Les sacristines du carmel
Ici-bas notre doux office
Est de préparer pour l'autel,
Le pain, le vin du Sacrifice
Qui donne à la terre : « Le Ciel ! »
Le Ciel, ô mystère suprême !
Se cache sous un humble pain
Car le Ciel, c'est Jésus Lui-Même,
Venant à nous chaque matin.
Il n'est pas de reines sur terre
Qui soient plus heureuses que nous.
Notre office est une prière
Qui nous unit à notre Epoux.
Les plus grands honneurs de ce monde
Ne peuvent pas se comparer
A la paix céleste et profonde
Que Jésus nous fait savourer.
Nous portons une sainte envie
A l'ouvrage de notre main,
A la petite et blanche hostie
Qui doit voiler l'Agneau divin.
Mais son amour nous a choisies
Il est notre Epoux, notre Ami.
Nous sommes aussi des hosties
Que Jésus veut changer en Lui.
Mission sublime du Prêtre,
Tu deviens la nôtre ici-bas
Transformées par le Divin Maître
C'est Lui qui dirige nos pas.
Nous devons aider les apôtres
Par nos prières, notre amour
Leurs champs de combats sont les nôtres
Pour eux nous luttons chaque jour.
Le Dieu caché du tabernacle
Qui se cache aussi dans nos cœurs
A notre voix, ô quel miracle !
Daigne pardonner aux pécheurs !
Notre bonheur et notre gloire
C'est de travailler pour Jésus.
Son beau Ciel voilà le ciboire
Que nous voulons combler d'élus !...
Photo : mise en scène extérieur jour du travail des sacristines (depuis la confection des hosties). Sainte Thérèse (à droite), avec ses trois sœurs, et, devant, la cousine. Tant il est vrai que le carmel de Lisieux fut, aussi, une affaire de famille… (On voit ensuite le brouillon, et la mise au propre pour la sacristine Sœur Marie-Philomène de Jésus.)
Dans les œuvres complètes de sainte Thérèse co-éditées par Le Cerf et DDB, la note sur ce poème contient une horreur. Elle indique que la deuxième partie « apporte une réponse à l'apparent défi du Manuscrit B: Thérèse y proclamait, entre autres aspirations brûlantes, son désir du sacerdoce », ce qui est vrai, mais ajoute : « irréalisable du fait des circonstances ». Or il ne s’agit pas de « circonstances », mais d’une raison ontologique irréformable qui subsistera jusqu’à la fin du temps quelles que soient les circonstances. Je ne sais pas qui est l’auteur de la note, mais il s’agit de quelqu’un qui a donc réussi à glisser dans son commentaire son souhait hérétique d’une ordination des femmes. Ce qui est grave est que le livre est publié sous le patronage de Mgr Guy Gaucher et du général des Carmes.