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Deuxième dimanche de carême

La belle antienne de communion de ce dimanche est à la fois une vive supplication et une tendre déclaration d’amour. La longue première phrase et la brève deuxième se terminent de la même façon, par une révérence pleine de confiance sur « mon Dieu » puis sur « Domine ».

Intéllige clamórem meum, inténde voci oratiónis meæ, Rex meus et Deus meus ; quóniam ad te orábo, Dómine.

Comprenez mon cri. Soyez attentif à la voix de ma prière, mon roi et mon Dieu, car c’est vous que je prierai, Seigneur.

Commentaires

  • Cinquième mode très intéressant, dans lequel s'articulent clairement les trois "cordes" de type "Fa-La-Do".
    Dans la logique grégorienne, les ornementations autour d'une corde modale s'étendent généralement de part et d'autre de cette corde, et ne dépassent pratiquement jamais les cordes voisines ; et quand elles le font, s'y appuient au passage. Par rapport à cette structure, on peut souligner dans cette Communion l'appui quelque peu inhabituel sur un Sol de quelques ornementations faisant comme si la corde La était inexistante :
    Dans "Deus meus", la mélodie part d'un torculus s'articulant sur le Do par demi-ton inférieur, puis plonge sur le Sol avec la désinence, pour finalement s'articuler autour du La : le Sol joue ici un rôle de mise en tension harmonique avant de résoudre la mélodie sur la deuxième corde.
    En amont, sur la finale "-ónis meæ", qui s'articule autour de la corde La, même curiosité : la syllabe accentuée se manifeste par une montée jusqu'au Do, qui suivie d'un Sol de transition pour rétablir la désinence sur le La. On peut le comprendre comme un soulignement de cette même désinence, qui n'est pas une simple finale mais doit se prolonger sur "meæ", d'où une remise en tension subtile permettant d'aller jusqu'au bout de la phrase.
    Toujours plus en amont, le passage "inténde voci" est particulièrement étrange. Toute la phrase musicale s'articule autour du La, mais la désinence du "inténde" tombe sur un Sol pour renvoyer immédiatement la mélodie sur un Do, corde qui reçoit la syllabe accentuée de "voci". Encore plus curieux, l'accent de "inténde" est inversé, et démarre sur un Sol alors que la corde modale est le La. Ici encore, on peut y voir une mise en tension, mais également un effacement vers le grave: la prière du "inténde" est une retenue énergique préparant sur le plan modal l'explosion éclatante de "voci".

    Par rapport à cette structure modale particulièrement nette, on ne peut que regretter le mélisme final sur "Dómine", et son bémol totalement incongru dans une logique "Fa-La-Do". Un tel bémol n'appartient pas au cinquième mode, qui ne peut le justifier ni par une ornementation inférieure du Do, ni par une ornementation supérieure du La ; ce n'est qu'une centonisation malhabile.
    On peut remarquer que le graduel dominicain présente une mélodie similaire mais comportant de nombreuses variantes de détail, et de même, que le Graduale Triplex montre que la mélodie origonellement notée par les manuscrits n'est pas celle finalement retenue par Solemnes.

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