Huit jours après la fête des sept fils martyrs de sainte Félicité, voici la fête de sainte Symphorose et de ses sept fils martyrs.
L’une et l’autre paraissent évidemment décalquées du martyre des sept frères Maccabées et de leur mère, raconté dans la Bible. Pourtant l’histoire de sainte Félicité et de ses sept fils ne peut être mise en doute que par de faux experts de particulière impiété et mauvaise foi, puisqu’il s’agit d’une des plus anciennes fêtes romaines de martyrs, avec ses quatre messes (aux quatre lieux du martyre), et même cinq avec la vigile.
Sainte Félicité et ses fils furent mis à mort à Rome sous Marc-Aurèle, l’empereur philosophe, vers 162. Sainte Symphorose et ses sept fils les avaient précédés : sous le raffiné Hadrien, à Tivoli, peu après la fin de la construction de la fameuse villa d’Hadrien (134), classée au patrimoine mondial de l’Unesco parce qu’elle « reproduit les meilleurs éléments des cultures matérielles d'Égypte, de Grèce et de Rome sous la forme d'une “cité idéale” ». Or c’est précisément à cause de cette « cité idéale » que Symphorose et ses fils furent mis à mort : les prêtres païens ne pouvaient pas procéder aux sacrifices de la dédicace à cause des prières chrétiennes…
Le martyrologe d’avant la révolution liturgique dit :
« A Tivoli, sainte Symphorose, épouse du martyr saint Gétule, avec ses sept fils. Sous l’empereur Adrien, après l’avoir frappée pendant quelque temps au visage, on la suspendit par les cheveux, puis on la précipita, une grosse pierre au cou, dans le fleuve. Ses fils furent attachés sur des pieux et leurs membres disloqués au moyen de poulies ; ils souffrirent le martyre de diverses manières. »
Pour le nouveau martyrologe, on a décidé que cette histoire n’était « pas crédible ». On a décidé que les soi-disant fils étaient divers martyrs dont on avait regroupé la fête avec celle de Symphorose. Et on en a supprimé le culte.
Pourtant le cardinal Schuster, qui écrivait lui aussi au XXe siècle et qui est, lui, béatifié, affirmait :
« Le texte de leurs Actes n’est pas le texte primitif ; cependant, au milieu de quelques scories se trouve beaucoup d’or, en sorte que, dans l’ensemble, cette narration est considérée comme authentique. »
Depuis 1762 cette fête est supplantée par celle de saint Camille de Lellis. Laquelle cependant n’est jamais entrée dans les calendriers bénédictins, qui ont toujours et seulement en ce 18 juillet la commémoraison des martyrs de Tivoli.