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℟. Descéndet Dóminus sicut plúvia in vellus: * Oriétur in diébus ejus justítia, et abundántia pacis. ℣. Et adorábunt eum omnes reges, omnes gentes sérvient ei. ℟. Oriétur in diébus eius justítia, et abundántia pacis.
Le Seigneur descendra comme la pluie sur une toison ; en ses jours se lèvera la justice, et l’abondance de la paix. Et tous les rois l’adoreront, tous les peuples le serviront.
Ce répons des matines est formé d’expressions du psaume 71, l’un des plus grands psaumes messianiques (versets 6a, 7a, 11).
Bréviaire de Paris, XIIIe siècle.
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Au Magnificat :
O radix Jesse, qui stas in signum populórum, super quem continébunt reges os suum, quem Gentes deprecabúntur : veni ad liberándum nos, iam noli tardáre.
O Racine de Jessé, qui êtes comme l’étendard des peuples, devant qui les rois fermeront leur bouche, et dont les Nations imploreront le secours : venez nous délivrer, maintenant ne tardez plus.
℟. Bethlehem civitas Dei summi, ex te exiet Dominator Israël, et egressus ejus sicut a principio dierum æternitatis, et magnificabitur in medio universae terræ: Et pax erit in terra nostra, dum venerit. ℣. Loquetur pacem in gentibus, et potestas ejus a mari usque ad mare. ℟. Et pax erit in terra nostra, dum venerit.
Bethléem, cité du Dieu très-haut, de toi sortira le Maître d’Israël, et sa sortie sera comme du principe des jours de l’éternité, et il sera magnifié au milieu de toute la terre. Et ce sera la paix sur notre terre, quand il sera venu. Il dira la paix aux peuples, et son empire (s'étendra) de la mer à la mer.
On trouve aussi ce répons des matines avec le verset d’Habacuc :
℣. Deus a Libano veniet, et Sanctus de monte umbroso et condenso.
Et on le trouve dans le bréviaire mozarabe, au… cinquième dimanche de l’Avent, avec comme verset la prophétie de Michée :
℣. Tu Bethlehem Euphrata (sic), numquid parvula facta es in milibus Juda ? ex te enim egredietur rex, qui regat populum meum Israel.
Antiphonaire de Klosterneuburg, Autriche, XIVe siècle.
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O Adonái, et Dux domus Israël, qui Móysi in igne flammæ rubi apparuísti, et ei in Sina legem dedísti : veni ad rediméndum nos in bráchio exténto.
O Adonaï, et Conducteur de la maison d’Israël, qui avez apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné la loi sur le Sinaï : venez pour nous racheter par la puissance de votre bras.
Offertoire, par une « cappella gregoriana » non identifiée…
Ce chant de reconnaissance est fort bien amené dans le cadre liturgique par l'Evangile qui vient d'être lu. Saint Jean-Baptiste dit aux Juifs : « Au milieu de vous se tient celui qui doit venir après moi. » C'est la présentation officielle, si l'on peut dire, du Christ à ceux qui l'attendaient, à l'Eglise qui l'attend toujours plus dans la grâce et dans la gloire. Celle-ci répond par un chant d'action de grâces pour la Rédemption qui vient. Le Seigneur a béni sa terre car elle a donné son fruit merveilleux ; la nature humaine du Christ et tous les membres de son Corps mystique. Il a fait cesser la captivité des hommes qui étaient sous le joug de Satan. Il a pardonné les péchés de toute la race.
(…)
Trois phrases en progression ascendante. La première, à part une échappée sur Domine, se tient autour de la tonique mi du IVe mode. La seconde, par une modulation sur avertisti, s'établit dès le début sur la dominante la du Ier mode et s'achève, par une nouvelle modulation sur la tonique sol du VIIIe mode. La troisième, partant de cette modulation acquise, pose sa teneur sur la dominante do et s'y maintient jusqu'à ce que le dernier mot la fasse redescendre pour finir vers la tonique du mode initial de mi.
Cette progression, malgré ce qu'elle a de technique, est à signaler parce qu'elle met dans un relief saisissant l'intérêt croissant de l'idée : bénédiction, libération, rédemption, en l'enveloppant dans une expression de joyeuse gratitude qui monte, elle aussi, avec la grandeur du bienfait reçu.
Cette année, l’Avent est tellement court qu’il n’a pas de quatrième dimanche : ce sera la Vigile de Noël. De ce fait, c’est dès ce 3e dimanche que commencent les grandes antiennes O :
O Sapiéntia, quæ ex ore Altíssimi prodiísti, attíngens a fine usque ad finem, fórtiter suavitérque dispónens ómnia : veni ad docéndum nos viam prudéntiæ.
O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, atteignant d’une extrémité à une autre extrémité, et disposant toutes choses avec force et douceur : venez pour nous enseigner la voie de la prudence.
℟. Sicut mater consolátur fílios suos, ita consolabor vos, dicit Dóminus: et de Jerúsalem civitáte quam elégi, véniet vobis auxílium: * Et videbitis et gaudébit cor vestrum. ℣. Dabo in Sion salútem, et in Jerúsalem glóriam meam. ℟. Et videbitis et gaudébit cor vestrum.
Comme une mère console ses enfants, ainsi je vous consolerai, dit le Seigneur ; et de Jérusalem, la cité que j’ai choisie, viendra pour vous le secours ; et vous verrez, et votre cœur se réjouira.
Répons des matines. Le texte du répons vient d’Isaïe 66,13-14. Mais dans une version qui est plus proche de la Septante que de la Vulgate, tout en n’étant pas exactement celle de la Septante, et ajoutant « veniet vobis auxilium » qui ne se trouve nulle part. Le verset est une citation d’Isaïe 46,13, avec Jerusalem à la place de Israel.
Dans les anciens manuscrits, le verset n’est généralement pas celui-là, mais celui-ci :
℣. Deus a Libano veniet, et Sanctus de monte umbroso et condenso.
Dieu viendra du Liban, et le Saint de la montagne ombreuse et compacte.
Ce verset, qu’on retrouve en divers autres endroits de la liturgie, est une version très particulière d’Habacuc 3,3, qui ne se trouve telle quelle que dans le commentaire du Cantique des cantiques de… saint Grégoire le Grand.* Si l’on cherche des preuves que ce pape eut une part personnelle dans l’élaboration e la liturgie « grégorienne », il me semble qu’on en a là une belle.
* La version la plus proche se trouve ensuite dans le bréviaire mozarabe. Avec Dominus à la place de Deus, et opaco à la place de condenso.
L’hymne des laudes au temps de l’Avent, avec la traduction de Lemaître de Sacy. On verrait volontiers une influence janséniste dans la troisième strophe (« lamentables » rimant avec « coupables »), mais les « entrailles d’amour » de la quatrième strophe outrepassent le texte latin dans l’autre sens…
Vox clara ecce íntonat, obscúra quæque íncrepat: pellántur éminus sómnia; ab æthre Christus prómicat.
Une éclatante voix résonne à notre oreille. Un vif rayon frappe nos yeux. Quittons l'ombre et la nuit. Que tout homme s'éveille. Jésus descend des cieux.
Mens jam resúrgat tórpida quæ sorde exstat sáucia; sidus refúlget jam novum, ut tollat omne nóxium.
Qu'enfin l'âme abattue en sa langueur funeste Espère après tant de travaux ; Un nouvel astre brille et sa flamme céleste Doit guérir tous nos maux.
E sursum Agnus míttitur laxáre gratis débitum; omnes pro indulgéntia vocem demus cum lácrimis.
L'Agneau vient faire un don pour sauver les coupables Que nul homme n'a mérité. Allons, fondant en pleurs par nos cris lamentables Implorer sa bonté.
Secúndo ut cum fúlserit mundúmque horror cínxerit, non pro reátu púniat, sed nos pius tunc prótegat.
Afin qu’étant armé des traits de sa colère Au grand et redoutable jour, Oubliant qu’il est Juge, il nous montre en vrai Père Des entrailles d’amour.
Summo Parénti glória Natóque sit victória, et Flámini laus débita per sæculórum sæcula. Amen.
Gloire au Père éternel, au Fils notre espérance, A l’Esprit notre heureuse paix ; Qu’ils règnent en ce jour qui jamais ne commence Et ne finit jamais.
Voici les répons propres des matines de sainte Lucie, avec la traduction du « Breviarium benedictinum », donc a priori de Lemaître de Sacy.
Le premier répons chante ce que dit sainte Agathe à sainte Lucie, un jour que celle-ci était allée en pèlerinage avec sa mère sur la tombe de la martyre de Catane. Lucie avait demandé à Agathe de guérir sa mère. Agathe lui répond que c’est sa foi à elle, Lucie, qui va guérir sa mère, et c’est ce qui se produit. C’est alors que Lucie demanda à sa mère de lui permettre de rester vierge et de distribuer sa dot aux pauvres.
℟. Lúcia virgo, quid a me petis quod ipsa póteris præstare continuo matri tuæ? nam et fides tua illi subvenit, et ecce salváta est: * Quia jucúndum Deo in tua virginitate habitáculum præparásti. ℣. Sicut per me cívitas Catanensium sublimátur a Christo, ita per te Syracusana cívitas decorábitur. ℟. Quia jucúndum Deo in tua virginitate habitáculum præparasti.
Luce vierge de Jésus-Christ, que demandez-vous de moi pour votre mère ? Car elle a reçu de votre foi le secours dont elle avait besoin, et elle est présentement guérie. Parce que par votre virginité vous avez préparé en vous pour le Seigneur une demeure qui lui est agréable. Comme la ville de Catane est élevée en honneur par Jésus-Christ à cause de moi, vous serez la gloire et l’ornement de Syracuse. Parce que par votre virginité vous avez préparé en vous pour le Seigneur une demeure qui lui est agréable.
Sainte Lucie sur son bûcher (le verset est tiré du psaume 108) :
℟. Rogávi Dóminum meum Jesum Christum, ut ignis iste non dominétur mei: * Et impetrávi a Dómino inducias martyrii mei. ℣. Pro eo ut me diligerent, detrahébant mihi: ego autem orábam. ℟. Et impetrávi a Dómino inducias martyrii mei.
J’ai prié mon Seigneur Jésus-Christ que ce feu ne puisse agir sur moi, Et j’ai obtenu du Seigneur que mon martyre soit différé de quelque temps. Au lieu de m’aimer, ils m’outrageront par leurs paroles ; et moi j’ai prié, Et j’ai obtenu du Seigneur que mon martyre soit différé de quelque temps.
Le verset de ce répons vient du psaume 45:
℟. Gráta facta est a Dómino in certamine, quia apud Deum et apud hómines glorificáta est: in conspéctu principis loquebátur sapiéntiam: * Et Dóminus ómnium diléxit eam. ℣. Adjuvábit eam Deus vultu suo: Deus in médio ejus, non commovébitur. ℟. Et Dóminus ómnium diléxit eam.
Le Seigneur l’a comblé de grâces dans le combat, elle a été glorifiée devant Dieu et devant les hommes. Elle a parlé sagement devant les princes ; Et le Seigneur de toutes choses l’a aimée. Dieu l’aidera de ses regards favorables ; elle ne sera point ébranlée, Dieu est au milieu d’elle, Et le Seigneur de toutes choses l’a aimée.
La lettrine de Lucia virgo est de l'antiphonaire de Saint-Maur des Fossés, XIIe siècle.
Voici le Rorate Caeli par le chœur du séminaire de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre aux Etats-Unis. (Avec de belles images de... messes Rorate.)
Et une interprétation surprenante, accompagnée à l’orgue et dramatisée à l’extrême (c’est quasiment de l’opéra), par les… moines de Cîteaux, vers 1946.
Le texte (c'est un tissu de citations d'Isaïe), et la traduction de dom Guéranger.
Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum. (bis)
Cieux, répandez votre rosée ; et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.
Ne irascaris Domine, ne ultra memineris iniquitatis. Ecce civitas sancta facta est deserta, Sion deserta est, Jerusalem desolata est, domus sanctificationis tuæ et gloriæ tuæ, ubi laudaverunt te patres nostri.
Ne vous irritez plus, Seigneur, ne vous souvenez plus désormais de notre iniquité. Voilà que la cité du Saint est devenue déserte, Sion est dans la solitude, Jérusalem est désolée, cette maison consacrée à votre culte et à votre gloire, où nos pères ont chanté vos louanges.
Rorate caeli desuper, et nubes pluant justum.
Peccavimus, et facti sumus tamquam immundus nos, et cecidimus quasi folium universi. et iniquitates nostræ quasi ventus abstulerunt nos. Abscondisti faciem tuam a nobis, et allisisti nos in manu iniquitatis nostræ.
Nous avons péché, et nous sommes devenus comme le lépreux ; et nous sommes tous tombés comme la feuille ; et comme un vent impétueux, nos iniquités nous ont enlevés et dispersés. Vous avez caché votre face à nos regards, et vous nous avez brisés par la main de notre iniquité.
Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum.
Vide Domine afflictionem populi tui, et mitte quem missurus es : emitte Agnum dominatorem terræ, de petra deserti ad montem filiæ Sion, ut auferat ipse jugum captivitatis nostræ.
Voyez, Seigneur, l'affliction de votre peuple, et envoyez Celui que vous devez envoyer. Faites sortir l'Agneau qui doit dominer sur la terre; qu'il s'élance de la pierre du désert sur la montagne de la fille de Sion, afin qu'il enlève lui-même le joug de notre captivité.
Rorate cæli desuper, et nubes pluant justum.
Consolamini, consolamini, popule meus : cito veniet salus tua ; quare mœrore consumeris, quia innovavit te dolor? Salvabo te, noli timere, ego enim sum Dominus Deus tuus, Sanctus Israel, redemptor tuus.
Console-toi, console-toi, ô mon peuple ! bientôt viendra ton salut: pourquoi te consumes-tu dans la tristesse? Pourquoi la douleur s'est-elle emparée de toi ? Je te sauverai, ne crains point : car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d'Israël, ton Rédempteur.
Lettre de saint Damase à saint Jérôme, datée de 384, peu avant la mort du pape. Saint Jérôme vient de terminer la révision de la version latine des Evangiles. (Il n’a pas encore commencé la traduction de l’Ancien Testament.)
Damase à son fils très aimé Jérôme.
Tu dors, et voici longtemps que tu lis plutôt que tu n'écris. Les petits problèmes que je t'adresse vont te réveiller ; ainsi en ai-je décidé. Non pour t'interdire le devoir de la lecture - car c'est la nourriture quotidienne qui alimente et engraisse l'oraison -, mais pour que ta lecture porte ses fruits, si tu te mets à écrire.
Il ne saurait y avoir, je crois, de sujet de conversation plus honorable pour nos entretiens que de causer entre nous des Écritures ; je veux dire : moi faisant les demandes et toi les réponses.
Il n'est, à mon avis, rien de plus agréable ici-bas qu'une telle méthode de vie, car cette nourriture de l'âme surpasse en douceur toutes les gâteries. Combien douces à mon palais tes paroles, dit le prophète, plus douces que le miel à mes lèvres ! [Ps 118, 103]. Si, en effet, nous autres hommes différons des bêtes en ce que nous possédons la faculté du langage, de quelle louange n'est-il pas digne celui qui surpasse tous les autres, précisément en ce qui fonde la supériorité des hommes sur les animaux ?
Au travail donc...
(Traduction J. Labourt, dans Jérôme, Lettres, 35, Paris, t. II, Les Belles Lettres, 1953. Trouvé sur Wikipedia.)
Je me suis réjoui des choses qui m’ont été dites, Dans la maison du Seigneur nous irons. Ps. CXXI, 1
Le Psaume CXXI était un de ceux que les Juifs chantaient en allant à Jérusalem pour la fête de Pâques et sur lequel ils disaient leur joie de voir le Temple.
L’interprétation liturgique en est facile. La maison du Seigneur peut s’entendre ou de Jérusalem, ou de l’Eglise, ou du Ciel, selon que l’on choisit l’un ou l’autre des sens de l’Avent. Le troisième semble le mieux adapté parce qu’il permet de relier étroitement l’Alleluia au Graduel, à l’Epitre et à l’Introït. Dans l’Introït, le prophète annonce que le Seigneur va venir ; à l’Epître, saint Paul le présente comme le roi des nations ; au Graduel, le psalmiste le voit dans la splendeur qui lui vient de ses élus rassemblés autour de lui ; à l’Alleluia, l’Eglise se réjouit de tout ce qui vient de être dit et fixe sa joie et son désir sur la maison du Père où elle va.
LA MELODIE
Une joie délicate, dans la première incise de l’Alleluia ; profonde et empreinte de gravité dans la seconde, avec une ardeur de désir s’épanouissant sur le pressus du sommet. Même expression dans le Verset. Il débute dans un beau mouvement d’allégresse qui va vers quæ dicta sunt, où il s’épanouit avec ampleur, à juste titre d’ailleurs ; car c’est bien de ce qui a été dit qu’est venue la joie.
La deuxième phrase est plus contemplative. L’âme est prise par l’idée de la maison de Dieu : le Temple, le Ciel, l’intimité de la présence divine. Elle se complaît sur ces deux mots et chante la béatitude qu’ils évoquent, en de beaux rythmes souples, paisibles, et où passe l’ardeur discrète de son désir.
Fort habilement, l’auteur a amené sur Domini le motif de la dernière incise de l’Alleluia monté d’un ton. Il le fait s’achever sur la cadence du IVe mode, donnant ainsi à la mélodie quelque chose d’inachevé, d’illimité, qui prolonge le désir ; lequel d’ailleurs se pénètre, à nouveau, de joie active sur ibimus, le mot de la montée vers la Maison.