La cour d’appel de Versailles a rendu un arrêt qui permet à une société de production de commercialiser une version ignoble dénaturant les Dialogues des carmélites de Francis Poulenc. En outre, la cour condamne les défenseurs de l’œuvre à payer 2000 € au Land de Bavière, au producteur du DVD et à la chaîne musicale qui y est associée.
Au Land de Bavière, parce que cette ignominie a d’abord été représentée à Munich et que le spectacle a donc été enregistré dans la capitale de la très catholique Bavière où personne ne s’est insurgé contre ce qu’on faisait subir au chef-d’œuvre de Poulenc et Bernanos.
En bref les Dialogues des carmélites mettent en scène une sorte de secte de femmes cinglées et misérables, enfermées dans une cabane sordide, qui finissent par décider de se suicider au gaz. Blanche arrive juste à temps pour les sauver une à une, puis elle meurt dans l’explosion. (Voir ci-dessous ce que j’en disais en 2010 dans Daoudal Hebdo). Exit le carmel, exit la Révolution française, exit la foi, exit le martyre.
Les ayants droit de Bernanos et de Poulenc avaient saisi la justice pour que soit interdite la commercialisation en DVD de ce spectacle qui dénature l’œuvre de façon évidente et particulièrement abjecte (et antichrétienne, mais cela notre justice n’en a rien à faire).
En 2014, le tribunal de Paris avait débouté les plaignants. Au nom bien sûr de la liberté des cultureux d’aujourd’hui de salir tout ce qu’ils touchent, et particulièrement les parasites qui se disent metteurs en scène. Mais la cour d’appel, l’année suivante, leur avait donné raison, considérant « que si une certaine liberté peut être reconnue au metteur au scène dans l’accomplissement de sa mission, cette liberté a pour limite le droit moral de l’auteur au respect de son œuvre, dans son intégrité et dans son esprit, qui ne doit pas être dénaturé ». La commercialisation du DVD devait donc cesser immédiatement.
Ce qui avait déclenché les hauts cris de toute la camarilla des cultureux sur la liberté absolue de l’artiste, le scandaleux retour de la censure etc.
Les furieux, soutenus par leur parti, portèrent l’affaire en cassation. Et la Cour de cassation annula l’arrêt et renvoya le procès devant la cour d’appel de Versailles. Laquelle vient donc de leur donner raison. Et ces magistrats ne se contentent pas de dire que les parasites dits « metteurs en scène » ont le droit de saccager les chefs-d’œuvre, ils se font critiques de théâtre et nous expliquent que la suppression du martyre des carmélites n’est pas une altération de l’œuvre : « La disparition dans l'œuvre litigieuse de la mort collective ne peut caractériser une altération du sens de l'œuvre alors même que ce thème est souligné par la mort de Blanche. » Sic.
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