Le sommet européen a réussi à trouver un accord sur la politique migratoire, annoncent triomphalement les gazettes. A 4h30 ce matin, alors qu’hier l’Italie bloquait tout.
La seule première phrase de l’accord montre que, bien entendu, rien ne va changer : on pose en principe un contrôle strict des frontières extérieures de l’UE (admirable n’est-ce pas)… « conformément à nos valeurs », qui sont celles de l’immigrationnisme idéologique, dit humanitaire… Goûtons comme la fin de la phrase annule le début :
Le Conseil européen rappelle qu'une politique migratoire européenne qui fonctionne passe nécessairement par une approche globale en matière de migrations qui associe un contrôle véritablement effectif des frontières extérieures de l'UE, une action extérieure accrue et les aspects intérieurs, conformément à nos principes et valeurs.
Pour mettre fin au « modèle économique des passeurs », le Conseil européen « invite le Conseil et la Commission à examiner sans tarder le concept de plateformes régionales de débarquement » créées hors de l’UE « en coopération étroite avec les pays tiers concernés ainsi que le HCR et l'OIM ». Manque de chance, l’Albanie, le Maroc, la Tunisie ont déjà dit non, et le HCR aussi…
Sur le territoire de l'UE, les personnes secourues, conformément au droit international, devraient être prises en charge sur la base d'un effort partagé, par un transfert dans des centres contrôlés établis dans des États membres, uniquement sur une base volontaire, où un traitement rapide et sûr permettrait, avec le soutien total de l'UE, de distinguer les migrants en situation irrégulière, qui feront l'objet d'un retour, des personnes ayant besoin d'une protection internationale, auxquelles le principe de solidarité s'appliquerait.
Les Italiens sont contents parce qu’ils ont imposé la « base volontaire », et qu’ils ne sont pas volontaires. Emmanuel Macron a sauté sur l’occasion pour affirmer que la France ne l’était pas davantage. On ne voit donc pas trop qui va organiser des « centres contrôlés ». Peut-être l’Espagne devenue archi-folle. Quoi qu’il en soit là encore on voit que c’est n’importe quoi : tout le monde sait que la quasi totalité des « migrants » actuels sont des Africains qui veulent s’établir en Europe et non des « réfugiés ». Or tout le monde sait aussi que, sauf pour ceux qui n’ont pas de chance, ils ne feront pas « l’objet d’un retour »…
En bref, l’Italie a fini par accepter le texte parce qu’il ne dit rien mais lui permet de dire non…