La piscine de Bethsaïde dont parle le saint Évangile (Ioan., V, 1-15) symbolise aujourd’hui les fonts baptismaux pour les catéchumènes, et le Cœur adorable de Jésus pour tous les fidèles, qui, à travers le côté transpercé du Rédempteur, trouvent un océan de compassion et d’amour. Dans les cinq portiques de la piscine Probatique, les saints Pères voient le symbole des cinq plaies du divin Crucifié, dont saint Augustin disait : Vulnera tua, merita mea. L’homme paralysé depuis trente-huit ans restait en cet état, sans trouver une âme bienveillante pour le déposer dans la piscine quand l’ange en agitait les eaux, soit parce que l’aide des créatures est défaillante, celles-ci ne pouvant ou ne voulant nous secourir ; soit encore parce que la piscine Probatique symbolisait la grâce, qui excède la puissance et les exigences de l’homme, et qui ne peut nous être donnée que par Celui qui, dans les Écritures, s’appelle précisément Vir oriens, Vir, Filius hominis, l’homme par excellence.
(…)
Voilà le bénéfice qu’on a à mettre sa confiance dans les créatures ! Après une attente anxieuse de trente-huit ans, il faut pourtant finir par confesser qu’on n’a trouvé personne qui veuille et puisse nous secourir ! Hominem non habeo. Quand donc se dissipera pour nous aussi cet enchantement qui nous lie aux choses d’ici-bas ? Quand nous persuaderons-nous, avec le célèbre chancelier de Paris, Gerson, que omnis copia quae Deus tuus non est, tibi inopiae est ?