Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 267

  • En Virginie, un record du monde

    L’église Sainte-Marie de la Vieille Ville d’Alexandria, dans le diocèse d’Arlington en Virginie, a été érigée ce 14 janvier en basilique mineure. Cette église est la plus ancienne de Virginie. Elle a été construite grâce à des fonds récoltés en 1788 par le colonel John Fitzgerald, ancien aide de camp de George Washington, et celui-ci donna personnellement l’équivalent de 1.200 $ actuels.

    On apprend à cette occasion, par le blog Rorate Caeli, qu’il y a une messe Summorum Pontificum mensuelle dans cette église. Et que la messe traditionnelle a droit de cité (plus ou moins étendu) dans 15 des 70 paroisses du diocèse, ce qui est le record du monde (et il n’y en avait aucune en 2006).

    Comme Rorate Caeli, on ne peut que souhaiter que cette messe devienne rapidement hebdomadaire, puis quotidienne….

  • Saint Paul premier ermite

    Screenshot-2018-1-14 St Paul de Thèbes et st Antoine.jpg

    … Et alors, s'étant embrassés à diverses fois, ils se saluèrent et se nommèrent tous deux par leurs propres noms. Ils rendirent ensemble grâces à Dieu; et, après s'être donné le saint baiser, Paul, s'étant assis auprès d'Antoine, lui parla en cette sorte :

    « Voici celui que vous avez cherché avec tant de peine, et dont le corps flétri de vieillesse est couvert par des cheveux blancs tout pleins de crasse; voici cet homme qui est sur le point d'être réduit en poussière; mais, puisque la charité ne trouve rien de difficile, dites-moi, je vous supplie, comment va le monde : fait-on de nouveaux bâtiments dans les anciennes villes? qui est celui qui règne aujourd'hui ? et se trouve-t-il encore des hommes si aveuglés d'erreur que d'adorer les démons? »

    Comme ils s'entretenaient de la sorte ils virent un corbeau qui, après s'être reposé sur une branche d'arbre, vint de là, en volant tout doucement, apporter à terre devant eux un pain tout entier. Aussitôt qu'il fut parti Paul commença à dire : « Voyez, je vous supplie, comme Dieu, véritablement tout bon et tout miséricordieux, nous a envoyé à dîner. Il y a déjà soixante ans que je reçois chaque jour de cette sorte une moitié de pain; mais depuis que vous êtes arrivé Jésus-Christ a redoublé ma portion, pour faire voir par là le soin qu'il daigne prendre de ceux qui, en qualité de ses soldats, combattent pour son service. »

    Ensuite, ayant tous deux rendu grâces à Dieu, ils s'assirent sur le bord d'une fontaine aussi claire que du cristal, et voulant se déférer l'un à l'autre l'honneur de rompre le pain, cette dispute dura quasi jusqu'à vêpres, Paul insistant sur ce que l'hospitalité et la coutume l'obligeaient à cette civilité, et Antoine la refusant à cause de l'avantage que l'âge de Paul lui donnait sur lui. Enfin ils résolurent que chacun de son côté, prenant le pain et le tirant à soi, en retiendrait la portion qui lui demeurerait entre les mains. Après, en se baissant sur la fontaine et mettant leur bouche sur l'eau, ils en burent chacun un peu, et puis, offrant à Dieu un sacrifice de louanges, ils passèrent toute la nuit en prières.

    (….)

    Le bienheureux Antoine contait, depuis, qu'il acheva avec tant de vitesse ce qui lui restait de chemin qu'il semblait qu'il eût des ailes, et non sans sujet puisque, étant entré dans la caverne, il y vit le corps mort du saint qui avait les genoux en terre, la tête levée et les mains étendues vers le ciel. Il crut d'abord qu'il était vivant et qu'il priait, et se mit de son côté en prières; mais, ne l'entendant point soupirer ainsi qu'il avait coutume de le faire en priant, il s'alla jeter à son cou pour lui donner un triste baiser, et reconnut que par une posture si dévote le corps de ce saint homme, tout mort qu'il était, priait encore Dieu auquel toutes choses sont vivantes.

    Ayant roulé et tiré ce corps dehors, et chanté des hymnes et des psaumes selon la tradition de l'Eglise catholique, il était fort fâché de n'avoir rien pour fouiller la terre, et pensant et repensant à cela avec inquiétude d'esprit, il disait : « Si je retourne au monastère il me faut trois jours pour revenir, et si je demeure ici, je n'avancerai rien : il vaut donc beaucoup mieux que je meure et que, suivant votre vaillant soldat, ô Jésus-Christ, mon cher maître, je rende auprès de lui les derniers soupirs. »

    Comme il parlait ainsi en lui-même, voici deux lions qui, sortant en courant dis fond du désert, faisaient flotter leurs longs crins dessus le cou. Ils lui donnèrent d'abord de la frayeur, mais, élevant son esprit à Dieu, il demeura aussi, tranquille que s'ils eussent été dés colombes, lis vinrent droit au corps du bienheureux vieillard, et, s'arrêtant là et le flattant avec leurs queues, ils se couchèrent à ses pieds, puis jetèrent de grands rugissements pour lui témoigner qu'ils le pleuraient en la manière qu'ils le pouvaient. Ils commencèrent ensuite à gratter la terre avec leurs ongles, en un lieu assez proche de là, et, jetant, à l'envi le sable de côté et d'autre, firent une fosse capable de recevoir le corps d'un homme; et aussitôt après, comme s'ils eussent demandé récompense de leur travail, ils vinrent, en remuant les oreilles et la tête basse, vers Antoine, et lui léchaient les pieds et les mains. Il reconnut qu'ils lui demandaient sa bénédiction, et soudain, rendant des louanges infinies à Jésus-Christ de ce que même les animaux irraisonnables avaient quelque sentiment de la divinité, il dit : « Seigneur, sans la volonté duquel il ne tombe pas même une seule feuille des arbres ai le moindre oiseau ne perd la vie, donnez à ces lions ce que vous savez leur être nécessaire ; » et après, leur faisant signe de la main, il leur commanda de s'en aller.

    Saint Jérôme, Vie de saint Paul ermite

    antoine_paul_fanous.jpeg

  • 2e dimanche après l’Epiphanie

    Introït

    « Que toute la terre t'adore, ô Dieu, et chante pour toi. Qu'elle chante un hymne à ton nom, ô Très Haut. Jubile pour Dieu toute la terre, chante un hymne à son nom, rends gloire à sa louange. »

    Extrait du commentaire d’un moine de Triors pour L’Homme Nouveau :

    Nous sommes toujours dans la proximité et comme le rayonnement de la fête de l'Épiphanie. C'est toujours l'enfant nouveau né et en même temps le roi de l'univers que nous fêtons, d'où cette conjonction des deux thèmes dans la liturgie de Noël et de l'Épiphanie : quelque chose d'intime et quelque chose de grandiose. Et on retrouve ces deux dimensions dans ce chant d'entrée. Ici, on peut dire que c'est le texte et la mélodie qui se départagent. Le texte est plutôt à la grandeur, à la solennité, à l'universalité ; par contre, on le verra, la mélodie est plus intérieure, plus contemplative. Et cela donne un chant assez contrasté mais très beau parce qu'il manifeste encore une fois la force du chant grégorien qui sait contenir des magnificences dans l'humilité et la sobriété de ses mélodies. Le résultat est d'autant plus expressif quand on sait entrer dans ce style de composition aux nuances si délicates.

    Il n'y a pas une demande dans ce chant, il n'y a même pas un souci d'orienter la splendeur de Dieu et de son mystère vers le cœur de l'homme. Non, c'est gratuit, et c'est ça la louange et c'est ça l'amour et c'est ça le bonheur. Et c'est pour cela que je crois vraiment que le chant grégorien se présente à nos contemporains comme un remède psychologique à bien des maux, à bien des souffrances, à bien des complexes, ou des problèmes relationnels dont on est incapable de sortir et qui nous rendent malheureux comme tout. Dieu est là comme un être magnifique. La Bible est tout entière pleine de ses faits et gestes grandioses et bouleversants d'intimité. Dieu s'est manifesté dans l'histoire des hommes; il continue de le faire, il a jonché notre pays d'églises, petites ou grandes, toutes plus belles les unes que les autres, témoins merveilleux du passage de Dieu dans notre histoire. Dieu est là, et le louer est une activité qui nous guérit en nous élevant vers ce pour quoi nous sommes faits. La louange gratuite est radicalement opposée au matérialisme qui rive l'homme au plaisir inférieur, à travers une dépendance humiliante à l'égard de biens inférieurs.

    C'est un chant de louange, mais la mélodie est très contemplative, très intérieure, très stable, très paisible et tranquille. C'est un chant tout simple et profond, typique du quatrième mode qui est le mode de la contemplation et de l'intimité adorante. regardez d'ailleurs ce mot adoret et voyez comment il est traité avec cette belle courbure que je vous ai déjà soulignée, ce bel arc roman, dès que ce mot est employé dans une mélodie grégorienne. Il faut mettre dans ce mot comme dans celui de Deus et de Altissime beaucoup de complaisance et d'amour. C'est un désir qui s'élance avec ardeur vers les hauteurs et redescend comblé par l'activité contemplative.

    Chanté par les moines de Triors :

     

    Screenshot-2018-1-13 Introit-epiphanie-dim-2 jpg (Image JPEG, 435 × 379 pixels).png

  • Commémoraison du Baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ

    Je ne puis contenir les élans de ma joie, mais j’ai le cœur ému et transporté : oublieux de ma propre faiblesse, je brûle d’envie de m’acquitter de la charge du grand Jean-Baptiste ; et quoique je ne sois pas le précurseur, je viens cependant du désert. Le Christ reçoit donc le sacrement de l’illumination ; ou plutôt c’est lui qui nous illumine de son éclat. Le Christ est baptisé ; descendons, nous aussi, avec lui, pour monter également avec lui.

    Jean baptise, et Jésus vient à lui. Le Christ sanctifie assurément celui qui le baptise ; mais son but est plutôt d’ensevelir le vieil Adam dans les eaux, et, avant tout, de sanctifier par son baptême les eaux du Jourdain, afin que, comme il était esprit et chair, de même ceux qui seraient baptisés dans la suite, fussent sanctifiés par la vertu de l’Esprit et par l’élément de l’eau. Jean refuse, Jésus insiste. « C’est moi qui dois être baptisé par vous, dit Jean ». Le flambeau parle au Soleil, la voix au Verbe.

    Jésus sort de l’eau, tirant en quelque sorte à sa suite et élevant avec lui le monde, (jusqu’alors) plongé dans l’abîme. Il voit le ciel, non se déchirer, mais s’ouvrir. Le premier Adam l’avait autrefois fermé pour lui-même et pour nous, comme il s’était vu fermer aussi le Paradis terrestre, dont un glaive de feu défendit l’entrée. L’Esprit Saint rend témoignage : les similitudes et les rapprochements se trouvent en parfaite harmonie : le témoignage vient du Ciel, car il est descendu du Ciel, celui auquel l’Esprit rend témoignage.

    Saint Grégoire de Nazianze (lecture des matines)

    Meister_des_Hitda-Evangeliars_003a.jpeg

    Evangéliaire de l'abbesse Hitda de Meschede (XIe siècle).

     

  • Deus qui nobis ad relevandos

    Oraison du missel mozarabe, traduction dom Guéranger. On retrouve les expressions du début de cette prière dans la préface pour le deuxième dimanche après l’Epiphanie dans le missel ambrosien, et dans un codex du sacramentaire grégorien. On retiendra surtout le magnifique ternaire de la fin.

    Deus qui nobis ad relevandos istius vitae labores, diversa donorum tuorum solatia et gaudia contulisti, quibus insignes annuis recursibus dies agimus, ut Ecclesiae tuae vota solemnia praesenti festivitate celebremus: unde et proxime Natalem Domini Salvatoris peregimus, qui nobis natus in tempore est, qui de te natus sine tempore, omnium saeculorum et temporum est antecessor et conditor: deinde subsecutum diem Circumcisionis octavum, Unigeniti luce signatum, pari observantia recolentes, sacrificiis solemnibus honoravimus : nunc Epiphaniae diem, revelante in homine divinitate, excolimus, diversa Domini nostri Jesu Christi Filii tui in hoc mundo suum adventum manifestantia insignia praedicantes, sive quod stellam ortus sui nunciam misit e caelo, quam stupentibus Magis usque ad cunabula suae carnalis infantiae praeviam fecit : sive quod aquas baptismate suo, ad omnium gentium lavationem, Jordanis alveum sanctificaturus intravit : ubi ipsum esse Filium unigenitum dilectum, Spiritu, columbae specie, advolante, monstrasti, et paterna insuper voce docuisti: sive quod primum in Cana Galilaeae prodidit signum, cum in connubio nuptiali, aquas in vinum convertit, alto et admirabili sacramento docens, quod a saeculis sponsae sibi jungendus Ecclesiae advenerat, ac in vinum prudentiae spiritualis saporis fidem veritatis esse mutandum : itaque in his tribus mirabilium tuorum causis fide hodiernae solemnitatis edita, Dominus noster Jesus Christus, Filius tuus, nihilominus tuae virtutis operatio et nostrae salutis praeparatio est. Propterea, Domine, secundum haec tria magna mirabilia, maneat in nobis gratiae spiritualis integritas, sapiat in cordibus nostris vinum prudentiae, fulgeat in operibus stella justitiae. Amen.

    O Dieu, qui, pour charmer les travaux de cette vie, avez distribué les consolations et les joies par le souvenir de vos bienfaits, dont chaque année nous célébrons le solennel anniversaire ; nous vous offrons, dans la présente fête, les vœux et les hommages de votre Église. Naguère nous avons honoré la Naissance de notre Seigneur et Sauveur , qui, né pour nous dans le temps, est né de vous sans le temps, qui précède tous les siècles et tous les temps, et qui les a créés. Nous avons fêté ensuite, par de solennels sacrifices, ce huitième jour de la Circoncision, tout brillant de la lumière de votre Fils unique et digne de notre culte. Aujourd’hui, nous célébrons le jour de l’Épiphanie, qui a révélé la divinité dans l’homme, et nous proclamons les trois merveilles qui manifestent l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, en ce monde : soit qu’il envoie du ciel l’étoile messagère de sa naissance, qui précède et conduit les Mages étonnés jusqu’au berceau de son enfance dans la chair; soit que, voulant sanctifier les eaux par son baptême, pour laver toutes les nations, il entre dans le lit du Jourdain, où vous avez montré qu’il est votre Fils unique et bien-aimé, par l’Esprit Saint volant sur en forme de colombe, pendant que vous proclamez ce mystère d’une voix paternelle; soit qu’il opère son premier miracle en Cana de Galilée, en changeant les eaux en vin dans le festin nuptial, nous apprenant, par un haut et admirable mystère, que Celui qui devait s’unir à l’Église qu’il s’était fiancée depuis des siècles, était enfin arrivé, et que l’humble foi dans la vérité des promesses devait se changer en le vin de la sagesse, à la spirituelle saveur. Ainsi, dans ces trois merveilles qui sont l’objet mystérieux de la solennité d’aujourd’hui, notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, opère tout à la fois les prodiges de votre puissance et la préparation de notre salut. Faites donc, Seigneur, selon la forme de ces trois grands mystères, que l’intégrité de votre grâce spirituelle demeure en nous ; que la saveur du vin de votre sagesse se répande dans nos cœurs; que l’étoile de votre justice brille dans nos œuvres. Amen.

    Screenshot-2018-1-11 Biblioteca Digital de Castilla La Mancha Resultados.png

    Missel mozarabe, Tolède, 1500. On remarque qu'il y a une faute au début. Car si la liturgie utilise souvent le verbe "revelare" et rarement "relevare", c'est manifestement le second qui figure dans cette prière.

  • In columbæ specie

    ℟. In colúmbæ spécie Spíritus Sanctus visus est, Patérna vox audíta est:
    * Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.
    . Cæli apérti sunt super eum, et vox Patris intónuit.
    ℟. Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui.

    C'est sous l'apparence d'une colombe que l'Esprit Saint s'est montré, et la voix du Père s'est fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances. Les cieux se sont ouverts au-dessus de lui, et la voix du Père a retenti : Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances.

    Ce répons des matines est le deuxième répons des matines de la fête de l’Epiphanie. Comme le premier répons dont il est très proche, il évoque le Baptême du Christ, l’un des trois grands mystères de ce temps, le seul célébré dans l’Epiphanie byzantine. On remarque l’expression « vox Patris intonuit » : la voix du Père a retenti, qui ne se trouve pas dans l’Evangile, de même que « Paterna vox » : la voix du Père.

    En revanche ces deux expressions se trouvent également dans le deuxième répons des matines de la Transfiguration, ce qui souligne le parallèle entre les deux théophanies.

    « Paterna vox » précise la provenance de cette voix qui vient du ciel, dans le Baptême, et de la nuée, dans la Transfiguration.

    Quant à « vox Patris intonuit », l’expression renvoie à l’extraordinaire psaume 28, qui est le premier psaume des matines de l’Epiphanie, et le deuxième psaume des matines de la Transfiguration. On y lit : « Vox Dómini super aquas, Deus majestátis intónuit » : la voix du Seigneur sur les eaux, le Dieu de majesté s’est fait entendre.

    Par les Gloriae Dei Cantores.

    Dans l'antiphonaire des cordeliers de Fribourg, vers 1300 (attention au changement de clef au milieu de "dilectus"...

    743598671.jpeg

  • In excelso throno

    Screenshot-2018-1-9 BLAGO BLAGO Decani 53 Mid-Pentecost.jpg

    Monastère de Visoki Dečani, Kosovo.

    La réforme de 1960 a supprimé l’octave de l’Epiphanie et l’a remplacée par un soi-disant « temps de l’Epiphanie ». Lequel est divisé en deux : avant le premier dimanche après l’Epiphanie on célèbre la messe de l’Epiphanie, et, après le dimanche, la messe de ce dimanche. Il en résulte que cette année, le premier dimanche après l’Epiphanie étant le lendemain de l’Epiphanie, la messe de toute la semaine (de lundi à vendredi) est celle du premier dimanche après l’Epiphanie, messe qui avant 1960 n’était célébrée qu’une fois.

    Cela a le défaut majeur de donner à cette messe une importance démesurée. Car Jésus à 12 ans dans le Temple n’est pas une des trois grandes théophanies de ce temps, telles qu’elles sont célébrées et liées entre elles par la liturgie : l’adoration des mages, le baptême du Seigneur, les Noces de Cana.

    Cela a toutefois l’avantage de permettre peut-être aux fidèles, ici ou là, d’entendre la messe qui a quasiment disparu à cause de l’invention de la fête dite de la « Sainte Famille de Jésus Marie Joseph » qui squatte depuis Benoît XV le premier dimanche après l’Epiphanie (encore que la question ne se pose même pas dans les paroisses de France où l’on doit célébrer la solennité transférée de l’Epiphanie…).

    Or les chants de cette messe, surtout l’introït, donnent la véritable signification de l’évangile : celui qui est assis dans le Temple au milieu des docteurs est le roi éternel que les anges adorent. C’est la suite du message de l’Epiphanie.

    In excélso throno vidi sedére virum, quem adórat multitúdo Angelórum, psalléntes in unum : ecce, cuius impérii nomen est in ætérnum.
    Jubiláte Deo, omnis terra : servíte Dómino in lætítia.

    Sur un trône élevé, j’ai vu un homme que la multitude des Anges adore, chantant en chœur : Voici celui dont l’empire est éternel.
    Acclamez Dieu, toute la terre : servez le Seigneur avec joie.

    Voici cet introït impérial chanté par les moniales d’Argentan, sous la direction de dom Gajard :
    podcast

    Screenshot-2018-1-9 GR64.png

    e-codices_sbe-0121_053_large.jpg

    Graduel des séquences de Nokter, Einsiedeln, vers 960-970.

  • Omnes patriarchae

    L’excellent blog New Liturgical Movement attire de nouveau notre attention sur l’antienne ambrosienne « Omnes patriarchae », qui est chantée solennellement aux vêpres de l’Epiphanie, juste après le Lucernaire, dans la liturgie de l’Eglise de Milan.

    Tous les patriarches t’ont proclamé, et tous les prophètes t’ont annoncé ; les anges t’ont montré aux bergers ; les cieux par l’étoile t’ont fait voir clairement ; et tous les justes t’ont reçu avec joie.

    L’antienne, d’origine manifestement orientale, est chantée quatre fois, pour être entendue des quatre points cardinaux. La deuxième fois elle est suivie du Gloria Patri, la troisième fois de Sicut erat, et la quatrième fois elle est chantée par l’archevêque debout devant l’autel face au peuple.

    Screenshot-2018-1-8 Canto-Ambrosiani-Avvento-Natale-Epifania-Apparuit-thesaurus pdf.png

  • Tria sunt munera

    ℟.  Tria sunt múnera pretiósa, quæ obtulérunt Magi Dómino in die ista, et habent in se divína mystéria:
    * In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.
    ℣. Salútis nostræ auctórem Magi veneráti sunt in cunábulis, et de thesáuris suis mýsticas ei múnerum spécies obtulérunt.
    ℟.  In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.

    Ce sont trois précieux présents que les Mages ont offerts au Seigneur en ce jour-là, et ils ont en eux des mystères divins : dans l’or, afin que soit montrée la puissance du Roi, dans l’encens, considère le grand Prêtre, et dans la myrrhe, la sépulture du Seigneur. Les Mages ont vénéré l’auteur de notre salut dans la crèche, et de leurs trésors lui ont offert des formes mystiques de présents.

    Répons des matines. Le voici chanté par la Schola cantorum Coloniensis, mais avec comme verset

    Reges Tharsis et insulae munera offerrent : reges Arabum et Saba dona adducent.

    Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents : les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons.

    et avec la doxologie (Gloria Patri….).


    podcast

    Le voici dans l’antiphonaire de Salzinnes (XVIe siècle), avec le texte du bréviaire actuel, et un chant qui est une variante de celui de l’enregistrement.

    Screenshot-2018-1-7 Cantus Ultimus — Halifax (Canada), St Mary’s University - Patrick Power Library, M2149 L4 1554.png

  • La Sainte Famille

    Alors qu’il avait douze ans, il reste à Jérusalem. Ne le sachant pas, ses parents le cherchent avec inquiétude et ne le trouvent pas. Ils le cherchent parmi les proches parents, ils le cherchent parmi leurs compagnons de route, ils le cherchent parmi leurs connaissances, mais, parmi tous ces gens-là, ils ne le trouvent pas. Jésus est donc cherché par ses parents, son père nourricier qui l’avait accompagné quand il était descendu en Egypte, et pourtant ils ne le trouvent pas immédiatement dès qu’ils le cherchent. C’est qu’on ne trouve pas Jésus parmi ses parents et ses proches selon la chair. On ne le trouve pas chez ceux qui lui sont unis corporellement. Parmi les nombreux compagnons de voyage mon Jésus ne peut pas être trouvé.

    Apprends où ceux qui le cherchaient l’ont trouvé, pour que toi aussi qui le cherches avec Marie et Joseph tu le trouves. Et, le cherchant, dit l’Ecriture, « ils le trouvèrent dans le Temple ». Non pas n’importe où, mais dans le Temple. Et pas simplement dans le Temple, mais « au milieu des docteurs qu’il écoutait et qu’il interrogeait ». Toi aussi, cherche Jésus dans le Temple de Dieu, cherche-le dans l’Eglise, cherche-le auprès des maîtres qui sont dans le Temple et qui n’en sortent pas. Si tu cherches ainsi, tu le trouveras.

    De plus, si quelqu’un prétend être un maître et ne possède pas Jésus, il ne possède que le titre de maître et c’est pour cela qu’on ne peut pas trouver auprès de lui Jésus, Verbe de Dieu et Sagesse. « On le trouva, dit Luc, au milieu des docteurs. » D’après un autre passage de l’Écriture au sujet des prophètes, comprenez ce que veut dire ici : « Au milieu des docteurs. » « Si celui qui est assis, dit l’Apôtre, a une révélation, que le premier se taise. » Ils le trouvent « assis au milieu des docteurs », et non seulement « assis », mais « les interrogeant et les écoutant ». Maintenant encore, Jésus est ici : il nous interroge et nous écoute parler. « Tous étaient dans l’admiration», dit Luc. « Qu’admiraient-ils » ? Non pas ses questions qui pourtant étaient admirables, mais « ses réponses ». Interroger est une chose, répondre en est une autre.

    Jésus questionnait les maîtres, et comme de temps en temps ils ne pouvaient pas répondre, il répondait lui-même à ses propres questions. « Répondre » ne veut pas dire simplement que l’on parle après un autre, mais cela signifie, dans l’Ecriture sainte, un enseignement*, puisse la Loi divine te l’apprendre. « Moïse parlait et Dieu lui répondait par une voix. » Par ce genre de réponse le Seigneur apprenait à Moïse ce qu’il ignorait. Tantôt Jésus interroge, tantôt il répond et, comme nous l’avons dit plus haut, si admirables que soient ses questions, ses réponses sont plus admirables encore. Pour que nous puissions l’entendre nous aussi et qu’il nous pose des questions qu’il résoudra lui-même, supplions-le, employons, à le chercher, un effort intense et douloureux et nous pourrons alors trouver celui que nous cherchons.

    Ce n’est pas sans raison qu’il est dit dans l’Ecriture : « Ton père et moi nous te cherchions dans la douleur (dolentes). » Il faut en effet que celui qui cherche Jésus ne le fasse pas avec négligence et mollesse, d’une manière intermittente, comme le font certains qui le cherchent avec tous ces défauts et, pour ce motif, ne le trouvent pas. Pour nous, disons : « Nous te cherchons dans la douleur. »

    Origène, 18e homélie sur saint Luc

    * Notation qui intéressera ceux qui lisent la Sainte Ecriture en grec ou en latin. On trouve souvent le verbe « répondre », particulièrement dans les Evangiles, et concernant le Seigneur, alors qu’il ne « répond » à personne. Dans les traductions ce verbe est hélas remplacé par « dire » et le lecteur ne peut donc pas se demander pourquoi c’est le verbe « répondre » qui est utilisé. La première fois c'est dans l'évangile de l'Epiphanie: "responso accepto": les mages "ayant reçu en songe la réponse de ne pas retourner vers Hérode". Ils reçoivent une réponse alors qu'ils n'ont rien demandé. Il s'agit d'une communication divine, ce qui est souligné d'autre part par le passif.

    On remarquera que cette notation suit celle qui concerne le fait que Jésus est « assis ». Ce qui est également l’indication qu’un enseignement va être délivré. Origène n’y insiste pas, considérant sans doute que son auditoire le sait déjà.