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Liturgie - Page 223

  • Mercredi de la deuxième semaine de carême

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    ℟. Dixit Angelus ad Jacob:
    * Dimítte me, aurora est. Respóndit ei: Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eodem loco.
    . Cumque surrexísset Iacob, ecce vir luctabátur cum eo usque mane: et cum vidéret quod eum superáre non posset, dixit ad eum.
    ℟. Dimítte me, aurora est. Respóndit ei: Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eodem loco.

    L’ange dit à Jacob : Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
    Lorsque Jacob se fut levé, voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin ; or, comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il lui dit :
    Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.

    ℟. Vidi Dóminum fácie ad fáciem:
    * Et salva facta est ánima mea.
    . Et dixit mihi: Nequáquam vocáberis Iacob, sed Israël erit nomen tuum.
    ℟. Et salva facta est ánima mea.

    J’ai vu le Seigneur face à face : et mon âme a été sauvée.
    Et il m’a dit : On ne t’appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom.
    Et mon âme a été sauvée.

    La lecture biblique de cette semaine est l’histoire de Jacob dans la Genèse. Les deux premiers répons des matines de ce jour font référence au mystérieux combat de Jacob contre… contre qui ? Le texte biblique parle d’un « homme ». Mais cet « homme » vaincu par Jacob lui dit qu’il s’appellera désormais Israël parce que, s’il a été fort contre Dieu, combien plus prévaudra-t-il contre les hommes… Fort contre Dieu, c’est un des sens possibles d’Isra-el (paradoxalement le premier sens est « Dieu prévaut »). Et celui qui parle ainsi se désigne donc lui-même comme Dieu. On voit que la liturgie parle d’un ange dans le répons, tout en gardant « l’homme » du début dans le verset. Et dans sa traduction de la Septante, Pierre Giguet dit de même « l’ange », trois fois de suite, pour éviter un « il » dont on finit par ne plus savoir lequel des lutteurs il représente. La plupart des représentations picturales, presque toutes occidentales, sont celles de la "lutte de Jacob avec l'ange". C'est que, lorsque le prophète Osée évoque cet épisode, il parle bien d'un ange.

    En fait, Jacob voit d’abord un homme, et se bat contre un homme, mais cet homme est Dieu, comme il ne le dit qu’indirectement (en changeant son nom, et en le bénissant, et en refusant de dire son nom, qui est ineffable), et la liturgie - et Osée avant elle - se conforme à un usage très répandu dans la Bible qui est de dire « l’ange du Seigneur » pour parler de Dieu, plus exactement de Dieu qui a quelque chose à communiquer à l’homme (ce qui est proprement la fonction de l’ange).

    Juste après le combat (et la bénédiction), Jacob comprend que c’était Dieu, et il dit : « J’ai vu Dieu face à face et j’ai conservé la vie » (c’est le sens ici de « mon âme a été sauvée »).

    Cela paraît contredire ce que répond Dieu à Moïse qui lui demande sur le Sinaï de lui montrer sa face : « Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre. »

    Il n’y a pas de contradiction. Dans plusieurs autres passages de l’Exode, Moïse est « face à face » avec Dieu. Mais ce n’est jamais avec Dieu dans son essence de toute façon inaccessible aux yeux de chair. C’est toujours un intermédiaire, le buisson, la nuée, l’Ange. Tandis que sur le Sinaï il s’agit de la présence de Dieu lui-même, dans sa « gloire », précise le texte. Une gloire que nul mortel ne peut voir. De fait Moïse ne la verra pas, puisque Dieu étend sa main droite pour le protéger tandis qu’elle passe devant lui, et il ne pourra voir la face de Dieu que de dos.

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  • Saint Joseph

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    Les pièces du propre de la messe de saint Joseph ont été prises dans divers communs des saints. Sauf l’antienne de communion, dont le texte est une citation de l’évangile de la fête.

    La mélodie est reprise et habilement adaptée de l’antienne de communion du lundi saint, de façon à lui enlever son aspect de combat et de plainte pour lui donner un aspect lumineux et sereinement joyeux. On remarque que les deux mélismes de la deuxième phrase, repris de l’antienne du lundi saint, tombent tous deux sur « est ». Celui qui va naître de la Vierge est l’être même, celui qui dit : Je Suis.

    Par les moines du monastère Saint-Benoît de São Paulo (ce n’est pas l’idéal, mais les autres interprétations sur internet se terminent par l’Alléluia, ce qui est interdit en carême, et de toute façon elles ne sont pas très bonnes non plus).

    Joseph, fili David, noli timére accípere Maríam cónjugem tuam : quod enim in ea natum est, de Spíritu Sancto est.
    Joseph, fils de David, ne craint point de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est conçu en elle est du Saint-Esprit.

  • Lundi de la deuxième semaine de carême

    La première lecture de la messe de ce jour est la fin de la grande prière de Daniel au chapitre 9 du livre qui porte son nom (versets 15-19). Au verset 3 Daniel disait : « Et je tournai mon visage vers les Seigneur mon Dieu pour le prier et l’implorer, dans les jeûnes, le sac et la cendre. » Une prière qui convient donc bien au carême, et puisque Jérusalem est figure de l’Eglise, qui convient particulièrement dans la situation où elle se trouve aujourd’hui.

    Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Égypte avec une main puissante, et qui vous êtes fait un nom tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité. Seigneur, selon toute votre justice, je vous en conjure, que votre colère et votre fureur se détournent de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent. Maintenant donc, écoutez, notre Dieu, les prières et les supplications de votre serviteur ; montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désert ; faites-le pour vous-même. Abaissez, mon Dieu, votre oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux, et voyez notre désolation et cette ville sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos prières, mais à cause de vos nombreuses miséricordes. Exaucez, Seigneur, apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, mon Dieu, pour vous-même, parce que votre nom a été invoqué sur cette ville et sur votre peuple, ô Seigneur notre Dieu.

  • Deuxième dimanche de carême

    Le somptueux graduel de ce dimanche est l’un des plus anciens, alors qu’a priori on penserait le contraire, et pour deux raisons. La première est qu’il commence de façon tonitruante par ce qui sonne à nos oreilles comme l’accord parfait de fa majeur, et non un mode de plain chant. Or cet accord fa-la-do va rythmer toute la pièce, soit en montant, soit en descendant, et même trois fois de suite en descendant (puis une fois en remontant) sur laborem (motif qu’on trouve dans cinq autres graduels). En outre, il paraît moduler en la mineur sur meum puis en ut majeur sur omnia, avant sa conclusion, bien connue par ailleurs, en réel mode de fa.

    La deuxième raison est ce qui décontenançait dom Baron : la mélodie est brillante, lumineuse, joyeuse, alors qu’elle est censée exprimer un texte très sombre et douloureux. Au point que dom Baron demandait qu’on la chante « avec un peu de lenteur et de poids et dans un sentiment de contrition », sinon « elle sonnera faux, parce qu’elle aura sur les mots mêmes de la souffrance quelque chose de satisfait qui reflète le bonheur ».

    C’est oublier l’évangile de ce jour : la Transfiguration. C’est la montée vers Jérusalem, vers la Croix. Jésus vient d’annoncer à ses apôtres sa Passion et sa Résurrection. Et il leur donne une image de sa gloire pour qu’ils s’en souviennent pendant la Passion. Nous sommes encore au début du carême, et l’Eglise nous met sous les yeux la Transfiguration pour nous donner le courage de continuer notre montée vers Jérusalem, en nous montrant le but. Le texte du graduel est un texte de carême, et même déjà de la Passion, mais la mélodie est tout en traits de lumière et de joie, elle illumine le texte de part en part comme la lumière surnaturelle qui irradie du Sauveur transfiguré (et du coup elle se met à inventer la future gamme majeure). Cela ne sonne pas faux : c’est un exemple des nombreux paradoxes du christianisme. Alors que le Christ est transfiguré, il parle avec Moïse et Elie, nous dit saint Luc, « de sa sortie qui sera accomplie à Jérusalem » - le mot grec est « exode » - autrement dit de sa Passion. De même, le texte du graduel dit la Passion, mais le chant… le transfigure.

    (N.B. Je sais bien que les chants de cette messe ont été composés pour la messe de mercredi dernier. Mais il n’y a pas de hasard, et de toute façon cette messe annonce la Transfiguration, par l’évocation de Moïse, Elie et Jonas.)

    Tribulatiónes cordis mei dilatátæ sunt : de necessitátibus meis éripe me, Dómine. ℣. Vide humilitátem meam et labórem meum : et dimítte ómnia peccáta mea.

    Les tribulations de mon cœur se sont multipliées ; tirez-moi de mes angoisses. Voyez mon humiliation et ma peine et remettez-moi tous mes péchés.


  • Samedi des quatre temps de carême

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    Cantatorium de Saint-Gall, vers 920.

    Pendant longtemps on a pensé que le « trait » était un chant qui remplaçait l’alléluia pendant le carême et aux autres jours de pénitence, et donc que ces pièces de plain chant étaient plus récentes que les alléluias. On s’est aperçu que c’était le contraire : les traits sont les pièces les plus anciennes (elles ont été remplacées par l'alléluia qui ne se chantait qu'au temps pascal). Ce qui correspond à leur aspect « primitif » : il n’existe de traits qu’en deux modes : 2 et 8, et ils reprennent sans cesse les mêmes motifs.

    Quant au sens du mot, on a souvent dit qu’il venait du verbe qui veut dire « traîner », parce que c’est un chant lugubre qui demande qu’on « traîne » la voix. Durand de Mende, dans son Rational, insiste pendant plus de trois pages sur cette idée : « Le trait s’appelle ainsi de trahere, tirer, traîner, parce qu’on le chante en traînant (tractim), d’une voix dure, et en pesant sur les mots. Cela figure la misère et le labeur du présent exil, dont le Psalmiste dit : “Que je suis malheureux de ce que le temps de mon exil est si long !” » Etc.

    En fait l’expression complète est « psalmus tractus », psaume chanté d’un trait, car au départ c’est un psaume entier ou presque entier (comme au premier dimanche de carême), et qui n’a pas de refrain comme les « répons ».

    Voici le trait de la messe de ce jour, qui était chantée à la fin de la longue veillée d’ordinations, et qui est le même que celui de la veillée pascale. C'est un psaume entier (le plus bref du psautier), et l'on constate immédiatement que, comme beaucoup d’autres, il n’a rien de triste.

    Par les moines de Ligugé, en 1960.


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    Laudáte Dóminum, omnes gentes : et collaudáte eum, omnes pópuli. Quóniam confirmáta est super nos misericórdia eius : et véritas Dómini manet in ætérnum.

    Nations, louez toutes le Seigneur ; peuples, louez-le tous. Car sa miséricorde a été affermie, et la vérité du Seigneur demeure éternellement.

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  • Vendredi des quatre temps de carême

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    Angelus Dómini descendébat de cælo, et movebátur aqua, et sanabátur unus.
    L’Ange du Seigneur descendait du ciel et agitait l’eau, et un seul était guéri.

    Qui me sanum fecit, ille mihi præcépit : Tolle grabátum tuum, et ámbula in pace.
    Celui qui m’a guéri m’a ordonné : prends ton grabat et va en paix.

    Telles sont ce jour les antiennes du Benedictus et du Magnificat, qui reprennent deux éléments de l’évangile bien connu de la guérison un jour de sabbat à la piscine probatique. Toutes deux sont différentes du texte de la Vulgate et de tout autre texte latin (ou grec) de l’évangile, et sont donc proprement liturgiques.

    Le verset 4 du chapitre 5 de saint Jean dit selon le texte de la Vulgate :

    Car un ange du Seigneur descendait à certains temps dans la piscine, et agitait l’eau. Et celui qui y descendait le premier après l’agitation de l’eau était guéri de son infirmité quelle qu’elle fut.

    Ce verset a été supprimé dans plusieurs éditions récentes de la Vulgate, parce que nos modernes érudits ont décidé qu’il n’était pas authentique. Pourtant il figure dans la grande majorité des manuscrits latins, mais il manque dans plusieurs manuscrits grecs importants. On touche ici un défaut majeur des spécialistes modernes : ils font l’impasse, une impasse totale, sur la tradition, sur toute la tradition. Sur la tradition des manuscrits, car le verset figure dans de très vénérables témoins, et dans la tradition biblique latine, et dans la tradition biblique byzantine, et ils font l'impasse sur la tradition des pères de l’Eglise (il est commenté par Tertullien, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Augustin, Didyme, saint Jean Chrysostome, saint Cyrille de Jérusalem…), et sur la tradition liturgique. Pour s’en tenir aux seuls manuscrits reçus par la tradition, il y a pour ce verset un accord quasi complet (c’est loin d’être toujours le cas) entre les traditions byzantine, latine et syriaque. Il me semble que lorsqu’on est catholique on doit en prendre acte.

    On remarquera que l’antienne de Benedictus, résumant la seconde partie du verset, dit : « un seul était guéri ». L’expression « un seul » ne figure pas dans le texte, mais on constate que saint Augustin évoque ce « un seul » dans son commentaire :

    Là était guéri un seul, signifiant l’unité [de l’Eglise] ; quiconque y descendait ensuite n’était pas guéri, car quiconque est en dehors de l’unité ne peut être guéri [de ses péchés].

    Est-ce saint Augustin qui s’est inspiré de la liturgie, ou l’inverse ?

    L’antienne de Magnificat n’est pas identique non plus au texte de l’évangile. Il y a « praecepit », il m’a commandé, il m’a ordonné, alors que les textes tant latins que grecs ont tous « il m’a dit ». Et aucun texte n’a à la fin : « in pace ».

    Dans son commentaire, saint Augustin n’a pas non plus « in pace ». On peut remarquer que « va en paix » est la conclusion de la confession des péchés, les derniers mots du prêtre après que le pénitent a reçu l’absolution, a été guéri dans la piscine du sacrement de pénitence.

    (Miniature syriaque de Mossoul. On peut en voir d’autres du même manuscrit sur le site du Département d’études syriaques du patriarcat syro-orthodoxe.)

  • Attende Domine

    Le chant de carême Attende Domine est le pendant du Rorate Caeli de l’Avent. Depuis qu’il a été ajouté dans l’English Hymnal en 1906, les anglicans l’appellent « prose du carême » comme Rorate Caeli est la « prose de l’Avent ». On le trouve pour la première fois dans le Processionnal de Paris de 1824, et il a été popularisé par les moines de Solesmes qui l’ont inclus dans leurs livres. On le trouve désormais parmi les pièces pouvant être chantées au salut du Saint-Sacrement pendant le carême. Mais il est parfaitement à sa place pendant la procession d’entrée ou de sortie de ce temps liturgique.

    Il semble que l’on ne sache pas du tout comment cette antique prière mozarabe s’est retrouvée dans un livre parisien du XIXe siècle. (J’ai vu quelque part qu’il se trouvait déjà dans un missel français du XVIIe siècle, mais je n’en ai pas trouvé confirmation et cela ne change rien à la question.)

    Car il s’agit de la prière (« preces ») de l’heure de sexte du mercredi de la cinquième semaine de carême dans le bréviaire mozarabe (ou « bréviaire gothique selon la règle de saint Isidore »). La seule vraie différence est le refrain (repris semble-t-il du répons Emendemus), qui dans la liturgie mozarabe est seulement « Et miserere ». (Ce n’est pas un refrain de chant mais un répons de litanie.) Les autres différences sont l’interversion de Rex summe / omnium redemptor, supplicantium au lieu de supplicantum, et dextra au lieu de dextera.

    Attende, Domine, et miserere, quia peccavimus tibi.

    Écoute-nous, Seigneur, et prends pitié de nous, car nous avons péché contre toi.

    1. Ad te Rex summe, omnium Redemptor, oculos nostros sublevamus flentes ; exaudi, Christe, supplicantum preces.

    Vers toi, souverain Roi, Rédempteur de tous les hommes, nous élevons nos yeux pleins de larmes. Écoute, o Christ, nos prières suppliantes !

    1. Dextera Patris, lapis angularis, via salutis, janua caelestis, ablue nostri maculas delicti.

    Droite du Père, pierre angulaire, voie du salut, porte du ciel, Lave les souillures de notre péché.

    1. Rogamus, Deus, tuam majestatem ; auribus sacris gemitus exaudi ; crimina nostra placidus indulge.

    Nous prions, ô Dieu, ta Majesté ; que tes oreilles saintes entendent nos gémissements ; Dans ta bonté, pardonne-nous de nos crimes.

    1. Tibi fatemur crimina admissa ; contrito corde pandimus occulta ; tua Redemptor pietas ignoscat.

    Nous t’avouons les fautes commises ; d’un cœur contrit nous te dévoilons nos péchés ; Ô Rédempteur, que te clémence pardonne.

    1. Innocens captus, nec repugnans ductus, testibus falsis pro impiis damnatus ; quos redemisti, tu conserva, Christe.

    Arrêté innocent et emmené sans résistance, Tu as été condamné pour les pécheurs par de faux témoins ; Ô Christ, conserve ceux que tu as rachetés.

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    Par les moines et le chœur d’enfants de l’abbaye de Downside (Somerset, Angleterre) :

  • Mercredi des quatre temps de carême

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    Generátio hæc prava et pervérsa signum quærit : et signum non dábitur ei, nisi signum Jonæ prophétæ.

    Cette génération dépravée et perverse demande un signe : et il ne lui sera pas donné de signe, sinon celui de Jonas.

    Sicut fuit Jonas in ventre ceti tribus diébus et tribus nóctibus, ita erit Fílius hóminis in corde terræ.

    De même que Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre du gros poisson, de même le Fils de l’Homme sera dans le cœur de la terre.

    La liturgie de ce jour est particulièrement riche, puisque la messe nous montre Moïse d’une part, Elie d’autre part, jeûnant « 40 jours et 40 nuits » comme le Christ dans l’évangile de dimanche dernier, en attendant dimanche prochain la Transfiguration où Jésus sera entre Moïse et Elie. Quant à l’évangile, il est composé de trois péricopes distinctes. Et pourtant les antiennes du Benedictus, aux laudes, et du Magnificat, aux vêpres, se concentrent uniquement sur la parole du Christ concernant le « signe de Jonas ».

    Ces deux chants sont très anciens, car ils ne correspondent pas exactement à la Vulgate, ni à aucune autre version latine des évangiles. Ils sont propres à la liturgie. (Les différences sont « prava et perversa » au lieu de « mala et adultera » dans la première, et « ita » au lieu de « sic » dans la deuxième.)

    L’insistance est donc sur l’annonce de la Passion et de la Résurrection. Non pas sur les 40 jours et 40 nuits (que nous sommes en train de vivre) mais sur les 3 jours et 3 nuits à venir, qui en sont le point d’orgue. Et uniquement sur ce « signe », sans allusion à ce que dit Jésus ensuite sur les Ninivites qui ont fait pénitence.

    Les matines byzantines évoquent souvent Jonas, parce que la 6e ode fait écho à son cantique dans le ventre du gros poisson. On remarquera ce que chante la 6e ode de la fête de la Nativité de la Mère de Dieu (qui est la première fête de l’année liturgique, le 8 septembre) :

    « Dans les entrailles du monstre marin Jonas, étendant les mains en forme de croix à l'image de ta Passion, après trois jours en sortit, ébauchant l'universelle Résurrection du Seigneur notre Dieu crucifié dans sa chair, le Christ illuminant le monde par sa Résurrection le troisième jour. »

  • Mardi de la première semaine de carême

    Voici une bien jolie oraison qui est le « capitule » de l’heure de tierce, en ce jour, dans le bréviaire mozarabe :

    In protectione alarum tuarum Domine filios hominum sperantes, nequaquam detegas; sed tamquam pullos, quo possimus supernis volatilibus praeparari, fovendo enutrias: neque deripi nos laceratione insidiantium sinas; nec a nido Ecclesiae tuae avolare permittas; sed, dum nos tegmine regis paterno, ad ubertatem domus tuae adiuti tuo veniamus auxilio.

    Ne laisse surtout pas à découvert, Seigneur, les fils des hommes qui espèrent en la protection de tes ailes ; mais, en nous tenant au chaud comme des poussins, nourris-nous et élève-nous où nous pourrons nous préparer à être des oiseaux d’en-haut ; et ne nous laisse pas être mis en pièces par ceux qui nous tendent des pièges, et ne permets pas que nous nous envolions du nid de ton Eglise, mais que, nous guidant sous ta protection paternelle, nous parvenions avec ton aide aux richesses de ta maison.

  • Lundi de la première semaine de carême

    L’introït de la messe de ce jour est le début du premier psaume que les moines chantent à l’heure de sexte. C’est une belle prière de carême.

    Sicut óculi servórum in mánibus dominórum suórum : ita óculi nostri ad Dóminum, Deum nostrum, donec misereátur nobis : miserére nobis, Dómine, miserére nobis.
    Ad te levávi óculos meos : qui hábitas in cælis.

    Comme les yeux des serviteurs sont fixés sur les mains de leurs maîtres, ainsi nos yeux sont tournés vers le Seigneur notre Dieu, jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous. Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous.
    J’ai levé les yeux vers vous, qui habitez dans les cieux.

    Par les moines de Ligugé, dans un enregistrement d’après la « réforme » liturgique (d’où l’absence de la doxologie, dont je ne connais toujours pas la raison) :


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