Gaude mater Ecclesia,
Et exulta Britannia,
Nam per orbem celebria
Sunt Yvonis solemnia.
Réjouissez-vous, Eglise notre mère, et vous, terre de Bretagne, tressaillez d’allégresse, car le monde entier célèbre la gloire de saint Yves.
Hic tonitrui filius,
Prædicator egregius,
In convescendo sobrius,
Egenis erat socius.
Ce saint, puissant comme le fils du tonnerre, fut un prédicateur distingué. Sobre dans sa nourriture, il se plaisait dans la société des pauvres.
Ipsis una refectio
De prægrossis cibariis,
Nec huic erat plus socio
Quam illis erat socius.
Il mangeait, à la même table, des mets grossiers comme ils en mangeaient eux-mêmes, et avec une égalité parfaite.
Fidelis in obsequiis
Et justus in judicio,
Discretus in consiliis
Pressis erat præsidio.
Il se prêtait à procurer fidèlement tous les secours qu’on lui demandait, rendait la justice avec une admirable équité, était d’une grande discrétion dans les conseils qu’il donnait, et portait joie et consolation à tous les opprimés.
Intentus pio studio,
In sedandis discordiis,
Nullaque sibi ultio
De susceptis injuriis.
Tout ce qu’il entreprenait, il le faisait avec un soin remarquable, s’appliquait à apaiser les discordes et ne cherchait jamais à tirer vengeance des injures qu’il recevait.
Una vultus hilaritas,
Una mentis constantia
Quam non fregit adversitas,
Nec resolvit lætitia.
Sur ses traits, c’était toujours la même gaîté, dans son âme, la même constance : aucune adversité ne décourageait ses desseins ; rien n’assombrissait les traits de son visage.
Assiduo circuitu
Ibat prædicans populis,
Fusco contectus habitu,
Sed coruscans miraculis !
Il parcourait avec assiduité tout le pays de Tréguier, prêchait au peuple, en allant comme en venant, toujours revêtu d’un habit bien pauvre, mais recevant un éclat extraordinaire des miracles qu’il opérait.
Sit laus trino et simplici
Deo, qui per suffragia
Yvonis tam mirifici
Det nobis cœli gaudia. Amen.
Gloire, honneur et puissance au Christ que nous prions, par les miracles insignes de saint Yves, de nous donner la joie du ciel.
Hymne du XVe siècle, traduction (parfois étrange) de l’abbé France, curé-archiprêtre de Lannion, 1893.