(Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev)
Saint Irénée (Adversus Haereses III, 3) :
Après avoir ainsi fondé et édifié l’Église, les bienheureux Apôtres transmirent à Lin la charge de l’épiscopat ; de ce Lin, Paul fait mention dans ses lettres à Timothée (2 Tim, 4, 21). Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu, à partir des Apôtres, c’est à Clément qu’échoit l’épiscopat. Il avait vu les Apôtres eux-mêmes, avait été en relation avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles ; leur Tradition était encore devant ses yeux. D’ailleurs, il n’était pas le seul ; il restait encore à l’époque beaucoup d’hommes qui avaient été instruits par les Apôtres. Du temps donc de Clément, une dissension assez grave se produisit entre les frères de Corinthe ; l’Eglise de Rome adressa alors aux Corinthiens un écrit très important pour les réconcilier dans la paix, ranimer leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait reçue récemment des Apôtres :
un seul Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre,
qui a modelé l’homme,
produit le déluge, appelé Abraham,
fait sortir son peuple d’Égypte, parlé à Moïse,
établi l’économie de la Loi, envoyé les Prophètes,
préparé le feu pour le diable et ses anges.
Qu’un tel Dieu soit annoncé par les Eglises comme étant aussi le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tous ceux qui le veulent peuvent le constater d’après cet écrit même. Ils peuvent ainsi connaître la Tradition apostolique de l’Église puisque cette lettre est plus ancienne que les fauteurs des erreurs actuelles qui inventent mensongèrement un autre Dieu supérieur au Démiurge, au Créateur de notre univers.
A ce Clément succède Évariste ; à Évariste, Alexandre ; puis, le sixième à partir des apôtres, Xyste est établi ; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement son témoignage ; ensuite Hygin ; ensuite Pie ; et après lui, Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quel ordre et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Église à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous.
Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église, depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la vérité ».
Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique 3,16) :
Il existe de Clément une lettre longue et admirable, écrite au nom de l’Eglise de Rome à celle de Corinthe à propos d’une discussion qui s’était alors élevée à Corinthe. En beaucoup d’Eglises, depuis longtemps et de nos jours encore, on la lit publiquement dans les réunions.
La lettre de Clément aux Corinthiens avait en effet quasiment le statut de celles de saint Paul, et on en a le texte dans l’un des plus importants codex de la Bible, l’Alexandrinus. Où elle est appelée « première » lettre de Clément, car lui fait suite une « seconde » lettre aux Corinthiens, qui en fait n’est pas de Clément, mais pourrait bien être du pape Soter (166-175), selon le témoignage de l’évêque Denys de Corinthe qui écrivait à Soter :
« Aujourd’hui, nous avons célébré le saint jour du dimanche, auquel nous avons lu votre lettre. Nous continuerons à la lire toujours comme un avertissement, ainsi du reste que la première que Clément nous a adressée. » (Histoire ecclésiastique IV, 23).