Je suis votre Dieu, qui, crucifié sur la croix, vrai Dieu et vrai homme en une personne, suis tous les jours dans les mains des prêtres. Quand vous me faites quelque prière, finissez-la toujours ainsi : Que votre volonté soit faite, et non la mienne. Car quand vous me priez pour les damnés, je ne vous exauce pas. Quelquefois aussi vous désirez ce qui est contre votre salut, partant, il est nécessaire que vous soumettiez votre volonté à la mienne, car je sais tout et je pourvois à tout ce qui vous est utile. Certes, plusieurs me prient, mais non avec une droite intention, et partant, ils ne méritent pas d'être exaucés.
Vraiment, il y a trois sortes de gens qui me servent en ce monde : les premiers sont ceux qui me croient Dieu, auteur de tout bien et puissant sur toutes choses. Ceux-là me servent avec l'intention d'obtenir les honneurs et les choses temporelles, mais les choses célestes leur sont comme rien ; ils les abandonnent avec joie, afin d'obtenir les choses présentes ; à ceux-là la prospérité du siècle leur sourit en tout selon leurs désirs. Et puisqu'ils ont ainsi omis les biens éternels, je récompense tout le bien qu'ils ont fait pour moi, jusqu'à la dernière maille et au dernier point, d'une récompense mondaine et temporelle.
Les deuxièmes sont ceux qui me croient tout-puissant et juge sévère. Ceux-ci me servent par crainte du châtiment, non par amour de la gloire céleste, car s'ils ne craignaient pas, ils ne me serviraient pas.
Les troisièmes sont ceux qui me croient créateur de toutes choses, vrai Dieu, miséricordieux et juste. Ceux-ci me servent, non par la crainte de quelque châtiment, mais par dilection, par amour. Ils aimeraient mieux souffrir toutes les peines, s'ils pouvaient, que de provoquer une seule fois ma colère.
Les prières de ceux-ci méritent d'être exaucées, car leur volonté est selon ma volonté. Les premiers ne sortiront jamais du supplice et ne verront jamais ma face ; les seconds n'auront pas de si grands supplices, mais ne verront jamais ma face, à moins que la pénitence les corrige de cette crainte trop servile.
Révélations, I, 14 (traduction Jacques Febraige, 1850)
Commentaires
"Les deuxièmes sont ceux qui me croient tout-puissant et juge sévère. Ceux-ci me servent par crainte du châtiment, non par amour de la gloire céleste, car s'ils ne craignaient pas, ils ne me serviraient pas."
Le Seigneur honnit les culs-bénits oui-oui, les trop dévots au premier rang. Les sépulciens onctueux glacés L'ennuient avec leurs cérémonials.
Il enhardit les hardis, aux forts Il prête Ses talents, le Royaume est aux zélés, vainqueurs de leur propre mal.
Ces paroles de Notre-Seigneur révélées à sainte Brigitte sont très éclairantes.
On ne les entend pas assez souvent.