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Allelúia, allelúia. Hic est discípulus ille, qui testimónium pérhibet de his : et scimus, quia verum est testimónium eius. Allelúia.
Allelúia, allelúia. C’est ce disciple qui rend témoignage de ces faits, et nous savons que son témoignage est véridique. Alléluia.
Voici pour la troisième fois consécutive la même mélodie d’alléluia. C’est en effet celle de la messe du jour de Noël, et celle de la messe de saint Etienne. La même mélodie, adaptée à un texte propre. On la retrouvera aussi à l’Epiphanie. Et même, sous une forme abrégée, dans la messe de saint Sylvestre (il s’agit de l’alléluia de la fête des saints Pierre et Paul, devenu celui des fêtes des saints papes).
On l’appelle « Alleluia Dies sanctificatus », selon le texte de Noël. Mais il est impossible de savoir si Noël a été la première affectation de cette mélodie. Dans les manuscrits du moyen âge on trouve une quarantaine de fêtes de saints qui ont un alléluia sur cette mélodie…
Voici l’alléluia de saint Jean par les moniales d’Argentan, sous la direction de dom Gajard (c’est un peu lent – et un peu maniéré - à mon goût, mais c’est quand même très beau) :
Etenim sedérunt príncipes, et advérsum me loquebántur : et iníqui persecúti sunt me : ádjuva me, Dómine, Deus meus, quia servus tuus exercebátur in tuis justificatiónibus.
Car les chefs du peuple se sont assemblés ; ils m’ont accusé et m’ont persécuté injustement. Viens à mon aide, Seigneur mon Dieu, car ton serviteur s’est appliqué à observer tes commandements.
L’introït de la messe de saint Etienne entremêle deux versets (23 et 86) du psaume 118, en y ajoutant l’invocation « Seigneur mon Dieu » qui est le sommet de la mélodie :
23a : Etenim sederunt principes, et adversum me loquebantur
(et)
86b
inique persecuti sunt me, adjuva me.
(Domine Deus meus)
(quia)
23b
servus autem tuus exercebatur in justificationibus tuis.
Dans les missels, le premier mot a été enlevé. Il fait pourtant bel et bien partie du chant. Sans doute a-t-il été enlevé parce qu’on ne commence pas une pièce, ni une messe, par une conjonction de coordination qui ne coordonne rien (quoique plusieurs livres de la Bible commencent par une conjonction de coordination). Mais cet « etenim » souligne que nous sommes brusquement placés devant saint Etienne racontant sa persécution devant le sanhédrin. Le protomartyr a déjà commencé à s’exprimer, et nous arrivons quand il dit la suite : « Car les princes du peuple ont siégé et ont parlé contre moi… » Et c’est ainsi que vit, véritablement, de façon dramatique, cette antienne chantée par saint Etienne en personne. D’abord il nous dit ce qui lui est arrivé, avec deux fois cette plainte sur le si bémol qu’on retrouvera encore trois fois, puis il lance sa supplication à Dieu, mon Dieu, dit-il, rappelant au Seigneur qu’il a toujours été son serviteur et mis la loi en pratique. Le premier verset du psaume 118 exprime alors la réponse de Dieu : Etienne est bienheureux parce qu’il a marché jusqu’au sacrifice suprême dans la voie et la loi du Seigneur.
Voici cet introït chanté par les moniales de Kergonan :
Peinture murale sur une voûte de l’église Saint-Michel de Vielha, dans le Val d’Aran. Réalisée sans doute du début du XVIIe siècle par un peintre français, car les légendes sont en français. Son prénom était André, son nom est effacé.
(Le Val d’Aran, à l’extrémité nord-ouest de la Catalogne, la moitié de ses frontières étant avec la France (près de Bagnères de Luchon) est une région semi-autonome gouvernée par un « conseil général » et qui a notamment comme particularité d’être le seul territoire à avoir l’occitan (gascon) comme langue officielle, conjointement avec l’espagnol. Les Aranais sont très opposés à l’indépendance de la Catalogne.)
Ceux qui n’ont pas la chance comme moi d’avoir chaque année la messe chantée de la Vigile de Noël l’auront cette année, puisque cette Vigile prime le quatrième dimanche de l’Avent (comme cela arrive une fois ou plus souvent deux fois par décennie).
Là où je suis pourtant logé à la même enseigne que tout le monde, c’est que l’alléluia de cette messe ne se chante que si la Vigile tombe un dimanche. C’est le pape saint Damase, nous dit le bienheureux cardinal Schuster, qui le prescrivit, sur le conseil de saint Jérôme, et cela fut confirmé par saint Grégoire le Grand (pour qu’il n’y ait pas de dimanche sans alléluia en dehors du carême, je pense).
Allelúia, allelúia. Crástina die delébitur iníquitas terræ : et regnábit super nos Salvátor mundi. Allelúia.
Alléluia, alléluia. Demain sera détruit le péché de la terre et sur nous régnera le Sauveur du monde.
C’est la même mélodie, claire et joyeuse, que l’alléluia de la fête des saints apôtres Philippe et Jacques, et l’alléluia de la fête de la sainte Trinité qu’on trouve aussi la veille au samedi des quatre temps de Pentecôte. Mais en ce jour le texte est un texte ad hoc. Il vient d’un livre apocryphe, le quatrième livre d’Esdras, 16,53 qui dit exactement :
adhuc pusillum et tolletur iniquitas a terra et justitia regnabit in nos.
encore un peu de temps et l’iniquité sera enlevée de la terre, et la justice régnera sur nous.
Graduel des séquences de Nokter, Einsiedeln, vers 960-970.
Veni, et osténde nobis fáciem tuam, Dómine, qui sedes super Chérubim : et salvi érimus. Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Joseph.
Venez, Seigneur, vous dont le trône est porté par les Chérubins. Venez nous montrer votre visage et nous serons sauvés. Ecoutez, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau.
Par les moines de la Grande Chartreuse (CD Le grand silence, bande son du célèbre film documentaire de 2005 portant le même titre) :
*
La dernière des « grandes O », par CantArte Regensburg :
O Emmánuel, * Rex et légifer noster, exspectátio Géntium, et Salvátor eárum : veni ad salvándum nos, Dómine, Deus noster.
O Emmanuel, notre Roi et notre Législateur, Attente des Nations et leur Sauveur : venez nous sauver, Seigneur notre Dieu.
℟. Germinavérunt campi eremi germen odoris Israël: quia ecce Deus noster cum virtúte véniet, * Et splendor eius cum eo. ℣. Ex Sion spécies decóris ejus: Deus noster maniféste véniet. ℟. Et splendor ejus cum eo.
Les plaines du désert ont germé le germe du parfum d’Israël, car voici que notre Dieu va venir avec puissance, et sa splendeur avec lui. De Sion l’image de sa beauté : notre Dieu va venir de façon manifeste.
Beau et mystérieux répons des matines, inspiré par diverses images d’Isaïe.
*
Au Magnificat :
O Rex Géntium, et desiderátus eárum, lapísque anguláris, qui facis útraque unum : veni, et salva hóminem, quem de limo formásti.
O Roi des Nations, et objet de leurs désirs, Pierre angulaire, qui réunissez en vous les deux (peuples) : venez et sauvez l’homme, que vous avez formé du limon.
Cet apôtre a presque deux fêtes. Car c’est surtout de lui qu’il est question le premier dimanche après Pâques. L’incrédulité de Thomas est devenue un fondement de la foi. Thomas est donc le grand témoin de la réalité de la résurrection du Christ. Il peut sembler bizarre que sa fête tombe avant la Nativité. Mais la Résurrection suppose l’Incarnation, et saint Thomas est donc, profondément, un témoin de la vérité de l’Incarnation du Verbe sans commencement qui s’est montré semblable à nous, comme le chante la liturgie byzantine :
Le Fils de Dieu et Dieu lui-même, le Verbe sans commencement qui sur terre s'est montré, glorieux Apôtre, semblable à nous, celui que tu as vu de tes yeux et dont tu as touché de ton doigt les mains et le côté, supplie-le de sauver tes serviteurs.
Celui qui connaît tous les secrets, celui qui sonde les reins et les cœurs, Jésus, mon Dieu et mon Seigneur, a daigné faire de toi, bienheureux Thomas, le serviteur, le témoin et l'apôtre saint de sa divine manifestation.
*
Pour mémoire de l'Avent :
O Oriens, splendor lucis ætérnæ, et sol justítiæ : veni, et illúmina sedéntes in ténebris, et umbra mortis.
O Orient, splendeur de la lumière éternelle, et soleil de justice : venez et éclairez ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.
Les jeunes Turcs qu’on voit sur cette photo n’ont rien à voir avec le parti politique qui avait planifié le génocide arménien. Bien au contraire, ces jeunes Turcs-là sont des catholiques venus de l’islam. A Smyrne, aujourd’hui Izmir. Dans leur église Notre-Dame de Lourdes. Non seulement ils se sont convertis, mais ils veulent la messe traditionnelle. Celui qui a envoyé la photo au blog Rorate Caeli explique que depuis qu’il s’est converti il demande inlassablement la messe traditionnelle et prie à cette intention. Et il l’a eue, pour la première fois, vendredi dernier. « Nous avons célébré notre première messe Rorate. C’était une messe basse mais c’était quand même merveilleux. » Et l'on voit que ces Turcs respectent la tradition de la messe Rorate éclairée seulement par des cierges.
Il dit aussi que le prêtre n’a pas tous les ornements requis mais qu’on fait ce qu’on peut. Il ajoute :
« J’ai pensé que cette glorieuse messe, organisée par de jeunes Turcs convertis de l’islam, serait un rayon d’espérance dans ces jours sombres pour notre Eglise. »
Les chants de cette messe sont globalement ceux du 4e dimanche de l’Avent (empêché cette année) qui sont aussi ceux de la messe de la Sainte Vierge au temps de l’Avent. Sauf l’antienne d’offertoire, qui est propre à ce jour. Le texte est une version d’avant la Vulgate d’Isaïe 35,4. Au moyen âge cet offertoire avait deux versets : le premier prolongeait l’antienne avec les versets 5 et 6 (auxquels Jésus fait allusion quand il répond aux envoyés de Jean-Baptiste pour leur montrer qu’il est bien le Messie), le second reprenait la prophétie du chapitre 7 sur la Vierge qui enfantera (avec une interpellation nettement plus forte que celle de la Vulgate). Et l’on voit que l’antienne est en fait encore un répons, comme en témoigne la dernière partie, après l’astérisque, reprise en refrain.
Confortamini, et jam nolite timere : ecce enim Deus noster retribuet judicium : * ipse veniet, et salvos nos faciet.
Prenez courage, et ne craignez plus : car voici que notre Dieu va apporter la rétribution du jugement : * Lui-même il va venir et nous apporter le salut.
Vers. 1
Tunc aperientur oculi caecorum et aures surdorum audient: tunc ascendet claudus quasi cervus et clara erit lingua mutorum. * Ipse…
Alors les yeux des aveugles s’ouvriront et les oreilles des sourds entendront ; alors le boiteux montera comme un cerf et la langue des muets sera claire. Lui-même il va venir…
Vers. 2
Audite itaque domus David: non pusillum vobis certamen praestare hominibus, quoniam Dominus praestatis certamen: propterea dabit vobis Dominus signum: ecce Virgo in utero accipiet et pariet Filium et vocabitur nomen eius Emmanuel. * Ipse…
Ecoutez donc, maison de David : n’est-ce pas assez que vous livriez un combat contre les hommes, que vous livriez un combat contre le Seigneur ? [Vulgate : que vous soyez importun, désagréable] C’est pourquoi le Seigneur vous donnera un signe : la Vierge sera enceinte et elle enfantera un Fils et on l’appellera Emmanuel. * C’est lui qui va venir et nous apporter le salut.
Gregorian Books donne la partition complète de cet offertoire, et une vidéo où l’antienne est chantée par Yoshihiro Kurebayashi.
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L’antienne de Magnificat, par l’ensemble CantArte de Ratisbonne :
O clavis David, et sceptrum domus Israël ; qui áperis, et nemo claudit ; claudis, et nemo áperit : veni, et educ vinctum de domo cárceris, sedéntem in ténebris, et umbra mortis.
O Clef de David, et sceptre de la maison d’Israël ; qui ouvrez, et nul ne peut fermer ; qui fermez, et nul ne peut ouvrir : venez, et tirez de la prison le captif qui est assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.
℟. Descéndet Dóminus sicut plúvia in vellus: * Oriétur in diébus ejus justítia, et abundántia pacis. ℣. Et adorábunt eum omnes reges, omnes gentes sérvient ei. ℟. Oriétur in diébus eius justítia, et abundántia pacis.
Le Seigneur descendra comme la pluie sur une toison ; en ses jours se lèvera la justice, et l’abondance de la paix. Et tous les rois l’adoreront, tous les peuples le serviront.
Ce répons des matines est formé d’expressions du psaume 71, l’un des plus grands psaumes messianiques (versets 6a, 7a, 11).
Bréviaire de Paris, XIIIe siècle.
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Au Magnificat :
O radix Jesse, qui stas in signum populórum, super quem continébunt reges os suum, quem Gentes deprecabúntur : veni ad liberándum nos, iam noli tardáre.
O Racine de Jessé, qui êtes comme l’étendard des peuples, devant qui les rois fermeront leur bouche, et dont les Nations imploreront le secours : venez nous délivrer, maintenant ne tardez plus.