’est une part du caractère éminemment dramatique (y compris au sens théâtral), du tragique de la situation, qui disparaît de ce passage de l’évangile. C’est un attentat contre saint Marc, et contre le Saint-Esprit.

  • 15e dimanche après la Pentecôte

    Inclína, Dómine, aurem tuam ad me, et exáudi me : salvum fac servum tuum, Deus meus, sperántem in te : miserére mihi, Dómine, quóniam ad te clamávi tota die.

    Lætífica ánimam servi tui : quia ad te, Dómine, ánimam meam levávi.

    Inclinez votre oreille vers moi, Seigneur, et exaucez-moi. Sauvez, mon Dieu, votre serviteur qui espère en vous. Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que j’ai crié vers vous tout le jour.

    Réjouissez l’âme de votre serviteur, parce que j’ai élevé mon âme vers vous, Seigneur.

    L’introït de ce dimanche cite le psaume 85. L’antienne est composée du premier stique du premier verset, du second stique du deuxième verset, et du troisième verset en entier (dans une version légèrement différente de la Vulgate - donc plus ancienne, ce qui souligne son antiquité). Sans doute ces coupures ont-elles pour but de ne garder que ce qui est spécifiquement de la prière, telle qu’elle s’exprime magnifiquement dans la mélodie grégorienne. Ainsi cette antienne est-elle fort différente du psaume dont elle est issue, en passant sous silence son autre aspect, qui prédomine fatalement dans la psalmodie, car ces versets figurent parmi ceux qui montrent le plus directement que les psaumes sont en même temps la prière du Christ et du chrétien, comment le chrétien qui prie se configure au Christ et devient un autre Christ, fils dans le Fils.

    Après le premier stique il y a :

    quoniam inops et pauper sum ego.

    Parce que moi je suis sans ressource et pauvre. A priori cela ne concerne pas le Christ, mais le chrétien, qui dans sa prière, face à Dieu, se reconnaît démuni.

    Et le stique suivant, le premier du deuxième verset, dit :

    Custodi animam meam, quoniam sanctus sum.

    Garde mon âme, parce que je suis saint.

    Là ce n’est pas le chrétien qui parle : il vient de confesser sa pauvreté spirituelle, ce n’est pas pour se vanter immédiatement d’être saint et d’en faire un argument. Seul Dieu est saint. Seul le Christ est saint. C’est donc le Christ qui parle. C’est donc aussi le Christ qui se dit pauvre et démuni. Parce qu’il l’était dans la condition humaine, et singulièrement dans sa Passion. Mais le chrétien qui se reconnaît pauvre face à Dieu, c’est bien lui aussi qui continue aussitôt : « parce que je suis saint ». Et en effet le chrétien est saint, parce qu’il est baptisé dans la sainteté du Christ, parce qu’il est appelé à la vie éternelle. C’est pourquoi saint Paul appelle toujours les fidèles « les saints ».

    Ainsi le début de ce psaume est-il une vraie leçon de spiritualité. Mais ce n’est pas le dessein de l’introït de ce dimanche, qui nous introduit simplement dans la prière, qui nous prépare à la messe… où va se réaliser ce que l’introït ne dit pas.

    Voici cette antienne remarquablement chantée par les moines de Triors.

    *

    Sur l’évangile de ce dimanche, voir ma note de l’année dernière.

  • Saint Joseph Calasanz

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    (…) Il est prouvé en effet, par des documents sérieux et indubitables que Calasance fonda la première école publique de l'Europe pour l'instruction gratuite des enfants pauvres et abandonnés; il le fit dans cette ville de Rome, à l'église de Sainte Dorothée, près du pont de Xyste, en l'année 1597. C'est d'ailleurs depuis son ordination sacerdotale reçue en Espagne, sa patrie, alors qu'il était Vicaire général du diocèse d'Orgel, que le Serviteur de Dieu se sentit appelé d'en haut à s'attaquer à cette œuvre si salutaire et si indispensable à son époque. On raconte, en effet, que lorsqu'il séjournait dans cette ville, il entendit une voix intime lui répéter à plusieurs reprises : Va à Rome, Joseph, va à Rome. Comme, l'esprit divisé, il hésitait, il vit en songe une multitude innombrable d'enfants. Lui-même exhortait ces esprits encore tendres et ces cœurs juvéniles et les instruisait dans les domaines de la piété et des lettres en les enseignant. Joseph se souvint de cette vision lorsque, venu à Rome, il vit un jour, en traversant une place publique, une véritable armée d'enfants exposant des choses honteuses avec une telle licence qu'ils faisaient la preuve plus que suffisante de leur précoce corruption. Sitôt qu'il a reconnu ces choses, il est pris de pitié, et entend en lui-même ces paroles du Saint-Esprit : « Voilà que le pauvre est abandonné : tu seras le secours de l'orphelin. » Calasance fonde alors, comme Nous l'avons dit, ces Ecoles qu'il voulut qu'on appela pies, montrant ainsi clairement leur nature et leur fin. Notre Seigneur et sa très Sainte Mère ne cessaient jamais de les protéger manifestement au travers des difficultés, adversités et nombreuses persécutions. Beaucoup de Nos prédécesseurs, depuis leur fondation, leur témoignèrent leur faveur bienveillante.

    Clément VIII, en effet, dès qu'il eut connaissance de la décision de Calasance d'éduquer gratuitement les enfants du peuple, couvrit l'entreprise de son patronage et il eût approuvé officiellement les Écoles pies s'il n'en avait été empêché par la mort. Paul V déclara que l'œuvre de Joseph avait « Dieu pour auteur » et en 1617, institua la Congrégation des Écoles Pies qu'il voulut qu'on nommât de son nom « Pauline ». Grégoire XV à qui Joseph, éclairé par la lumière divine, avait prédit son élection au Souverain Pontificat, fut le principal ami du Saint et de ses compagnons : par sa Constitution apostolique « In supremo apostolatus solio » de l'an 1621, il éleva la Congrégation Pauline au rang d'Ordre religieux et approuva peu après ses Constitutions; Urbain VIII défendit que d'autres usent du nom des Écoles Pies dans un but lucratif; Alexandre VII introduisit la cause de Béatification de Joseph; Clément IX approuva et confirma toutes les faveurs et tous les privilèges concédés par Grégoire XV à l'ordre des Écoles Pies; Clément XI déclara de même solennellement que la mission de Joseph lui avait été inspirée du ciel spécialement « pour montrer l'exemple d'une éducation universelle chrétienne et populaire ». Benoît XIV ensuite, qui appela Calasance le « Job de la loi de grâce », le plaça au nombre des « Bienheureux » il y a exactement deux siècles, comme Nous le disions plus haut. Clément XIII le recensa dans l'album des Saints en l'année 1767. Enfin Benoît XV, d'heureuse mémoire, à notre époque en un document édité en 1917, sanctionna hautement le primat du Saint fondateur des Écoles pies en ce qui concerne l'éducation gratuite des enfants pauvres. Rien d'étonnant dès lors si les Écoles pies, appuyées par de tels secours célestes, encouragées par tant de louanges et de suffrages et protégées contre leurs détracteurs, ont pu se répandre en peu de temps en Italie, en Europe et en Amérique, produire partout des fruits abondants de vertu, et de science et y fleurir encore aujourd'hui pour l'ornement et la joie de la Sainte Église et pour l'utilité de la jeunesse chrétienne. De celle-ci, Saint Joseph Calasance doit être considéré comme un des Pères les plus importants et un Maître très aimé. Nous avons rappelé toutes ces choses à votre souvenir et désirons nous attacher à suivre les traces de tous les Pontifes romains qui Nous précédèrent dans cette chaire de Pierre durant ces trois derniers siècles. Notre cher fils, le Procureur général de l'ordre des Pauvres Clercs réguliers des Écoles pies de la Mère de Dieu, exprimant le vœu de tout son Ordre, Nous a demandé humblement mais instamment de perpétuer la mémoire de la célébration de ce double centenaire dont Nous avons parlé et de daigner choisir dans Notre bienveillance, Saint Joseph Calasance comme Patron de l'éducation populaire, suivant un vœu déjà ancien des fils de Calasance, autrefois manifesté au Siège Apostolique. Nous avons bien volontiers décidé d'accéder à ce désir. C'est pourquoi, ayant pris l'avis de Notre Vénérable Frère le Cardinal S. E. R. Clément Micara, évêque de Velletri, et Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, par la teneur des présentes Lettres, et la plénitude de Notre pouvoir Apostolique, Nous constituons, choisissons et déclarons à jamais Saint Joseph Calasance, Confesseur, Patron céleste auprès de Dieu de toutes les écoles chrétiennes populaires existantes partout dans le monde, nonobstant toutes choses contraires.

    Lettre de Pie XII, 13 août 1948, à l’occasion du troisième centenaire de la mort de saint Joseph Calasanz. Si Benoît XIV (avant même d’être pape et de le béatifier) avait appelé Joseph le « Job de la loi de grâce », c’est parce qu’entre autres avanies, il avait été emprisonné par l’Inquisition, et qu’il vit peu avant sa mort sa congrégation florissante supprimée par un pape…

  • Saint Zéphyrin

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    Louis Sébastien Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles, tome 3, seconde édition, 1701

  • La messe à Quimper

    On me signale, en commentaire de ma note sur l’arrivée dans le diocèse de Quimper de l’abbé Loïc Courtois, que ce prêtre de la Fraternité Saint Pierre (ordonné en 2012, à Bordeaux depuis 2014) célébrera la messe selon la forme extraordinaire tous les dimanches à partir du 11 septembre en l’église Saint-Mathieu à Quimper (c’est l’église de ma confirmation…).

  • Saint Louis

    Les trois collectes de la messe, commentées par le bienheureux cardinal Schuster.

    Deus, qui beátum Ludovícum Confessórem tuum de terréno regno ad cæléstis regni glóriam transtulísti : eius, quǽsumus, méritis et intercessióne ; Regis regum Iesu Christi, Fílii tui, fácias nos esse consórtes : Qui tecum vivit et regnat.

    « Seigneur, qui avez fait passer du trône terrestre au trône céleste le bienheureux roi Louis ; par ses mérites et son intercession faites que nous aussi méritions d’avoir part à l’héritage du Christ Jésus, Roi des rois ». Aujourd’hui l’Église, dans cette première collecte, rappelle les fidèles au sens de cette dignité royale que, par notre incorporation au Christ Roi et Prêtre, nous avons obtenue dans le sacrement du Baptême. Si les chrétiens appartiennent tous à cette dynastie sacrée instituée par le Christ, — regale sacerdotium — il convient qu’ils sachent se dominer et tiennent leurs passions assujetties. On attribue à saint Colomban une belle parole qui se rapporte à cette liberté royale que doit garder intacte le chrétien. A un roi tyran, ce saint abbé dit un jour : si aufers libertatem, aufers dignitatem [si tu enlèves la liberté, tu enlève la dignité].

    Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, sicut beátus Ludovícus Conféssor tuus, spretis mundi oblectaméntis, soli Regi Christo placére stúduit ; ita eius orátio nos tibi reddat accéptos. Per eúndem Dóminum.

    « Comme le bienheureux confesseur Louis, ayant méprisé les délices du monde, s’efforça de plaire uniquement à Dieu ; ainsi nous vous demandons. Seigneur, que son intercession nous rende agréables à Vous ». Il n’est rien de plus vil que de transiger avec sa conscience pour ne pas déplaire aux hommes. Avec la meilleure bonne volonté, avec le tact et la prudence la plus circonspecte, il est impossible de contenter tout le monde. Saint Paul essaya de le faire, mais lui-même écrivit : Si adhuc hominibus placerem, Christi servus non essem [si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ]. Le Psalmiste a un mot très fort contre ces lâches victimes du respect humain : disperdet ossa eorum qui hominibus placent, quoniam Deus sprevit eos [Dieu a brisé les os de ceux qui cherchent à plaire aux hommes, parce qu’il les a méprisés].

    Deus, qui beátum Confessórem tuum Ludovícum mirificásti in terris, et gloriósum in cælis fecísti : eúndem, quǽsumus, Ecclésiæ tuæ constítue defensórem. Per Dóminum nostrum.

    « Seigneur, qui avez rendu illustre sur la terre, puis glorieux dans le ciel, le bienheureux confesseur Louis, établissez-le aussi défenseur de votre Église ». Le nombre est-il assez grand, de ceux qui évoquent avec passion les noms des souverains des anciennes dynasties françaises ? Et pourtant, le nom de saint Louis IX exprime encore, pour cette nation, tout un programme et un idéal de foi, de pureté, de valeur et d’honneur qui élève les lis de la vraie France catholique d’autant plus haut qu’est descendue davantage dans la fange la faction jacobine adverse, destructrice de sa propre patrie.

  • Double première en Ecosse

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    L’évêque de Dunkeld, Mgr Stephen Robson, a conféré dimanche le sacrement de confirmation à trois enfants selon le rite traditionnel. Puis il a assisté à une première messe célébrée selon la forme extraordinaire par l’abbé Ninian Doohan, qu’il a ordonné en la fête de l’Assomption en sa cathédrale de Dundee (la vénérable cathédrale de Dunkeld étant occupée par la soi-disant « Eglise d’Ecosse » depuis quelques siècles). - Photos ici.

    La messe traditionnelle a commencé à être célébrée à la chapelle Saint-Joseph, dans le complexe des bâtiments diocésains, l’an dernier (par un prêtre de la FSSP), au rythme d’une fois par mois. C’est désormais deux fois par mois…

  • Saint Barthélemy

    Dans le calendrier byzantin, saint Barthélemy est fêté le 11 juin, en même temps que saint Barnabé. Et le 25 août (donc demain) a lieu la fête de la translation de ses reliques. Lucernaire :

    Disons à juste titre bienheureux
    l'illustre Barthélemy
    comme un soleil aux mille feux, comme un astre sans déclin,
    comme le ciel vivant qui décrit
    la gloire salutaire de notre Dieu,
    le héraut divin, le flambeau des nations,
    le fleuve répandant les flots du savoir
    pour en abreuver tous les cœurs.

    Tes voyages en mer,
    saint apôtre Barthélemy,
    ont laissé voir une splendeur qui dépasse tout esprit;
    déposé dans un cercueil, en effet,
    de l'Orient jusqu'à l'Occident
    tu voguas en compagnie
    d'illustres Martyrs qui te faisaient une escorte d'honneur
    sur l'ordre du Seigneur tout-puissant.

    Tu sanctifias les flots
    par ton admirable traversée
    et tu arrivas sur l'île de Lipari,
    fleurant bon la myrrhe et guérissant les douleurs incurables,
    devenant un sauveur pour ses habitants,
    un refuge, un protecteur,
    un défenseur auprès du Roi qui sauve l'univers,
    bienheureux apôtre Barthélemy.

    (…)

    Ton chemin passa sur la mer,
    ton sentier sur les grandes eaux,
    lorsque tu partis de l'Orient,
    déjà mort depuis de longues années,
    illustre apôtre Barthélemy,
    car les Justes sont vivants pour les siècles
    selon le dessein providentiel de ton Maître, le Christ notre Dieu;
    saint Apôtre, supplie-le
    de nous accorder la grâce du salut.

    Il existe plusieurs versions de la vie et de la mort de saint Barthélemy, et du destin de ses reliques. La liturgie byzantine illustre la version selon laquelle le corps de saint Barthélémy, martyrisé en Arménie et enterré sur le lieu de son martyre, où se produisaient de nombreux miracles, fut transféré dans la ville nouvelle d’Anastasiopolis, construite par l’empereur Anastase (491-518) à l’est de l’empire. Lorsque la ville fut prise par l’empereur perse Chosroès, en 573, les chrétiens prirent les reliquaires de saint Barthélemy et de quatre autres saints et s’enfuirent. Ils furent rattrapés sur la Mer Noire par les païens qui jetèrent les reliquaires à la mer. Or ceux-ci surnagèrent et traversèrent les mers. Celui de saint Barthélemy s’échoua sur l’île de Lipari. Ce qui fut révélé en songe à l’évêque Agathon qui alla avec son clergé récupérer les reliques, et les installer avec tous les honneurs dans sa cathédrale, qui devint, et qui est toujours, la cathédrale Saint-Barthélemy. De la myrrhe découlait du reliquaire de l’apôtre, qui guérissait les malades. (En 839 les Sarrasins prirent et dévastèrent l’île. Les reliques de saint Barthélemy furent transférées à Bénévent. Et ensuite à Rome, par Othon III, dans la basilique de l’île Tibérine qu’il fit édifier à cet effet.)

  • Saint Philippe Béniti

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    Entré dans l’ordre des Servites, Philippe Béniti (en italien Benizi) se fit le grand propagateur de cette institution nouvellement créée, puis en devint le général. Un jour, dans un faubourg de Sienne, il donna son manteau à un lépreux quasiment nu. Lequel fut aussitôt guéri. Les cardinaux étaient alors réunis pour trouver un successeur à Clément IV. Le miracle était le signe que le nouveau pape devait être Philippe Béniti, déjà connu pour sa sainteté et sa sagesse. Mais Philippe alla se cacher dans une grotte du mont Amiata, où il demeura jusqu’à l’élection de Grégoire X. Cette grotte a été depuis lors transformée en chapelle. Tout près se trouvent les « bains de saint Philippe », dont les eaux étaient connues depuis l’antiquité et qui deviendront une station thermale réputée lorsque les Médicis iront s’y faire soigner. Ces eaux chaudes extrêmement calcaires (et riches en sulfate de magnésium) forment des concrétions spectaculaires.

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  • Orientation

    Conversio. Jésus, notre prêtre, se retourne, les bras ouverts, pour lui ouvrir Son cœur, vers le corps fait d’âmes dont Il convoie vers Son Père l’imploration. Ainsi fait Son représentant à la messe quand il se tourne vers le peuple en disant: Dominus vobiscum.

    Et à ce propos qu’il me soit permis d’exprimer mon peu de goût pour l’usage qui tend à s’établir, ou, paraît-il, à se rétablir, de dire toute la messe, face au peuple. J’y trouve un contresens liturgique. Le prêtre parle à Dieu au nom du peuple, il doit donc tourner le visage vers Dieu, de même que l’Eglise est orientée vers le Soleil levant. De temps en temps seulement il se retourne vers le peuple, comme pour lui dire de faire attention, pour l’associer à l’acte auguste qu’il est en train d’accomplir et pour lui dire : Respice in faciem Christi tui. La raison de la messe, ce n’est pas essentiellement le bien du peuple, c’est la gloire de Dieu. Il fallait trouver un moyen qui est celui de ces conversions répétées pour apporter et apporter encore l’assistance, à l’assistance pour la faire participer aux différentes phases de l’acte sacrificiel. De là l’importance de traduire par un mouvement physique les invitations rituelles.

    J’ai trouvé ce texte dans le livre de Paul Claudel sur le Cantique des cantiques (p. 409). A priori il ne fait que dire ce que nous pensons. Sauf qu’il a été écrit en… 1944. Indice parmi d’autres que non seulement « le Concile » n’a pas demandé de célébrer la messe à l’envers, mais qu’il n’y est même pour rien.