La messe « pour l’unité de l’Eglise », que l’on peut dire entre le 18 et le 25 janvier, était appelée avant 1960 « missa ad tollendum schisma » : messe pour extirper le schisme.
L’ironie de l’histoire est que cette messe a été composée… par un anti-pape : « Clément VII » d’Avignon. Elle a été promulguée le 29 octobre 1392, et s’est rapidement propagée en France de par la diligence des archevêques, auxquels « Clément » écrivait :
La sainte mère Eglise, profondément affligée du schisme détestable dans lequel le monde vit par le fait du Malin, se trouve plongée dans l'angoisse et l'amertume de souffrances ineffables, et pleure avec une compassion de tous les instants sur la trahison de ses fils frappés de folie qui s’efforcent de déchire la tunique sans couture du Seigneur, c’est-à-dire l’unité de l’Eglise elle-même. Nous-même en effet, qui de par la disposition de la divine clémence, présidons à ses destinées en dépit de nos insuffisants mérites, et qui désirons passionnément le salut de tous ceux qui nous sont confiés, nous avons le cœur d’autant plus serré à la vue de ce schisme que nous le voyons engendrer un très grand détriment dans les âmes. C’est la raison pour laquelle nous recherchons ardemment les voies et moyens à employer pour que les égarés, rejetant l’obscurité issue de leur aveuglement, reviennent sur la voie droite du salut et se réunissent aux fils dévoués de l’Eglise. Considérant donc que les fidèles attendent et espèrent une solution moins d’un moyen humain quelconque que de l’instance d’une prière humble et confiante, après avoir pris conseil de nos frères cardinaux, nous avons fait composer une messe spéciale pour la cessation du schisme, et nous avons ordonné que ce nouvel office soit copié dans le missel de toutes les églises.
Suivaient toutes les indications pratiques, et le texte de la messe.
Cette messe fut copiée dans des centaines de missels, et elle demeura après la fin du schisme, ou plutôt elle se multiplia par le biais de l’imprimerie, et continua de se répandre, en Allemagne, en Espagne, et… à Rome, où elle est attestée au début du XVIe siècle. Elle prend alors une toute nouvelle importance avec les schismes protestants. Et elle figurera donc dans le missel de saint Pie V. Avec quelques modifications, que l’on peut regretter. Le graduel et l’alléluia étaient (en respectant l’orthographe de l’époque) :
Ecce quam bonum et quam jocundum habitare fratres in unum. ℣. Quoniam illic mandavit Dominus benedictionem et vitam usque in seculum. Alleluya. Dominus nomen illi qui habitare facit unanimes in domo. Alleluya. Edificans Jerusalem Deus dispersiones Israelis congregabit. Alleluya.
La secrète a également été changée, et l’on a supprimé les prières qui avaient été introduites après le Pater sur le modèle de ce qui avait déjà été fait dans les messes « pour la libération de la Terre Sainte ». Mais pour l'essentiel, y compris les lectures, c'est la messe de l'anti-pape...
Curieusement, on n’a retrouvé qu’un seul manuscrit indiquant les mélodies (selon le missel de saint Pie V), un graduel hollandais du XVIe siècle. Et seulement huit graduels imprimés (de 1648 à 1858). Curieusement aussi, dom Pothier, chargé d’élaborer le graduel romain, a substitué, pour l’introït, une mélodie de sa composition à la mélodie existante.
Commentaires
L'anti-pape Clément VII était catholique, lui. Ce n'est pas le cas du gay-luthero-adulterophile actuel.