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La chapelle Saint-Christophe de Lorient existait avant la fondation de la ville de Lorient. Laquelle a été quasi entièrement détruite en 1943. L’un des rares bâtiments à être resté debout fut cette chapelle, dont il ne subsistait toutefois que les murs, car elle avait brûlé. Elle a été remarquablement restaurée, et elle est maintenant, à l’intérieur, bien plus belle qu’avant (voir photos ci-dessous). J’apprends par Ar Gedour que depuis un an les prêtres de la communauté Saint-Jean y célèbrent la messe traditionnelle. Seulement une fois par mois. Mais c’est déjà ça…
« Si l’assistance est encore modeste, elle est en revanche très jeune avec beaucoup de familles et d’enfants », dit Ar Gedour. Il serait bon d’envoyer des renforts… et d’arriver à ce qu’il y ait enfin une messe traditionnelle tous les dimanches à Lorient. (Très égoïstement c’est surtout que ça m’arrangerait qu’il y ait moins de gens de la région de Lorient à squatter mon lieu de culte à moi…)
La prochaine messe c’est demain à 10h 30. Pour la suite du programme voir Ar Gedour.
L’hymne des vêpres au temps de l’Avent, traduction Lemaître de Sacy (ou plutôt adaptation en poésie française, mais c'était bien dans les Heures de Port Royal et dans divers bréviaires).
Toi qui formas au ciel ces lampes éternelles Qui parent la nuit de leurs feux, Jésus, divin sauveur, clair flambeau des fidèles, Entends nos humbles vœux.
Qui cóndolens intéritu mortis períre sǽculum, salvásti mundum lánguidum, donans reis remédium.
Voyant avec douleur la mortelle nature Esclave du roi des enfers Tu descends pour guérir sa profonde blessure, Et rompre tous ses fers.
Vergénte mundi véspere, uti sponsus de thálamo, egréssus honestíssima Vírginis Matris cláusula.
Dans le déclin des temps sur le couchant du monde Tu sors comme un nouvel époux De ce lit nuptial d'une vierge féconde Où tu te joins à nous.
Ce qu'en son vaste rond tout l'univers enserre Te révère comme son roi Et, du haut des cieux jusqu'au fond de la terre Tout fléchit devant toi.
Te deprecámur, hágie, ventúre judex sǽculi, consérva nos in témpore hostis a telo pérfidi.
Ô grand juge, ô soutien qui dans ton jour terrible Doit paraître au milieu des feux, Viens combattre dans nous par ton bras invincible Cet ange ténébreux.
Laus, honor, virtus, glória Deo Patri, et Fílio, Sancto simul Paráclito, in sæculórum sǽcula. Amen.
Gloire au Père éternel, au Fils, notre espérance, À l'Esprit, notre heureuse paix. Qu'ils règnent en ce jour qui jamais ne commence Et ne finit jamais.
Par les moines de l'abbaye Saint-Benoît du Lac (Québec):
Le 8 décembre 2013, Jacques Perrière mettait en commentaire de ma note :
Magnifique antienne du Magnificat dans le bréviaire romain (Liber Usualis) : Hodie egressa est virga. Montée progressive des 3 "hodie" : tierce mineure, quarte, quinte. Deux jolies phrases mélodiques sur "contritum est ab ea" et l'alleluia final en quarte.
Voici cette antienne
Hodie egressa est virga de radice Jesse: Hodie sine ulla peccati labe concepta est Maria: hodie contritum est ab ea caput serpentis antiqui. Alleluia.
Aujourd’hui un rameau est sorti du tronc de Jessé : aujourd’hui Marie a été conçue sans aucune tache de péché : aujourd’hui a été brisée par elle la tête de l’ancien serpent. Alléluia.
- dans deux belles interprétations du Studio de Giovanni Vanini, enregistrées dans le superbe monastère de Clairvaux à Milan ;
- dans l’interprétation de la schola du séminaire des moines paulins à Cracovie, qui est « moderne », pouvant paraître quelque peu désinvolte, surtout pour des moines, et supprimant systématiquement les notes allongées, ce qui ne me paraît pas légitime ;
- dans l’interprétation de la chapelle du palais impérial de Vienne, sur une partition qui est comme simplifiée (néanmoins remarquable), ce qui fait penser qu’il doit s’agir d’un de ces grands livres de lutrin du XIXe siècle.
Dom Guéranger constate ce paradoxe que la liturgie byzantine est d’une particulière richesse d’expression concernant le père et évêque latin et romain qu’est saint Ambroise, et que la liturgie ambrosienne est d’une grande pauvreté sur son auteur. Il en extrait néanmoins les deux répons suivants. Le second est, comme on le voit tout de suite, une composition ecclésiastique. Le premier a comme verset un verset du psaume 88. Le répons est une forme rare d’Isaïe 66,2, qu’on trouve une fois chez saint Ambroise, et autrement dans l’orbite des moines de Lérins (notamment dans la règle dite de saint Macaire). C’est sans doute une traduction d’un texte grec, mais ce n’est pas celui de la Septante.
℟. Super quem requiescam, dicit Dominus, nisi super humilem et mansuetum, * Trementem verba mea ? ℣. Inveni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum. * Trementem verba mea.
Sur qui me reposerai-je, dit le Seigneur ? ce sera sur l’homme humble et doux, celui qui tremble à ma parole. J’ai trouvé David, mon serviteur; je l’ai oint de mon huile sainte, celui qui tremble à ma parole.
℟. Directus est vir inclytus, ut Arium destrueret : splendor Ecclesiae, claritas Vatum ; * Infulas dum gerit saeculi, acquisivit Paradisi. ℣. Dictum enim fuerat proficiscenti: Vade, age non ut Judex, sed ut Episcopus. * Infulas dum gerit saeculi, acquisivit Paradisi.
Cet homme illustre a été suscité pour détruire Arius : il est la splendeur de l’Église, l’éclat du Pontificat; pendant qu’il ceint la mitre de la terre, il obtient celle du Paradis. On lui avait dit, lorsqu’il partait pour Milan : Va, agis non en Juge, mais en Évêque. Pendant qu’il ceint la mitre de la terre, il obtient celle du Paradis.
Saint Ambroise, mosaïque de la basilique Saint-Ambroise de Milan (chapelle de saint Victor au ciel d'or), Ve siècle.
Règle de la foi et image de la douceur, maître de tempérance, t’a manifesté à ton troupeau la vérité de tes œuvres. C’est pourquoi tu as acquis par l’humilité les choses sublimes, par la pauvreté les richesses. Père hiérarque Nicolas, prie le Christ Dieu pour qu’il sauve nos âmes.
(Traduction littérale pour suivre le mouvement du grec. Pour comprendre tout de suite la première phrase il faut la prendre à l’envers : la vérité de tes œuvres t’a manifesté à ton troupeau - tes brebis - comme la règle de la foi…)
L'antienne mariale de l'Avent (et de Noël avec une autre oraison), par les moines de Beuron, sous la direction du P. Maurus Pfaff :
Alma Redemptóris Mater, quæ pérvia cæli Porta manes, et stella maris, succúrre cadénti, Súrgere qui curat pópulo: tu quæ genuísti, Natúra miránte, tuum sanctum Genitórem Virgo prius ac postérius, Gabriélis ab ore Sumens illud Ave, peccatórum miserére.
℣. Ángelus Dómini nuntiávit Maríæ
℟. Et concépit de Spíritu Sancto.
Oremus
Grátiam tuam quáesumus, Dómine, méntibus nostris infúnde; ut qui, ángelo nuntiánte, Christi Fílii tui Incarnatiónem cognóvimus, per passiónem ejus et crucem, ad resurrectiónis glóriam perducámur. Per eúmdem Christum Dóminum nostrum.
℟. Amen.
Sainte Mère du rédempteur, porte du ciel toujours ouverte, étoile de la mer, viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever. Tu as enfanté, ô merveille, celui qui t’a créée. Tu demeures toujours vierge, accueille le salut de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs.
L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie, Et Elle conçut du Saint-Esprit
Prions. Daigne, Seigneur, répandre ta grâce dans nos âmes, afin qu'ayant connu par la voix de l'Ange l'Incarnation de ton Fils Jésus Christ nous puissions parvenir par sa Passion et par sa Croix à la gloire de sa Résurrection. Amen.
Ne crains pas Marie. Pourquoi ? Parce que tu as trouvé grâce. Ce n’est pas celui qui a trouvé la grâce qui craint, mais celui qui l’a perdue. Elle l’a trouvée, à n’en pas douter, en concevant la grâce du germe céleste, elle qui, en enfantant, n’a pas perdu les insignes de sa virginité.
Ne crains pas Marie. Pourquoi craindrait-elle celle qui a conçu la Sécurité des êtres, qui a enfanté la Joie des siècles ? La crainte n’a pas sa place quand c’est Dieu qui opère, non l’humanité; là où il est question de force, non de pudeur. Qu’a-t-elle à craindre celle qui a reçu Celui que craignent tous ceux qui inspirent la terreur ? Qu’a-t-elle donc à craindre celle qui a le Juge pour plaider sa cause, et pour témoin, l’intégrité de son innocence ?
Ne crains pas, Marie. Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Ce qui était au commencement auprès de Dieu, Dieu le Verbe, elle Le découvre dans son sein; et elle devient un grand temple de la Divinité, celle qui était un petit hospice de l’humanité; et Celui que la petitesse du corps humain ne contenait pas, la sublimité du sein virginal l’a reçu.
Voici que tu concevras dans ton sein. Par respect pour la langue, il aurait suffi de dire: Tu concevras. Quel besoin y avait-il de préciser lourdement : Dans ton sein ? Pour que la conception soit perçue comme une chose réelle, non comme une image. Pour que le mot naissance soit pris dans toute la force du terme, et ne soit pas dissout dans une figure. Comme d’un Dieu vrai un vrai Dieu est né, d’une vraie conception naîtrait la vérité d’un corps humain. Dans la naissance du Christ, l’injustice, mes frères, est enlevée au corps humain, non la nature; c’est la faute qui est condamnée, la créature n’est pas détruite. C’est donc une hérésie de prétendre mensongèrement que le Christ a assumé un corps aérien : il n’aurait pas eu de chair, et il aurait concerté une ruse en feignant d’être un homme.
Tu concevras dans ton sein, et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Ce qui se dit en hébreu Jésus, en grec Sôtèr, se dit en latin Sauveur. C’est avec raison qu’a été sauvé tout ce qui appartenait à la vierge, puisqu’elle a engendré le Sauveur de tous.
Et tu l’appelleras du nom de Jésus, parce que dans ce nom, toute la majesté de la déité est adorée. Tous ceux qui demeurent dans le ciel, tous les habitants de la terre, tous ceux qui sont retenus dans les profondeurs de l’enfer, fléchissent le genou à l’audition de ce nom, et adorent le Sauveur. Ecoute l’apôtre qui dit : Pour qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans les cieux, sur terre, et dans les enfers. Ce nom qui a donné la vue aux aveugles, la vie aux morts. Toute la vertu de ce nom a mis en fuite la puissance du démon sur les corps qu’il possédait. Et si le nom est si grand, que ne doit pas être sa puissance ? Mais qui est donc celui qui est appelé de ce nom ? Que l’ange le dise ! Et il sera appelé fils du Très-Haut.
Vous voyez que ce que la vierge a conçu n’est pas un fœtus terrestre mais céleste. C’est la vierge qui a enfanté, mais c’est Dieu qui a accueilli le Fils. Donc celui qui discute de cette maternité à la façon d’un sophiste, ne fait qu’injurier un si grand Géniteur.
Lundi de la première semaine de l’Avent. Antienne du Magnificat.
Leva, Jerúsalem, óculos tuos, et vide poténtiam regis: ecce Salvátor venit sólvere te a vínculo
Lève, Jérusalem, les yeux, et vois la puissance du Roi : voici que le Sauveur vient te délivrer de tes liens.
L’introït de ce dimanche étant le premier chant de l’année liturgique, son initiale était spécialement ornée dans les livres liturgiques. En voici quelques exemples.
Graduel du XIe siècle, Saint-Gall
Cantatorium de Saint-Gall, Xe siècle
Graduel XIIe siècle Saint-Pierre de Corbie ? (BNF)
Graduel du XIIe siècle, codex 807 de la bibliothèque de l'université de Graz
En 1624 Urbain VIII décida de restaurer l’église Sainte-Bibiane de Rome. Il confia la réalisation au Bernin, dont ce fut la première commande pontificale (il avait 26 ans). Il refit l’église de fond en comble, et à cette occasion on découvrit les reliques de sainte Bibiane, avec celles de sa mère Dafrosa et de sa sœur Démétria, comme le disait la tradition depuis douze siècles…
La décoration de l’église fut confiée à Pierre de Cortone. Il réalisa notamment les fresques du martyre de sainte Bibiane, qui furent sa première commande importante (il avait 27 ans). Les voici.
Sainte Bibiane refuse de sacrifier aux idoles.
Sainte Bibiane confesse sa foi avec vigueur devant le juge. Sa sœur Démétria tombe morte.
Attachée à une colonne (qui se trouve à l’entrée de l’église), sainte Bibiane est frappée d’un fouet à balles de plomb jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Le prêtre Jean enterre sainte Bibiane auprès de sa sœur sainte Démétria et de leur mère sainte Dafrosa (qui avait été décapitée pour sa foi).
Un peu plus tard, une noble romaine, Olympia (« Olympina », dit le tableau) fait élever une église en l’honneur des trois saintes. (Il s’agit ici manifestement de l’église reconstruite par le Bernin, mais ce n’est pas son portrait…)
℟. Muro tuo inexpugnábili circumcinge nos, Dómine, et armis tuæ poténtiæ prótege nos semper: * Líbera, Dómine, Deus Israël, clamántes ad te. ℣. Erue nos in mirabílibus tuis, et da glóriam nómini tuo. ℟. Líbera, Dómine, Deus Israël, clamántes ad te.
Entoure-nous de ton mur inexpugnable, Seigneur, et protège-nous toujours par les armes de ta puissance. Libère, Seigneur Dieu d’Israël, ceux qui crient vers toi. Délivre-nous par tes merveilles, et donne la gloire à ton nom.
Ce répons des matines fait partie des « répons des prophètes » qui ornent la liturgie en novembre, liturgie qui cette année déborde sur décembre. Le verset vient du livre de Daniel, 3, 43. Le texte du répons proprement dit a une saveur prophétique indéniable, et on jurerait l’avoir lu chez l’un des grands ou petits prophètes. Mais il ne se trouve nulle part…
Curieusement, cette phrase se trouve aussi à la fin d’un répons qui commence par un verset du psaume 54. Répons qui se trouve dans l’antiphonaire grégorien mais qui n’a pas subsisté dans la liturgie romaine :
℟. Praecipita, Domine, omnes operarios iniquitatis et divide linguis eorum, quoniam vidi iniquitatem et contradictionem adversus sanctam civitatem tuam Jerusalem ; * muro tuo inexpugnabili circumcinge nos, Domine Deus noster. ℣.Tu autem in nobis es Domine et nomen tuum super nos invocatum est super nos, ne derelinquas nos. * Muro…
Renverse, Seigneur, tous les artisans d'iniquité et divise leurs langues, car j’ai vu l’iniquité, et la contradiction contre ta sainte cité Jérusalem ; de ton mur inexpugnable entoure-nous, Seigneur notre Dieu. Or toi Seigneur tu es en nous et ton nom est invoqué sur nous, ne nous abandonne pas.
La phrase du répons jusqu'à l'astérisque, c'est aussi l'antienne de Magnificat le samedi avant le 3e dimanche de novembre.
On trouve encore la même expression dans des rituels d’exorcisme :