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Liturgie - Page 224

  • Samedi après les Cendres

    Ainsi parle le Seigneur Dieu : Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux ; si tu donnes la nourriture à l’affamé, et si tu rassasies l’âme affligée ; Ta lumière se lèvera au sein de l’obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. Et le Seigneur te guidera perpétuellement, il rassasiera ton âme dans les lieux arides. Il donnera de la vigueur à tes os ; tu seras comme un jardin bien arrosé, comme une source d’eau vive, qui ne tarit jamais. Tes enfants rebâtiront tes ruines antiques ; tu relèveras des fondements posés aux anciens âges ; on t’appellera le réparateur des brèches, le restaurateur des chemins, pour rendre le pays habitable. Si tu t’abstiens de fouler aux pieds le sabbat, en t’occupant de tes affaires en mon saint jour, et que tu appelles le sabbat les délices, vénérable le saint jour du Seigneur, et que tu l’honores en ne poursuivant point tes voies, en ne te livrant pas à tes affaires et à de vains discours ; Alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur, et je te transporterai comme en triomphe sur les hauteurs du pays, et je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ; car la bouche de Seigneur a parlé.
    Isaïe 58, 9-14

    Le Samedi est un jour plein de mystères : c’est le jour du repos de Dieu ; c’est le symbole de la paix éternelle que nous goûterons au ciel après les labeurs de cette vie. L’Église aujourd’hui, en nous faisant lire ce passage d’Isaïe, veut nous apprendre à quelles conditions il nous sera donné de prendre part au Sabbat de l’éternité. Nous sommes à peine entrés dans la carrière de la pénitence que cette Mère tendre vient à nous, pleine de paroles consolatrices. Si nous remplissons de bonnes œuvres cette sainte Quarantaine durant laquelle sont suspendues les préoccupations du monde, la lumière de la grâce se lèvera du milieu même des ténèbres de notre âme. Cette âme trop longtemps obscurcie par le péché et par l’amour du monde et de nous-mêmes, deviendra éclatante comme les splendeurs du midi, la gloire du Christ ressuscité sera la nôtre ; et si nous sommes fidèles, la Pâque du temps nous introduira à la Pâque de l’éternité. Édifions donc ce qui en nous était désert, relevons les fondements, réparons les brèches ; retenons notre pied pour ne pas violer les saintes observances ; ne suivons plus nos voies, ne recherchons plus nos volontés, contrairement à celles du Seigneur ; et il nous donnera un repos qui n’aura pas de fin, et il remplira notre âme de ses propres splendeurs.

    Dom Guéranger

  • Premier vendredi de carême

    Au soir du premier vendredi de carême la liturgie byzantine commence le chant de l’Acathiste à la Mère de Dieu. Sur l’origine de ce chant et sa distribution pendant le carême, voir ici.

    Voici les deux premières strophes, par Dimitrios Papagiannopoulos. Curieusement il chante trois fois la première phrase en la faisant suivre de ce qui est le refrain des odes de l’Acathiste :

    Υπεραγία Θεοτόκε σώσον ημάς

    Très sainte Mère de Dieu sauve-nous.

    Ἄγγελος πρωτοστάτης, οὐρανόθεν ἐπέμφθη, εἰπεῖν τῇ Θεοτόκω τὸ Χαῖρε• καὶ σὺν τῇ ἀσωμάτῳ φωνῇ, σωματούμενόν σε θεωρῶν, Κύριε, ἐξίστατο καὶ ἵστατο, κραυγάζων πρὸς Αὐτὴν τοιαῦτα•
    Χαῖρε, δ' ἧς ἡ χαρὰ ἐκλάμψει,
    χαῖρε, δι' ἧς ἡ ἀρὰ ἐκλείψει.

    Χαῖρε, τοῦ πεσόντος Ἀδάμ ἡ ἀνάκλησις,
    χαῖρε, τῶν δακρύων τῆς Εὔας ἡ λύτρωσις.
    Χαῖρε, ὕψος δυσανάβατον ἀθρωπίνοις λογισμοῖς,
    χαῖρε, βάθος δυσθεώρητον καὶ ἀγγέλων ὀφθαλμοῖς.
    Χαῖρε, ὅτι ὑπάρχεις Βασιλέως καθέδρα,
    χαῖρε, ὅτι βαστάζεις τὸν βαστάζοντα πάντα.
    Χαῖρε, ἀστὴρ ἐμφαίνων τὸν ἥλιον,
    χαῖρε, γαστὴρ ἐνθέου σαρκώσεως.
    Χαῖρε, δι' ἧς νεουργεῖται ἡ κτίσις,
    χαῖρε, δι' ἧς βρεφουργεῖται ὁ Κτίστης.
    Χαῖρε, Νύμφη ἀνύμφευτε.

    Βλέπουσα ἡ Ἁγία,
    ἑαυτήν ἐν ἁγνείᾳ,
    φησὶ τῷ Γαβριὴλ θαρσαλέως•
    τὸ παράδοξόν σου τῆς φωνῆς,
    δυσπαράδεκτόν μου τῇ ψυχῇ φαίνεται•
    ἀσπόρου γὰρ συλλήψεως,
    τὴν κύησιν πὼς λέγεις κράζων•
    Ἀλληλούια.

    Le prince des anges fut envoyé du ciel dire à la Mère de Dieu : « Salut ». Te voyant, Seigneur, assumer un corps à sa parole incorporelle, il resta interdit et se mit à lui crier ainsi :
    Salut, vous par qui la joie se lève ;

    Salut, vous par qui la malédiction se dissipe.
    Salut, renouvellement de la vocation d’Adam déchu.
    Salut, délivrance d’Ève de ses larmes.
    Salut, hauteur inaccessible aux pensées humaines.
    Salut, abîme insondable même aux yeux des anges.
    Salut, car vous êtes le trône du Roi.
    Salut, car vous portez Celui qui porte toutes les créatures.
    Salut, astre qui fait paraître le soleil.
    Salut, sein de la divine incarnation.
    Salut, renouveau de la création.
    Salut, vous par qui le Créateur se fait enfant.
    Salut, ô épouse sans époux !

    La sainte se voyant encore chaste dit hardiment à Gabriel : Votre discours étrange me paraît difficile à accepter. Comment parlez-vous d’un enfantement qui suivrait une conception sans semence, en vous exclamant : Alléluia.

    [Le triple Alléluia termine une strophe sur deux, l’autre se terminant par « Salut épouse sans époux » comme dernier "salut".]

    On entendra ici la première strophe en arabe selon la tradition d’Alep, suivie de l’hymne de la victoire (en grec), par le P. Maximos Fahmé.

  • Jeudi après les Cendres

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    L’église stationnale de ce premier jour de carême après les Cendres est Saint Georges au Vélabre, San Giorgio al Velabro, Sancti Georgii ad velum aureum, au voile d’or.

    Les piliers de cette église viennent de temples romains. Le regard est attiré par la fresque de l’abside, où l’on voit saint Georges, en compagnie de la Vierge, du Christ, de saint Pierre et de saint Sébastien, lui aussi soldat et martyr comme saint Georges. Cette fresque date d’environ l’an 1300. Elle est l’une des toutes dernières œuvres romaines héritées des schémas byzantins.

    La figure de saint Georges s’impose en ce début de carême, puisqu’il a vaincu le dragon (lequel ne figure d’ailleurs pas sur la fresque). Dom Pius Parsch :

    C’est un magnifique symbole du travail du Carême : le Christ s’avance au combat contre les ténèbres, il lui faut combattre le dragon infernal et il doit lui écraser la tête. C’est aussi le devoir du Christ mystique de l’Église. Les catéchumènes, les pénitents, les fidèles doivent combattre le dragon. C’est mon devoir à moi aussi, c’est mon travail de Carême ; je dois conquérir un peu de terre sainte en l’arrachant à la terre ennemie. Puissions-nous nous rappeler souvent que nous sommes les soldats de Dieu. Aujourd’hui, nous combattons sous les drapeaux et sous la conduite du chevalier saint Georges.

    L’évangile de ce jour nous parle donc aussi d’un soldat, le centurion païen dont la prière obtient la guérison de son serviteur, et que nous disons chaque fois que le Seigneur vient guérir notre âme.

  • Mercredi des cendres

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    Emendémus in mélius, quæ ignoránter peccávimus : ne, subito præoccupáti die mortis, quærámus spátium pæniténtiæ, et inveníre non póssimus.
    * Atténde, Dómine, et miserére : quia peccávimus tibi.
    . Adjuva nos, Deus, salutáris noster : et propter honórem nóminis tui, Dómine, líbera nos.
    * Atténde, Dómine et miserére : quia peccávimus tibi.

    Supprimons par nos progrès dans le bien les fautes dont nous nous sommes rendus coupables par ignorance, de crainte que surpris soudainement le jour de la mort, nous ne cherchions le temps de faire pénitence et ne puissions le trouver. Aidez-nous, ô Dieu, notre sauveur, et pour l’honneur de votre nom, délivrez-nous, Seigneur.

    Répons de l’imposition des cendres, par les moniales de Jouques. (Avec une belle erreur de l’"autogénération" de YouTube : Surrexit, c’est dans 40 jours…)

  • Mardi de la Quinquagésime

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    Mais Melchisédech, roi de Salem, offrant du pain et du vin, parce qu’il était prêtre du Dieu très-haut, bénit Abram, en disant : Qu’Abram soit béni du Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre ! et que le Dieu très-haut soit béni, lui qui par sa protection vous a mis vos ennemis entre les mains ! Alors Abram lui donna la dîme de tout ce qu’il avait pris.

    Genèse 13, 18-20, traduction Sacy.

    *

    De même nous trouvons dans l'histoire du prêtre Melchisédech une figure prophétique du mystère du sacrifice du Seigneur. L'Écriture dit : "Et Melchisédech, roi de Salem, offrit le pain et le vin. Or il était prêtre du Très-Haut, et il bénit Abraham." (Gen 14,18). Que Melchisédech, fût une figure du Christ, c'est ce que révèle dans les psaumes l'Esprit saint parlant au nom du Père et disant au Fils : "Je t'ai engendré avant l'étoile du matin. Tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech". (Ps 109,3). Cet ordre se réfère à ce sacrifice, et a son point de départ dans ce fait que Melchisédech fut prêtre du Très-Haut, qu'il offrit le pain et le vin, qu'il bénit Abraham. Qui en effet fut plus prêtre du Très-Haut que notre Seigneur Jésus Christ, qui offrit un sacrifice à Dieu son Père, le même que Melchisédech avait offert, à savoir le pain et le vin, c'est-à-dire son corps et son sang ? 2 Et dans la personne d'Abraham cette bénédiction regardait notre peuple. Car si Abraham a crut à Dieu, ce qui fui fut imputé à justice, quiconque croit à Dieu, et vit de la foi, est trouvé juste; longtemps d'avance, il est béni et justifié dans le fidèle Abraham, comme le montre la parole de l'apôtre Paul : "Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice." Vous voyez donc que ceux qui sont de la foi sont les fis d'Abraham. L'Écriture prévoyant que Dieu justifierait les nations par la foi, annonça à Abraham que toutes les nations seraient bénies en lui. Donc ceux qui sont de la foi ont été bénis avec le fidèle Abraham". (Gal 3,6-9). Aussi trouvons nous dans l'évangile que des enfants d'Abraham naissent des pierres, c'est-à-dire sont tirés des nations. De même, en louant Zachée, le Seigneur dit : "Le salut est venu aujourd'hui à cette maison, parce que celui-ci est lui aussi un fils d'Abraham". (Lc 19,9). Ainsi donc, pour que le grand prêtre Melchisédech, dans la Genèse, pût régulièrement bénir Abraham, il y eut d'abord l'image du sacrifice consistant dans l'oblation du pain et du vin. Et le Seigneur achevant et consommant le sacrifice symbolique, offrit le pain et le calice avec du vin, et Celui qui est la plénitude de toutes choses a réalisé ce que cette figure annonçait.

    Saint Cyprien, lettre 63.

  • Saint Casimir

    La fête de ce lis embaumé de virginale pureté, au milieu même des frivolités d’une cour royale (+ 1484), fut instituée par Paul V.

    La messe est celle du Commun des Confesseurs Os justi, mais la première collecte est propre. En voici le texte : « O Dieu qui, au milieu des délices royales et des séductions du monde, avez fortifié par la vertu de constance le bienheureux Casimir, accordez à vos fidèles, par son intercession, de mépriser les choses terrestres et d’aspirer toujours davantage aux biens célestes. »

    La fête des saints rois et des puissants de cette terre a un prix et une beauté qui leur sont propres, car plus difficile est la pratique de la perfection chrétienne en un pareil état, c’est-à-dire au milieu des séductions des richesses et de la gloire, plus est glorieuse la victoire que le Christ remporte par ses fidèles serviteurs, rois des hommes, mais serviteurs de Jésus.

    Bienheureux cardinal Schuster

    [Les frivolités de la cour de Lituanie au XVe siècle devaient être assez rudimentaires. Mais le fait est que saint Casimir, fils de Casimir IV duc de Lituanie et roi de Pologne, menait une vie très sainte au milieu de boyards peu raffinés. En outre, alors qu’il n’avait qu’une vingtaine d’années, il se montra un régent de Pologne de très grande qualité quand son père décida de retourner en Lituanie pendant cinq ans (la Lituanie comprenait l’Ukraine et la Biélorussie actuelles et une frange de la Russie). Casimir mourut sans doute de tuberculose en 1484 à Grodno (Hrodna, Biélorussie). Il avait 24 ans. Il est un saint patron de la Pologne et de la Lituanie.]

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    « Justus ut palma florebit, sicut cedrus Libani multiplicabitur. » Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban. Extrait du psaume 91 utilisé dans le graduel de la messe actuelle ou l’introït d’une autre messe d’un saint confesseur. Ce portrait du double lis (de Pologne et de Lituanie) date sans doute de 1522, lors de la canonisation par Adrien VI, en tout cas il fut « rénové en 1594 ».

  • Quinquagésime

    Tu es Deus qui facis mirabília solus : notam fecísti in géntibus virtútem tuam. ℣. Liberásti in bráchio tuo pópulum tuum, fílios Israël et Joseph.

    Vous êtes le Dieu qui seul opérez des merveilles. Vous avez fait connaître parmi les peuples votre puissance. . Vous avez racheté par votre bras votre peuple, les fils d’Israël et de Joseph.

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    La musique du somptueux graduel de cette messe épouse et exprime avec une telle perfection les mots du texte que dom Johner pensait que « la mélodie est selon toute probabilité particulière à ce texte ». En fait, si l’on se reporte au tableau de dom Ludovic Baron, on voit que ce graduel n’est pas une des trois mélodies originales du 3e mode, ni une mélodie-type (qu’on retrouverait avec d’autres textes), mais bel et bien un centon (utilisant des bouts de mélodies dispersés dans d’autres graduels).

    Mais ce qui compte est le résultat, et il est splendide. Il convient tout de même de remarquer que l’admirable « qui facis mirabilia » est une merveille originale, ainsi que « notam fecisti » qui est tout aussi notable.

    Le voici par les moines de Ligugé, en 1959.


    podcast

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Missel de Bernhard von Rohr, archevêque de Salzbourg, vers 1481.

    In sua própria veniénte Dómino, et sua própria eum bajulánte condicióne, quæ bajulátur ab ipso, et recapitulatiónem ejus, quæ in ligno fuit inobediéntiæ, per eam quæ in ligno est obediéntiam faciénte, et seductióne illa solúta, qua sedúcta est male illa, quæ jam viro destináta erat virgo Heva, per veritátem evangelizáta est bene ab Angelo jam sub viro Virgo María. Quemádmodum enim illa per angélicum sermónem sedúcta est, ut effúgeret Deum, prævaricáta verbum ejus: ita et hæc per angélicum sermónem evangelizáta est, ut portáret Deum, obédiens ejus verbo. Et sicut illa sedúcta est, ut effúgeret Deum; sic hæc suása est obedíre Deo, ut vírginis Hevæ Virgo María fíeret advocáta. Et quemádmodum adstríctum est morte genus humánum per vírginem, solvátur per Vírginem; æqua lance dispósita virginális inobediéntia, per virginálem obediéntiam.

    Le Seigneur vient dans ses biens propres ; sa propre création le porte, elle-même portée par lui. Il opère, par l’obéissance manifestée par le bois, la récapitulation de cette désobéissance qui est venue par le bois. Cette malheureuse séduction d’Ève, vierge, déjà destinée à l’homme, est détruite. Par un ange l’heureuse annonce de la bonne nouvelle est faite dans la vérité à Marie, vierge, déjà sous la tutelle de l’homme. Car, de même qu’Ève est séduite par un discours angélique pour échapper à Dieu, en transgressant sa parole, ainsi Marie reçoit par un discours angélique l’annonce qu’elle portera Dieu en obéissant à sa parole. Et de même que la première fut séduite pour échapper à Dieu, ainsi la seconde est persuadée d’obéir à Dieu de sorte que la Vierge Marie devient l’avocate de la vierge Ève. Comme la race humaine est soumise à la mort par une vierge, elle est aussi délivrée par une vierge ; la désobéissance d’une vierge est contrebalancée par l’obéissance d’une vierge.

    Saint Irénée, Contre les hérésies, 5, 19.

  • La Tour de Babel

    Après avoir donné les noms des fils des fils de Noé, qui sont des noms de peuples, jusqu'à la cinquième génération, la Genèse narre l’histoire de la tour de Babel. C’est la lecture des matines de ce jour. « La terre était d’une lèvre et des mêmes mots », dit la Vulgate traduisant littéralement l’hébreu. Les hommes vont vers l’orient, font des briques pour construire une ville, et une tour dont le sommet doit atteindre le ciel. Dieu vient voir ce qui se passe, et, constatant cet orgueil monstrueux des « fils d’Adam » (et non de Noé qui était un juste), brouille leur langue pour qu’ils ne puissent plus se comprendre. Alors ils se dispersent en plusieurs peuples. En parallèle inverse, on voir au début des Actes des apôtres des gens de divers peuples qui viennent à Jérusalem et qui comprennent tous ce que dit saint Pierre. La Pentecôte détruit la malédiction de la Tour de Babel. Les hommes sont réunis dans l’unique Eglise.

    On connaît les deux tableaux de Brueghel (celui de la construction, et celui de la tour quasiment achevée). Mais ce thème est fréquent chez les peintres nordiques du XVIe siècle : du siècle de l’humanisme et de la Réforme protestante. Dans sa signification humaniste, la Tour de Babel est une manifestation de la puissance de l’homme, solide et imposante si l’homme suit sa raison. Du point de vue protestant, la langue unique de ceux qui construisent la Tour est le latin, la langue de Rome, la nouvelle Babylone. Dieu condamne ce blasphème et va détruire la Tour, à savoir Rome, car chaque peuple doit louer Dieu dans sa langue. C’est ainsi que l’on voit des tableaux de la destruction de la Tour de Babel par le souffle divin, ce que n’évoque pas la Bible. Ci-dessous par exemple la destruction de la Tour de Babel par Cornelis Anthonisz, d’Amsterdam. Pour bien signifier qu’il s’agit de la destruction de l’Eglise catholique par Dieu, il a pris modèle sur le bâtiment le plus célèbre de Rome, le Colisée. D’une certaine manière l’épisode parle en effet des protestants (et des partisans de la soi-disant réforme liturgique). La Bible dit que le lieu où fut construite la tour fut appelé Babel, parce que c’est là que Dieu brouilla les langues. C’est un jeu de mots hébreu : « Babel » c'est  « Balal », autrement dit blabla. Et c’est bien de quoi il s’agit dans les fausses liturgies.

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  • Jeudi de la Sexagésime

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    La lecture des matines commence par le « signe de l’alliance » que Dieu donne à Noé : l’arc-en-ciel. La mosaïque de la cathédrale de Monreale, en Sicile, qui est le cinquième des six tableaux consacrés à Noé, a cette légende :

    Dixit Dominus ad Noe : Arcum meum ponam in nubibus, et erit signum fœderis inter me et inter terram, et non erunt ultra aquæ diluvii ad delendum universam carnem.

    Le Seigneur dit à Noé : Je mettrai mon arc dans les nuages, et il sera le signe de l’alliance entre moi et entre la terre, et il n’y aura plus d’eaux du déluge pour détruire toute chair.

    C’est un condensé de Genèse 9, 13-15 amputé du verset 14 et de la première moitié du verset 15.

    On constate que l’artiste a voulu montrer les 8 personnes qui ont été sauvées du déluge, et aussi que l’arc-en-ciel de l’alliance est étroitement lié au sacrifice. Lorsqu’il sortit de l’arche, Noé édifia un autel et offrit un sacrifice d’animaux purs. Et c’est après ce « sacrifice d’agréable odeur » que Dieu délivra le signe de l’arc-en-ciel, signe qui est déployé entre l’autel et les 8 survivants, par Dieu qui a la figure du Christ – c’est l’annonce de son propre Sacrifice qui sera le vrai signe de l’alliance, nouvelle et éternelle.

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    (Il y a 10.000 m2 de mosaïques du XIIe siècle dans la cathédrale de Monreale. Toutes sur fond d’or - une feuille d’or au milieu d’un cube de verre. C’est un spectacle qu’aucun mot ne peut qualifier.)