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« Prose » (séquence) qui se chantait après l’alléluia dans les messes de l’octave de l’Epiphanie en divers diocèses. Prise ici dans le « Missel de Paris latin-françois imprimé par ordre de Monseigneur l’Archevêque » (Mgr de Vintimille), 1739.
Tribus miráculis ornátum diem sanctum cólimus: hódie stella Magos duxit ad præsépium: hódie vinum ex aqua factum est ad núptias: hódie in Iordáne a Ioánne Christus baptizári vóluit, ut salváret nos, allelúia.
Trois prodiges ont marqué ce jour que nous honorons. Aujourd’hui l’étoile a conduit les Mages à la crèche ; aujourd’hui l’eau a été changée en vin au festin nuptial ; aujourd’hui le Christ a voulu être baptisé par Jean dans le Jourdain, pour notre salut, alléluia.
Par les moines de Solesmes (avec le Magnificat), sous la direction de dom Richard Gagné, chef de chœur de 1996 à 2003. Curieusement, c’est la version de 1934 (et non celle de 1960).
Tu as porté du fruit en étant coupé, ô Télesphore, comme une noble semence qui mène le fruit à sa perfection.
(Télesphoros : qui accomplit, qui fait parvenir à maturité.)
Saint Télesphore était un pape de Rome d'origine grecque, de Tarente, en Italie, et plus précisément de la Grande Grèce, comme on appelait l'Italie du Sud. Il succéda à Sixte Ier en 125, il était vertueux et très honoré des moines, car il avait la réputation d'ermite. Il introduisit le jeûne du Carême, combattit les diverses sectes qui existaient à cette époque et introduisit de nombreuses dispositions liturgiques de l'Église d'Orient en Occident. Il est martyrisé en 136 et sa mémoire est honorée le 22 février.
Prépare-toi, Zabulon, et tiens-toi prêt, Nephtali ; fleuve du Jourdain, arrête-toi, accueille avec allégresse le Maître qui vient se faire baptiser. Exulte, Adam, avec la Première-Mère, ne vous cachez plus comme jadis au Paradis ; car, vous voyant nus, il est apparu pour vous revêtir du premier vêtement. Le Christ s’est manifesté, voulant renouveler toute la création.
Les 2, 3 et 4 janvier, la liturgie byzantine célèbre la « pré-fête » de la Théophanie (le 5 c’est la paramonie : la vigile), exclusivement centrée sur le baptême du Seigneur. Le texte de l’apolytikion est sublime. La mention de Zabulon et Nephtali fait référence à la prophétie d’Isaïe reprise dans saint Matthieu juste après le baptême, quand Jésus va s’installer à Capharnaum, « aux confins de Zabulon et Nephtali », afin que s’accomplisse la prophétie : « Terre de Zabulon et terre de Nephtali, sur la route de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations : le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière… » Au-delà du Jourdain rappelle le lieu où saint Jean baptisait. Le Jourdain doit s’arrêter quand arrive le Fils de Dieu parce que Jésus (que la Bible latine appelle Josué) l’a déjà arrêté pour faire passer le peuple élu dans la terre promise. Après le péché originel, Adam et Eve se sont vus nus et Dieu leur a donné une « tunique de peau ». Mais aujourd’hui il leur donne, il nous donne, le « premier vêtement », la « première robe ». Les mots sont ceux de la parabole du fils prodigue. Les pères ont bien vu que cette « première robe » était celle de l’élection d’Adam, la robe de gloire et d’incorruptibilité de la Création, changée en « tunique de peau » après la chute. Car le Christ est apparu pour faire nouveau tout le créé, pour le rendre à son état de pureté originelle. Le Fils de Dieu se manifeste au Jourdain : épéphanen et éphani, qui font allusion au nom de la fête : la Théophanie, l’Epiphanie.
(Lorsque le fils prodigue revient, le père demande qu’on lui apporte la première robe, le premier vêtement : τὴν στολὴν τὴν πρώτην. Le mot protin n’a pas d’autre sens que « premier » - plus de 90 fois dans le Nouveau Testament (sans compter le Premier-Né, prototokos…), et l’article défini insiste sur le fait qu’il n’y a absolument qu’une seule première robe. La falsification de la Sainte Ecriture appelée par antiphrase « Bible de la liturgie » dit « le plus beau vêtement ». Il en est de même avec l’anneau - de l’alliance retrouvée - qui devient « une bague »… Ainsi est détruite la parabole, et il ne reste plus qu’à en faire un commentaire sentimental…)
Jesu, dulcis memória, Dans vera cordis gáudia : Sed super mel, et ómnia, Ejus dulcis præséntia.
Jésus ! Nom de douce souvenance, qui donne au cœur les joies véritables ; mais plus suave que le miel et toutes les douceurs, est la présence de Celui qui le porte.
Nil cánitur suávius, Nil audítur jucúndius, Nil cogitátur dúlcius, Quam Jesus Dei Fílius.
Nul chant plus mélodieux, nulle parole plus agréable, nulle pensée plus douce, que Jésus, le Fils de Dieu.
Jesu, spes pœniténtibus, Quam pius es peténtibus ! Quam bonus te quæréntibus ! Sed quid inveniéntibus ?
Jésus ! espoir des pénitents, que vous êtes bon pour ceux qui vous implorent ! bon pour ceux qui vous cherchent ! Mais que n’êtes-vous pas pour ceux qui vous ont trouvé !
Nec lingua valet dícere, Nec líttera exprímere : Expértus potest crédere, Quid sit Jesum dilígere.
Ni la langue ne saurait dire, ni l’écriture ne saurait exprimer ce que c’est qu’aimer Jésus ; celui qui l’éprouve peut seul le croire.
Sis, Jesu, nostrum gáudium, Qui es futúrus præmium : Sit nostra in te glória, Per cuncta semper sǽcula. Amen.
Soyez notre joie, ô Jésus, vous qui serez notre récompense : que notre gloire soit en vous, durant tous les siècles, à jamais. Amen.
A partir du VIe siècle on a commencé à commémorer en Occident, le 1er janvier, la Circoncision du Seigneur, fête finalement inscrite dans le calendrier romain au XIe siècle. L’intitulé devint : « Circoncision du Seigneur et octave de la Nativité ». En 1960 la mention de la Circoncision fut supprimée. Ce qui est très curieux, en ce temps d’œcuménisme tous azimuts et de dialogue judéo-chrétien : la fête de la Circoncision venait d’Orient et est toujours célébrée en Orient le 1er janvier (« La circoncision selon la chair de notre Seigneur et Dieu et Sauveur Jésus-Christ »), et Luther l’avait conservée. Vis-à-vis des juifs elle montrait que les chrétiens soulignent que le Christ s’était soumis à la Loi. (Et sur le plan catholique elle soulignait que le Christ vrai Dieu est vrai homme, et qu’il a commencé à répandre le sang de la rédemption dès le huitième jour de son existence terrestre - ce huitième jour annonçant déjà le salut éternel).
Voici les tropaires de la Circoncision chantés l’an dernier en l’église de Mezzojuso, en Sicile. Le deuxième célèbre la mémoire de « notre saint père Basile le Grand » parce que le 1er janvier est le jour de sa mort (comme l’indique aussi le martyrologe romain).
Sagesse ! Debout ! Allons adorer et nous prosterner devant le Christ. Sauve-nous, Fils de Dieu, qui fus circoncis dans la chair. Nous te chantons : Alléluia.
Sans changement tu assumas l’humaine condition, étant Dieu par nature, Seigneur compatissant ; pour accomplir le précepte de la Loi, tu as voulu subir la circoncision de la chair afin de dissiper les ténèbres et d’arracher le voile où s’enveloppent nos passions. Gloire à ton immense bonté, gloire à ta miséricorde, ô Verbe de Dieu, gloire à l’ineffable tendresse qui t’a fait descendre jusqu’à nous.
Par toute la terre ton message s’est répandu et ta parole fut reçue dans tout l’univers ; par elle tu as enseigné les divines vérités, expliqué la nature des êtres et redressé la conduite des humains ; Père saint, Pontife au nom royal, prie le Christ notre Dieu de nous accorder sa grande miséricorde.
Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι, καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν. Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.
Le Seigneur de l’univers subit la circoncision et retranche dans sa bonté les fautes qui couvraient l’humanité ; en ce jour il donne au monde le salut. Au plus haut des cieux se réjouit aussi le pontife du Créateur, Basile, l’illuminateur et l’initié aux divins mystères du Christ.
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A Mezzojuso comme dans les autres paroisses grecques-catholiques de Sicile le prêtre bénit et partage, le 1er janvier, le « gâteau de saint Basile », selon une tradition héritée de Grèce où le gâteau s’appelle Vasilopita (Βασιλόπιτα). Une pièce de monnaie est cachée dans la pâte, comme la fève dans notre galette de l’Epiphanie.
Il y a plusieurs versions de l’origine de cette tradition. L’une dit que saint Basile voulant aider les pauvres faisait faire un gâteau dans lequel il cachait des pièces, et faisait distribuer les morceaux aux plus démunis. Une autre dit que l’empereur ayant exigé une nouvelle taxe, les habitants de Césarée s’étaient exécutés, mais quand saint Basile eut fait annuler cet impôt, on ne savait plus qui avait donné quoi, alors il fit cacher l’argent dans des gâteaux et les partagea. Une variante parle d’une rançon exigée par des ennemis qui assiégeaient la ville. Dans les deux cas chaque contributeur trouva dans son morceau de gâteau ce qu’il avait donné.
Le bergogliossime cardinal Cupich, archevêque de Chicago, a publié le 27 décembre un texte d’application de Traditionis custodes dans son diocèse, intégrant les mesures vexatoires supplémentaires des soi-disant réponses aux dubia.
Du moins si l’on en croit Vatican News, puisque sur le site de l’archidiocèse il n’y a toujours rien. Le webmestre doit être à la neige…
Cupich s’est manifestement demandé comment il pourrait être encore plus méchamment mesquin que son chef. Et il a trouvé. Non seulement tout prêtre qui ose vouloir dire la messe traditionnelle doit lui en demander la permission par écrit, non seulement la célébration de la liturgie traditionnelle est interdite pendant le triduum pascal (comme à Rome), mais elle est aussi interdite à Noël, à la Pentecôte, et… chaque premier dimanche du mois.
Et, petite touche supplémentaire de l’artiste : ces messes-là devront être dites face au peuple… Je crois bien que c’est la première fois qu’est édictée une obligation de dire la messe face au peuple.
Dom Guéranger fait remarquer que la liturgie mozarabe est la seule qui ait une prière spéciale pour le passage d’une année civile à l’autre. Je constate à cette occasion que le très remarquable site La Ermita où l’on trouvait toute la liturgie hispano-mozarabe (selon son appellation officielle) n’existe plus, et c’est vraiment dommage, car il semble qu’il n’y en ait pas d’autre.
Vous voyez les bergers se hâter. C’est toujours avec ardeur qu’il faut chercher le Christ. Vous voyez que les pasteurs ont cru au témoignage d’un Ange, et vous ne voudriez pas croire ce que vous disent le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, les Anges, les Prophètes et les Apôtres ? Considérez avec quel soin l’Écriture choisit et pèse tous les mots : « Ils se hâtèrent, dit-elle, d’aller voir le Verbe. » Et en effet, lorsqu’on voit la chair du Seigneur, on voit le Verbe, c’est-à-dire le Fils.
Que la basse condition des pasteurs ne vous fasse pas dédaigner le grand exemple de foi qu’ils vous donnent. Certes, plus leur histoire paraît méprisable à la sagesse humaine, plus elle est précieuse aux yeux de la foi. Le Seigneur n’a pas appelé d’abord des écoles de philosophie, pleines de sages, mais un peuple simple, qui ne sût ni déguiser son enseignement, ni le charger de vains ornements. La simplicité, voilà ce qu’il demande ; il ne cherche point le faste et l’éclat.
Ne pensez pas non plus qu’on doive mépriser et regarder comme viles les paroles des pasteurs. Les pasteurs, Marie recueille leurs paroles et en nourrit sa foi. Les pasteurs, ce sont eux qui rassemblent le peuple pour glorifier Dieu. « Tous ceux qui entendirent ces bergers admirèrent ce qu’ils disaient, et Marie conservait en elle-même toutes ces choses et les repassait dans son cœur. » Apprenons de là quelle a été, en tout, la chasteté de la sainte Vierge ; non moins réservée dans ses paroles que modeste en son extérieur, elle amassait et gardait dans son cœur les preuves de la foi.
Saint Ambroise, lecture des matines avant 1960 (Commentaire de l’évangile selon saint Luc, 2).