Dóminus dabit benignitátem : et terra nostra dabit fructum suum.
Le Seigneur donnera sa bénignité, et notre terre produira son fruit.
L’introït, le graduel et l’offertoire de la messe de ce jour viennent du psaume 24, qui est par excellence le psaume de l’Avent. Le verset d’alléluia et l’antienne de communion sont pris du psaume 84, qui est l’autre psaume de l’Avent, et dont la fin annonce l’Incarnation de façon particulièrement merveilleuse. L’avant dernier verset dit que le Seigneur donnera sa béniginité et que notre terre donnera son fruit. Ceci est préparé par les versets précédents : la miséricorde et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont embrassées, la vérité est née de la terre, et la justice a regardé depuis le ciel.
Naturellement, la terre qui donne son fruit est la Sainte Vierge, qui conçoit du Saint-Esprit, la bénignité de Dieu qui s’est posée sur son humble servante. Au lieu de « benignitatem », saint Augustin avait dans son psautier « suavitatem », et il remarque qu’on voit aussi « benedictionem » (comme le dit toujours le psautier mozarabe). Ces mots tentent de traduire le grec χρηστότητα, substantif formé d’après l’adjectif χρηστός. Lequel avait en effet toutes ces nuances de sens, que le dictionnaire Bailly résume dans la « bonté de cœur », qui est aussi la bonne qualité des fruits, dont leur « suavité », leur douceur. Telle est la bénédiction que Dieu envoie sur la terre pour qu’elle produise son fruit, le fruit des entrailles de la Vierge. Et il n’échappait pas aux premiers chrétiens (qui parlaient grec à Rome et à Jérusalem), comme toujours aux chrétiens de langue liturgique grecque, que χρηστός se prononce exactement comme Χριστός, Christos, le Christ.
Mais il s’agit ici d’une antienne de communion. Et nous sommes fondés à l’interpréter à notre profit, et pour notre profit : en nous donnant le corps de son Fils, le Christ χρηστός, Dieu nous a donné sa « bénignité », afin que, dans la nouvelle année qui commence aujourd’hui, notre terre donne le fruit qu’il attend de nous.
Par les moines de Solesmes, avec les deux premiers versets du psaume :
Benedixisti, Domine, terram tuam ; avertisti captivitatem Jacob.
Tu as béni, Seigneur, ta terre, tu as fais cesser la captivité de Jacob.
Remisisti iniquitatem plebis tuæ ; operuisti omnia peccata eorum.
Tu as remis l’iniquité de ton peuple, tu as couvert tous ses péchés.