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Liturgie - Page 114

  • 4e dimanche de l’Avent

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    Saint François de Sales, sermon pour le 4e dimanche de l’Avent (extrait).

    *

    O radix Jesse

    O radix Jesse, qui stas in signum populórum, super quem continébunt reges os suum, quem Gentes deprecabúntur : veni ad liberándum nos, jam noli tardáre.

    O Racine de Jessé, qui êtes comme l’étendard des peuples, devant qui les rois fermeront leur bouche, et dont les nations imploreront le secours : venez nous délivrer, maintenant ne tardez plus.

  • Le "Joyeux Noël !" du tyran romain

    François fait un cadeau de Noël aux fidèles de la liturgie immémoriale de l’Eglise latine : un grand coup de massue supplémentaire.

    C’est sous la forme de réponses à des dubia. François ne répond pas aux vrais dubia, mais il fait répondre par le Gauleiter de la Congrégation pour le culte divin aux dubia manifestement élaborés (en tout cas pour plusieurs d’entre eux) par ses bureaux (ça fait plus "synodal" que le décret qui était annoncé par la rumeur).

    En bref :

    Tout prêtre voulant célébrer la messe traditionnelle, ordonné après la publication du motu proprio, devra demander à un évêque diocésain susceptible de l’admettre dans son diocèse de demander à Rome l’autorisation de célébrer cette messe.

    Autrement dit il n’y aura plus de nouveaux prêtres célébrant la messe traditionnelle. Déjà il y a peu d’évêques bienveillants qui acceptent ces prêtres, mais si en plus l’évêque doit demander l’autorisation à Rome, il n’y en aura plus guère. D’autant que, sauf cas exceptionnel, la réponse sera négative, conformément à ce qui est martelé tout au long du document : le motu proprio Traditionis custodes a pour but de ramener les fidèles du rite antérieur à la seule vraie liturgie et à supprimer la célébration de ce rite qui est aboli.

    Les prêtres qui ont encore le droit de célébrer la messe traditionnelle pour les groupes déjà constitués n’ont plus le droit de célébrer quelque autre sacrement selon la forme traditionnelle : ni baptême, ni confession, ni mariage, ni extrême-onction, et l’évêque lui-même ne pourra pas conférer de confirmations, sauf dans les rarissimes paroisses personnelles. (C’est ce qui venait d’être édicté pour le diocèse de Rome.)

    Le reste consiste en un saupoudrage de pitoyables mesquineries. Lorsqu’il n’y a pas d’autre église pour accueillir le groupe des pestiférés que l’église paroissiale, la feuille paroissiale ne doit pas indiquer l’horaire de la messe traditionnelle puisqu’elle est strictement réservée au groupe qui y assiste. Un prêtre qui dit la messe de Paul VI ne peut pas dire le même jour une messe traditionnelle, puisque les pestiférés peuvent assister à la messe de Paul VI qui est la seule vraie. L’autorisation donnée par un évêque à un prêtre ne vaut que sur le territoire de son diocèse…

    La dictature se resserre donc tant sur le plan religieux que sur le plan civil. Si François arrive à ses fins l’Eglise dite latine n’aura plus de liturgie dans quelques décennies. Mais elle n’aura (logiquement) plus rien du tout. C’est la doctrine de la table rase, telle qu’elle vient d’être exprimée par le prédicateur pontifical Cantalamessa (ancien talentueux perroquet de Benoît XVI, devenu perroquet hystérique de François) dans son troisième "enseignement de l'Avent" :

    « Nous devons tout faire » pour que l'Église ne devienne pas un «château compliqué et encombré » qui empêche le message du Christ d'en « sortir libre et joyeux ». Nous savons « quels sont les murs de séparation » qui peuvent retenir le messager. « Il s'agit tout d'abord des murs qui séparent les différentes Églises chrétiennes les unes des autres, puis de l'excès de bureaucratie, des vestiges d’un cérémonial devenu insignifiant : des oripeaux, des lois et des controverses passées, qui ne sont plus que des débris ». Mais inévitablement, « le moment arrive où l'on se rend compte que toutes ces adaptations ne répondent plus aux besoins actuels, voire qu'elles constituent un obstacle ». C'est pourquoi, a déclaré le cardinal, « nous devons avoir le courage de les abattre et de ramener l'édifice à la simplicité et à la linéarité de ses origines, en vue d’un nouvel usage ».

    On va donc sans doute raser le Vatican. Mais c'est ce que s’acharnent à faire spirituellement les apôtres de « l’esprit du concile » depuis plus de 50 ans.

    *

    P.S. Je pense aux bisounours à œillères papolâtres qui affirmaient que la suppression de la commission Ecclesia Dei n'avait aucune importance...

  • Samedi des quatre temps

    Exsúlta satis, fília Sion, prǽdica, fília Jerúsalem : ecce, Rex tuus venit tibi sanctus et Salvátor.

    Exulte tout ton saoul, fille de Sion, proclame, fille de Jérusalem : voici que ton roi vient à toi, il est saint et il est le Sauveur.

    L’antienne d’offertoire de la messe de ce jour reprend un demi-verset du prophète Zacharie 9,9).

    Le verset entier dit ceci, dans la Vulgate :

    Exsulta satis, filia Sion ; jubila, filia Jerusalem : ecce rex tuus veniet tibi justus, et salvator : ipse pauper, et ascendens super asinam et super pullum filium asinæ.

    Exulte tout ton saoul, fille de Sion, jubile, fille de Jérusalem : voici que ton roi vient à toi, il est juste et il est le Sauveur. Lui il est pauvre, et monté sur une ânesse, et sur un poulain d’ânesse.

    Ce verset prophétise donc d’abord les Rameaux. Mais bien sûr il convient au temps de l’Avent puisque ce Roi pauvre, saint et sauveur qui vient aux Rameaux est d’abord celui qui est venu à Noël.

    On remarque que la Vulgate dit « jubila » alors que l’antienne dit « praedica ». Le texte de l’antienne est celui d’une version antérieure à la Vulgate, traduisant le texte grec de la Septante : κήρυσσε (kirissé), proclame. De même, la Vulgate dit « sanctus », quand l’antienne dit « justus », qui traduit le mot de la Septante δίκαιος (dikèos), juste. (Dans la deuxième partie du verset l’ancienne version latine a, conformément au grec, mansuetus, doux, et non pauper, pauvre. Et c’est ce mansuetus (πραὺς) que l’on retrouve dans l’évangile de saint Matthieu.)

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    *

    O Adonai

    O Adonái, et Dux domus Israël, qui Móysi in igne flammæ rubi apparuísti, et ei in Sina legem dedísti : veni ad rediméndum nos in bráchio exténto

    O Adonaï, et Conducteur de la maison d’Israël, qui avez apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné la Loi sur le Sinaï : venez pour nous racheter par la puissance de votre bras.

     

  • Vendredi des quatre temps

    La messe du vendredi des quatre temps de l’Avent poursuit en quelque sorte celle du mercredi : Isaïe fait une nouvelle prophétie messianique, et, après l’Annonciation, l’évangile est celui de la Visitation. L’introït souligne que le Seigneur est proche, et l’antienne de communion annonce solennellement avec les mots du prophète Zacharie : « Voici que le Seigneur va venir. »

    Cette année, cet accent est considérablement renforcé par le fait que nous sommes le 17 décembre, donc le premier jour des antiennes particulières des laudes et des heures, chaque jour différentes, et aussi le premier jour des grandes antiennes O.

    Antiennes du jour :

    Constantes estóte, videbitis auxílium Dómini super vos. (II Par. 20,17)
    Soyez persévérants, et vous verrez le secours du Seigneur sur vous.

    Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : veni, et éripe me, Dómine, ad te confúgi. (Psaume 24,1)
    Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme, venez et délivrez-moi ; vers vous je me suis réfugié, Seigneur.

    Veni, Dómine, et noli tardare: relaxa facinora plebi tuæ Israël. (Psaume 142,9)
    Venez, Seigneur, et ne tardez pas ; remettez les péchés d’Israël, votre peuple. 

    Deus a Libano véniet, et splendor ejus sicut lumen erit. (Habacuc 3,4)
    Dieu viendra du Liban, et sa splendeur brillera comme ta lumière. 

    Ego autem ad Dóminum aspíciam, et exspectábo Deum Salvatórem meum (Michée 7,7).
    Pour moi, je porterai mes regards sur le Seigneur, et j’attendrai le Dieu, mon Sauveur.

    Antienne O (au Magnificat) :

    O Sapiéntia, quæ ex ore Altíssimi prodiísti, attíngens a fine usque ad finem, fórtiter suavitérque dispónens ómnia : veni ad docéndum nos viam prudéntiæ

    O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, atteignant d’une extrémité à une autre extrémité, et disposant toutes choses avec force et douceur : venez pour nous enseigner la voie de la prudence.

  • Saint Eusèbe de Verceil

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    Le tombeau de saint Eusèbe en la cathédrale de Verceil.

    La grande estime qui se développa autour d'Eusèbe explique son élection en 345 à la chaire épiscopale de Verceil. Le nouvel évêque commença immédiatement une intense œuvre d'évangélisation sur un territoire encore en grande partie païen, en particulier dans les zones rurales. Inspiré par Athanase - qui avait écrit la Vie de saint Antoine, initiateur du monachisme en Orient -, il fonda à Verceil une communauté sacerdotale, semblable à une communauté monastique. Ce monastère donna au clergé de l'Italie du Nord une empreinte de sainteté apostolique significative (…).

    Solidement formé dans la foi nicéenne, Eusèbe défendit de toutes ses forces la pleine divinité de Jésus Christ, défini par le Credo de Nicée "de la même substance" que le Père. Dans ce but, il s'allia avec les grands Pères du IVe siècle - surtout avec saint Athanase, le porte-drapeau de l'orthodoxie nicéenne - contre la politique philo-arienne de l'empereur. (…) C'est pour cette raison qu'Eusèbe fut condamné à l'exil comme tant d'autres évêques d'Orient et d'Occident : comme Athanase lui-même, comme Hilaire de Poitiers, comme Osius de Cordoue.

    A Scitopolis, en Palestine, où il fut assigné entre 355 et 360, Eusèbe écrivit une page merveilleuse de sa vie. Là aussi, il fonda un monastère avec un petit groupe de disciples et, de ce lieu, il s'occupa de la correspondance avec ses fidèles du Piémont, comme le démontre en particulier la deuxième des trois Lettres eusébiennes reconnues comme authentiques. Par la suite, après 360, il fut exilé en Cappadoce et dans la Thébaïde, où il subit de graves mauvais traitements physiques. En 361, Constance II mourut, et lui succéda l'empereur Julien, dit l'apostat, qui ne s'intéressait pas au christianisme comme religion de l'empire, mais voulait simplement restaurer le paganisme. Il mit fin à l'exil de ces évêques et permit à Eusèbe de reprendre possession de son siège. (…)

    La relation entre l'évêque de Verceil et sa ville est en particulier éclairée par deux témoignages épistolaires. Le premier se trouve dans la Lettre déjà citée, qu'Eusèbe écrivit de son exil de Scitopolis "à mes bien-aimés frères et aux prêtres tant désirés, ainsi qu'aux saints peuples solides dans leur foi de Verceil, Novare, Ivrée et Tortone". Ces expressions initiales, qui marquent l'émotion du bon pasteur face à son troupeau, trouvent un large écho à la fin de la Lettre, dans les saluts très chaleureux du père à tous et à chacun de ses enfants de Verceil, à travers des expressions débordantes d'affection et d'amour. Il faut tout d'abord noter le rapport explicite qui lie l'évêque aux sanctae plebes non seulement de Verceil - le premier et, pendant quelques années encore, l'unique diocèse du Piémont -, mais également de Novare, Ivrée et Tortone, c'est-à-dire de ces communautés chrétiennes qui, au sein du diocèse lui-même, avaient trouvé une certaine consistance et autonomie. Un autre élément intéressant est fourni par le salut avec lequel se conclut la Lettre : Eusèbe demande à ses fils et à ses filles de saluer "également ceux qui sont en dehors de l'Eglise, et qui daignent nourrir pour nous des sentiments d'amour : etiam hos, qui foris sunt et nos dignantur diligere". Signe évident que la relation de l'évêque avec sa ville ne se limitait pas à la population chrétienne, mais s'étendait également à ceux qui - en dehors de l'Eglise - en reconnaissaient d'une certaine manière l'autorité spirituelle et aimaient cet homme exemplaire.

    Le deuxième témoignage du rapport singulier de l'évêque avec sa ville provient de la Lettre que saint Ambroise de Milan écrivit aux habitants de Verceil autour de 394, plus de vingt ans après la mort d'Eusèbe. L'Eglise de Verceil traversait un moment difficile : elle était divisée et sans pasteur. Ambroise déclare avec franchise qu'il hésite à reconnaître chez ces habitants de Verceil "la descendance des saints pères, qui approuvèrent Eusèbe à peine l'eurent-ils vu, sans jamais l'avoir connu auparavant, oubliant même leurs propres concitoyens". Dans la même Lettre, l'évêque de Milan témoigne de la manière la plus claire son estime à l'égard d'Eusèbe : "Un homme aussi grand", écrit-il de manière péremptoire, "mérita bien d'être élu par toute l'Eglise". L'admiration d'Ambroise pour Eusèbe se fondait surtout sur le fait que l'évêque de Verceil gouvernait son diocèse à travers le témoignage de sa vie : "Avec l'austérité du jeûne, il gouvernait son Eglise". De fait, Ambroise était fasciné - comme il le reconnaît lui-même - par l'idéal monastique de la contemplation de Dieu, qu'Eusèbe avait poursuivi sur les traces du prophète Elie. Tout d'abord - note Ambroise -, l'évêque de Verceil rassembla son propre clergé en vita communis et l'éduqua à l'"observance des règles monastiques, bien que vivant dans la ville". L'évêque et son clergé devaient partager les problèmes de leurs concitoyens, et ils l'ont fait de manière crédible précisément en cultivant dans le même temps une citoyenneté différente, celle du Ciel. Et ainsi, ils ont réellement construit une véritable citoyenneté, une véritable solidarité, comme entre les citoyens de Verceil.

    Benoît XVI

  • Mercredi des quatre temps

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    Graduel dit des séquences de Notker, Einsiedeln, v. 960-970.

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    Graduel dominicain du XIIIe siècle, université Columbia, New York.

    Roráte, cæli, désuper, et nubes pluant justum : aperiátur terra, et gérminet Salvatórem.
    Cieux, répandez votre rosée ; que les nuées pleuvent le Juste ! Que s’ouvre la terre et qu’elle donne naissance au Sauveur.

    Cæli enárrant glóriam Dei : et ópera mánuum ejus annúntiat firmaméntum.
    Les cieux racontent la gloire de Dieu : le firmament annonce les œuvres de ses mains.

    On a l’habitude d’entendre l’introït Rorate à la messe du 4e dimanche de l’Avent (et en semaine aux « messes Rorate » là où c’est la tradition), mais cet introït est et a toujours été celui du mercredi des quatre temps de l’Avent (qui existait même avant la liturgie de l'Avent), comme en témoignent les plus anciens manuscrits (voir l’indication « Feria quarta » sur les photos). Et c’était une messe très solennelle : à Rome, le pape allait la célébrer à Sainte-Marie-Majeure. Les chants de cette messe, sauf l’offertoire (et l’alléluia puisqu’il n’y a pas d’alléluia aux féries de l’Avent, encore moins aux quatre temps) sont devenus ceux du 4e dimanche parce que ce dimanche n’avait pas de liturgie propre. Saint Léon le Grand terminait toujours ainsi ses sermons des dimanches avant les quatre temps : « Jeûnons donc mercredi et vendredi ; et samedi, veillons ensemble dans l’église du bienheureux Apôtre saint Pierre, afin qu’aidés du suffrage de ses mérites, nous puissions obtenir ce que nous demandons, par notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. » Cette veille du samedi se terminait par la longue messe du samedi des quatre temps (avec toutes les ordinations), si tard dans la nuit, ou si tôt le dimanche, qu’elle faisait office de messe du dimanche.

    Par le chœur de maîtres de chapelle dirigé par le chanoine Jeanneteau, le 28 juillet 1982 à l’abbaye de Fontevraud :


    podcast

  • Vox clara ecce intonat

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    Bréviaire de la Bibliothèque bodléienne (Oxford, MS. Laud Misc. 284), 1190. On peut voir qu'il manque un mot dans la deuxième strophe...

    L’hymne des laudes au temps de l’Avent, traduction Académie de Chant grégorien (Gerald Messiaen), Namur, chantée par les moniales d’Argentan.


    podcast

    Vox clara ecce íntonat,
    obscúra quæque íncrepat:
    pellántur éminus sómnia;
    ab æthre Christus prómicat.

    Une voix éclatante retentit
    qui menace toute obscurité
    qu'au loin s'enfuient les songes
    du ciel le Christ s'avance.

    Mens jam resúrgat tórpida
    quæ sorde exstat sáucia;
    sidus refúlget jam novum,
    ut tollat omne nóxium.

    Qu'à l'instant l'esprit engourdi s'éveille
    des impuretés qui le souillent
    déjà un astre nouveau resplendit
    pour enlever tour méfait.

    E sursum Agnus míttitur
    laxáre gratis débitum;
    omnes pro indulgéntia
    vocem demus cum lácrimis.

    D'en-haut l'Agneau est envoyé
    pour remettre gratuitement notre dette ;
    tous devant tant d'indulgence,
    mêlons nos larmes à nos chants.

    Secúndo ut cum fúlserit
    mundúmque horror cínxerit,
    non pro reátu púniat,
    sed nos pius tunc prótegat.

    Lorsqu'il brillera de nouveau
    et que le monde sera saisi de terreur,
    qu'il ne nous punisse pas pour nos péchés,
    mais nous protège avec tendresse.

    Laus, honor, virtus, glória
    Deo Patri et Fílio,
    Sancto simul Paráclito
    in sæculórum sǽcula. Amen.

    Louange, honneur, puissance et gloire
    à Dieu le Père et à son Fils,
    ainsi qu’au saint Paraclet,
    dans les siècles des siècles.

  • Sainte Lucie

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    Quirizio da Murano, 1462. Le tableau est une détrempe sur bois, comme les icônes, et les scènes de la vie du saint autour du portrait est aussi une tradition de l'icône.

    La Légende dorée, traduction Teodor de Wyzewa :

    Lucie, vierge syracusaine de famille noble, voyant se répandre à travers toute la Sicile la gloire de sainte Agathe, se rendit au tombeau de cette sainte, en compagnie de sa mère Euthicie, qui, depuis quatre ans déjà, souffrait d’un flux de sang incurable. Les deux femmes arrivèrent à l’église pendant la messe, et au moment où on lisait le passage de l’Évangile qui raconte la guérison miraculeuse, par Jésus, d’une femme atteinte d’un flux de sang. Alors Lucie dit à sa mère : « Si tu crois à ce qu’on vient de lire, tu dois croire aussi qu’Agathe est maintenant en présence de Celui pour le nom de qui elle a subi le martyre. Et si tu crois cela, tu retrouveras la santé en touchant le tombeau de la sainte ! »

    Aussitôt, tous s’écartant pour leur livrer passage, la Capture d’écran 2021-12-11 à 16.34.45.pngmère et la fille s’approchèrent du tombeau, et se mirent à prier. Et voici que la jeune fille tomba soudain endormie, et eut un rêve où elle vit sainte Agathe debout au milieu des anges, toute parée de pierreries, et lui disant : « Ma sœur Lucie, vierge consacrée à Dieu, pourquoi me demandes-tu une chose que tu peux toi-même accorder sur-le-champ à ta mère ? Vois, ta foi l’a guérie ! » Et Lucie, s’éveillant, dit à sa mère : « Ma mère, tu es guérie ! Mais au nom de celle aux prières de qui tu dois ta guérison, je te prie de me délier désormais de mes fiançailles, et de distribuer aux pauvres la dot que tu me destinais ! » Sa mère lui répondit : « Attends plutôt de m’avoir fermé les yeux, et tu feras ensuite ce que tu voudras de nos biens ! » Mais Lucie : « Ce que tu donnes en mourant, dit-elle, tu le donnes parce que tu ne peux pas l’emporter avec toi. Mais, si tu le donnes de ton vivant, tu en auras la récompense là-haut ! »

    De retour chez elles, Lucie et sa mère commencèrent à distribuer, peu à peu, tous leurs biens aux pauvres. Et le fiancé de Lucie, l’ayant appris, en demanda compte à la nourrice de la jeune fille. Cette femme, en personne rusée, lui répondit que Lucie avait trouvé une propriété meilleure, qu’elle voulait l’acquérir, et que c’était pour cela qu’elle vendait une partie de ses biens. Et lui, dans sa sottise, il crut à un commerce matériel, et se mit à les encourager dans la vente de leurs biens. Mais quand tout fut vendu et qu’on sut que tout était allé aux pauvres, le fiancé, furieux, porta plainte devant le consul Paschase, disant que Lucie était chrétienne et n’obéissait pas aux lois impériales.

    Capture d’écran 2021-12-11 à 16.35.01.pngPaschase, l’ayant aussitôt mandée, lui enjoignit de sacrifier aux idoles. Mais Lucie lui répondit : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est de visiter les pauvres et de les aider dans leurs besoins. Et comme je n’ai plus rien à offrir, je vais m’offrir moi-même au Seigneur ! » Et Paschase : « Ce sont là des paroles bonnes à dire à des sots de ton espèce ; mais à moi, qui garde les décrets de mes maîtres, tu les dis en vain ! » Et Lucie : « Tu gardes, toi, les décrets de tes maîtres, et moi je veux garder la loi de mon Dieu. Tu crains tes maîtres, et moi je crains Dieu. Tu évites de les offenser, et moi j’évite d’offenser Dieu. Tu désires leur plaire, et moi je désire plaire au Christ. Fais donc ce que tu jugeras t’être utile, et moi je ferai ce que je jugerai m’être utile ! » Alors Paschase : « Tu as dépensé ton patrimoine avec des corrupteurs, et voilà pourquoi tu parles en prostituée ! » Mais Lucie : « Mon patrimoine, je l’ai placé en lieu sûr ; et jamais n’ai admis auprès de moi des corrupteurs, ni du corps, ni de l’âme. » Paschase lui dit : « Qui sont donc ces corrupteurs du corps et de l’âme ? » Et Lucie répondit : « Les corrupteurs de l’âme, c’est vous, qui engagez les âmes à se détourner de leur créateur ; quant aux corrupteurs du corps, ce sont ceux qui conseillent de préférer le plaisir corporel aux fêtes éternelles. » Et Paschase : « Tes paroles (verba) cesseront bien quand nous en viendrons à te rouer de coups (verbera) ! » Et Lucie : « Les paroles de Dieu ne cesseront jamais. » Et Paschase : « Prétends-tu être Dieu ? » Lucie répondit : « Je suis la servante de Dieu, qui a dit : « Quand vous serez en face des rois et des princes, etc. » Et Paschase : « Prétends-tu donc avoir en toi le Saint-Esprit ? » Et Lucie : « Celui qui vit dans la chasteté, celui-là est le temple du Saint-Esprit ! » Et Paschase : « Alors je te ferai conduire dans une maison de débauche. Ton corps y sera violé, et tu perdras ton Saint-Esprit ! » Mais Lucie : « Le corps n’est souillé que si l’âme y consent ; et si, malgré moi, on viole mon corps, ma chasteté s’en trouvera doublée. Or jamais tu ne pourras contraindre ma volonté. Et quant à mon corps, le voici, prêt à tous les supplices ! Qu’attends-tu ? Fils du diable, commence à satisfaire ton désir malfaisant ! »

    Capture d’écran 2021-12-11 à 16.35.12.pngAlors Paschase fit venir des proxénètes, et leur dit : « Invitez tout le peuple à jouir de cette femme, et qu’on use de son corps jusqu’à ce que mort s’ensuive ! » Mais quand les proxénètes voulurent l’entraîner, l’Esprit-Saint la rendit si pesante qu’en aucune façon ils ne purent la mouvoir. Et Paschase fit venir mille hommes, et lui fit lier les pieds et les mains ; mais on ne parvenait toujours pas à la soulever. Il fit venir mille paires de bœufs, mais la vierge continua à rester immobile. Il fit venir des mages ; mais leurs incantations restèrent sans effet. Alors il dit : « Quel est donc ce maléfice, qui permet à une jeune fille de ne pas pouvoir être soulevée par un millier d’hommes ? » Et Lucie lui répondit : « Ce n’est pas un maléfice, mais un bienfait du Christ. Et tu aurais beau ajouter encore dix mille hommes, ils ne parviendraient pas à me faire bouger. » Paschase s’imagina alors, suivant l’invention de quelqu’un, que l’urine détruisait les maléfices, et il la fit asperger de poix bouillante : mais cela encore fut inutile.

    Capture d’écran 2021-12-11 à 16.35.21.pngAlors le consul, exaspéré, fit allumer autour d’elle un grand feu, et ordonna de jeter sur elle de l'urine, de la résine, et de l’huile bouillante. Et Lucie dit : « Dieu m’a accordé de supporter ces délais, dans mon martyre, afin d’ôter aux croyants la peur de la souffrance et aux non-croyants le moyen de blasphémer ! »

     

     

     

     

    Capture d’écran 2021-12-11 à 16.35.32.pngLes amis de Paschase, le voyant devenir sans cesse plus furieux, enfoncèrent une épée dans la gorge de la sainte ; mais elle, loin d’en perdre la parole, elle dit : « Je vous annonce que la paix est rendue à l’Église ! Aujourd’hui même, Maximien est mort et Dioclétien a été chassé du trône. Et de même que Dieu a accordé pour protectrice à la ville de Catane ma sœur Agathe, de même il vient de m’autoriser à être auprès de lui la protectrice de la ville de Syracuse. » Et, en effet, pendant qu’elle parlait encore, voici que des envoyés de Rome vinrent saisir Paschase pour l’emmener, prisonnier, devant le Sénat : car celui-ci avait appris qu’il s’était rendu coupable de déprédations sans nombre dans toute la province. Il fut donc conduit à Rome, déféré au Sénat, convaincu de crime, et puni de la peine capitale.

    Capture d’écran 2021-12-11 à 16.35.46.pngQuant à la vierge Lucie, elle ne bougea pas du lieu où elle avait souffert, et elle resta en vie jusqu’à l’arrivée de prêtres qui lui apportèrent la sainte communion ; et toute la foule y assista pieusement. C’est dans le même lieu qu’elle fut enterrée, et que fut construite une église en son honneur. Son martyre eut lieu vers l’an du Seigneur 310.

     

  • 3e dimanche de l’Avent

    Antienne de communion

    Dícite : pusillánimes, confortámini et nolíte timére : ecce, Deus noster véniet et salvábit nos.

    Dites à ceux dont le cœur défaille : « Courage ! n’ayez plus peur !Voici notre Dieu qui vient : il va nous sauver. » (Isaïe 35,4)

    Solesmes, 1953 :


    podcast

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    Dom Dominic Johner :

    Un simple coup d'œil à la construction de la mélodie nous indique que nous avons affaire ici à quelque chose qui sort de l'ordinaire. Si nous récitons d'abord attentivement le texte seul et que nous chantons ensuite la mélodie avec lui, nous découvrirons que la mélodie n'est pas seulement un bel habit pour le texte, mais que le texte et la mélodie forment un tout, une entité aussi étroitement unie que notre intellect, notre volonté et notre sentiment.

    Le chant commence doucement, mais bientôt, dans une envolée jubilatoire, il s'efforce de chasser de l'âme toute crainte et toute préoccupation, il tente de l'élever au-dessus de toutes les choses terrestres et de la transporter dans ce monde nouveau où les anges chantent un cantique nouveau de paix et de rédemption. La nuit de Noël, nous les entendrons dire aux bergers : Nolite timere – « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie... Aujourd'hui vous est né un Sauveur » (salvabit). C'est pourquoi cette communion introduit, en quelque sorte, la fête de Noël, tout comme l'invitatoire des matines du dimanche de Gaudete : Prope est jam Dominus – « Déjà le Seigneur est proche ». Avec toute sa jubilation, cependant, la mélodie suit un plan bien défini : confortamini, s'appuyant sur la dominante du mode, divise la première phrase en deux moitiés. Timere répète le motif de nolite, puis finit une tierce plus bas, parallèlement aux neumes finaux de (confortami)-ni. Ce sont des formules qui expriment le calme, mais en même temps elles font avancer la pensée mélodique. Maintenant vient la joyeuse nouvelle : ecce, solennel et résolu, comme le dit une antienne : veniens veniet - « Il viendra sûrement ». Ici la mélodie conclut d’une certaine façon sur la tonique ; mais elle ajoute une autre pensée très significative, et l'introduit par une seconde majeure au-dessous de la tonique et l'accord de fa majeur construit sur cette note : « Voici, ce Dieu sera votre Sauveur. »

    Quelle magnifique résonance devait avoir ce chant dans les basiliques antiques, lorsque les fidèles, accompagnés de cette mélodie entraînante, s'approchaient de l'autel pour recevoir la sainte Eucharistie ! A celui qui s'approchait, il insufflait du courage, car il disait : nolite timere. Et à celui qui revenait de l'autel, elle murmurait : ecce Deus noster : Il est venu à toi pour te libérer de tout ce qui t'entrave, pour te guérir de toute faiblesse, pour te rendre joyeux et courageux dans ton travail, dans tes souffrances, dans ta vocation. Pour combien de personnes, également, la Sainte Communion a été la source de la force surnaturelle (confortamini), le viatique pour le martyre !

    Le chant commence par dicite : un commandement pour nous, les chanteurs. Nous sommes les privilégiés qui apportent ce joyeux message dans le cœur des fidèles. Ceux qui sont abattus, qui osent à peine continuer à espérer, nous pouvons maintenant les consoler : Voici que Dieu veut être aussi votre Sauveur ; dans votre âme aussi, il doit y avoir un Noël.

  • Saint Damase

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    Je gage que moins de 1% des visiteurs de Saint-Pierre de Rome voient la statue de saint Damase, en haut du narthex. Face à lui, saint Paul Ier. En dessous, c’est… Charlemagne.

    Saint Damase, qui régna de 366 à 384, fut un grand pape : il combattit avec force toutes les hérésies qui se développaient dans l’empire, il organisa le culte des martyrs et l’orna de nombreuses épigrammes pas toujours faciles à comprendre, il fut à l’origine de la Vulgate, grâce à son ami saint Jérôme. Il eut aussi un rôle dans le développement de la liturgie, sans que le détail en soit assuré : on lui attribue l’introduction du chant des psaumes à deux chœurs et l’ajout du Gloria Patri à la fin, et le chant de l’Alléluia dans les messes des dimanches.

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    L’une des plus célèbres épigrammes de saint Damase gravées par Philocalus (à sainte Agnès).

    Fama refert sanctos dudum retulisse parentes
    Agnen cum lugubres cantus tuba concrepuisset
    nutricis gremium subito liquisse puellam.
    Sponte trucis calcasse minas rabiemq(ue) tyranni
    urere cum flammis voluisset nobile corpus.
    Virib(us) inmensum parvis superasse timorem
    nudaque profusum crinem per membra dedisse
    ne domini templum facies peritura videret.
    O veneranda mihi sanctum decus alma pudoris
    ut Damasi precib(us) faveas precor inclyta martyr.

    D′après la tradition, voici ce que de saints parents ont jadis rapporté.
    Agnès, quand la trompette eut résonné de ses lugubres chants,
    Quitta aussitôt le sein de sa nourrice, malgré son jeune âge,
    Foula spontanément la rage et les menaces d’un tyran féroce ;
    Comme il avait voulu consommer par les flammes son noble corps,
    Avec ses faibles forces, elle surmonta une peur immense
    Et sur ses membres nus laissa tomber sa chevelure épaisse,
    Pour qu’aucun visage mortel ne vît le temple du Seigneur.
    Vénérable pour moi, ô bienfaisante, sainte gloire de la pudeur,
    Sois favorable, je t’en prie, à la prière de Damase, illustre martyre.

    (Traduction Jean-Louis Charlet)