François restera donc dans l’histoire comme le premier pape à être entré dans un temple « vaudois » (une secte pour laquelle l’Eglise catholique est l’Antichrist), et y avoir fait un acte de repentance :
De la part de l’Eglise catholique, je vous demande pardon. Je vous demande pardon pour les attitudes et pour les comportements non-chrétiens, et même non-humains, qu’au cours de l’histoire nous avons eus à votre encontre. Au nom du Seigneur Jésus Christ, pardonnez-nous!
On pourra rappeler ce que disait à ce propos Benoît XVI au clergé polonais le 25 mai 2006 :
Le Pape Jean-Paul II, à l'occasion du grand Jubilé, a plusieurs fois exhorté les chrétiens à faire pénitence pour les infidélités passées. Nous croyons que l'Eglise est sainte, mais en elle se trouvent des hommes pécheurs. Il faut repousser le désir de s'identifier uniquement à ceux qui sont sans péché. Comment l'Eglise aurait-elle pu exclure les pécheurs de ses rangs? C'est pour leur salut que Jésus s'est incarné, est mort et ressuscité. Il faut donc apprendre à vivre avec sincérité la pénitence chrétienne. En la pratiquant, nous confessons les péchés individuels en union avec les autres, devant eux et devant Dieu. Il faut toutefois se garder de la prétention de s'ériger avec arrogance au rang de juges des générations précédentes, qui ont vécu en d'autres temps et en d'autres circonstances. Il faut une humble sincérité pour ne pas nier les péchés du passé, et toutefois ne pas tomber dans des accusations faciles en absence de preuves réelles ou en ignorant les différents préjugés de l'époque. En outre, la confessio peccati, pour reprendre une expression de saint Augustin, doit toujours être accompagnée par la confessio laudis - par la confession de la louange. En demandant pardon pour le mal commis dans le passé, nous devons également rappeler le bien accompli avec l'aide de la grâce divine qui, bien que déposée dans des vases d'argile, a souvent porté des fruits excellents.
Cela dit, plus que la repentance envers les « vaudois » (je mets entre guillemets pour bien les distinguer des Vaudois dont un bon tiers est catholique), ce qui me choque dans le discours du pape, c’est ceci :
Parmi de nombreux contacts cordiaux dans différents contextes locaux, où l’on partage la prière et l’étude des Ecritures, je voudrais rappeler l’échange oecuménique de dons accompli à l’occasion de Pâques à Pinerolo, par l’Eglise vaudoise de Pinerolo et par le diocèse. L’Eglise vaudoise a offert aux catholiques le vin de la célébration de la Veillée pascale et le diocèse catholique a offert à ses frères vaudois le pain de la Sainte Cène du dimanche de Pâques. C’est, entre les deux Eglises, un geste qui dépasse de beaucoup la simple courtoisie et qui d’une certaine façon fait goûter à l’avance - goûter à l’avance d’une certaine façon – cette unité de la table eucharistique à laquelle nous aspirons.
Cela ne peut que faire croire aux gens qu’il y a une sorte d’équivalence entre l’eucharistie catholique et la Cène vaudoise, alors que pour les « vaudois » l’eucharistie est une idolâtrie. A quelle unité aspirons-nous ?
Et cette équivalence est aggravée par l'emploi de l'expression non seulement absurde mais d'abord hétérodoxe "les deux Eglises", donnant ainsi le nom d'Eglise à un groupuscule qui n'a pas de sacerdoce, et qui en outre ne se donne même pas à lui-même le nom d'Eglise (leur nom est la "Table vaudoise") !