Ἐτοιμάζου Ζαβουλών, καὶ εὐτρεπίζου Νεφθαλείμ. Ἰορδάνη ποταμέ, στῆθι ὑπόδεξαι σκιρτῶν, τοῦ βαπτισθῆναι ἐρχόμενον τὸν Δεσπότην. Ἀγάλλου ὁ Ἀδὰμ σὺν τῇ Προμήτορι, μὴ κρύπτετε ἑαυτούς, ὡς ἐν Παραδείσῳ τὸ πρίν· καὶ γὰρ γυμνοὺς ἰδὼν ὑμᾶς ἐπέφανεν, ἵνα ἐνδύσῃ τὴν πρώτην στολήν, Χριστὸς ἐφάνη, τὴν πᾶσαν κτίσιν, θέλων ἀνακαινίσαι.
Prépare-toi, Zabulon, et tiens-toi prêt, Nephtali ; fleuve du Jourdain, arrête-toi, accueille avec allégresse le Maître qui vient se faire baptiser. Exulte, Adam, avec la Première-Mère, ne vous cachez plus comme jadis au Paradis ; car, vous voyant nus, il est apparu pour vous revêtir du premier vêtement. Le Christ s’est manifesté, voulant renouveler toute la création.
Les 2, 3 et 4 janvier, la liturgie byzantine célèbre la « pré-fête » de la Théophanie (le 5 c’est la paramonie : la vigile), exclusivement centrée sur le baptême du Seigneur. Le texte de l’apolytikion est sublime. La mention de Zabulon et Nephtali fait référence à la prophétie d’Isaïe reprise dans saint Matthieu juste après le baptême, quand Jésus va s’installer à Capharnaum, « aux confins de Zabulon et Nephtali », afin que s’accomplisse la prophétie : « Terre de Zabulon et terre de Nephtali, sur la route de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations : le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière… » Au-delà du Jourdain rappelle le lieu où saint Jean baptisait. Le Jourdain doit s’arrêter quand arrive le Fils de Dieu parce que Jésus (que la Bible latine appelle Josué) l’a déjà arrêté pour faire passer le peuple élu dans la terre promise. Après le péché originel, Adam et Eve se sont vus nus et Dieu leur a donné une « tunique de peau ». Mais aujourd’hui il leur donne, il nous donne, le « premier vêtement », la « première robe ». Les mots sont ceux de la parabole du fils prodigue. Les pères ont bien vu que cette « première robe » était celle de l’élection d’Adam, la robe de gloire et d’incorruptibilité de la Création, changée en « tunique de peau » après la chute. Car le Christ est apparu pour faire nouveau tout le créé, pour le rendre à son état de pureté originelle. Le Fils de Dieu se manifeste au Jourdain : épéphanen et éphani, qui font allusion au nom de la fête : la Théophanie, l’Epiphanie.
(Lorsque le fils prodigue revient, le père demande qu’on lui apporte la première robe, le premier vêtement : τὴν στολὴν τὴν πρώτην. Le mot protin n’a pas d’autre sens que « premier » - plus de 90 fois dans le Nouveau Testament (sans compter le Premier-Né, prototokos…), et l’article défini insiste sur le fait qu’il n’y a absolument qu’une seule première robe. La falsification de la Sainte Ecriture appelée par antiphrase « Bible de la liturgie » dit « le plus beau vêtement ». Il en est de même avec l’anneau - de l’alliance retrouvée - qui devient « une bague »… Ainsi est détruite la parabole, et il ne reste plus qu’à en faire un commentaire sentimental…)
Commentaires
Merci de cet éclairage de la parabole du fils prodigue. Je retourne au texte grec pour m'en nourrir.
Merci pour le commentaire sur la robe. Je ne suis pas certain que la petite pique contre la Traduction officielle liturgique soit justifiée, dans la mesure ou bien peu de bibles traduisent par "première" (à part Calmet...). Par ailleurs en grec, prôtos peut avoir le sens de principal, meilleur. et qu'il n'y ait pas d'autres emplois dans le nouveau Testament n'est pas un argument absolu (il vaudrait mieux argumenter en regardant l'AT et les Actes).
Et quant à la traduction liturgique, même nous les tradis, nous sommes obligés de nous y faire depuis cet été ... Et Dieu sait si la suppression du grain de sénevé, de la 11e heure - de toutes les heures- etc m'horripile -pour ne parler que de la partie esthétique.
Et la Vulgate, c'est pipeau ?
Et toutes les autres versions latines, c'est pipeau ?
Et les Pères, c'est pipeau ?
Les "docteurs de l'Eglise", c'est pipeau ?
Et la tradition liturgique, c'est pipeau ?
(Quels Actes, en dehors de ceux du Nouveau Testament ?)
Il paraît que les vierges sages et les vierges folles sont devenues les jeunes filles sages et les jeunes filles folles (ou insensées ?)..
C'est un vieux prêtre "conciliaire" qui me l'a raconté. Encore sous le choc.
Je dois dire que lorsque j'ai écrit cette note j'étais sous le choc de l'évangile que je venais d'entendre à la messe de sainte Geneviève: "les jeunes filles prévoyantes et les jeunes filles insouciantes". Je sais donc désormais que sainte Geneviève était une jeune fille prévoyante et je suis bien aise de le savoir.
Dans la prochaine traduction liturgique, il faudra écrire :
"Prépare-toi, Zébulon, et tiens-toi prête, Naphtaline. Voici Pollux !"
Quelques précisions.
Sacy dit: "première robe".
Glaire dit: "robe première".
Ce sont pour moi les deux versions de référence. Il est dommage qu'ils ajoutent un pronom possessif qui ne se trouve pas dans le texte.
Le plus ancien texte que nous ayons, le Papyrus 75, suivi par tous les manuscrits byzantins (plus de 600) ont τὴν στολὴν τὴν πρώτην, donc avec deux fois l'article défini, ce qui est normal quand il y a un nom et un épithète, mais cela insiste sur le "défini", sur le côté unique de la chose désignée : l'article n'est pas obligatoire pour "définir".
Il est remarquable que la plupart des autres manuscrits, et donc les actuelles "éditions critiques", ont στολὴν τὴν πρώτην, sans l'article défini avant "robe", mais avec l'article défini devant "première". Ce qui n'est pas normal, et insiste donc énormément sur le fait que la robe dont on parle est absolument la première: la robe primordiale.
Merci, je n'étais pas allé voir Glaire, qu'en général Fillon suit d'assez près. Je voulais dire que la traduction liturgique n'étais pas la seule et qu'il était un peu injuste de l'attaquer seule.
Je parlais des Actes des Apôtres, qui sont aussi de st Luc.
Le chant de ce tropaire est très proche du chant des leçons de Job dans l'office des défunts par la Confrérie Saint-Antoine de Calvi. Cela m'intrigue.
Oui, judicieuse remarque
Ici après la 11e minute, leçons 4, 5 et 6 Uffiziu di i morti, Calvi, 31/10/2012
https://repertorium.voce.corsica/polyphonies-sacrees?sobi2Task=sobi2Details&catid=5&sobi2Id=317
Il y a un vague rapport parce que ce sont des musiques méditerranéennes. Mais on reconnaît le chant proprement corse dès les premières secondes...