Cette fête est le dédoublement de celle d’hier. Autrefois, à Rome, les deux fêtes avaient lieu le 29 juin, avec une messe à Saint-Pierre et une messe à Saint-Paul. Y fait écho Prudence, dans le poème du Peristephanon consacré à cette fête, où l’on trouve, unique fois dans la littérature latine, le mot « bifestus », dans le dernier vers : « diem bifestum » : le « jour de bifête ».
On trouvera l’intégralité de ce texte, et sa traduction, sur l’inépuisable site Introibo. En voici le début et la fin :
Plus solito coeunt ad gaudia ; dic, amice, quid sit ?
Romam per omnem cursitant ovantque.
Il se fait un concours inusité à quelque fête. Dis-moi, ami, que se passe-t-il ? Rome entière est en mouvement et en joie.
Festus apostolici nobis redit hic dies triumfi,
Pauli atque Petri nobilis cruore.
Unus utrumque dies, pleno tamen innovatus anno,
vidit superba morte laureatum.
C’est le jour où nous célébrons le triomphe des Apôtres, jour ennobli par le sang de Pierre et de Paul. Le même jour, à la distance d’une année, les a vus couronnés par une glorieuse mort.
(…)
Ecce duas fidei summo patre conferente dotes,
urbi colendas quas dedit togatae.
Aspice, per bifidas plebs Romula funditur plateas,
lux in duobus fervet una festis.
Nos ad utrumque tamen gressu properemus incitato,
et his et illis perfruamur hymnis.
Tels sont les deux trésors que notre foi doit au Père souverain et qu’il donne à fêter à la Ville des toges. Voyez le peuple romain se répandre en deux courants : un même jour est animé par deux fêtes. Hâtons-nous de nous rendre à toutes deux, pour entendre les chants ici et là.
Ibimus ulterius, qua fert via pontis Hadriani,
laevam deinde fluminis petemus.
Transtiberina prius solvit sacra pervigil sacerdos,
mox huc recurrit duplicatque vota.
Nous irons au delà du pont d’Hadrien, puis nous gagnerons la rive gauche. De même le Pontife commence par célébrer après la vigile au delà du Tibre, puis se rend là-bas et renouvelle son offrande.
Haec didicisse sat est Romae tibi : tu domum reversus
diem bifestum sic colas memento.
Qu’il te suffise d’avoir appris ceci à Rome : de retour chez toi, n’oublie pas de célébrer ce jour de double fête.