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Jeudi de la quatrième semaine de carême

La collecte de ce jour évoque la joie du jeûne :

Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, quos jejúnia votíva castígant, ipsa quoque devótio sancta lætíficet ; ut, terrénis afféctibus mitigátis, facílius cæléstia capiámus. Per Dóminum.

Faites, nous (vous le) demandons, ô Dieu, que, ceux que matent les jeûnes votifs, cette même sainte dévotion aussi les réjouisse, afin que les affections terrestres diminuées, nous percevions plus facilement les réalités célestes.

La traduction des oraisons est souvent assez éloignée du texte, parce que la traduction littérale est généralement malsonnante, voire à la limite du charabia. Le problème est que les traductions élégantes passent éventuellement à côté de l’essentiel. C’est le cas ici. Aucune des traductions que j’ai vues ne garde l’idée que c’est le jeûne lui-même qui est la dévotion qui nous réjouit. Que le jeûne est source de joie. Sans doute les traducteurs ne l’ont-ils jamais expérimenté. On en reste à l’idée qu’il ne faut pas être triste quand on jeûne mais qu’il faut aborder le jeûne avec joie, où du moins s’efforcer de le faire, de ne pas paraître triste. Mais l’oraison nous dit que le jeûne lui-même est source de joie. Il s’agit d’une joie spirituelle très spécifique, incommunicable, mais que connaissaient bien les pères du désert, champions toute catégorie du jeûne :

Un samedi de fête, il arriva que les frères mangent à l’église des Kellia. Et comme on présentait le plat de bouillie, abba Helladios l’Alexandrin se mit à pleurer. Abba Jacques lui dit : Pourquoi pleures-tu, abba ? Il répondit : Parce que c’en est fini de la joie de l’âme, c'est-à-dire le jeûne, et que voilà maintenant le contentement du corps.

 

Cf la lecture de la Régle de saint Benoît ce jour:

"ut unusquisque super mensuram sibi indictam aliquid propria voluntate cum gaudio Sancti Spiritus offerat Deo,id est subtrahat corpori suo de cibo, de potu, de somno, de loquacitate, de scurrilitate, et cum spiritalis desiderii gaudio sanctum Pascha exspectet."

Que chacun, au delà de ce qui lui est prescrit, offre à Dieu quelque chose de son propre mouvement dans la joie de l’Esprit Saint, c’est-à-dire qu’il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, les conversations et les plaisanteries, et qu’il attende la sainte Pâque dans la joie d’un désir spirituel.

Commentaires

  • Que pensez-vous de la traduction suivante ?

    Accordez-nous, s'il vous plaît,
    Dieu tout-puissant,
    à nous que châtient ces jeûnes
    auxquels nous nous sommes engagés (votiva),
    d’être aussi remplis d’allégresse
    par cette sainte pratique (devotio) ;
    afin qu'ayant atténué
    nos affections terrestres,
    nous percevions plus facilement
    les réalités célestes.

  • Excellent ! C'est exactement ce que je suis incapable de faire...

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