(Antiphonaire de Poissy, 1335-1345)
℟. Refulsit sol in clypeos aureos, et resplenduerunt montes ab eis: * Et fortitudo Gentium dissipata est.
℣. Erat enim exercitus magnus valde et fortis et appropiavit Judas, et exercitus ejus in prælio.
℟. Et fortitudo Gentium dissipata est.
Le soleil envoya son éclat sur les boucliers d’or et les montagnes en resplendirent, et la force des païens fut anéantie. Car c’était une armée très grande et puissante et Judas s’approcha, avec son armée, dans la bataille. Et la force des païens fut anéantie.
Répons des matines, tiré du premier livre des Machabées. Ceux qui peuvent lire la musique ou connaissent la mélodie peuvent constater comme les récitatifs sur une note prennent une allure de marche militaire. Le Judas dont il s’agit est le premier des frères Machabées à se lever pour remplacer leur père à la tête du combat pour libérer Israël de l’emprise hellénistique. En fait, dans le livre, il s’agit d’une défaite de Judas face aux troupes d’Antiochus V, avec le geste héroïque et fou, et vain, d’un soldat juif qui se jette sous un éléphant pour tenter de tuer le roi.
Et le roi se leva avant le jour, et lança impétueusement ses troupes sur le chemin de Bethzachara; les armées se préparèrent au combat et sonnèrent des trompettes. Ils montrèrent aux éléphants du jus de raisin et des mûres, afin de les animer au combat; ils partagèrent les bêtes par légions, et mille hommes, munis de cottes de mailles et de casques d'airain, accompagnèrent chaque éléphant, et cinq cents chevaux d'élite furent répartis auprès de chaque bête. Ceux-ci précédaient la bête partout où elle était; ils allaient partout où elle allait, et ils ne s'éloignaient pas d'elle. Il y avait aussi sur chaque bête de fortes tours de bois protectrices, et sur celles-ci étaient des machines, et sur chacune trente-deux hommes vaillants, qui combattaient d'en haut, et un Indien qui conduisait la bête. Il rangea le reste de la cavalerie de çà et de là, en deux divisions, pour exciter l'armée par le son des trompettes, et pour animer son infanterie serrée en bataillons.
Lorsque le soleil brilla sur les boucliers d'or et d'airain, les montagnes en resplendirent, et elles resplendirent comme des lampes ardentes. Une partie de l'armée du roi s'avança sur les hautes montagnes, et l'autre dans la plaine; et ils marchaient avec précaution et avec ordre. Et tous les habitants du pays étaient épouvantés par les cris de cette multitude, et par la marche de la foule, et par le fracas des armes; car l'armée était très grande et très forte.
Et Judas s'approcha avec son armée pour le combat, et six cents hommes de l'armée du roi tombèrent.
Alors Eléazar, fils de Saura, vit une des bêtes cuirassée d'une armure royale; elle était plus grande que les autres bêtes, et il lui sembla que le roi était dessus; et il se sacrifia pour délivrer son peuple et pour s'acquérir un nom immortel. Il courut hardiment à elle au milieu de la légion, tuant à droite et à gauche, et de tous côtés ils tombaient devant lui. Et il alla sous les pieds de l'éléphant, se mit sous lui, et le tua; l'éléphant tomba par terre sur lui, et Eléazar mourut là.
Mais les Juifs, voyant la force du roi et l'impétuosité de son armée, se retirèrent.
(Traduction Fillion)