Me étenim de die in diem quærunt, et scire vias meas volunt.
C’est moi en effet qu’ils cherchent de jour en jour, et ils veulent savoir mes voies.
Au moyen âge, cette antienne avait une place variable. On la trouve comme antienne de psaume ou de Benedictus le jeudi après les Cendres, ou le vendredi, parfois le mercredi des Cendres, et finalement elle s’est fixée au Benedictus du samedi. Assez curieusement, puisque le texte est tiré de l’épître du vendredi. Mais il est vrai que l’épître du samedi n’est que la suite de celle-là, et surtout l’antienne n’a plus le même sens que dans son contexte, comme on le constate assez souvent dans la liturgie.
En effet, dans le texte d’Isaïe, Dieu manie l’ironie (amère) : c’est ce qu’ils disent, ce qu’ils prétendent, qu’ils me cherchent de jour en jour et veulent connaître mes voies, mais en réalité ils font tout le contraire ; ils disent qu’ils jeûnent et ils pratiquent l’injustice. Qu’ils pratiquent la justice et alors je leur répondrai.
Dans l’antienne toute ironie a disparu : Dieu parle de vrais fidèles qui veulent vraiment le connaître. Et cela correspond particulièrement bien au Benedictus.
(En illustration je mets cette antienne telle qu’elle se trouve - au vendredi - dans l’antiphonaire cistercien de Salzinnes (Namur), qui date de 1554. On remarque que le scribe l’a écrite en clef d’ut bien que ce soit un premier mode et que de cette façon la tonique est la et non ré. Mais cela lui permet d’éviter d’avoir à mettre un si bémol sur « scire ». – Ce qui prouve que si on l’écrit en clef de fa on a bien un si bémol et non un si naturel.)