Allelúia, allelúia. Lætátus sum in his, quæ dicta sunt mihi : in domum Dómini íbimus. Allelúia.
Par des maîtres de chœur sous la direction du chanoine Jeanneteau, en 1984 (et deux fois ! mais on ne s’en lasse pas…):
Le commentaire de dom Baron:
LE TEXTE
Je me suis réjoui des choses qui m’ont été dites, Dans la maison du Seigneur nous irons. Ps. CXXI, 1
Le Psaume CXXI était un de ceux que les Juifs chantaient en allant à Jérusalem pour la fête de Pâques et sur lequel ils disaient leur joie de voir le Temple.
L’interprétation liturgique en est facile. La maison du Seigneur peut s’entendre ou de Jérusalem, ou de l’Eglise, ou du Ciel, selon que l’on choisit l’un ou l’autre des sens de l’Avent. Le troisième semble le mieux adapté parce qu’il permet de relier étroitement l’Alleluia au Graduel, à l’Epitre et à l’Introït. Dans l’Introït, le prophète annonce que le Seigneur va venir ; à l’Epître, saint Paul le présente comme le roi des nations ; au Graduel, le psalmiste le voit dans la splendeur qui lui vient de ses élus rassemblés autour de lui ; à l’Alleluia, l’Eglise se réjouit de tout ce qui vient de être dit et fixe sa joie et son désir sur la maison du Père où elle va.
LA MELODIE
Une joie délicate, dans la première incise de l’Alleluia ; profonde et empreinte de gravité dans la seconde, avec une ardeur de désir s’épanouissant sur le pressus du sommet.
Même expression dans le Verset. Il débute dans un beau mouvement d’allégresse qui va vers quæ dicta sunt, où il s’épanouit avec ampleur, à juste titre d’ailleurs ; car c’est bien de ce qui a été dit qu’est venue la joie.
La deuxième phrase est plus contemplative. L’âme est prise par l’idée de la maison de Dieu : le Temple, le Ciel, l’intimité de la présence divine. Elle se complaît sur ces deux mots et chante la béatitude qu’ils évoquent, en de beaux rythmes souples, paisibles, et où passe l’ardeur discrète de son désir.
Fort habilement, l’auteur a amené sur Domini le motif de la dernière incise de l’Alleluia monté d’un ton. Il le fait s’achever sur la cadence du IVe mode, donnant ainsi à la mélodie quelque chose d’inachevé, d’illimité, qui prolonge le désir ; lequel d’ailleurs se pénètre, à nouveau, de joie active sur ibimus, le mot de la montée vers la Maison.