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Dóminus Jesus, postquam cœnávit cum discípulis suis, lavit pedes eórum, et ait illis : Scitis, quid fécerim vobis ego, Dóminus et Magíster ? Exemplum dedi vobis, ut et vos ita faciátis.
Le Seigneur Jésus, après la cène avec ses disciples, leur lava les pieds et leur dit : Savez-vous ce que je viens de faire, moi qui suis votre Seigneur et votre Maître ? Je vous ai donné l’exemple, afin que vous fassiez de même.
L’antienne de communion évoque le lavement des pieds, établissant ainsi directement le lien entre l’institution de l’eucharistie et le « Mandatum ».
C’est d’abord un récit, orné comme il se doit sur Dominus Jesus, puis sur le mot important du jour : coenavit. Le chant devient très solennel quand c’est Jésus qui s’exprime, et souligne qu’il est le Seigneur et le Maître.
La voici d’abord par les Cantores in Ecclesia, chœur fondé dans les années 80 à Portland, Oregon, par Dean Applegate, « pleinement dédié à la préservation et à la promotion du chant grégorien et de la polyphonie sacrée en contexte liturgique dans la messe latine de l’Eglise catholique », en résidence à l’église Saint-Etienne de Portland.
Puis par les moines de Ligugé (1958), avec les quatre premiers versets du psaume 22 (Dominus regit me et nihil mihi deerit).
Puis par les moines de Montserrat, dans une version légèrement différente, avec le psaume 150 (Laudate Dominum in sanctis ejus).
Dans son Année liturgique, dom Guéranger nous donne pour ce jour la préface du missel ambrosien :
Dignum et justum est, æquum et salutare, nos tibi semper hic et ubique gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus, per Christum Dominum nostrum, qui innocens pro impiis voluit pati, et pro sceleratis indebite condemnari. Cujus mors delicta nostra detersit, et resurrectio Paradisi fores nobis reseravit. Per quem tuam pietatem suppliciter exoramus : ut nos hodie a peccatis emacules ; cras vero venerabilis Cœnæ dapibus saties ; hodie acceptes nostrorum confessionem delictorum : cras vero tribuas spiritualium incrementa donorum ; hodie jejuniorum nostrorum vota suscipias : cras vero nos ad sanctissimæ Cœnæ convivium introducas. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.
Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces, sans cesse, ici et en tout lieu, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur qui a daigné souffrir, quoique innocent, pour les impies, et être injustement condamné pour les coupables. C’est sa mort qui a effacé nos péchés, et sa résurrection qui nous a ouvert les portes du Paradis. C’est en son nom que nous supplions votre miséricorde de nous purifier aujourd’hui de la tache de nos péchés, et demain de nous rassasier du mets sacré de l’auguste Cène. Acceptez aujourd’hui la confession de nos fautes : demain accordez-nous l’accroissement des dons spirituels. Aujourd’hui vous recevez le sacrifice de nos jeûnes : demain introduisez-nous dans la salle du divin festin. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
En fait, cette préface est très proche d’une antique préface romaine, qui figure pour ce jour dans le sacramentaire de saint Grégoire le Grand. Il n’y a qu’une seule vraie différence : ici on a « resurrectio justificationem nobis exhibuit » (dont la résurrection a causé – ou a fait paraître – notre justification) au lieu de « resurrectio Paradisi fores nobis reseravit » (dont la résurrection nous a ouvert les portes du paradis).
Vere dignum et justum est, æquum et salutare, nos tibi semper hic et ubique gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus, per Christum Dominum nostrum, qui innocens pro impiis voluit pati, et pro sceleratis indebite condemnari. Cujus mors delicta nostra detersit, et resurrectio justificationem nobis exhibuit. Per quem tuam pietatem supplices exoramus : ut sic nos hodie a peccatis emacules, ut cras vero venerabilis Cœnæ dapibus saties ; hodie acceptes confessionem nostrorum peccaminum, et cras tribuas spiritalium incrementa donorum ; hodie jejuniorum nostrorum vota suscipias, et cras nos ad sacratissimae Cœnæ convivium introducas. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.
C’est aussi cette préface qu’on trouve pour ce jour dans le missel mozarabe, avec cet ajout : « qui n’as pas retenu le péché du larron qui te priait, lui promettant le paradis de par ta très aimable volonté », et surtout avec un parallélisme différent entre la pénitence d’aujourd’hui et la sainte Cène de demain : « C’est pourquoi, notre Dieu, nous te demandons que tu nous remettes aujourd’hui nos péchés, et que demain tu nous restaures par ta douceur. Aujourd’hui, accepte la confession de nos péchés, et demain accorde l’augmentation des dons spirituels. Aujourd’hui, chasse de nos corps tout ce qui t’est odieux, et demain restaure-nous des blessures de ta croix. Aujourd’hui, remplis de joie notre bouche, et notre langue d’exultation ; afin que maintenant et pour l’éternité nous te louions, très bon Sauveur, proclamant et disant ainsi… »
Dignum et justum est nos tibi semper grátias ágere, omnípotens Dómine, sancte Pater, ætérne Deus, per Jesum Christum Fílium tuum, Dóminum nostrum. Qui pati pro ímpiis vóluit, et pro scelerátis indébite condemnári. Qui latróni deprecánti omísit delíctum, promíttens ei voluntáte gratíssima paradísum. Cujus mors delícta nostra detérsit, et resurréctio justificatiónem nobis exhíbuit. Ob hoc te, Deus noster, expóscimus, ut hódie dimíttas nobis peccáta nostra, et cras refícias nos dulcédine tua. Hódie, nostrórum peccáminum confessiónem accépta, et cras donórum spiritálium tríbue increménta. Hódie, quidquid odis a nostris corpóribus ábjice, et cras nos réfice vulnéribus crucis tuæ. Hódie, os nostrum reple gáudio et lingua nostra exsultatióne; quáliter nunc, et usque in sæculum, laudémus te, piíssimum Salvatórem, proclamantes, atque ita dicéntes…
L’antienne d’offertoire de la messe de ce jour est tirée du psaume 139. C’est une plainte et une supplication du Christ souffrant sa Passion.
Custódi me, Dómine, de manu peccatóris : et ab homínibus iníquis éripe me. Seigneur, préservez-moi de la main du pécheur, et délivrez-moi des hommes injustes.
La voici chantée par les moines de Solesmes en 1930.
Saint-Gall, XIe siècle
Au moyen âge cette antienne avait un, deux, ou (rarement) trois versets, issus du même psaume. Généralement ceux-ci.
Eripe me, Domine, ab homine malo : a viro iniquo libera me. Délivrez-moi, Seigneur, de l’homme méchant : de l’homme inique, délivrez-moi.
Qui cogitaverunt suppplantare gressus meos : absconderunt superbi laqueos mihi. Ils ont médité de faire trébucher mes pas : les orgueilleux ont dissimulé pour moi leurs pièges.
Dixi Domino: Deus meus es: exaudi, Domine, vocem meam. J’ai dit au Seigneur : C’est vous qui êtes mon Dieu : exaucez ma voix, Seigneur.
On remarque une longue vocalise sur Eripe (puis sur cogitaverunt). La voici dans le Codex H 159 de la faculté de médecine de Montpellier (XIe siècle) avec les neumes doublés par une notation en lettres (la notation allemande) !
Deux extraits de la liturgie mozarabe de ce jour, à sexte :
Oratio. Christe, Dei Fili, qui ultimo passionis exitu felle et aceto potatus es Judaeorum; praesta nobis, ut per hoc, quod tu amaritudinem propinatus es, amaritudinum tuarum nos potatione deebries: ut et amaritudo mortis tuae, dilectionis in nos augeat flammam; et resurrectionis potentia perfectam faciei tuae nobis repraesentet gloriam repromissam. R. Amen.
Prière. Christ Fils de Dieu, qui tout au bout de ta Passion as été abreuvé du fiel et du vinaigre des juifs, accorde que, par cette amertume qu’on t’a donné à boire, tu nous enivres de la boisson de tes amertumes, afin que l’amertume de ta mort augmente en nous la flamme de l’amour, et que la puissance de la résurrection nous montre la gloire parfaite de ton visage selon ta promesse.
Capitula. Deus Dei Fili, qui pro impiis passus es innocens; placita tibi nos innocentiae dignitate perlustra, et passionis tuae ignominiis salva: ut per indebita supplicia mortis tuae, nos debita evadamus tormenta iniquitatis nostrae. R. Amen.
Capitule. Dieu, Fils de Dieu, qui pour des impies, toi l’innocent, tu as souffert la Passion, s’il te plaît, purifie nous par la dignité de ton innocence, et sauve-nous par les ignominies de ta Passion, afin que par les supplices indus de ta mort, nous échappions aux dus tourments de notre iniquité. Amen.
Voici des extraits de la liturgie byzantine des Rameaux, par Thrasyvoulos Stanitsas (1910-1987), qui fut nommé chantre en chef (arkhon protopsaltes) de la « Grande Eglise de Constantinople » (le patriarcat œcuménique) en 1960. Expulsé de Turquie en 1964, il devint chantre à Chios, puis à Beyrouth, puis surtout à Athènes de 1966 à 1981.
Nos âmes purifiées - avec les rameaux en esprit, comme les enfants - acclamons le Christ dans la foi - Chantons au Maître de toutes nos voix - Tu es béni, Sauveur qui es venu dans le monde - sauver Adam de l'ancienne malédiction - et qui voulus devenir dans Ton Amour de l'homme - par l'Esprit le nouvel Adam - Verbe qui mènes tout vers le bien, gloire à Toi.
Christ, Tu pleures sur Ton ami dans le secret du cœur - Tu ressuscites Lazare des morts - Tu révèles en lui Ta compassion, dans Ton Amour de l'homme - Apprenant ton arrivée, Sauveur, les enfants aujourd'hui sont sortis - Ils tiennent dans leurs mains les rameaux et Te disent Hosanna, Tu es béni, Toi qui es venu sauver le monde.
Celui qui siège sur le trône des Chérubins - est monté pour nous sur un petit âne - allant vers la Passion volontaire - Il entend aujourd'hui les enfants qui proclament : Hosanna - Et la foule qui dit : Fils de David, sauve ceux que Tu as créés - Car Tu es venu, Jésus béni, pour que nous connaissions Ta gloire.
Seigneur, beaucoup étendaient sur la route leurs vêtements - D'autres coupaient les rameaux des arbres et les portaient - Ceux qui Te précédaient et ceux qui Te suivaient chantaient - Hosanna au Fils de David - Béni est Celui qui est venu et qui revient, au Nom du Seigneur. (bis)
Sortez, nations, sortez, peuples - Voyez le Roi des cieux entrer aujourd'hui dans Jérusalem - sur un simple petit âne comme sur un Trône élevé - Race des Juifs infidèle et adultère - Venez voir Celui que vit Isaïe - Il est venu pour nous dans la chair - Il épouse en sa sagesse la nouvelle Sion - Il rejette la synagogue condamnée - A ces noces pures les enfants purs sont venus acclamer - Avec eux célébrons et chantons l'hymne angélique - Hosanna au plus haut des cieux à Celui qui a la grande miséricorde.
Je l’entends nous dire lui-même « L’heure est venue où il faut que le Fils de l’homme soit glorifié; si le grain meurt, il produit beaucoup de fruit». Je l’entends encore ajouter : « Celui qui hait son âme en ce monde, la garde pour la vie éternelle». Non seulement il m’est permis d’admirer, il m’est aussi ordonné d’imiter. Il ajoute ensuite : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur ». Je me sens alors enflammé du désir de mépriser le monde, et la vie tout entière, quelque longue qu’elle soit, n’est pour moi qu’un néant, une vapeur : l’amour des biens éternels rend viles et méprisables à mes yeux les choses du temps; et ce Seigneur, qui est le mien, qui par ses paroles m’a transporté du sein de ma faiblesse au sein de son inébranlable fermeté, je l’entends me dire encore : « Maintenant mon âme est troublée ». Qu’est-ce que cela? Comment ordonnez-vous à mon âme de vous suivre, si je vois la vôtre plongée dans le trouble ? Comment supporterai-,je ce que votre inébranlable fermeté trouve trop lourd ? Sur quel fondement m’appuyer, si la pierre fléchit ? Mais il me semble entendre en moi-même le Seigneur ; il me répond et me dit : Tu me suivras bien plus aisément, si je m’interpose ainsi pour t’apprendre à souffrir. Tu as entendu venir à toi la voix de ma force, écoute en moi la voix de ta faiblesse. Je te donne des forces pour que tu hâtes ta course, et je ne fais rien pour l’arrêter ; au contraire, je prends pour moi ce qui t’effraie, et j’aplanis le chemin où tu dois passer. O Seigneur, notre médiateur, Dieu, si élevé au-dessus de nous, fait homme à cause de nous, je reconnais votre miséricorde ! Car si, grand comme vous l’êtes, vous avez voulu dans votre amour ressentir du trouble, c’est pour consoler ceux de vos membres chez qui le trouble est la suite inévitable de leur faiblesse. Vous ne voulez pas qu’ils périssent victimes du désespoir.
Enfin, que l’homme qui veut suivre Jésus-Christ apprenne par où il doit le suivre. Se présente-t-il un de ces moments terribles où il faut commettre un péché ou subir la mort ? Cette âme faible, pour laquelle l’âme invincible de Jésus s’est troublée volontairement, tombe dans le trouble; mais alors je lui dis : Préfère la volonté de Dieu à ta volonté propre. Ecoute ce que va ajouter ton créateur et ton maître, celui qui t’a fait et qui, pour t’instruire, est devenu lui-même une créature comme celles qu’il a faites ; car celui qui a fait l’homme est devenu homme lui-même. Mais il est resté Dieu sans aucun changement, et l’homme, il l’a transformé en mieux. Ecoute donc ce qu’il ajoute à ces paroles: « Maintenant mon âme est troublée. « Et que dirai-je », continue-t-il. « Père, délivre-moi de cette heure, mais c’est pour cette heure que je suis venu. Père, glorifie ton nom ». Il t’apprend par là ce que tu dois penser, ce que tu dois dire, qui tu dois invoquer, en qui il te faut espérer, quel est le maître dont nous devons toujours préférer la volonté certaine et immuable à la volonté humaine pleine de faiblesses. Ne t’imagine donc pas qu’il perde de sa grandeur, pour vouloir nous tirer de notre bassesse ; car il a voulu être tenté par le diable, qui certes ne l’aurait pas tenté s’il ne l’avait pas voulu ; comme aussi il n’aurait pas souffert, s’il n’y avait préalablement consenti. Et il a répondu au diable ce que tu dois lui répondre toi-même au moment de la tentation. Jésus fut tenté, il st vrai, mais non pas ébranlé, afin de te montrer ce qu’il faut répondre au tentateur quand on est ébranlé par la tentation ; pour t’apprendre encore qu’il ne faut pas marcher à la suite du tentateur, mais sortir du danger de la tentation. Lorsque Jésus dit ici : « Maintenant mon âme est troublée » ; comme lorsqu’il dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » ; et ailleurs : « Père, s’il se peut faire, que ce calice passe loin de moi », il revêt l’infirmité de l’homme, afin d’apprendre à celui qui est ainsi attristé et troublé, à dire ce qui suit : « Cependant, Père, qu’il soit fait non comme je veux, mais comme tu veux ». C’est ainsi qu’en préférant la volonté de Dieu à la sienne propre, l’homme s’élève des choses humaines aux choses divines. Mais que veulent dire ces paroles : « Glorifie ton nom », sinon : glorifie-le dans sa passion et dans sa résurrection ? Qu’est-ce autre chose, sinon que le Père glorifie son Fils, qui à son tour glorifie son nom, dans les souffrances que ses serviteurs endurent à son exemple; comme il est écrit que Notre Seigneur dit à Pierre : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras pas », indiquant par là « par quelle mort il devait glorifier Dieu ? » C’est donc ainsi que Dieu a glorifié son nom en Jésus-Christ, parce que c’est ainsi qu’il glorifie Jésus-Christ lui-même dans ses membres.
Saint Augustin, traité 52 sur l’évangile de saint Jean, 2-3
Toute la liturgie de ce vendredi annonce le vendredi saint. Voici par exemple le dernier répons des matines, qui est composé d’expressions du psaume 21, le psaume de la Passion par excellence (Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?). La suppression du Gloria Patri et la longue répétition du corps du répons souligne cet aspect.
℟. In próximo est tribulátio mea, Dómine, et non est qui ádiuvet ; ut fódiant manus meas et pedes meos : líbera me de ore leónis, * Ut enárrem nomen tuum frátribus meis. ℣. Erue a frámea, Deus, ánimam meam, et de manu canis únicam meam. ℟. Ut enárrem nomen tuum frátribus meis. ℟. In próximo est tribulátio mea, Dómine, et non est qui ádiuvet ; ut fódiant manus meas et pedes meos : líbera me de ore leónis, Ut enárrem nomen tuum frátribus meis.
Ma tribulation est proche, Seigneur, et il n’est personne qui me porte secours ; ils m’assiègent pour percer mes mains et mes pieds : sauvez-moi de la gueule du lion, Afin que je raconte votre nom à mes frères. Arrachez mon âme à l’épée à double tranchant ; et mon unique de la main du chien. Afin que je raconte votre nom à mes frères. Ma tribulation est proche, Seigneur, et il n’est personne qui me porte secours ; ils m’assiègent pour percer mes mains et mes pieds : sauvez-moi de la gueule du lion, Afin que je raconte votre nom à mes frères.
*
Pour commémorer les Sept douleurs de la Sainte Vierge, voici Matko najświętsza, dans la version de Henryk Mikołaj Górecki, Cantiques marials op. 54 n° 2 (1985). Sublime interprétation du chœur Psalmodia (de l’université pontificale Jean-Paul II de Cracovie), dans un CD de 2011 hélas introuvable.
(Les deux derniers vers de chaque strophe sont bissés.)
Matko najświętsza, do serca Twego, Mieczem boleści wskroś przeszytego, Wołamy wszyscy z jękiem, ze łzami : Ucieczko grzesznych, módl się za nami !
Mère très sainte, à ton cœur transpercé d’un glaive de douleur nous en appelons tous avec gémissement, avec larmes : refuge des pécheurs, prie pour nous !
Gdzie my o Matko, ach gdzie pójdziemy, I gdzie ratunku szukać będziemy ? Twojego ludu nie gardź prośbami : Ucieczko grzesznych, módl się za nami !
Où, ô Mère, où irons-nous, et où chercherons-nous de l’aide ? Ne dédaigne pas les suppliques de ton peuple : refuge des pécheurs, prie pour nous !
Imię Twe Marjo, litością spłynie, Tyś nam pociechą w każdej godzinie. Gdyśmy ściśnieni bólu cierniami : Ucieczko grzesznych, módl się za nami !
Ton nom, Marie, est célèbre pour sa miséricorde, tu es notre consolation en tout temps ; lorsque les épines de douleur nous enserrent, refuge des pécheurs, prie pour nous !
A gdy ostatnia łza z oka płynie, O Matko święta w onej godzinie Zamknij nam oczy Twymi rękami : Ucieczko grzesznych, módl się za nami !
Quand la dernière larme coulera de nos yeux, ô sainte mère, en cette heure, ferme nos yeux de tes mains : refuge des pécheurs, prie pour nous !
I kiedy ziemskie życie uleci, Proś, niech nam Jezus w niebie zaświeci, Byśmy Hosanna tam z Aniołami, Śpiewali wiecznie: módl się za nami !
Et quand la vie terrestre s’enfuira, demande que Jésus nous donne la lumière dans le ciel et que nous chantions éternellement Hosanna avec les anges : prie pour nous !
Hymne des laudes au temps de la Passion. Il s’agit en fait de la deuxième partie de l’hymne de saint Venance Fortunat commencée aux matines (Pange lingua). Traduction de Remi de Gourmont.
Lustra sex qui jam peracta tempus implens corporis. Se volente, natus ad hoc, Passioni deditus, Agnus in cruce levatur, immolandus stipite.
Trente ans : le cercle corporel est accompli, Celui qui naquit exprès, dédié à la Passion, Agneau se lève sur la Croix du sacrifice.
Hic acetum, fel, arundo, sputa, clavi, lancea : Mite corpus perforatur, sanguis unda profluit, Terra, pontus, astra, mundusque lavantur flumine.
Vinaigre, fiel, roseau, crachats, clous et la lance : Le corps débonnaire est perforé, le sang ondoie La terre, les mers, les astres, et le monde est lavé.
Crux fidelis inter omnes, arbor una nobilis, Nulla talem silva profert fronde, flore, germine : Dulce lignum, dulci clavo, dulce pondus sustinet.
Croix fidèle entre tous les arbres, arbre de noblesse unique, Nulle forêt n'en produit de tel, pour les feuilles, les fleurs ou le fruit, O bois très doux, ô clous très doux, fardeau très doux !
Flecte ramos, arbor alla, tensa laxa viscera Et rigor lentescat ille quem dedit nativitas, Ut superni membra regis miti tendas stipite.
Fléchis tes branches, arbre géant, relâche un peu la tension des viscères, Et que ta rigueur naturelle s'alentisse, N'écartèle pas si durement les membres du Roi suprême.
Sola digna tu fuisti ferre pretium saeculi Atque portum praeparare nauta mundo naufrago Quam sacer cruor perunxit fusus Agni corpore.
Seul, tu fus digne de porter la rançon du siècle, O fanal éternel du havre permanent. Secours définitif du monde rénové par le sang sacré de l'Agneau.
Gloria et honor Deo usquequaque altissimo, Una Patri, Filioque, inclito Paraclito: Cui laus est et potestas per æterna sæcula. Amen.
Pange, lingua, gloriosi prœlium certaminis, et super Crucis trophæum dic triumphum nobilem : qualiter Redemptor orbis immolatus vícerit.
Chante, ma langue, le combat, la glorieuse lutte ; sur le trophée de la croix, proclame le noble triomphe : le Rédempteur du monde fut vainqueur en s'immolant.
De parentis protoplasti fraude factor condolens, quando pomi noxialis morsu in mortem corruit: Ipse lignum tunc notavit, damna ligni ut solveret.
Attristé de l'égarement de notre premier père, qui tomba dans la mort en mordant le fruit néfaste, le Créateur choisit lui-même un arbre pour réparer la malédiction de l'arbre.
Hoc opus nostræ salutis ordo depoposcerat ; multiformis proditoris ars ut artem falleret, et medelam ferret inde, hostis unde læserat.
Cette œuvre de salut, l'ordre divin l'exigeait, pour vaincre par la ruse la ruse multiforme du Malin, et porter le remède d'où venait la blessure.
Quando venit ergo sacri plenitudo temporis, missus est ab arce Patris Natus, orbis Conditor ; atque ventre virginali caro factus prodiit.
Quand vint donc la plénitude du temps, le Fils, Créateur du monde, fut envoyé d'auprès du Père. Il s'avança, devenu chair dans un sein virginal.
Vagit infans inter arcta conditus præsepia : membra pannis involuta Virgo Mater alligat : et manus pedesque, et crura stricta cingit fascia.
L'enfant pleure et vagit, couché dans une étroite mangeoire : la Vierge, sa Mère, l'emmaillote en des langes, et voici les mains et les pieds d'un Dieu enserrés dans des liens !
Gloria et honor Deo usquequaque altissimo, una Patri, Filioque, inclito Paraclito: cui laus est et potestas per æterna sæcula. Amen.
Gloire et honneur à jamais au Dieu très-haut, ensemble Père, Fils, et illustre Consolateur; louange et puissance pour les siècles éternels. Amen.
La première lecture de la messe est l’épisode de Daniel dans la fosse aux lions. Il s’agit du deuxième épisode, qui dans la Bible grecque se trouve dans un livre spécial intitulé Bel et le dragon. Saint Jérôme l'a placé à la fin du livre de Daniel dans la Vulgate.
C’est une des anecdotes les plus savoureuses de la Bible. Daniel a tué le dragon que les Babyloniens vénéraient. Il est condamné à être dévoré par les lions. Il est donc mis dans une fosse où il y a sept lions affamés. Le prophète Habacuc, en Judée, avait fait cuire un repas pour les moissonneurs et le leur apportait, quand arrive un ange qui lui demande de porter ce repas à Daniel. Habacuc lui répond qu’il n’est jamais allé à Babylone et qu’il ne sait pas où est cette fosse. Alors l’ange le prend par les cheveux et le dépose devant Daniel…
Miniature du commentaire de Daniel par saint Jérôme, Espagne, 1220, dans le « Beatus » de la bibliothèque Morgan (New York).
Beatus dit de Saint-Sever, originaire d’Espagne, XIe siècle, Bibliothèque nationale de France.
Le « Beatus » est un livre qui comprend le commentaire de l’Apocalypse par le moine Beatus, des Asturies (Liebana), au VIIIe siècle, auquel il avait ajouté le commentaire de Daniel par saint Jérôme. Il existe 26 copies de ce texte, dont certaines très partielles, toutes ornées de miniatures.
Ars moriendi, XVe siècle, Marseille.
Biblia pauperum, v. 1405, néerlandais, British Library.
Eglise Sainte-Radegonde, Poitiers (chapiteau du chœur, XIe siècle).
Portail de l’abbatiale de San Giovanni in Venere, Fossacesia, XIIe siècle.