Voici le texte de la dépêche Reuters rendant compte de la visite de Jean-Marie Le Pen dans son village natal de La Trinité-sur-Mer, symbolisant le début de sa campagne officielle. Le président de la République « n'est pas un fonctionnaire élu pour cinq ans » mais « l'incarnation de la Nation française, l'incarnation du peuple français », a-t-il lancé devant la presse sur une terrasse du jardin familial, entouré de son épouse Jany, de sa fille Marine et d'une vingtaine de fidèles.
Convaincu d'être ce « chef capable de définir un cap et de le maintenir face aux minorités turbulentes et aux puissants qui voudraient l'en détourner », il a longuement fustigé ses adversaires responsables de « politiques néfastes ».
Balayant d'une phrase l'héritage du président Jacques Chirac, dont « les mandats invertébrés ne laisseront aucune trace », le président du Front national s'en est pris au candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, qui « semble avoir découvert 30 ans après (lui) qu'il faut s'occuper de l'immigration ». « Il faut selon lui un Kärcher qu'il n'a jamais employé », a t-il ironisé après avoir évoqué la "racaille" stigmatisée par le ministre de l'Intérieur.
« Il ne faut pas dire tout et n'importe quoi pour capter quelques voix », a-t-il ajouté avant de s'interroger sur l'idée défendue par Nicolas Sarkozy de créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. « S'agit-il de donner le droit de vote aux immigrés ?, de promouvoir une immigration choisie ?, de régulariser les clandestins ?, de favoriser la construction de mosquées et la formation d'imams ?, s'est-il demandé.
Le président du FN a pris pour cible Ségolène Royal, qualifiant la démocratie participative défendue par la candidate socialiste de « vieille lune autogestionnaire ». Il a aussi réservé quelques flèches à François Bayrou, qualifié « d'espèce de Don Quichotte » qui a fait « le choix de l'immobilisme ». « Bayrou découvre 30 ans après moi l'hégémonie de l'UMP et du PS et s'improvise en homme neuf et immaculé », a-t-il fait mine de s'étonner avant de prévenir que la politique du président de l'UDF serait « strictement la même » que celle des gouvernements auxquels il a participé par le passé.
Jean-Marie Le Pen s'est présenté comme le seul recours capable de « trancher et ne pas rester dans le consensus mou ». Reprenant son thème favori de l'immigration et des « bouleversements culturels, économiques, civils » que celle-ci aurait entraînés, il s'est défendu de tout racisme ou xénophobie. « Je ne déteste pas les étrangers mais je préfère les Français », a dit le député européen, pour qui la nationalité française « s'hérite ou se mérite » mais ne peut s'acquérir de façon automatique.
S'il est élu, le président du FN a promis un « recensement démographique sérieux » car on ne connaît pas selon lui le nombre exact d'habitants en France, pas plus qu'on ne sait « d'où sont venus les 25 millions de personnes supplémentaires » entre 1945 et aujourd'hui pour atteindre 65 millions d'habitants.
Avant ce discours, Jean-Marie Le Pen s'est rendu à pied au monument aux morts de la commune, où quelques anciens d'Afrique du Nord bardés de médailles se tenaient au garde-à-vous, pour y déposer une gerbe de fleurs.
Il a également fait les honneurs à la presse de la pièce principale de sa maison natale où il a grandi sur un « sol en terre battue, sans eau courante, ni gaz, ni électricité ».
Jean-Marie Le Pen a expliqué qu'il avait « jugé essentiel de venir dans sa ville natale, tout près de (ses) racines » car, selon lui, un futur président de la République doit « montrer qui il est, d'où il vient, avant de dire où il va ».
Après un air de Bach interprété par une violoncelliste dans le jardin familial, un verre de cidre en guise d'apéritif et un déjeuner dans un restaurant local, le leader frontiste s'est rendu dans le village voisin de Locmariaquer où ont vécu ses grands-parents maternels pour parachever cette journée en forme de retour aux sources.